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DÉFLORER, verbe trans.
A.− Dépouiller de sa fleur, de sa fraîcheur primitive.
1. [Le compl. désigne une pers. considérée princ. dans sa valeur mor.] L'esprit de cour a déjà défloré les jeunes enthousiastes de la république! (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 132).
P. méton. [Les qualités affectives, mor., spirituelles d'une pers.] :
1. Les rois comme les femmes croient que tout leur est dû. Quelque triste que soit ce principe, il est vrai, mais ne déflore point l'âme. Placez vos sentiments purs en des lieux inaccessibles où leurs fleurs soient passionnément admirées... Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 162.
2. P. ext. [Le compl. désigne des entités abstr.] Sachant bien que la préparation d'un plaisir ne l'assure qu'en le déflorant et que le ravissement le plus exquis saisit l'être entier par surprise (Gide, Nouv. Nourr.,1935, p. 281).
3. P. anal. [Le compl. désigne des choses concr.] Le charme (...) emprunté aux orchidées de la forêt russe que nul regard ne déflore, imprégné de leur grâce sauvage et de leur chaste parfum (Vogüé, Morts,1899, p. 325).
B.− Faire perdre à une jeune fille la fleur de sa virginité :
2. ... j'admire les romanciers qui font déflorer des vierges harnachées dans des robes, sanglées dans des corsets, et cela, naturellement, en un tour de baiser, en un clin d'œil, comme si c'était possible! − Quel ennui tout de même que de se battre avec ces affutiaux, que d'errer dans les plis à empois du linge! ... Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 241.
P. exagér. Vous autres filles élevées dans le monde, vous n'arrivez jamais vierges aux bras de vos époux (...) vous ne pouvez empêcher qu'un désir, qu'un rêve ne vous viole et ne vous déflore (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 114).
P. anal. C'est un être idéal, (...) elle a peur de déflorer le sentiment qu'elle a pour lui (Proust, Swann,1913, p. 227):
3. ... Ouvrez à vos désirs ailés d'impatience Les portes de la vie où de vivre on commence; Et, si vos passions ont leur virginité, Déflorez-les sans hâte, avec pudicité. Murger, Les Nuits d'hiver,À un adolescent, 1861, p. 157.
P. métaph. Faire perdre à une œuvre artistique ou à un sujet sa pureté, son caractère inédit et encore inexploré en le soumettant à l'analyse critique ou en le traitant grossièrement. Déflorer un sujet. On m'a (...) questionné sur votre ouvrage, et, sans entrer dans aucun de ces détails qui déflorent un livre avant son apparition (J.-J. Ampère, Corresp.,1855, p. 270).Nul être pensant n'a défloré plus d'idées, gâché plus de mots vénérables, offert aux goujats plus riche proie (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 281).
Rem. On rencontre ds la docum. a) L'emploi adj. de déflorer : déflorant au sens de « qui déflore ». La publication prématurée et déflorante (Hugo, Corresp., 1859, p. 309). b) Déflorateur, subst. masc. Celui qui déflore une jeune fille. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892. Emploi adj. Qui déflore. Qui pouvait résister à l'esprit déflorateur de Louis XVIII, lui qui disait qu'on n'a de véritables passions que dans l'âge mûr (Balzac, Lys, 1836, p. 278).
Prononc. et Orth. : [deflɔ ʀe], (je) déflore [deflɔ:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1erquart xiiies. desflorer « dépouiller de ses fleurs » (Reclus de Molliens, Carité, 226, 2 ds T.-L.); xiiies. deflorés « dépouiller [de sa chasteté] » (Alexis, éd. J. Hertz, 266 ds T.-L.). Dér. de fleur*; préf. dé-*; dés. -er; la forme déflorer d'apr. le b. lat. deflorare « prendre la fleur, flétrir ». Fréq. abs. littér. : 41.