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DRAME, subst. masc.
A.− GENRE LITTÉR.
1. Vx. Genre littéraire incluant tous les ouvrages joués pour le théâtre :
1. Cette division [de l'art dramatique au Moyen âge] peut, suivant nous, se réduire à deux : le drame profane ou mondain, ou le drame religieux ou liturgique... E. de Coussemaker, Hist. de l'harmonie au Moyen Âge,1852, p. 125.
Spéc. Drame lyrique. Opéra. La musique prend facilement le premier rang chez les peuples nordiques; elle doit surmonter bien des résistances physiologiques pour y accéder chez les peuples méditerranéens : ce qui fournit une des causes de l'opposition entre le drame lyrique à l'allemande et l'opéra italien, par exemple (Arts et litt.,t. 1, 1935, p. 4402).
2. HIST. LITTÉR.
a) Genre théâtral dont l'action généralement tendue et faite de risques, de catastrophes, comporte des éléments réalistes, familiers, selon un mélange qui s'oppose aux principes du classicisme, aux xviiieet xixesiècles (s'oppose à la tragédie et à la comédie classique). Le drame bourgeois. Il existait encore des styles dramatiques, la comédie et la tragédie classiques, le drame romantique et naturaliste, le vaudeville type (Arts et litt.,t. 2, 1936, p. 8805).L'éclat et la profusion des décors contribuent en partie au succès du mélodrame, puis du drame romantique (Serrière, T.N.P.,1959, p. 68):
2. ... après ces abstractions il restera quelque chose à représenter, l'homme; après ces tragédies et ces comédies, quelque chose à faire, le drame. Hugo, Préf. de Cromwell,1827, p. 19.
b) P. méton.
CRIT. LITTÉR. Pièce appartenant au genre du drame. Jouer un drame romantique; un drame wagnérien. Je voudrais me réserver le droit plus tard (...) de réimprimer ce drame avec le reste de mon théâtre (Claudel, Corresp. [avec Gide], 1899-1926, p. 160):
3. J'ai acheté et lu Catherine Howard, drame historique de l'ami A. Dumas. (...) M. Vanderbuck a fait un drame intitulé Jacques II (ordinaire). Victor Hugo fait un nouveau drame; ... Flaubert, Corresp.,1835, p. 20.
Usuel. Pièce d'un caractère général grave ou pathétique (lorsqu'il ne s'agit pas d'une tragédie). Dans Hamlet, d'un bout à l'autre du drame, rien de plus hardi, de plus savant, que cette sorte de décalage qui se produit de scène en scène (Gide, Journal,1943, p. 255):
4. J'ai voulu essayer ici un drame qui soit une comédie et dont le centre même serait un nœud de vaudeville si la marche des scènes et le mécanisme des personnages n'étaient dramatiques. Cocteau, Les Parents terribles,1938, p. 11.
P. métaph. Puisque la guerre est un drame effrayant et passionné, étudions le drame lui-même. Voyons agir les acteurs dans les différentes scènes qui le composent (Foch, Princ. guerre,1911, p. 6).
B.− Au fig. Événement ou situation grave et tragique, présentant souvent un caractère violent, mortel. Le drame de l'enfance; un drame affreux, terrible. Synon. catastrophe, tragédie.C'est aussi la morale de la terreur, que nous allons voir proclamée plus naïvement dans le drame français de 1792 (Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 196).Le drame, la tragédie est que sans doute Thérèse Pantevin n'est pas folle du tout (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1200).La haine couvait des deux côtés, quand un scandale fit éclater le drame (Grousset, Croisades,1939, p. 142).
SYNT. Drame national, intérieur, planétaire; le drame du pays, de la faim, de l'industrie; un drame de la mine; le drame éclate, continue, mûrit, se noue; tourner au drame; traverser un/des drames; les circonstances du drame; le décor du drame.
Spéc., domaine de la psychol.Situation individuelle pénible ou dangereuse; événements tragiques impliquant une telle situation. Un drame de la jalousie. Synon. tragédie.Alors il me raconte qu'il y a eu des drames entre Cristina et son mari (Bourdet, Sexe faible,1931, p. 269).Les crimes, les drames passionnels, servent sa curiosité malsaine (Civilis. écr.,1939, p. 4207).L'hôtel est déjà suffisamment chargé de drames d'amour, de fiançailles rompues et de congrès inutiles pour s'occuper de conflits (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 230):
5. Délivré des passions et de la tragédie des sentiments dans laquelle il aurait été jusqu'alors engagé, ce personnage, ligoté par les honneurs, deviendrait uniquement attentif à l'autre drame qui se joue sur un autre plan que celui des passions du cœur, et où des intérêts sont seuls aux prises. Mauriac, Mémoires intérieurs,1959, p. 251.
SYNT. Drame conjugal, sentimental, passionnel; protagoniste du drame; éviter les drames; c'est un drame.
Loc. Faire un drame (de qqc.). Considérer (quelque chose) comme gravement dommageable et le manifester de manière exagérément pathétique. Un drame, ils font sûrement un drame parce que leur voiture n'est pas du modèle le plus récent, n'est-il pas vrai? et leurs épouses boudent parce que leur fourrure n'est pas neuve (Camus, Cas intéress.,1955, p. 698).
Rem. La docum. atteste dramaticide, adj. Qui cause la mort de l'art dramatique. M. Buloz eût déjà quitté son poste dramaticide, écrasé sous le poids de notre réprobation à tous (Dumas père, Simples lettres sur l'art dram., 1844, II, p. 210).
Prononc. et Orth. : [dʀam], mais aussi [dʀa:m] ds Passy 1914. Ce timbre est admis avec la mention ,,peut-être`` ds Kamm. 1964, p. 94; il peut exprimer une dramatisation inhérente au mot. Drame est attesté ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1. 1657 forme francisée du mot gr. (L'Abbé D'Aubignac, La Pratique du Théâtre, ch. V cité par G. Proschwitz ds St. neophilol., t. 36, p. 22); 1696 « pièce de théâtre [représentée dans les collèges de Jésuites] » (Géronée, ou le vieillard rajeuni, drame, ibid., p. 17); 1750 « pièce de théâtre, nom générique » (L'Abbé Prévost, Manuel lexique, ibid., p. 30); 1762 (Ac.); 1761 « tragédie bourgeoise » (Randon de Boisset, L'Humanité ou le tableau de l'indigence, triste drame cité par Proschwitz Beaumarchais, p. 99); 1838 « pièce de théâtre représentant une action violente ou douloureuse » (Hugo, Préface de Ruy Blas cité par Proschwitz ds St. neophilol., t. 36, p. 38); 2. sens fig. 1787 « suite d'événements tragiques terribles » (Correspondance littéraire secrète du 23 juin, ibid., p. 36); 1793 (Restif de La Bretonne, Le Drame de la vie, titre d'ouvrage, ibid.). Empr. au b. lat.drama, gr. δ ρ α ̃ μ α « action jouée sur scène, pièce de théâtre ». Fréq. abs. littér. : 4 040. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 652, b) 5 795; xxes. : a) 5 746, b) 7 504. Bbg. Arveiller (R.). Fr. mod. 1968, t. 36, p. 342. − Greimas (A.-J.). Nouv. dat. Fr. mod. 1952, t. 20, pp. 301-302. − Proschwitz (G. von). Drame. Esquisse de l'hist. du mot. St. neophilol. 1964, t. 36, pp. 9-50; Le Mot drame et ses chang. de valeur, du Diable boiteux à la Comédie humaine. Cah. Assoc. intern. Ét. fr. 1964, no16, pp. 43-58.