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DÉLABRER, verbe trans.
A.− [Le compl. d'obj. désigne une chose]
1. Vx. [L'obj. désigne un vêtement, un tissu] Déchirer, mettre en lambeaux. À force de tendre et de détendre cette tapisserie, on l'a toute délabrée (Ac.1798-1878).
Rem. Ce sens attesté ds Ac. 1798-1878 ne figure ds la docum. que ds des emplois pronom. et au part. passé passif.
Emploi pronom. à sens passif. S'abîmer, tomber en lambeaux. Cette défroque qui a passé sur trois ou quatre corps en se délabrant me fait toujours mal à voir (Taine, Notes Anglet.,1872, p. 41).D'uniformes point. Leurs vêtements [des paysans] se délabraient (Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 16).
2. Plus usuel. [L'obj. désigne une constr.] Mettre en mauvais état, réduire à l'état de ruine. Synon. dégrader, détériorer.Deux ans d'absence ont délabré ma masure (Hugo, Corresp.,1872, p. 322).Les vieux murs du château que délabraient les ouragans de la saison (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 524).
Emploi pronom. à sens passif. [Le suj. désigne une constr. et, p. ext., une chose concr.] Ce second étage ne nous servait à rien; il se délabrait (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 903).Le foyer déserté, (...) les choses familières à mon enfance se délabraient sans doute à l'abandon (Loti, Rom. enf.,1890, p. 81).
P. anal., littér. Défaire l'apparence, l'ordonnance de (quelque chose). Décor grandiose que délabre l'automne (Lorrain, Âmes automne,1898, p. 59).
B.− Au fig. [L'obj. désigne une pers., un de ses organes ou états] . Altérer profondément, atteindre, détruire. Ce régime austère qui délabrait sa santé et le conduisait lentement au tombeau! (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 315).La fatigue, qui délabrait les jambes, tirait la face, ravageait le front (Zola, Œuvre,1886, p. 334).Un pareil brouet délabrait irrémédiablement les intestins (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 278):
1. ... le paupérisme se caractérise par la faim lente, dont parle Fourier (...) qui sans cesse mine le corps, délabre l'esprit, démoralise la conscience abâtardit les races... Proudhon, La Guerre et la Paix,1861, p. 349.
2. ... je cherche sur le visage de Jean la grimace héroïque et douloureuse qui dut délabrer celui de Max quand il lut (...) ma lettre d'adieu... Colette, L'Entrave,1913, p. 73.
Emploi abs. Tous les traits enfantins encore, vieillis par le désir qui délabre et ennoblit (Colette, Ingénue libert.,1909, p. 142).
Emploi pronom. à sens passif. [Le suj. désigne une pers., physiquement ou moralement] Il est à craindre que votre poitrine ne se délabrât tout à fait (Lamennais, Lettres Cottu,1832, p. 234).Elle avait (...) vu son visage se délabrer lentement dans l'accès presque continuel d'une de ces fièvres (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 306).Les institutions se délabrent (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 331).La morale se délabre et se consume (Audiberti, Quoat,1946, 2etabl., p. 78).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. délabre, région. (Canada, etc.). Ruine, détérioration (d'une chose). Cf. délabrement. Attesté presque exclusivement ds la loc. en délabre(s). Ces antiques bâtiments voûtés qui tombaient en délabres (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 16). Au fig. Il n'y a point de surveillance, point d'ordre ni d'économie dans cette maison : tout y est en délabre (J. Humbert, Nouv. gloss. genev., 1852, p. 143).
Prononc. et Orth. : [delɑbʀe], (je me) délabre [delɑ:bʀ ̥]. [ɑ] post., partic. en position accentuée, est présent dans de nombreux mots de ce type empruntés à des lang. étr. telles que l'ital. ou les lang. germ. : il cabre, macabre, candélabre, sabre (cf. G. Straka, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 21). Seuls Littré et Dub. transcrivent [a] ant. DG donne [a] comme var. à [ɑ]. Admis ds Ac. 1694-1718 s.v. deslabrer; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1561 (Maumont, Zonare, 53 E ds Fr. mod., t. 5, p. 74). Peut-être dér. de l'a. fr. label, lambel « ruban », v. lambeau, issu prob. de l'a. b. frq. *labba, *lappa « lambeau », cf. a. h. all. lappa « id. » (Graff t. 2, col. 38), m. h. all. et m. b. all. lappe (Lexer, Lubben), all. Lappen. Délabré pourrait être dér. de label par l'intermédiaire de (dé)labelé, devenu, par dissimilation, délabré. Pour une hyp. moins probable (lat. dolabra « sorte de houe », d'où, en Suisse, délabra « partager » puis fr. délabrer), v. REW4, no2717, EWFS2et Pat. Suisse rom. t. 5, qui ne la retient pas. Fréq. abs. littér. : 30. Bbg. Gloss. des pat. de la Suisse romande. Genève, 1972, t. 5, p. 228.