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CROISSANT2, subst. masc.
A.− [P. réf. à la lune]
1. Vx. Période pendant laquelle la partie visible de la lune se développe, croît progressivement :
1. ... le culte de la lune exprima une idée juste, non point démentie par la suite, mais au contraire confirmée. La lune en son croissant et décroissant représente toute croissance et décroissance. À chaque lune nouvelle l'esprit d'entreprendre et d'espérer se trouvait ranimé; et au contraire la lune finissante inspirait la temporisation et la patience... Alain, Propos,1923, p. 476.
2. Aspect d'un quartier de cercle bombé d'un côté et concave de l'autre que prend la partie visible de la lune au début et à la fin de son développement. Le croissant de la lune, échoué au milieu des nuées, semblait un navire céleste pris dans ces glaçons de l'air (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 415):
2. Les mois commençaient à la nouvelle lune, ou à peu près, dès que, faute d'instruments ou de calculs précis, on apercevait à l'œil les cornes du croissant. Chauve-Bertrand, La Question du calendrier,1920, p. 10.
P. métaph. Ils [les rois allemands] punissent Paris D'être (...) Le croissant du progrès clair au fond du ciel sombre (Hugo, L'Année terrible,1872, p. 61).
[Avec une valeur symbolique] Représentation symbolique de la lune (depuis la préhistoire et notamment dans la théogonie grecque − symbole d'Artémis − et l'iconographie chrétienne − à propos de la Vierge Marie) :
3. Diane qui portez l'arc redoutable, Lune dont la tête est ornée du croissant, Hécate armée du serpent et du glaive, faites que la jeunesse ait des mœurs pures, la vieillesse du repos, et la race de Nestor, des fils, des richesses et de la gloire! Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 132.
3. P. méton.
a) Représentation à l'horizontale ou à la verticale, d'un quartier de lune; symbole religieux chez les musulmans. Mahomet eut le sentiment vrai du caractère de la religion lorsqu'il lui donna pour symbole le croissant de la lune dont la lumière est trompeuse et sans chaleur (Vigny, Journ. poète,1849, p. 1270).
Spéc. Emblème national turc. Le bonnet de la liberté et le croissant s'entrelaçaient amoureusement; les couleurs turques et françaises formaient un berceau (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 149).
Vx. Empire du croissant ou, p. ell., croissant. Empire ottoman. C'est à sa voix [de l'archevêque de Tyr] que d'innombrables armées, sorties de l'Occident, s'apprêtent à reconquérir la Judée et à humilier le croissant (Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 326).
Rem. 1. Croissant fertile. Région d'Asie occidentale ,,qui s'étend de la mer Morte au golfe Persique en passant par le sud de la Turquie, le nord de l'Iraq et l'Iran occidental`` et qui est abondamment irriguée par les principaux fleuves (d'apr. Lar. encyclop. Suppl. 1975; cf. aussi Aquist. 1966). Les pâturages doivent être recherchés dans la steppe du Croissant fertile ou à proximité du Tigre et de l'Euphrate (Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 97). 2. ,,L'Organisation qui correspond à la Croix-Rouge en Islam est le plus souvent le Croissant-Rouge`` (Symboles 1969; cf. aussi Lar. encyclop., Quillet 1965).
b) BLAS. Le croissant est montant, lorsque ses pointes sont tournées vers le haut ou chef de l'écu. Il est renversé, ou couché, lorsque les cornes regardent le flanc destre (J. Adeline, Lex. termes art.,1884).
B.− P. anal.
1. Forme d'un croissant de lune. [Ses cheveux] blonds et fins, courbés en croissant sous son doigt humide de ses lèvres; frêle faucille d'or à laquelle je me suis coupé (Barb. d'Aurev., 2 Memor.,1838, p. 342).D'un croissant l'armée avait la forme (Hugo, Légende,t. 3, 1877, p. 182):
4. ... sa moustache, désespérément frisée, empommadée et peignée avec un peigne de plomb, formait un croissant dont les pointes s'élevaient bien au-dessus de son nez. Mérimée, Chron. du règne de Charles IX,1829, p. 163.
Loc. fam., arg., vx. [P. allus. aux cornes du croissant] Demeurer, loger rue du croissant. Être trompé par sa femme.
Rem. Attesté ds Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892.
2. P. méton.
a) ARCHITECTURE
Vx. Fortification militaire de forme demi-circulaire. (Quasi-)synon. demi-lune.Comme une citadelle que Roland aurait placée là (...), deux fenêtres sont ouvertes dans le même mur, au milieu des deux cornes du croissant (Dussaulx, Voy. Barège,t. 2, 1796, p. 174).
Rem. Attesté aussi ds Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Quillet 1965.
Rare (prob. par infl. de l'angl. crescent). Groupe de maisons en forme de croissant. Des squares, des places, des croissants (Taine, Notes Paris,1867, p. 286).Les croissants de Londres; les squares si originaux d'Édimbourg, les docks sans fin de Liverpool, toute cette architecture appropriée à la vie anglaise, est résumée, systématisée, idéalisée par Martyn (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 171).
b) AUTOMOB. Partie bombée d'un pneu. Dans [l'enveloppe du pneu] la partie formant le croissant ou bande de roulement, doit posséder une grande résistance à l'usure (Graffigny, Industr. caoutchouc,1928, p. 156).
c) BIOL. Zone colorée en forme de croissant qui apparaît sur l'œuf de certaines espèces animales aquatiques. L'œuf fécondé de cette espèce [Ascidie] montre, sur une de ses faces (que la suite du développement montre être la face postérieure), un croissant pigmenté en jaune (Caullery, Embryol.,1942, p. 51).
d) BOULANGERIE. Petit pain, pâtisserie dont la pâte est roulée en forme de croissant. Votre café au lait mousseux avec ces gâteaux fourrés de marmelade fraîche que l'on nomme croissants en Italie (Butor, 1957, p. 207):
5. ... le voici près des halles. Il a quatorze sous dans sa poche, pas un liard de plus. Il entre dans un bar; prend un croissant et un café au lait sur le zinc. Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 976.
e) HORTIC. Instrument composé d'une lame en forme de demi-cercle fixée sur un long manche et servant généralement à élaguer les haies, les arbres. Un petit croissant avec un crochet, pour atteindre aux branches d'arbres qui seront hors de la portée de la main (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 234).On nettoie le terrain au croissant (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 4).
P. métaph. La lune blanche et pure aiguisant son croissant (Sainte-Beuve, Poés.,1829, p. 86).
f) MAR. Pièce(s) de métal ou de bois en forme de demi-cercle et destinée(s) à protéger certaines parties d'un navire. Un croissant rivé sur la muraille au-dessus du hublot [des navires], empêche l'eau qui peut couler le long du bordé de tomber à l'intérieur quand le hublot est ouvert (A. Croneau, Constr. pratique des navires de guerre, t. 2, 1892, p. 197).
g) MÉD. Corps de nature diverse dont la forme rappelle celle d'un croissant. Les gamètes de P. immaculatum ne sont autres en effet que les « corps en croissant » (...), si souvent observés par ceux qui ont eu l'occasion de rechercher l'hématozoaire du paludisme (Vincent, Rieux dsNouv. Traité Méd.,fasc. 5, 1, 1924, p. 134).
En partic., dial., rare, vx. Filet de peau qui se forme autour de l'ongle. Coupez avec précaution les croissants et gardez-vous de les déchirer (Coulabin, Dict. loc. pop. Rennes,1891).
Rem. La plupart des dict. gén. attestent un emploi en méd. vétér. au sens de « saillie en forme d'arc de cercle se produisant sur la surface plantaire du sabot chez le cheval atteint de fourbure ».
Prononc. et Orth. : [kʀwasɑ ̃]. [ɑ] post. ds DG, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930 et comme 1revar. à côté de [a] ant. ds Warn. 1968 (cf. croître). Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1180 « temps qui s'écoule de la nouvelle lune à la pleine lune » (Partonopeus de Blois, éd. J. Gildea, 856); 2. 1223 « forme apparente de la lune, ayant moins de sa moitié éclairée » (G. de Coincy, éd. Kœnig, II Dout. 2424). B. 1. Ca 1260 « objet en forme de croissant » (E. Boileau, Livre des métiers, éd. Lespinasse et Bonnardot, titre LXXIX, VII); 2. 1674 symbole de l'empire turc ([Boileau]-Despréaux, Satire IX ds Littré); 3. 1863 pâtiss. (Littré). Part. prés. substantivé de croître*. Fréq. abs. littér. : 366. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 657, b) 436; xxes. : a) 558, b) 425. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 74.