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CÉLESTE, adj.
A.− Domaine physique
1. Qui est situé dans le ciel (cf. ciel I A, B), qui est propre au ciel. Corps, mouvements, phénomènes célestes; pôle, voûte céleste. La courbe enchevêtrée qu'une planète vue de la terre semble décrire sur la sphère céleste (Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 8):
1. L'œuvre entière de Jean-Paul est un rêve immense, où s'entendent les harmonies célestes et les soudaines discordances des astres désorbités, cependant que, dans le monde humain, l'extase, sœur de la mort, ouvre aux héros lyriques les envols illimités, et que les idylles chantent un tendre accord avec la vie terrestre. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 167.
Poét., vx. Les célestes flambeaux. Les astres.
P. métaph. :
2. Planant dans les sphères célestes de la philosophie, il lançait la foudre sur les conspirateurs qui rampaient sur le sol. A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 168.
P. ext. Qui concerne les phénomènes célestes. Mécanique céleste.
2. Loc. adj. invar. ou subst. Qui est de la nature du ciel. Bleu céleste. Bleu clair (cf. bleu ciel). Force rubans orange ou bleu céleste (Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 13).La miraculeuse créature [une mésange] peinte de bleu céleste, rehaussée de vert saule et de jaune jonquille (Colette, En pays connu,1949, p. 12).
B.− Domaine spirituel
1. Qui est relatif au ciel en tant que séjour de la divinité ou des élus (cf. ciel II A, C). Céleste séjour, vie céleste. Les cercles infernaux, pénitentiaires et célestes (Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 335):
3. Alors l'on dira : « Nos pères eurent besoin de placer le paradis au ciel. Mais nous, nous tenons Dieu quitte de son paradis, puisque la vie céleste est transportée ici-bas! » Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 406.
SYNT. Béatitude, bonheur céleste; la Cité, la Jérusalem céleste, la céleste patrie. Le paradis chrétien. Si Dieu m'accordait le calme céleste, aérien, la prière (Rimbaud, Une Saison en enfer, 1873, p. 218).
Poét., MYTH. Les célestes lambris. Le séjour des dieux (cf. Chénier, Élégies, Les Amours, amours diverses, 1794, p. 91).
[Appliqué à un être spirituel] Qui a pour séjour le ciel. Le père céleste. Dieu. L'époux céleste (dans le vocab. des mystiques). Même sens : Dieu. Les puissances diaboliques et les esprits célestes (Alain, Système des beaux-arts,1920, p. 128):
4. J'arrive − après quelles fatigues! − Je m'assieds enfin et la chaise se casse! Est-ce que l'improbité du travail terrestre se répercuterait dans les ateliers de l'au-delà? Est-ce que les ébénistes célestes fabriqueraient, eux aussi, des sièges à bon marché qui s'effondrent dès qu'on se pose dessus? Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 274.
2. Spéc. [Dans l'anc. Chine, p. réf. à la qualité de l'empereur considéré comme d'essence divine (cf. ciel II B spéc.)] Le Céleste Empire. La Chine. Les lettrés à bouton de cristal du Céleste-Empire (Verlaine, Œuvres posthumes,t. 2, Critiques et conférences, 1896, p. 300).
Emploi subst., fam., vx. Les Célestes. Les Chinois. Le vieux savant (...) qui maintenant s'en retournait en Chine, comme il se doit de la part d'un fils, d'un Céleste (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 353).
3. Qui appartient à Dieu, qui vient de Dieu, divin. Colère, inspiration, lumière céleste. Les bons livres, c'est la manne du peuple de Dieu, la céleste nourriture des âmes (E. de Guérin, Lettres,1838, p. 164):
5. Surpris de constater combien peu de sentiments humains cette musique exprime; elle n'est pourtant ni céleste, ni véritablement mystique, ni même religieuse, elle est grave et magique. Green, Journal,1933, p. 123.
Pain céleste. Le pain du ciel, l'eucharistie.
Rem. On relève qq. ex. où l'adj. est substantivé. a) Les célestes. Ceux qui sont tournés vers les biens spirituels. Aux célestes le ciel, et la terre aux terrestres (Claudel, L'Annonce faite à Marie, 1reversion, 1912, II, 3, p. 53). b) Le céleste. Les choses divines, les biens spirituels. Sa pensée toute orientée vers le céleste (Du Bos, Journal, 1924, p. 185).
C.− Au fig.
1. P. hyperb. [En parlant d'une pers. ou d'un de ses attributs] Qui, comme les choses ou les êtres célestes, a un caractère de perfection exceptionnelle. Femme céleste; regard, sourire céleste. Une verdure céleste, belle comme une eau de pré (Giono, Le Grand troupeau,1931, p. 45):
6. ... mon visage m'apparaissait divinement beau et comme éclairé d'une douceur céleste. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 100.
2. MUS. Jeu, registre, voix céleste et p. ell. le, la céleste. Registre de l'orgue produisant des sons purs, voilés et ondulants. Des roulades d'orgue où dominent la flûte et le céleste (Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 34).
Rem. gén. Dans le vocab. relig., céleste patrie (14 ex.) et céleste séjour (9 ex.) sont plus cour. ds la docum. que patrie céleste (5 ex.) et séjour céleste (5 ex.); cité céleste est attesté 11 fois. Époux céleste (9 ex.) est plus fréq. que céleste époux (6 ex.). Dans l'emploi hyperbolique la postposition est plus cour. Céleste beauté (7 ex.), beauté céleste (17 ex.).
Prononc. et Orth. : [selεst]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 « du ciel en tant que séjour de la divinité » seignour celeste Dieu (Alexis, éd. G. Paris, 57); ca 1175 la celestre Jerusalem (Benoit, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 33981); b) ca 1121-1135 (Philippe de Thaun ds Bartsch Chrestomathie, 21, 158, p. 67 : E li criz de la beste Demustre voiz celeste); c) p. ext. 1534 « particulièrement délicieux » (Rabelais, Gargantua, 4 ds Gdf. Compl. : C'estoit passetens celeste de les veoir ainsy soy rigoller); 2. a) 1534 (Rabelais, Gargantua, 10, éd. Marty-Laveaux, I, p. 43 : Le bleu signifie certainement le ciel & choses celestes, par mesmes symboles que le blanc signifioit ioye & plaisir); d'où 1560 « couleur bleue » (A. Paré, XV, 20 ds Littré); b) 1616-20 « du ciel, du firmament » (D'Aubigné, Hist., I, 237, ibid. : arbore un panache d'oiseau celeste). Empr. au lat. caelestis 1 contexte païen dep. Ennius ds TLL s.v., 67, 65 : emploi subst.; Cicéron, ibid., 67, 67, emploi adj.; contexte chrét. dep. St Hilaire ds Blaise : Jerusalem caelestis, Vulg. ibid., spéc. « divin, de Dieu », St Cyprien, ibid.; 2 Rhet. Her. ds TLL s.v., 69, 51. Fréq. abs. littér. : 2 730. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 559, b) 3 508; xxes. : a) 2 565, b) 1 735.
DÉR. 1.
Célestiel, elle, adj.,arch. Synon. de céleste.Merci, mon Dieu, d'avoir élu Jérôme pour cette gloire célestielle (Gide, La Porte étroite,1909, p. 552). 1reattest. Ca 1101-06 (Benoit, Voyage de st Brendan, Oxford, éd. E. G. R. Waters, 1928, 1538) − 1611 Cotgr.; Trév. 1732 note ,,ce mot est hors d'usage``; repris au xixes. par A. Houssaye, Les Grandes dames, IV, 267 ds Guérin, et au début xxes. par Gide, loc. cit.; de céleste*, suff. -iel (-al*).
2.
Célestin, ine, adj.Même sens. Si rarement il [mon livre] rase les cieux il faut s'en prendre à ma position qui n'a rien de célestin (P. Borel, Rhapsodies,1831, p. 10). [selεstε ̃], fém. [-in]. 1reattest. xives. célestin « céleste » (Passion du Christ, éd. A. Boucherie ds R. Lang. rom., t. 1, 588 [poème en dial. fr.-vénitien]) − xvies. (ds Hug.); repris en 1831-33 (P. Borel, loc. cit. et Champavert, Dina, la belle juive, p. 121); de céleste*, suff. -in*; a évincé celestïen, plus anc. (xiie-xiiies. ds T.-L.). Fréq. abs. littér. : 3.
BBG. − Duch. Beauté 1960, p. 108. − Lew. 1960, p. 251. − Sigurs 1963/64, p. 327.