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DÉRIVER1, verbe.
A.− Emploi trans.
1. [En parlant d'un cours d'eau] Détourner de son cours naturel :
1. ... ils [les savants] ont fait des études fort remarquables (...) concluant que rien ne serait plus facile que de dériver et d'amener dans la plaine les eaux du fleuve voisin, si cette diablesse de montagne ne se trouvait justement sur le passage. Zola, Contes à Ninon,1864, p. 199.
P. ext. [En partic. en parlant du bois de flottage] Écarter de la rive.
P. métaph. Détourner de la voie choisie ou considérée comme allant de soi. Ainsi les philosophes du XVIIIesiècle veulent dériver l'altruisme de l'égoïsme en imaginant un « traité social » passé entre les individus (J. Vuillemin, Être et trav.,1949, p. 113).
Rem. La plupart des dict. enregistrent le sens, en électr. « établir une communication au moyen d'un fil dérivé » (Lar. 20e).
2. GRAMM. Former un mot à partir d'un autre au moyen de la dérivation :
2. ... il est intéressant de noter que le slovène a, pour désigner le ski, un terme particulier, d'étymologie locale : smuci, dont il dérive verbe et substantifs. Comment parlent les sportifsds Vie Lang.,1952-54, p. 86.
3. MATH. Dériver une fonction. ,,En calculer la dérivée`` (Davau-Cohen 1972).
B.− Emploi intrans.
1. Avoir son origine dans.
a) GRAMM. Provenir par dérivation. Toutes les langues des Philippines dérivent du malais (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 230).
b) Au fig. Tirer son origine de, provenir. Ce jeune garçon, là-bas, près du môle, est en train de nager le crawl, et le crawl dérive de la nage pratiquée par les Polynésiens (H. Bazin, Vipère,1948, p. 161).
2. [Le suj. désigne un navire, un avion...] S'écarter de sa direction en déviant soit dans un sens perpendiculaire, soit dans un sens oblique par rapport à la quille. Les hydravions [stoppés] se mettent vent debout, et dérivent rapidement en embardant de part et d'autre (Duval, Hébrard, Nav. aér.,1928, p. 183):
3. Il ne se souciait point de se présenter beaucoup au vent, car il n'avait brassé le petit hunier que perpendiculairement à la quille. De cette façon, tombant en travers, il ne dérivait au plus que d'une demi-lieue à l'heure. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 175.
P. anal. Des robes dérivaient parmi le grand charnier marin comme des oiseaux morts (Druon, Lis et lion,1960, p. 337):
4. Dans la nuit, la mer s'est levée, elle a roulé le canot, j'ai coulé. Quand je suis remonté, j'ai heurté le canot de la tête. J'ai dérivé. La nuit était noire, les eaux sont grandes et puis je nage mal, j'avais peur. Camus, L'Exil et le Royaume,1957, p. 203.
P. métaph.
a) S'abandonner, aller à la dérive. Il [Byron] se laissait dériver, sans gouverner, au cours paresseux et caressant des fantaisies de MmeGuiccicli (Maurois, Byron,t. 2, 1930, p. 179).L'Europe dérivait sans pilote vers une mortelle collision (Maurois, Édouard VII,1933, p. 347).
b) Dévier :
5. Je parle ensuite à Béguin d'un écrivain qui m'a toujours inspiré un très grand respect et dont j'ai quelques raisons de croire qu'il dérive vers le protestantisme. Green, Journal,1948, p. 171.
Rem. 1. La plupart des dict. gén. enregistrent le sens (en parlant d'un projectile) « s'écarter du plan de tir en cédant aux causes produisant la dérivation ». 2. On rencontre ds la docum. le part. prés. adj. dérivant, ante, pêche. Filet dérivant. Filet utilisé pour la pêche à la dérive. Aujourd'hui seules deux techniques sont utilisées, les filets dérivants et le chalutage (Boyer, Pêches mar., 1967, p. 60).
Prononc. et Orth. : [deʀive], (je) dérive [deʀi:v]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1200 trans. « détourner de son lit [un cours d'eau] » (Dialogue Grégoire, 57, 8 ds T.-L.); 1559 au fig. « détourner (la suspicion sur quelqu'un) » (Amyot, Agésilas, 38 ds Littré); 2. 1190 « prendre son origine, provenir » (Evrat, Genèse, BN 12456, fo2 rods Gdf. Compl.); ca 1223 étymol. (soi) deriver (G. de Coinci, éd. V. F. Kœnig, 1 Mir. 11, 1524). II. 1. Début xiiies. « quitter la rive [en parlant d'un bateau] » (Jourdain de Blaye, éd. P. F. Dembowski, 1120); 2. 1864 [flottage] (Littré). III. [1529 deriver intrans. (Journal de J. Parmentier ds Les Navig. normands, 276, Estarcelin d'apr. A. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 9, p. 486)]; 1601 driver leurs batteaux (Nouv. Cout. gén., I, 313); 1616-20 se laisser dériver [au courant] (A. d'Aubigné, Hist. univ., préf. 6 ds Littré); faire driver [quelques bateaux] (Id., ibid., III, 30). I empr. au lat. derivare, class. « détourner un cours d'eau, dériver » et gramm. « dériver » en lat. impérial, dér. de rivus « ruisseau ». II dér. de arriver* par substitution de préf. ([s]-*). III empr. avec attraction de dériver II à l'angl. to drive « pousser » et « faire dériver » (cf. dès 1406 l'empr. gascon driuar, Fest. Flasdieck, Heidelberg, 1960, 38 d'apr. FEW t. 18, p. 55 a). Fréq. abs. littér. Dériver : 701. Dérivé : 243. Dérivant : 48. Fréq. rel. littér. Dériver : xixes. : a) 1 051, b) 738; xxes. : a) 947, b) 1 123. Dérivé : xixes. : a) 294, b) 254; xxes. : a) 353, b) 433.