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DÉBRIS, subst. masc.
A.− Vx. Action de briser, de détruire une chose; état qui en résulte :
1. Le passé et le présent sont deux statues incomplètes : l'une a été retirée toute mutilée du débri des âges; l'autre n'a pas encore reçu sa perfection de l'avenir. Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 1, 1803, p. 426.
B.− Usuel
1. Au sing. et au plur. Morceau ou ensemble de morceaux qui restent d'une chose brisée, détruite par une action physique ou chimique, naturelle ou provoquée. Débris de navire, de temple, de vaisselle. Un monceau de débris formés de meubles brisés, d'écrins forcés, d'armoires enfoncées, etc. (Delacroix, Journal,1849, p. 254).Ce terreau riche et noir, composé de débris de végétaux et d'humus friable (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 321):
2. Bougie est la ville des ruines. Sur le quai, en arrivant, on rencontre un débris si magnifique, qu'on le dirait d'opéra. C'est la vieille porte sarrasine, envahie de lierre. Et dans les bois montueux autour de la cité, partout des ruines, des pans de murailles romaines, des morceaux de monuments sarrasins, des restes de constructions arabes. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Marroca, 1882, p. 786.
SYNT. Débris accumulés, dispersés, épars; débris amorphes; débris humains, organiques, végétaux; menus débris; débris d'animaux, d'arbres, de rochers; amoncellement, tas de débris; encombré, jonché de débris.
a) Spéc., au plur.
Péj. Restes inutilisables d'une chose ou d'un ensemble de choses diverses. Balayer des débris. Synon. déchets, ordures.L'amas des débris, des restes et des immondices (Barbusse, Feu,1916, p. 165):
3. Dans le ruisseau sale, dessous, l'eau dormait dans les détritus et les débris de viande; une eau noire avec une peau de soie de toutes les couleurs. Il y avait de tout. Des vieilles tripes, des pieds de bœuf écorchés, ... Giono, Regain,1930, p. 107.
Restes d'une chose entamée. Débris de déjeuner, du festin. Des débris succulents de pâtés de foie (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 9).
b) P. anal. Dépouille mortelle de l'homme. Véronique fit porter ce précieux débris dans la chapelle de la Sainte-Face (Jouhandeau, M. Godeau,1926, p. 314).
c) P. exagér. et péj.
Objet détérioré, en mauvais état. Nous avions fait cinquante-quatre lieues dans un débris de cabriolet tombant en ruines (Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 383).
Personne en mauvais état physiquement ou moralement. Un vieux débris. Tous leurs bandages et pansements qui les faisaient ressembler à de glorieux débris (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 175):
4. Nous ne voulons pas que nos enfants recommencent, continuent après nous d'être commandés par ces résidus d'abandonnement, par ces débris des plus anciennes capitulations. Péguy, L'Argent,1913, p. 1294.
d) Au fig. [Appliqué à une chose abstr.] Fragment d'un tout dont l'unité a été brisée. L'on voit combien arrivent incomplètes et par débris, à chaque famille, ses notions sur elle-même (Vigny, Mém. inéd.,1863, p. 41):
5. Mais elles [les paroles d'Andrée] étaient les débris informes et reconstituables de cette pensée que j'avais fait exploser, en la heurtant, malgré Andrée. Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 928.
2. Ce qui a survécu à la destruction; ce qui subsiste d'une chose en grande partie disparue.
a) [En parlant d'une lignée] Elle était une des anciennes du pays, débris d'une famille vaillante et estimée (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 29).
b) [En parlant d'une armée défaite, d'un groupe hum. désorganisé] Débris de régiments. Les débris de la société philharmonique (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p. 194):
6. Cette défection causa une sensation immense en Allemagne et hâta le repli des derniers débris de l'armée française qui ne s'arrêta plus qu'à l'Elbe. Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 132.
c) [En parlant de biens matériels] Débris d'une fortune. Les débris de la dot de Laure, réunis aux débris du domaine de la Rochelandier (Sandeau, Sacs,1851, p. 58).
d) [En parlant de choses abstr.] Débris d'un système, d'une institution. Un débris du régime féodal (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 222):
7. Ces mots et d'autres encore qu'on pourroit citer en grand nombre, et qui tiennent à toute la métaphysique orientale, sont des débris évidens de langues plus anciennes détruites ou oubliées. J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,t. 1, 1821, p. 119.
Prononc. et Orth. : [debʀi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1549 « action de briser, de rompre » (Est.); 1616-20 fig. « destruction, anéantissement » (d'Aubigné, Hist. Univ., XI, 15 ds Hug.); 2. 1666 « amas de choses brisées » (Boileau, Sat. III ds Littré : un long débris de bouteilles cassées); 3. 1671 « reste d'une chose détruite » ici au fig. (Fléchier, Vie de Commendon, I, 5, ibid.); 1690 mar. (Fur. : Debris, se dit plus particulierement des vaisseaux qui perissent en mer); spéc. 1794 les débris des animaux (Condorcet, Esq. tabl. hist., p. 136); 1796 débris des êtres mortels (Dupuis, Orig. cultes, p. 9). Déverbal d'un verbe débris(i)er « briser, mettre en pièces » (Psautier de Cambridge, 75, 3 ds T.-L.) encore en usage au xviies. (1627 Crespin, 1669 Widerhold d'apr. FEW t. 1, p. 533 b), v. briser. Fréq. abs. littér. : 2 211. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 347, b) 3 429; xxes. : a) 2 162, b) 1 701. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, pp. 26-27. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 39.