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CROIX, subst. fém.
I.− Ensemble formé de deux branches ou de deux éléments qui se coupent à angle plus ou moins ouvert, généralement à angle droit.
A.− Usuel
1. [L'ensemble désigne une intersection quelconque] Croix de l'épée. Croix formée par la garde et la poignée de l'épée (cf. Vigny, Journal poète, 1841, p. 1149).
En partic. Intersection de deux routes. Synon. usuels croisée, croisement, carrefour.La croix de deux routes (Murger, Nuits hiver,1861, p. 129).
Au fig., PHILOS. Pierre d'achoppement (cf. crucial B 1). La croix de tous les systèmes (Renouvier, Essais crit. gén.,1864, p. 45).
2. [L'ensemble désigne une réalité à valeur de signe] De petites croix tracées à l'encre (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 317).
Loc. verbale. Faire une croix (au bas d'un acte). Tracer une croix qui tient lieu de signature. Fais ta croix, ou signe (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 243).
Au fig. Faire une croix (dans la cheminée). Noter un événement extraordinaire. Quand nous serons à dix, nous ferons une croix (Ac.1835-1932).Faire, tirer une croix (sur une chose, une personne). La rayer de sa pensée, y renoncer. Faire une croix sur cet obsédant souvenir (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 243).Tirer une croix sur vingt mille hommes (Sartre, Mort âme,1949, p. 276).Marquer d'une croix (noire). Signaler comme dangereux ou néfaste :
1. ... dans le petit monde du poil et de la plume, Tarascon est très mal noté. Les oiseaux de passage eux-mêmes l'ont marqué d'une grande croix sur leurs feuilles de route, et quand les canards sauvages, descendant vers la Camargue en longs triangles, aperçoivent de loin les clochers de la ville, celui qui est en tête se met à crier bien fort : « Voilà Tarascon! ... Voilà Tarascon! » Et toute la bande fait un crochet. A. Daudet, Tartarin de Tarascon,1872, p. 6.
Loc. adv. En croix. En forme de croix. Bras, jambes en croix.
Arg. La croix des vaches. ,,Coup de couteau ou de rasoir porté au visage de celui ou de celle qui a failli aux lois du milieu`` (Carabelli, [Lang. de la pègre]).
B.− Emplois spéc.
1. ARCHIT. Intersection de la nef et du transept d'une église. Synon. croisée.La croix du transept (cf. Zola, Rêve,1888, p. 123).
2. ASTRON. La Croix du Sud. Constellation de l'hémisphère austral. La Croix du Sud, groupe de quatre étoiles (...) disposées en losange à peu près à la hauteur du pôle (Verne, Enf. cap. Grant,t. 1, 1868, p. 237).
3. BOTANIQUE
a) Fleur dont les pétales sont disposées en croix. Les croix jaunes des saponaires, les croix roses et blanches des juliennes de Mahon (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1348).
b) Nom commun de différentes plantes, en particulier du lychnis chalcedonica (L.). Cf. Fournier 1961, p. 314.Des croix de Malte d'un rouge de bichromate de potasse vif (Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 133).
4. CONSTRUCTION
a) Vx. Croisée* d'une fenêtre. Une fenêtre en ogive, portant une croix de pierre (Soulié, Mém. diable,t. 1, 1837, p. 5).
b) Croix de Saint-André. Élément de charpente en forme d'X. Façades barrées de croix de Saint-André (Bertrand, Gaspard,1841, p. 50).
5. MAR. Intersection des vergues et des mâts. Synon. croisure.Croix, vergues transversales barrant les grands mâts droits (Verhaeren, Villes tentac.,1895, p. 132).
6. PÊCHE. Croix (de Saint-André). Carrelet pour la pêche. On lève la croix (...) pour pêcher le mercredi au jour (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 19).
7. TECHNOL. Croix de Malte. ,,Mécanisme convertissant un mouvement de rotation continue en rotation saccadée`` (Dew. Technol. 1973). Engrenage à croix de Malte.
II.− Objet en forme de croix.
A.− Instrument de supplice, fait d'un poteau surmonté d'une traverse, sur lequel, dans l'Antiquité, on suppliciait les condamnés à mort. La croix jadis (...) le supplice des esclaves (Claudel, Guerre 30 ans,1945, p. 587):
2. La mort même des capitaines siciliens, indignement condamnés par Verrès, n'est pas sans doute ce qui remuait le plus les maîtres du monde. Ce qui fit impression, c'est (...) qu'il fut convaincu d'avoir fait battre de verges et mettre en croix un citoyen romain. Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 209.
RELIG. CHRÉT.
1. [Nouveau Testament] Gibet sur lequel Jésus-Christ fut cloué et mis à mort :
3. Klopstock, dans son poëme immortel, a peint la conjuration de l'enfer contre le Messie. Le sacrifice est prêt à s'accomplir; les prêtres triomphent et le Fils de de l'homme est condamné. Suivi de sa mère, de ses disciples, des gardes romaines et de toute la Judée, il s'avance, chargé de sa croix, au lieu du supplice : il arrive sur Golgotha. Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 1, 1797, p. 335.
4. ... la croix est une balance où un corps frêle et léger, mais qui était Dieu, a soulevé le poids du monde entier. « Donne-moi un point d'appui, et je soulèverai le monde ». Ce point d'appui est la croix. Il ne peut y en avoir d'autre. Il faut qu'il soit l'intersection du monde et de ce qui n'est pas le monde. La croix est cette intersection. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 98.
P. métaph. Souffrance du chrétien acceptée par amour de Dieu et unie à celle du Christ sur la croix. La croix du cœur, les souffrances rédemptrices assumées au sein même de l'existence (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 83):
5. C'est la vie tourmentée, les traverses, les croix, les amertumes, qui bien méditées, ressenties dans la lumière de Dieu, font espérer en lui. Dupanloup, Journal intime,1873, p. 340.
P. ext. Épreuve, tourment pénible.
[À propos d'une situation] :
6. Rentré dans Paris et remis à la meule où je suis condamné, je retire à grand'peine mon esprit des lointains que j'ai parcourus; je tâche à me replier, à reprendre avec un peu de cœur la vie attachée. Je voudrais étendre un peu d'onction sur la croix où la nécessité, que je vois venir avec ses clous et son marteau, va m'attacher. M. de Guérin, Correspondance,1835, p. 230.
[À propos d'une pers.] :
7. ... une fille à marier qui ne se marie pas est une croix très lourde à porter pour des parents honnêtes. Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 80.
P. méton., arg. [À propos d'une pers.] ,,En argot des filles (...) client énervant et exigeant`` (Carabelli, [Lang. de la pègre]). ,,Individu sans valeur`` (Simonin, Pt Simonin ill., 1957, p. 97).
2. [Liturg. et vie chrét.]Invention de la vraie Croix, ou, rare, Croix de mai (cf. Camus, Le Cheval. Olmedo, 1957, p. 763). Fête célébrée le 3 mai (v. invention). Exaltation de la croix, ou, rare, croix de septembre (cf. Pourrat, Gaspard, 1925, p. 204). Fête célébrée le 14 septembre (v. exaltation). Chemin de (la) croix. Exercice de dévotion (v. chemin). Signe de (la) croix. Signe en forme de croix qu'une personne trace sur elle-même, sur une autre personne ou sur un objet, en diverses circonstances (lors d'une prière ou d'une action liturgique, pour marquer le début d'une entreprise importante, pour conjurer le mal ou la peur, etc.) :
8. Au bout de quelques minutes, Colomba se leva, l'œil sec, mais la figure animée; elle fit du pouce, à la hâte, le signe de croix familier à ses compatriotes et qui accompagne d'ordinaire leurs sermens solennels... Mérimée, Colomba,1840, p. 81.
3. [Théol. et spiritualité] Mystère de la mort rédemptrice de Jésus-Christ sur le calvaire :
9. Un christianisme sans croix, c'est ce que cherchent obscurément la plupart des chrétiens. La croix est un ornement qui se met sur les murs. La vraie, celle dont la croix sur un mur n'est que le signe, on n'en veut pas. Green, Journal,Le Bel aujourd'hui, 1955-58, p. 346.
4. P. ext. Religion chrétienne (dont la croix est le symbole). Combattre les ennemis des lis ou de la croix (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 3, 1821-24, p. 228).
SYNT. Arbre, bois, branches, ombre, pied de la croix; mise en croix; châtiment, supplice de la croix; déposition, descente, portement de croix; folie, mystère de la croix; bannière, étendard de la croix; dresser, élever, ériger, planter une croix; attacher, clouer, mettre en/sur la croix; monter sur la croix; descendre de la croix; porter, prendre sa croix; expier, mourir en croix/sur la croix; prêcher, faire triompher la croix; combattre, mourir pour la croix; la sainte, la vraie croix.
B.− Représentation sous forme d'insigne ou d'emblème de la croix de Jésus-Christ à laquelle est attachée une valeur de symbole religieux ou profane.
1. [Symbole chrét.] L'évêque (...) avec sa croix épiscopale au cou (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 23).
Loc. Jurer sur la croix. Faire un serment solennel sur la croix (cf. Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 45).Marcher sur la croix. Renier la foi chrétienne, dont la croix est le symbole (cf. Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1443).Prendre la croix (vx). Coudre sur son habit une croix d'étoffe pour marquer son engagement à la croisade; p. méton. s'engager pour la croisade. Synon. usuel se croiser(cf. Grousset, Croisades, 1939, p. 40).
SYNT. Croix d'argent, de bois, de feu, de granit, de marbre, de pierre; croix abbatiale, pastorale, pectorale; croix blanche, noire; grande, immense, large, haute, lourde, petite croix; surmonté d'une croix; baiser la croix.
En partic.
[Usage liturg.] Croix de procession. Croix portée en tête d'une procession. Les paroisses, précédées de leurs croix processionnelles (Renan., Souv. enf.,1883, p. 10).La croix et la bannière (cf. ce mot ex. 6 et 7). Adoration de la croix. Partie de l'office catholique du vendredi saint (cf. adoration ex. 8).
[Usage commémoratif] :
10. Si l'on rencontroit au coin d'une forêt le corps d'un homme assassiné, on plantoit une croix dans ce lieu, en signe de miséricorde. Cette croix demandoit au samaritain une larme pour un infortuné, et à l'habitant de la cité fidèle, une prière pour son frère. Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 2, 1803, p. 165.
11. Je songe à vos milliers de croix de bois, alignées tout le long des grandes routes poudreuses, où elles semblent guetter la relève des vivants, qui ne viendra jamais faire lever les morts. Croix de 1914, ornées de drapeaux d'enfants, qui ressembliez à des escadres en fête, croix coiffées de képis, croix casquées, croix des forêts d'Argonne qu'on couronnait de feuilles vertes, croix d'Artois dont la rigide armée suivait la nôtre, progressant avec nous de tranchée en tranchée, croix que l'Aisne grossie entraînait loin du canon, et vous, croix fraternelles de l'arrière, qui vous donniez, cachées dans le taillis, des airs verdoyants de charmille, pour rassurer ceux qui partaient. Combien sont encore debout, des croix que j'ai plantées? Dorgelès, Les Croix de bois,1919, pp. 317-318.
SYNT. Croix de calvaire, de carrefour, de cimetière. Croix de mission. Croix élevée en souvenir d'une mission (cf. Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 276). Avoir, gagner la croix de bois (arg. des tranchées). ,,Être tué`` (Dauzat, Arg. guerre, 1918, p. 256).
Rem. On rencontre ds la docum. croix de (par) Dieu (vx). Alphabet commençant par le signe de la croix. Synon. région., vieilli croisette*. [Gaspard] apprit ses « heures de trois sous », c'est-à-dire sa croix de par Dieu, c'est-à-dire son abécédaire (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 53).
2. [Symbole décoratif] Bijou en forme de croix. Une croix à la Jeannette en diamans (Jouy, Hermitet. 3, 1813, p. 162).Des pendants d'oreilles et une croix en vieil argent (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 713).
SYNT. Croix d'argent, d'or, d'améthyste(s), de/en diamant(s); croix huguenote. Petite croix soutenant la colombe du Saint-Esprit.
Croix de ma mère, Bijou. La croix-de-ma-mère entre ses maigres salières (H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 222).Au fig. Dénouement conventionnel d'une pièce de théâtre, fondé sur un signe de reconnaissance. Mon drame débute par où finissent les mélodrames, par la croix de ma mère (Giraudoux, Siegfried,1928, I, 6, p. 43).
C.− Symbole conventionnel ou honorifique, en forme de croix.
1. EMBLÉMATIQUE. Insigne, généralement une croix de formes diverses, servant d'emblème à un ordre de chevalerie, à un parti, etc. La manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois (Enseign. mus.,t. 2, 1950, p. 6).
SYNT. Croix ansée. Croix en forme de T surmonté d'une anse. D'une main (...) la croix ansée et de l'autre une fleur de lotus (Du Camp, Nil, 1854, p. 143). Croix byzantine ou grecque. Croix à quatre branches égales. Croix gammée. Croix à quatre branches égales se terminant en Γ (gamma). Synon. svastika*. Un garçon nazi, croix gammée au bras (Green, Journal, 1950, p. 343). Croix latine. Croix dont la branche inférieure est plus longue que les autres. Croix lobée. Croix dont les branches sont arrondies à leur extrémité. La chasuble de deuil, avec ses croix lobées (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 221). Croix de Lorraine. Croix à deux croisillons parallèles, celui du bas étant plus long que l'autre. Comme insigne la croix de Lorraine (De Gaulle, Mém., 1954, p. 79). Croix de Malte. Croix à quatre branches égales qui vont en s'élargissant à partir du centre. Le louis à la croix de Malte (Hist. et ses méth., 1961, p. 350). Croix de Saint-André. Croix en forme d'X. Spéc. Croix rouge. Croix rouge sur fond blanc, emblème des services de santé qui assure la neutralité en cas de conflit. Le drapeau à la croix rouge des voitures d'ambulance (Goncourt, Journal, 1870, p. 613).
En partic.
a) Décoration honorifique accordée à une personne physique ou morale, à titre civil ou militaire :
12. Sans parler des plus hautes distinctions qui me furent décernées par nos alliés : grand'croix de l'ordre du bain, croix de Saint-Georges, grand cordon de l'ordre de Léopold, qui honoraient en ma personne l'armée française tout entière, ... Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 142.
En emploi absolu. La croix. Croix de la Légion d'honneur. Le conseil de l'ordre de la Légion d'honneur enlèverait à Zola sa croix (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 285).
Grand'croix, grand-croix, subst. fém. Distinction la plus élevée d'un ordre. Nominations (...) à la grand'croix de la Légion d'honneur (Goncourt, Journal,1863, p. 1343).
Grand'croix, grand-croix, subst. masc. Personne qui est élevée à la dignité la plus haute d'un ordre (cf. Barrès, Cahiers, t. 3, 1902-04, p. 170).
b) Vieilli. Insigne accordé à un élève méritant. L'aîné des deux garçons, décoré de la croix de mérite de son lycée (Jouy, Hermite,t. 2, 1812, p. 262).
SYNT. Croix de fer, de guerre, d'honneur, de la Légion d'honneur, de la Libération, de/du mérite; chevalier, commandeur, officier de la croix (+ nature de la décoration); avoir, demander, gagner, recevoir la croix (+ éventuellement, nature de la décoration); distribuer, donner, remettre la croix (+ éventuellement, nature de la décoration); arracher la croix; décorer de la croix (+ éventuellement, nature de la décoration).
2. HÉRALD. Pièce honorable de l'écu, de forme et de disposition très variées. Croix alésée, cantonnée, potencée; croix de sable :
13. ... un pavillon aux armes de Monte-Cristo, armes représentant une montagne d'or, posant sur une mer d'azur, avec une croix de gueules au chef, ce qui pouvait aussi bien être une allusion à son nom rappelant le calvaire, que la passion de Notre-Seigneur a fait une montagne plus précieuse que l'or, et la croix infâme que son sang divin a faite sainte, qu'à quelque souvenir personnel de souffrance et de régénération enseveli dans la nuit du passé de cet homme mystérieux. Dumas père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 383.
3. MONNAIE
Vx. Côté d'une pièce de monnaie portant l'empreinte d'une croix.
P. méton., arg., vieilli. ,,Écu de six francs`` (France 1907).
Loc. vieillies. Jouer à croix ou pile (cf. jouer à pile ou face*). N'avoir ni croix ni pile. Être sans argent.
Prononc. et Orth. : [kʀwa] ou [kʀwɑ]. La tendance mod. est de prononcer [a] ant. C'est la prononc. de Dub., Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Warn. 1968 admet [ɑ] post. ou [a] ant. Les dict. plus anc. transcrivent [ɑ] post. qui s'explique par l'infl. de r vélaire du groupe cr-, cf. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Fél. 1851, Littré, DG, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930. On transcrit encore [kʀwε] avant-dernier stade de l'évolution de la diphtongue -oi- (cf. aboyer) ds Land. 1834 et Besch. 1845. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. crois. Homon. : formes des verbes croire et croître. Étymol. et Hist. A. 1. 2emoitié du xes. « gibet fait de deux poteaux perpendiculaires » (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 491); id. spéc. « instrument de torture du Christ » (ibid., 226); 1541 au fig. porter sa croix (Calvin, Institution de la religion chrétienne, 548 ds Littré); 1564 « supplice, peine » (Rabelais, Le Cinquième livre, éd. Marty-Laveaux, XVII, 66); 2. a) 2emoitié xiiies. [ms.] signe de croix (Image du Monde ds Romania, t. 21, p. 492, 453); b) 1579 faire la croix [le signe de la croix] sur le dos « dire adieu, renoncer » (Larivey, Le Laquais, III, 6 ds Hug.), cf. infra C 2. B. 1. 2emoitié xes. « représentation de la croix, crucifix » (Vie de Saint Léger, éd. J. Linskill, 146); 2. ca 1207 prendre la croix « se croiser, partir pour la croisade » (Villehardouin, La Conquête de Constantinople, éd. E. Faral, § 3); 3. av. 1590 « représentation particulière de la croix » croix bourguignonne (A. Paré, Œuvres complètes, éd. J.-F. Malgaigne, t. 1, IV, 9, p. 247); 4. 1680 « dignité (ordre de Malte) » (Rich.); 1836 avoir la croix [la croix de la Légion d'honneur, instituée en 1802] (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, p. 420). C. 1. Ca 1160 en croiz « en forme de croix » (Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 7543); 2. ca 1395 « marque en forme de croix faite sur une écriture » (J. Boutillier, Somme rural, p. 186, titre 30 ds Littré); 1851 au fig. faire une croix sur le passé (Murger, Scènes vie boh., p. 154). Du lat. class. crux, -ucis « croix, gibet » désignant spéc. la croix du Christ, en lat. chrét.; d'où dès l'époque class. « peine, tourment, châtiment » et en lat. chrét. « représentation de la croix; signe de la croix ». Fréq. abs. littér. : 5 736. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 330, b) 7 327; xxes. : a) 10 488, b) 7 904.
DÉR.
Croisiller, verbe trans.,rare. Disposer des éléments en forme de croix. Emploi limité au part. passé. a) Soit comme élément de forme composée à sens passif. Le papier rouge de la chambre était croisillé d'or (Hennique, Soir. Médan,Affaire Grand 7, 1880, p. 249).b) Soit comme adj. apposé. Qui comporte des éléments disposés en croix. Synon. croisillonné.La façade de la maison et sa terrasse (...) reprenaient à deux heures leur vrai visage croisillé de poutrelles, d'auvents et de persiennes chocolat (Colette, Seconde,1929, p. 21). 1reattest. 1879 (A. Daudet, Rois en exil, p. 74); de croix, suff. -ille*, dés. -er; cf. aussi prov. crousilhat, crousilhado « entrecroisé » ds Mistral; l'adj. croisillé « à dessins en forme de croix » (de ca 1170, Chr. de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1571, à 2equart xiiies. ds T.-L.) est dér. de l'a. fr. m. fr. croisille (xiiies. [mss B.E.] Erec, éd. Foerster, 1619, var., à xvies. ds Hug.).
BBG. − Archit. 1972, p. 148, 202. − Gottsch. Redens. 1930, p. 7, 217, 268, 335, 351. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 30. − Rog. 1965, p. 102. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 102. − Thomas (A.). Nouv. Essais 1904, p. 243.