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CYPRÈS, subst. masc.
A.− BOTANIQUE
1. Conifère résineux élevé et pyramidal, aux feuilles très petites, écailleuses et opposées, d'un vert sombre, composées de petites folioles imbriquées les unes dans les autres, à fleurs monoïques, au fruit en cône ovoïde, écailleux et de la grosseur d'une noix, cultivé dans les parcs et jardins pour son allure majestueuse et pour protéger du vent. Un grand bois de cyprès gigantesques, droits et hauts comme les colonnes d'une cathédrale et baignant dans une eau d'un noir d'encre (Green, Journal,1934, p. 196):
1. ... un possesseur ancien et ingénu avait planté (...) un cyprès enfant, un de ces petits plumages effilés en pinceau, tendres à l'œil et déjà râpeux à la paume, (...) Aujourd'hui il arbore, sur des architraves de racines à demi-émergées, un fût à porter une église, et son fuseau, qui dépasse le toit, offense du haut en bas la maison (...). Entre sa propre immobilité et le libre paysage, il interpose son crin compact boutonné des fruits durs (...). La guêpe, et le pâle Flambé, craignent la brosse rude du cupressus. Mais, cyprès compact, pour peu que le mistral mène à fond son offensive, lui seul creuse le bloc de ta sombre crêpelure, la divise et révèle ton cœur sec. Colette, Paysages et portraits,Paris, Flammarion, 1958 [1854], p. 264.
Cyprès commun. Cyprès originaire d'Orient, cultivé dans presque toute l'Europe et qui présente deux variétés principales : le cyprès pyramidal, à rameaux dressés formant une pyramide régulière (cf. Flaub., Salammbô, t. 1, 1863, p. 48), le cyprès horizontal, à rameaux ouverts, étalés et moins fournis.
Rem. Pour cyprès chauve (cyprès de la Louisiane), cf. chauve B 1; pour petit cyprès, cf. aurone.
SYNT. a) Cyprès + adj. cyprès antique, beau, centenaire, énorme, éploré, funèbre, funéraire, funeste, gigantesque, grand, haut, immobile, long, mélancolique, mortuaire, noir, séculaire, solide, vigoureux. b) Cyprès + de/du/des + subst. cyprès de/du/des cimetière(s), jardin, mort(s), tombeau(x). c) Subst. + de/du/des cyprès abri, allée, avenue, bois, bouquet, branche, cime, forêt, haie, ombre, rameau, rang, rideau, taillis, tête, tronc de/du/des cyprès. d) Cyprès + verbe abriter, dominer, frissonner, ombrager, se profiler, protéger, soupirer, trembler, veiller.
2. [Le cyprès dans ses divers usages]
a) COUTUMES, SYMBOLES. Arbre associé à la mort dès l'antiquité et symbolisant le deuil, la tristesse. Ce lieu solitaire, que les cyprès et le silence semblaient vouer à la mort (...) son enceinte remplie de croix qui indiquaient un cimetière (Krüdener, Valérie,1803, p. 47).Un lit funéraire (...). En avant du lit, l'eau lustrale dans une urne d'argent, avec un rameau de cyprès trempant dans l'eau (Dumas père, Catilina,1848, prol., p. 2):
2. Ils ont beaucoup de vénération pour leurs morts, mais ils ne les enterrent point. Ils leur font une espèce de bière avec de l'écorce de cyprès, et ils les exposent sur quatre fourches de quinze pieds, de haut, au milieu d'une plaine. Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane,1802, p. 83.
Rem. Chez les Grecs et Romains, le cyprès fut lié au culte de Pluton, dieu des enfers; on en plaçait une branche à la porte des maisons en signe de deuil, on en faisait des sépultures où l'on déposait les restes des personnes distinguées, on le plantait dans la terre des morts...
En partic. (p. oppos. au laurier, symbole de victoire). Consentir à mourir c'est consentir à vaincre; La tombe est la maison du pâle sphinx guerrier Qui promet un cyprès et qui donne un laurier (Hugo, Légende,t. 3, 1877, p. 197).
Loc. proverbiale. Changer les lauriers en cyprès. Changer la victoire, le triomphe, en deuil; trouver la mort en étant victorieux.
Rem. Attesté ds Ac. 1835, 1878, Besch. 1845, Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., Rob., Quillet 1965.
b) MÉD. Arbre ayant de nombreuses propriétés médicinales (astringent et fébrifuge par ses noix, sédatif nerveux par sa sève, cautérisant par sa résine, etc.). On a employé le bois [du cyprès] comme astringent, sudorifique et diurétique et les fruits en cône, nommés noix de cyprès ou galbales comme astringents (Dorvault, Officine,1844, p. 267).
c) TECHNOL. Bois de cyprès ou p. méton. cyprès. Bois du cyprès, très dur et presque incorruptible, à odeur aromatique, employé fréquemment en construction et ébénisterie.
CONSTR. Charpentes de bois de cyprès. Les colonnes [(du) pavillon du Conseil] étoient de cyprès poli et sculpté (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 197).
ÉBÉNISTERIE. Chaise de cyprès. Les solives de cèdre et les lambris de cyprès du palais que Salomon fait bâtir à la reine de Saba (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 66).
B.− P. compar. et p. anal. [En parlant d'animés ou d'inanimés, gén. avec réf. au caractère funéraire du cyprès]
1. [P. réf. à l'aspect élancé et pyramidal du cyprès, à sa couleur sombre] Une énorme euphorbe candélabre se donne des airs de cyprès (Gide, Voy. Congo,1927, p. 701).La longue Belline (...) est maigre comme un cyprès et presque aussi grande (Giono, Regain,1930, p. 155):
3. Cela sentait donc subitement la mort, cette nuit-là, et le pont, avec ses futailles en jonchée et leur fond blanc de gypse portant la marque de Papadakis (...) comme une inscription sur une pierre funéraire et les ombres perpendiculaires faisant cyprès, évoquait un petit cimetière musulman sous la lune, ... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 221.
2. [P. réf. à son immobilité] Immobile et obscur, d'un dandysme de cyprès (...), l'ancien proscrit (Morand, Eur. gal.,1925, p. 98).Une cour (...) où de longues aiguilles de pierre montent, pareilles à des cyprès éternellement figés (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 103):
4. Ne te tourmente pas, mon âme est un abîme De fidélité triste, immense et sans défaut, Je suis le haut cyprès, debout sur la pelouse, Dont la branche remue au pas du rossignol, Mais qui reste immobile et qui bénit le sol. A. de Noailles, Les Forces éternelles,1920, p. 357.
3. [P. réf. au bruit du vent dans ses branches] Ces pleureuses que je vis dans un village de la montagne lybienne, toutes en noir et pareilles à des cyprès qui hurleraient (Barrès, Cahiers,t. 6, 1907-08, p. 159).Cf. aussi ex. de ameubler1.
Prononc. et Orth. : [sipʀ ε]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. cyprès; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Fait partie des mots ds lesquels s final est muet : abcès, agrès, congrès, cyprès, dès, décès, excès, exprès, grès, insuccès, près, procès, profès, succès, très (cf. Fouché Prononc. 1959, p. 397). Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 ciprès (M. de France, Lais, éd. J. Rychner, Guiguemar, 174); 2. fin xvies. fig. symbole de deuil (Malherbe, Pour Monsieur de Montpensier, A Madame devant son mariage, 2 ds Œuvres, éd. Lalanne, t. 1, p. 20). Empr. au lat. class. cupressus, cypressus (< gr. κ υ π α ́ ρ ι σ σ ο ς attesté en lat. sous la forme cyparissus, Virgile ds TLL s.v., 1438, 33); v. aussi André Bot. Fréq. abs. littér. : 644. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 071, b) 785; xxes. : a) 1 074, b) 757. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 20.