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EMPIRISME, subst. masc.
A.− Vieilli, MÉD. Pratique de la médecine (dont l'origine remonte à l'Antiquité) qui se fonde uniquement sur l'expérience, l'observation, le hasard, rejetant ainsi tout recours à la théorie ou au raisonnement :
1. L'empirisme le désolait. Du moment que la médecine n'était pas une science expérimentale, mais un art, il demeurait inquiet devant l'infinie complication de la maladie et du remède, selon le malade. Les médications changeaient avec les hypothèses : que de gens avaient dû tuer jadis les méthodes aujourd'hui abandonnées! Le flair du médecin devenait tout, le guérisseur n'était plus qu'un devin heureusement doué, marchant lui-même à tâtons, enlevant les cures au petit bonheur de son génie. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 197.
Péj. Pratique de la médecine sans connaissance médicale particulière. Synon. charlatanisme.Ces malades abandonnés de leur médecin, qui demandent une guérison impossible à l'empirisme des charlatans (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 116).Le charlatanisme apparaît, à bien des égards, comme une variante inopérante ou malhonnête de l'empirisme millénaire (Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 815).
B.− Cour. Méthode qui ne s'appuie que sur l'expérience concrète, particulière. L'empirisme régnant derrière le voile des idéologies (Reynaud, Syndic. Fr.,1963, p. 224):
2. J'ai appris à redouter chez les hommes politiques, même chez les grands, un empirisme qui les soumet à l'événement. Mauriac, Le Nouveau Bloc-notes,1961, p. 98.
P. ext. Synon. de expérience (cf. également bon sens, connaissance, sens commun).Industrieux, il excellait dans l'empirisme (Gide, Prométhée,1899, p. 337):
3. ... le fraiseur use d'instruments mécaniques de précision; le luthier se guide, avant tout, sur la sensibilité de l'oreille et des doigts. Il ne serait bon ni que le fraiseur se contentât de l'empirisme du luthier, ni que le luthier prétendit singer le fraiseur. M. Bloch, Apologie pour l'hist.,1944, p. 4.
Péj. Expérience, habitude :
4. Jamais d'ailleurs la pratique seule, qui n'est guidée que par l'empirisme et qui est parfois alourdie par la routine, ne peut donner d'aussi bons résultats qu'une étude scientifique. Wilbois, Comment fonctionne une entr.,1941, p. 43.
Spéc. État imparfait ou incomplet d'une science dont les faits bruts et les observations particulières ne sont pas encore ordonnés de manière générale et logique :
5. L'empirisme n'est (...) pas le contraire de la science; c'est une période nécessaire qui précède la science et qui l'accompagne. Car toutes les sciences, même les plus avancées théoriquement, ont aussi des parties obscures et encore empiriques à côté des parties où la théorie brille de tout son éclat. C. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 180.
C.− PHILOS. (gén. et dans la philos. class.). Doctrine selon laquelle l'expérience est la donnée première et la source de la connaissance. L'empirisme de Locke, de Hume (cf. formes de l'empirisme : associationnisme, évolutionnisme, sensualisme). Anton. innéisme, idéalisme, rationalisme.Le mécanisme est aussi éloigné de l'empirisme que pouvait l'être la philosophie de Leibniz (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 342):
6. Si donc c'est avec les sens ou la conscience que vous abordez l'infini, il vous est nécessairement obscur et même inaccessible; si c'est avec la raison, rien de plus clair, jusque là que c'est alors le fini qui s'obscurcit à vos yeux et vous échappe. Et voilà comment l'empirisme, qui s'appuie exclusivement sur l'expérience interne ou externe, est tout naturellement conduit à nier l'infini; tandis que l'idéalisme, qui s'appuie exclusivement sur la raison, conçoit très bien l'infini, mais a très grand'peine à admettre le fini qui n'est pas son objet propre. Cousin, Hist. de la philos. du XVIIIes.,t. 1, 1829, p. 186.
Empirisme logique. Orientation de la philosophie contemporaine qui emprunte à la science ses méthodes d'observation des faits et son esprit, condamnant ainsi tout recours à la métaphysique :
7. J'appelle empirisme logique un courant philosophique dont les trois manifestations principales furent l'atomisme logique en Grande-Bretagne, le néo-positivisme ou positivisme logique issu du Cercle de Vienne, et la philosophie logique contemporaine qui, particulièrement florissante aux États-Unis, tend à reconquérir l'Europe continentale. Ces philosophies présentent des traits communs : attachement à l'expérience sensible, défiance à l'égard de la spéculation et des prétendues évidences du sens intime, goût de la rigueur logique dans les inférences, effort vers la clarté et la netteté dans l'exposé. L. Vax, L'Empirisme logique,Paris, P.U.F., 1970, p. 5.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. empiriocriticisme qui désigne la doctrine (née à la fin du xixes. en Allemagne et dont les représentants sont R. Avenarius et E. Mach) affirmant la relativité et la subjectivité de la connaissance scientifique. Anton. matérialisme (matérialisme dialectique en partic.). C'est ainsi que les hommes vulgaires [ceux qui éprouvent le poids des événements] ont le dernier mot sur la philosophie qu'ils ont d'abord jugée par ses conséquences. C'est ainsi qu'Anytos juge Socrate, que Lénine juge l'empiriocriticisme (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 26).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃piʀism̥]. Ds Ac. 1762-1932. Cf. empirique. Étymol. et Hist. 1. 1732 [à propos de la médecine] (Ph. Hecquet, Le Brigandage de la medecine, I, 39, ds Quem. Fichier); 2. 1782 « procédé de pensée qui ne s'appuie que sur l'expérience » (L.-S. Mercier, Tabl. Paris, t. 2, p. 290 : l'empirisme de Laws); 3. 1829 philos. (Cousin, Hist. philos. t. 1, p. 160). Dér. avec suff. -isme* du rad. du gr. ε ̓ μ π ε ι ρ ι ́ α « expérience (par opposition à la théorie ou à la science pure) »; cf. angl. empirism 1716 ds NED. Fréq. abs. littér. : 397. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 119, b) 1 786; xxes. : a) 98, b) 570. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1972, t. 36, p. 231. − Dub. Dér. 1962, p. 35.