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DAMNER, verbe trans.
A.− THÉOLOGIE
1. Emploi trans.
a) [Le suj. désigne Dieu ou un représentant de son pouvoir : une personne, un concept; l'obj. est une personne ou son attribut métaphysique : l'âme] Condamner aux peines de l'enfer; infliger le châtiment éternel. Nous sommes en enfer, ma petite, il n'y a jamais d'erreur et on ne damne jamais les gens pour rien (Sartre, Huis clos,1944, p. 133):
1. On eut de la peine à croire que l'homme fût un être héréditairement pervers. Il devint difficile de maintenir dans sa barbarie le principe qui damnait les sages non chrétiens, les simples et ignorants, les enfants morts sans baptême. Michelet, Le Peuple,1846, p. 225.
Dieu me damne! Locution interjective qui marque l'insistance et/ou l'étonnement, la surprise. Sans prétendre, Dieu me damne, au rôle de gendarme de lettres (Proust, Sodome,1922, p. 1050).
P. anal. [Le suj. est une pers.; l'obj. est une pers.] Torturer; tourmenter. Ne me damnez pas par la privation de votre visage! (Claudel, Annonce,1912, II, 3, p. 55).
b) Causer, provoquer le châtiment éternel. Insouciant d'une vie misérable, tu damnerais ton âme dans un dernier blasphème! (Sue, Myst. Paris,t. 1, 1842-43, p. 363).
Emploi abs. Je connaîtrais les caresses qui damnent... le charme des affections maudites... les férocités du plaisir (Flaub., Tentation,1856, p. 577).
P. hyperb. Faire damner un saint. Pierre avait beau se raisonner : le vieillard aurait fait damner un saint, avec ses rabâchages (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 27).
P. ext. Faire damner qqn. Impatienter, exaspérer, mettre quelqu'un dans une colère telle, qu'il encourt le châtiment éternel. Vous ferez damner votre bon maître et vous en répondrez devant Dieu (A. France, Vie fleur,1922, p. 319).
2. Emploi pronom. réfl. S'attirer le châtiment éternel par une conduite, une morale :
2. On sait très bien que l'on se damne Mais l'espoir d'aimer en chemin Nous fait penser main dans la main À ce qu'a prédit la tzigane Apollinaire, Alcools,La Tzigane, 1913, p. 99.
Se damner pour qqn. Se perdre par amour pour lui. On se damnerait pour elle... Mais où l'as-tu prise? − C'est la plus belle fille de Londres (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 158).
B.− P. ext.
1. [Le suj. et l'obj. désignent une pers.] Réputer comme digne du châtiment éternel. Ils criaient, ils s'indignaient et damnaient tous les acquéreurs de biens nationaux (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 286).
2. [Le suj. désigne un animé, gén. une pers.; l'obj., un inanimé abstr.] Condamner. Anton. approuver :
3. [L'âne, aux hommes :] Vous damnez la matière, indignés, affirmant Que toute cette sève et que tout cet aimant Finiront par s'user à force de débauche ... Hugo, L'Âne,1880, p. 325.
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. verbal damnant, ante. Qui damne. Elle se demandait si elle mourrait sans avoir connu toutes ces ivresses damnantes, sans s'être jetée une fois, une seule fois, tout entière, dans ce flot des voluptés parisiennes (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Aventure par., 1881, p. 762).
Prononc. et Orth. : [dɑne], (je me) damne [dɑ:n]. M n'est pas prononcé dans le verbe et ses dér. : damnable, damnation, damneur, condamner, et dér. M n'est ici qu'une graph. étymol. Si, dans les mots pop. comme somnu > somme il y eut, vers le xes., une assimilation progressive de m sur n en mm > m, dans des mots savants comme damner il y eut, au contraire, et sans doute plus tôt, puisqu'on rencontre déjà danno ds Vään. 1967, p. 255 (fin du iiies.), assimilation régressive de n sur m en nn > n. Noter que ce n'est que dans columna > colonne que m étymol. n'a pas été conservé (cf. Buben 1935, § 116). La majorité des dict. transcrit [ɑ] post. Seuls, Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. transcrivent [a] ant. Comparez la transcr. en [ɑ] post. de damner avec d'une part celle en [ɑ] ou [a] ant. dans les dér. pour lesquels cette syll. est éloignée de l'accent (damnation, damnablement) avec d'autre part celle en [ɑ] ou [a] ant. dans le composé condamner et ses dér. [ɑ] post. est le résultat de la dénasalisation d'une anc. nasale, cf. G. Straka, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 21. Enq. : (il se) damne/dan, (D)/. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. xes. (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 456); 1172-74 réfl. (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 691 ds T.-L.); ca 1160 subst. dampné (Enéas, éd. Salverda de Grave, 2760); 1465 p. ext. « digne de la plus violente réprobation » (Lettres de L. XI, II, 257 ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. chrét. damnare « réprouver, condamner (en parlant de Dieu) » (lat. class. damnare « déclarer coupable, condamner en justice ») d'où l'a. fr. damner « condamner » (mil. xies., Epitre de St Etienne, 6 d ds T.-L.). Fréq. abs. littér. : 184. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 111. − Quem. 2es. t. 2 1971 (s.v. damnant); t. 4 1972 (s.v. damnant).