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EFFONDRER, verbe trans.
I.− Emploi trans., rare
A.− [Le compl. désigne le sol, un édifice, quelque chose de construit, un échafaudage d'objets quelconques] Briser en défonçant, en faisant s'écrouler. Effondrer le terrain. Jetant bas à coups de pic les colosses des piliers, entamant une corniche et effondrant les galeries (Du Camp, Nil,1854, p. 240).Les torpilles tombent, par volées, effondrant, défonçant tout (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 238).Mon patron effondra quelques piles, feuilleta quelques chemises (Arnoux, Chiffre,1927, p. 126).
Spéc., AGRIC. Défoncer, labourer profondément des terres. Les terres pierreuses doivent être souvent effondrées (Ac.).
B.− P. métaph. ou au fig. [Le compl. désigne des sentiments, une réalité intellectuelle, spirituelle] Provoquer l'écroulement, réduire à néant. C'était elle [Berthe] qui lui avait pour toujours effondré ses énergies et ses espoirs (Huysmans, En mén.,1881, p. 272).La réalité ne pardonne pas qu'on la méprise; elle se venge en effondrant le rêve, en le piétinant (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 48).Cette poésie effondre tous ces éléphants mathématiques auxquels nous essayons scientifiquement de faire supporter le poids du ciel (Giono, Poids du ciel,1938, p. 93).
Rem. On rencontre ds la docum. un seul emploi trans. fig. suivi d'un compl. désignant une pers., avec le sens de « abattre, accabler ». Ma mère, d'entendre des choses semblables, ça l'effondrait totalement (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 370).
C.− Spéc., ART CULIN. [Le compl. désigne une volaille] Vider avant de mettre à cuire.
Rem. Qualifié de ,,vieilli`` ds Ac. 1835, 1878, absent de Ac. 1932 et des dict. gén. récents.
II.− Emploi pronom.
A.− [Le suj. désigne le sol, un édifice, un élément d'édifice, quelque chose de construit, un empilement d'objets quelconques] S'écrouler sous un poids excessif, une poussée brutale, un manque d'appui. Balcon, charpente, chemin, mur, remblai, toit qui s'effondre. Des piles d'assiettes s'étaient effondrées et brisées sur le parquet (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 238).Une maison (...) dont la façade s'était effondrée dans la rue, toutes les pièces à ciel ouvert (Malraux, Espoir,1937, p. 857).Un abri venait de s'effondrer en ensevelissant une escouade (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 21).
En partic., GÉOL. [Le suj. désigne le sol, un terrain, etc.] S'affaisser brusquement sous l'effet d'une secousse sismique, de l'action des eaux souterraines, etc. (cf. effondrement II A) :
1. C'est une région qui, après avoir été plissée, s'est fracturée en s'effondrant en partie. Les couches ont été tordues et ployées, parfois jusqu'au renversement complet. Ces dislocations sont en partie enfouies dans l'affaissement général de la contrée. Elles se traduisent par ces brisures brusques qui semblent aboutir, vers l'est, à un même champ d'effondrement. Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 340.
B.− [Le suj. désigne une pers.]
1. [L'effondrement est physique]
a) Tomber brutalement, lourdement, s'abattre. S'effondrer sans connaissance; s'effondrer dans un fauteuil. La tante à Bébert s'effondrait de droite à gauche au hasard des chaises et des escaliers (Céline, Voyage,1932, p. 344).Van Bergen s'était reculé, tourné de côté. Et il décochait en arrière un coup de talon formidable. Gomar le reçut en pleine poitrine. Il battit des bras, vacilla, s'effondra sur le dos, dans un fracas de chaises et de bancs culbutés (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 126).
Rem. On rencontre ds la docum. un seul emploi avec un sujet désignant un animal. Elle [une chatte] s'effondra sur le flanc d'un ronron sourd, et m'offrit son ventre sans défense (Colette, Maison Cl., 1922, p. 227).
En partic. Tomber mort ou blessé. Tirer dessus, en traître, par derrière. Pan! dans la nuque, et ils s'effondreraient (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 132).Le sang sembla jaillir de la tête d'un milicien qui s'effondra à droite de Garcia (Malraux, Espoir,1937, p. 541).[Le sujet désigne une armée, une troupe] Céder devant l'offensive adverse. L'armée autrichienne s'effondrait misérablement (Joffre, Mém.,t. 2, 1932, p. 303).Le front allemand de Normandie achève de s'effondrer (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 287).
b) S'écrouler, s'abandonner sous l'effet d'une émotion, d'une douleur. S'effondrer de chagrin, de désespoir. Ne pouvant mieux faire que pleurer, elle s'effondra sur une chaise en cachant son visage dans ses mains (Aymé, Uranus,1948, p. 282):
2. ... ce Voussois, il n'a pas été gentil avec moi (...) il m'a bien contrarié (...) Ah! monsieur, ah!... Il ouvrit deux ou trois fois de suite la bouche sans proférer un son, semblable au poisson qui meurt au fond des barques puis il poussa une sorte de long mugissement et s'effondra dans les bras de Pierrot en sanglotant bien fort. Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 215.
En partic., ds le domaine du sp.Être victime d'une défaillance soudaine au cours d'un effort. Coureur qui s'effondre. Tout champion est voué à l'échec (...) le boxeur vieilli s'effondrera devant un boxeur plus jeune (Jeux et sp.,1968, p. 1172).
2. Au fig. [L'effondrement est moral, psychol.] Céder à l'abattement, perdre toute énergie, cesser de lutter. À la pensée d'avoir à pénétrer dans une de ces maisons je m'effarais et m'effondrais de timidité (Céline, Voyage,1932, p. 257).L'affaire allait mal, était perdue. (...) Camille s'effondrait. Il parut si faible que l'autre fut en même temps mépris et pitié pour lui (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 59).
C.− P. métaph. ou au fig.
1. [Avec l'idée de destruction, d'anéantissement matériel, physique] Se briser, disparaître, s'écrouler.
a) [Le suj. désigne une société, un élément social, une institution] La peste établie dans une cité, les cadres réguliers s'effondrent, il n'y a plus de voirie, d'armée, de police, de municipalité (Artaud, Théâtre et double,1938, p. 28).Tout s'effondrait, la tradition de la famille, l'aînesse, l'amour fraternel (Nizan, Conspir.,1938, p. 183):
3. ... ceux qui étaient fidèles à la république de Weimar devaient-ils s'en détourner et promettre leur foi à Hitler, en 1933, parce que la première s'était effondrée sous les coups du second? Camus, L'Homme révolté,1951, p. 180.
b) [Le suj. désigne un bien matériel, une entreprise financière, une fortune] J'ai voulu boucher avec des opérations improvisées, (...) celles-ci se sont effondrées (L. Daudet, Ariane,1936, p. 155):
4. Quand plusieurs générations, dit-il, ont édifié patiemment une fortune et qu'on la voit s'effondrer en quelques années d'une démagogie financière qui s'en prend systématiquement aux porteurs de rentes, il n'y a pas de quoi être fier de son pays! H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 224.
2. [Avec l'idée de suppression, disparition de ce sur quoi repose l'acceptabilité, la validité de qqc.] Perdre tout fondement, toute valeur.
a) [Le suj. désigne une idée, une théorie, des propos] Le système harmonieux du monde, les justifications idéalistes, tous ces établissements de la philosophie s'effondrent sous les chocs d'une vie mutilée et durement pressée (Nizan, Chiens garde,1932, p. 156).Accusations ridicules et qui s'effondrent au premier témoignage entendu (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1403).Chaque recette qu'un théoricien a cru pouvoir proposer de la beauté s'est toujours effondrée (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 392).
b) [Le suj. désigne un sentiment, une valeur morale, une espérance] Dans le vide que laissait l'amour de l'âme en s'effondrant, l'amour du corps trouvait sa place (Montherl., Songe,1922, p. 181).Elle crut voir s'effondrer tous ses espoirs (Green, Malfaiteur,1955, p. 242):
5. Nous vivons une époque probablement unique dans l'histoire du monde, où le monde passé au crible voit ses vieilles valeurs s'effondrer. La vie calcinée se dissout par la base. Et cela sur le plan moral... Artaud, Le Théâtre et son double,1938, p. 139.
3. [Avec l'idée de mouvement descendant, de chute, d'abattement, etc.]
a) [Le suj. désigne un phénomène atmosphérique, le ciel, les astres] S'abaisser, tomber. Nous rencontrâmes un orage qui soudain s'effondra (Morand, Ouvert la nuit,1922, p. 17).La lueur rouge du soleil s'allongea d'un coup, (...) le jour décomposé qui précède de quelques instants la nuit des Tropiques s'effondra sur la clairière (Malraux, Voie roy.,1930, p. 198):
6. Le temps déplaçait lentement les vastes agglomérations d'étoiles. Il renversait la nuit comme une toile noire couverte de grains de maïs. Le ciel s'effondrait avec une grandiose lenteur autour de la pointe dorée de l'ourse. Des étoiles nouvelles montaient de l'est. Giono, Batailles dans la montagne,1937, p. 301.
b) Usuel. [Le suj. désigne une valeur cotée en bourse, des rentes, une monnaie] Subir une baisse du cours importante et brutale. Toutes les banques du monde s'adressèrent, comme toujours, à la place de Londres, et la livre attaquée de tous côtés s'effondra (Morand, Londres,1933, p. 291).À quoi bon mieux payer les gens si la monnaie s'effondre et si l'état fait faillite? (De Gaulle, Mém.,1959, p. 36).
Rem. 1. On rencontre ds la docum. un emploi fig. de s'effondrer pour noter l'impression auditive produite par un son lointain qui s'estompe, qui baisse d'intensité. Le long appel blanc : trois sifflements se tendent; s'étirent, s'effondrent (...) « Un train! un train! » (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 248). 2. Les emplois fig. ne sont attestés que ds les dict. gén. récents (sauf Lar. 20e) et Ac. 1932.
Prononc. et Orth. : [efɔ ̃dʀe], (j')effondre [efɔ ̃:dʀ ̥]. Transcrit avec [ε] ouvert à l'initiale, [εfɔdʀe] sous l'influence des lettres redoublées ds Littré et à titre de var. ds Warn. 1968. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1150 trans. esfondrer « enfoncer, briser » (Roman de Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 3457); 1690 pronom. « s'écrouler » (Fur.); 2. a) 1846 trans. « décourager, abattre » (Balzac, Cous. Bette, p. 250); 1862 pronom. « céder à l'abattement » (Hugo, Misér., t. 1, p. 431); 1877 part. passé adj. (A. Daudet, Nabab, p. 113); b) 1856 pronom. fig. « être anéanti, disparaître » (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol., p. 81 [l'édifice social]); c) 1886 pronom. fin. « subir une baisse (prix, cours) » (Zola, Œuvre, p. 177); d) 1915 pronom. « tomber mort ou blessé » (Benjamin, Gaspard, p. 141). B. 1379 trans. « vider (un animal) » (J. de Brie, Bon berger, éd. Lacroix, p. 83 ds IGLF : [les loups] effondrent les ventres des brebis); 1393 (Ménagier de Paris, t. 2, p. 133, éd. J. Pichon : effondrez-le [le lièvre]). C. 1704 trans. agric. « remuer la terre » (Trév.). Du lat. vulg. *exfunderare « défoncer », dér. avec le préf. ex- (é-*) de fundus, -i (fond*), qui a connu en b. lat. une flexion -eris et -oris (v. affondrer et Arnaldi, s.v. fundus). Fréq. abs. littér. : 450. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 49, b) 284; xxes. : a) 925, b) 1 160. Bbg. Quem. Fichier.