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DÉMIURGE, subst. masc.
A.− PHILOS. ANC.
1. [Chez les Platoniciens] Divinité qui donne forme à l'univers :
1. Les innovateurs, (...) appliquant à leur ouvrier la théorie de l'entendement humain, ils prétendirent que le dêmi-ourgos avait fabriqué sa machine sur un plan ou idée résidant en son entendement. (...) comme d'ailleurs ils admettaient l'existence de l'ame du monde, ou principe solaire, ils se trouvèrent obligés de composer trois grades ou échelons de personnes divines, qui furent, 1 le dêmi-ourgos ou dieu ouvrier; 2 le logos, parole et raisonnement, et 3 l'esprit ou l'ame [du monde]. Volney, Ruines,1791, p. 282.
P. compar. Grands visionnaires devant lesquels l'abstraction elle-même, comme au regard d'un démiurge, se mettait à vivre et à remuer sous ses longs voiles (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 302).
2. [Chez les Gnostiques] Être émanant de l'Être suprême et parfois considéré comme malfaisant. L'existentialisme peut être rapproché du gnosticisme par le sentiment de l'absurdité du monde (le démiurge gnostique est ignorant et aveugle). (Philos., Relig., 1957, p. 3410):
2. Toutes les sectes gnostiques qui reportent sur un démiurge inférieur la responsabilité de la création, pour mieux absoudre Dieu du reproche d'avoir créé un monde mauvais, sont immédiatement condamnées comme antichrétiennes. Œuvre d'un Dieu bon, le monde ne saurait s'expliquer comme le résultat d'une erreur initiale, d'une chute, d'une ignorance ou d'une défection quelconques. Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,1931, p. 113.
P. iron. Jouissons, (...) du monde tel qu'il est fait. Ce n'est pas une œuvre sérieuse, c'est une farce, l'œuvre d'un démiurge jovial (Renan, Drames philos.,Prêtre Némi, 1885, III, 3, p. 583).
Emploi adj. Des mathématiciens ou philosophes démiurges (Arts et litt.,1935, p. 5809).
B.− P. anal. Créateur d'une œuvre (généralement de grande envergure).
1. En gén. :
3. Il y a de la grandeur à faire une œuvre par un acte d'amour. Il y a de la grandeur à la faire avec orgueil, et à connaître, l'ayant faite, le rire « puissant » du démiurge content de soi. Toutefois cette indifférence, tant remarquée, de la nature créatrice, peut être celle de l'homme créateur, se déchirant pour offrir ses fruits, parce que c'est cela sa fonction, ... Montherlant, La Petite Infante de Castille,1929, p. 651.
P. métaph., emploi adj. Un temps mathématique et démiurge, (...) temps comme extérieur aux hommes, qui les pousse, les contraint (Traité sociol.,1967, p. 95).
2. Domaine sociol.La vie économique entre dans le plan du salut, (...) pour y devenir, dans et par l'homme, démiurge de l'univers par son travail, un élément de la construction du monde, selon le plan créateur et libérateur de Dieu (Univers écon. et soc.,1960, p. 6411):
4. Mais si l'homme a été créé par un autre être, par un Dieu, il en dépendra toujours : le seul être indépendant et libre est celui qui s'est créé lui-même. Tel est bien d'après Marx le cas de l'humanité. L'homme est démiurge de l'homme, c'est-à-dire que c'est l'homme qui se fait lui-même. Et le moyen par lequel il se fait est précisément le travail. Lacroix, Marxisme, existent., personn.,1949, p. 32.
3. Domaine littér., artistique.Votre Comédie humaine attend encore son démiurge. Vos deux mille personnages représentatifs sont en quête d'un auteur (Maurois, Journal,É.-U., 1946, p. 95).Je viens de me saturer de Balzac, de Tolstoï, et Proust, après ces démiurges, tient le coup (Maurois, Journal,É.-U., 1946p. 164).
Prononc. et Orth. : [demjyʀ ʒ]. Ds Ac. 1932, sous la forme demiurge. Transpos. du gr. sous les formes dêmi-ourgos (cf. ex. 1), démiourgos, ... (Lar. 19e, ...). Étymol. et Hist. 1546 Demiourgon, proprement « le Travailleur », désigne le Diable (Rabelais, Le Tiers-Livre, XXII, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. II, p. 111) 1791 dêmi-ourgos « créateur de l'univers », supra ex. 1; 1803 « souverain d'une cité grecque » (Boiste). Empr. au gr. δ η μ ι ο υ ρ γ ο ́ ς (lat. class. demiurgus) proprement « qui travaille pour le public, artisan », particulièrement en parlant de la divinité « créatrice du monde »; sert à désigner le premier magistrat des états doriens, v. Chantraine. Fréq. abs. littér. : 31. DÉR. 1. Démiurgie, subst. fém. Pouvoir créateur du démiurge. a) Philos. Le plus important en toute chose, dit le Timée à propos de la divine démiurgie, est de commencer par le commencement (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 263). b) [À propos de l'Homme et de son activité] Les machines à information ne le [l'Homme] fascinent tellement que parce qu'elles lui semblent marquer un progrès décisif vers le vieux rêve de la démiurgie. L'utopie de la créature mécanique renouvelle, en l'inversant, le thème de la création de l'homme par Dieu (Ruyer, Cybern., 1954, p. 30). [demjyʀ ʒi] 1reattest. 1951 (Malraux, Voix sil., p. 459); de démiurge, suff. -ie*. Fréq. abs. littér. : 2. 2. Démiurgique, adj. a) Philos. Relatif au démiurge divin et à son pouvoir créateur. Comprendre est coïncider avec le mouvement créateur ou organisateur, et non point imiter un démiurge, mais reproduire et revivre pour son propre compte le geste démiurgique (...) l'intellection est une forme gnostique de création (Jankél., op. cit., p. 49). b) Domaine littér., artistique. Relatif au démiurge, au créateur d'œuvres d'art et à sa création. Les couleurs « en un certain ordre assemblées » sont inséparables du pouvoir démiurgique − au sens précis de ce mot − de l'art (Malraux, op. cit., 1951, p. 514). [demjyʀ ʒik] 1reattest. 1831 (Chateaubr., Ét. hist., t. 2, p. 97); de démiurge, suff. -ique*. Fréq. abs. littér. : 9.