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COUR2, subst. fém.
I.− [Gén. avec l'idée d'une supériorité aristocratique s'exerçant dans le domaine pol. et soc.]
A.− Lieu où réside un souverain et sa suite. Aller vivre à la cour; avoir bouche à cour (vx). (Quasi-)synon. palais.La cour est un lieu de ténèbres. Vous y auriez été une petite lumière (Montherl., Reine morte,1942, I, 2etabl., 5, p. 156):
1. ... M. Decazes est de la cour (...) lui : La cour est mon pays, je n'en connais point d'autre; (...) dans l'idée de tous les courtisans, la cour est l'univers; leur coterie, c'est le monde; hors de là, c'est néant. La nature, pour eux, se borne à l'œil-de-bœuf. La faveur, la disgrâce, le lever, le débotter, voilà les phénomènes. Tout roule là-dessus. Courier, Pamphlets pol.,Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 30.
P. anal. La cour céleste. Le paradis (ou, p. méton., l'ensemble des anges, des saints qui siègent autour de Dieu). Elle était la Mère de Dieu; (...) Il se la figurait ainsi au milieu de la cour céleste (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1295).La cour du roi Pétaud [p. allus. au temps où les mendiants élisaient un roi] Endroit ou, p. méton., assemblée où chacun veut commander et où, pour cette raison, règne la plus grande confusion. Leur fameuse société [des économistes] (...) est une fraction de l'immense cour du roi Pétaud (Veuillot, Odeurs de Paris,1866, p. 347).
B.− P. méton.
1. Personnes de haut rang et de haute qualité qui constituent l'entourage d'un souverain ou d'un prince. La cour, ce sont les généraux, les maréchaux, les hommes qui entourent le roi (Courier, Pamphlets pol.,Procès, 1821, p. 96).
2. Sous le terme général de Cour, il [Vaugelas] comprend les femmes comme les hommes et « plusieurs personnes de la ville où le Prince réside, » et à qui l'air de la Cour arrive par une communication prochaine et naturelle. Le mot de Cour chez lui revient assez à ce qu'on a appelé depuis la bonne société. Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 6, 1863-69, p. 352.
SYNT., EXPR., (relatifs à I A et B 1). a) Cour impériale, papale, royale, seigneuriale; belle, grande, petite, splendide, vieille cour. Cour plénière. Assemblée d'apparat, tenue sous l'autorité du roi, en quelque circonstance solennelle. Tenir cour plénière. Se rassembler en grand nombre. Cette petite salle servait aux Mauvais-Garçons d'Issoudun à tenir leur cour plénière (Balzac, Rabouil., 1842, p. 380). P. anal. [en parlant d'animaux] Les chauve-souris et les rats tiennent leur cour plénière (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 307). Cour de la duchesse, de l'empereur, du prince, de la princesse, du roi, du seigneur; ambassadeur, bouffon, dame, fournisseur, gentilhomme, maréchal, ministre de cour. Noblesse de cour [p. oppos. à la noblesse de province] La noblesse de province, souvent plus pure de race que ne l'est la noblesse de cour (Balzac, Langeais, 1834, p. 227). Parti, personnage, personne, poète de (la) cour. Les oiseaux chantent pour n'importe qui, comme les poètes de cour (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 64). Anecdote, bal, bruit, charge, esprit, étiquette, faste, faveur, fête, pompe de cour. Habit, manteau, robe de cour. Tenue prescrite par l'étiquette. b) Péj. Abbé de cour. Prêtre élégant et mondain (cf. Abbé ex. 15). Femme, gens, homme de cour. Personne(s) attachée(s) au roi ou à un prince; p. ext., qui use(nt) de ruse et de flatterie à la cour ou comme à la cour. Il ne commet jamais une indiscrétion, lui, l'homme de cour qui connaît tous les détours du sérail (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 18). Amitié de cour. Amitié sur laquelle on ne peut guère compter. Le monde est si méprisable que le peu de gens honnêtes qui s'y trouvent estiment ceux qui le méprisent (...). Amitié de cour, foi de renards et société de loups (Chamfort, Max. et pens., 1794, p. 39). Eau bénite de cour. Fausse protestation d'amitié ou proposition de service. Il est venu un monsieur avec l'espérance d'une pension... Eau bénite de cour, ... rien de comptant (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1836, p. 356).
En partic. Le souverain et son gouvernement composé de ministres et de conseillers. Malgré les ordres de la cour, le patriarche osa opposer sa volonté à une concession aussi sage que politique (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 280).
Spéc. (en pol. extérieure). Un envoyé extraordinaire de la cour de France à Saint-Pétersbourg (Dumas père, Teresa,1832, IV, 13, p. 218).Il n'y avait dans le sein de l'Église qu'une seule force qui pût y réussir : c'était la cour de Rome, la papauté (Guizot, Hist. civilisation,Leçon 6, 1828, p. 33).
SYNT., EXPR., Recevoir un ordre, servir les intérêts de la cour; jouir de faveur à la cour; être bien/mal en cour. Il n'y avait pas de bonnes manières qu'on ne lui fît [à la mule du Pape]; car chacun savait que c'était le meilleur moyen d'être bien en cour (A. Daudet, Lettres moulin, 1869, p. 63). Avoir quelque crédit à la cour; avoir quelqu'un en cour (cf. Dumas père, Tour Nesle, 1832, I, tabl. 1, 2, p. 8).
2. P. anal. Réunion de personnes empressées de plaire. Il ne marchait qu'entouré d'une petite cour d'évêques et d'abbés de hautes lignées, galants, grivois et faisant ripaille au besoin (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 42).À vingt ans elle a sa cour d'hommes de lettres et sa ferme modèle, son hôpital et ses collections (Giraudoux, Judith,1931, I, 2, p. 24):
3. À l'escorter sa cour [de Morgane] est préparée : Quatre lutins, à l'aile diaprée, Sont les coursiers de son char nébuleux; Et, dans sa main, la branche balancée, Sceptre léger, ressemble au caducée Qui mène au Styx les mânes fabuleux. Baour-Lormian, Les Veillées,1827, p. 279.
C.− P. ext.
1. Hommage respectueux que l'on adresse à une personne généralement de haut rang. Faire la cour à; faire un doigt, un brin de cour; faire sa cour aux dépens de qqn. Il a fait sa cour aux prêtres, aux nobles et aux rois, dans l'espoir de se faire accepter pour monarque légitime (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 2, 1817, p. 271).Il aime mieux faire la cour à M. le Ministre de l'Intérieur qu'à l'épicier du coin de la rue (Stendhal, L. Leuwen, t. 1, 1836, p. 3).
P. anal. M. le bailli faisait la cour à Dieu comme aux puissances de la terre; il ne se passait jamais de la grand'messe (Tillier, Oncle Benjamin,1843, p. 164).
2. En partic. Attentions marquées, intérêt déférent qu'un homme témoigne à une femme pour la conquérir. Faire une cour assidue, empressée, pressante. Le beau Thuillier passa pour faire un doigt de cour à madame Colleville, et il fut un de ses attentifs (Balzac, Pts bourg.,1850, p. 30).Il fait la cour à toutes les femmes, il a une façon de les regarder, assez gênante (Bernstein, Secret,1913, II, 7, p. 22):
4. Je lui fis la cour, une cour d'essai à laquelle elle répondit par des provocations évidentes. Nous en fûmes bientôt aux regards tendres, aux mains pressées, à toutes les petites galanteries qui précèdent la grande attaque. (...) la plupart des liaisons mondaines, même très courtes, ne valent pas le mal qu'elles nous donnent ni tous les ennuis qui peuvent en résulter... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Porte, 1887, p. 1074.
P. anal. Amant du soleil, il lui faisait sa cour. Il rêvait qu'il se parait pour le soleil, qu'il lui tendait des pièges gracieux (Jouhandeau, M. Godeau,1926, p. 232).
II.− DR. Lieu où la Justice est rendue (primitivement par les souverains, puis par les magistrats), organe de justice.
A.− [Dans l'anc. temps] Tribunal.
Rem. Attesté ds Ac. 1878, Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Littré, Guérin 1892, DG, Rob., Quillet 1965.
SYNT., EXPR., Cour royale. Se pourvoir en cassation (...) contre l'arrêt rendu par la cour royale (Code d'instruction criminelle, 1808, p. 786). Cour souveraine. Il n'y avait ni juge-commissaire, ni agent, ni cour souveraine possible dans l'endroit où la banqueroute avait éclaté (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 367). Cour des aides*, p. anal., arg., aller à la cour des aides [en parlant d'une épouse]. Aller chercher remède aux négligences ou aux insuffisances de son mari auprès d'un amant (d'apr. Delvau, Dict. lang. verte, 1866, p. 6). Cour d'église. Procureur du roi en cour d'église (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 77). Cour de parlement. La première présidence de la cour de parlement (Id., ibid., p. 226).
P. anal. Cour(s) d'amour. Société(s) de personnes qui au Moyen Âge s'étai(en)t formée(s) en Provence pour y débattre notamment de questions de galanterie (cf. amour ex. 218). Toute prête aussi à être la reine de Saba pour un nouveau Salomon et à entreprendre avec lui une dispute de cour d'amour (Giraudoux, Judith,1931, II, 1, p. 115).
B.− [Dans la nouvelle Juridiction] Tribunal supérieur. Le Conseil supérieur de la Magistrature fait des propositions pour les nominations de magistrats du siège à la Cour de Cassation et pour celles de Premier Président de Cour d'Appel (Doc. hist. contemp.,1852-1959, p. 214).
SYNT., EXPR., Cour martiale, régionale. Le pourvoi en cassation peut être introduit aussi bien contre un jugement du Tribunal départemental que contre un jugement de la Cour régionale (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit., 1954, p. 294). Cour suprême. Comment justifier la création d'une Cour Suprême de Justice avec mission d'établir, sous le contrôle de l'envahisseur, la responsabilité de la France dans la guerre (Procès Pétain, 1945, p. 28). Cour d'appel*, d'assise*, de cassation*. Cour des comptes. Juridiction financière habilitée à contrôler les comptables de l'État et à vérifier le budget des administrations. La Cour des comptes (...) examine la comptabilité publique en général après une période de cinq à six ans (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 246). Cour de discipline budgétaire. Juridiction administrative habilitée à sanctionner les ordonnateurs qui ont responsabilité des deniers publics. La cour de discipline budgétaire est compétente à l'égard de tous les agents du secteur public ou semi-public y compris ceux des collectivités locales (sauf les maires), (...) (Belorgey, Gouvern. et admin., Fr. 1967, p. 209). Cour de Justice. Juridiction d'exception ayant à juger les infractions concernant la sûreté de l'État. [En dr. internat.] Juridiction des trois communautés européennes. Si la Cour de Justice reconnaît qu'un État membre a manqué à une des obligations (...), cet État est tenu de prendre les mesures que comporte l'exécution de l'arrêt de la Cour de Justice (Traité instit. (Euratom), 1957, p. 359). Cour internationale de Justice. Organe juridictionnel des Nations Unies. Tous les membres des nations unies sont ipso facto parties au statut de la cour internationale de justice (Charte Nations-Unies, 1946, p. 100). Cour permanente de justice internationale. Ancienne juridiction des Nations Unies. Lorsqu'un traité ou une convention en vigueur prévoit le renvoi à une juridiction que devait instituer la société des nations ou à la cour permanente de justice internationale, la cour internationale de justice constituera cette juridiction entre les parties au présent statut (ibid., p. 122). Haute cour de justice, cour de sûreté de l'État. L'ordonnance du 13 novembre 1944 (...) a institué la Haute Cour de Justice à l'effet de juger les personnes ayant participé, notamment sous la dénomination de « Chef de l'État » à l'activité des gouvernements ou pseudo-gouvernements qui ont eu leur siège dans le territoire de la métropole (Procès Pétain, 1945, p. 22).
Loc. Hors cour; renvoyer un jugement hors cour. Résultat du conseil de guerre (...) : « L'armée innocentée, le général innocent, le ministre hors de cour (Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 111).
P. anal. Chaque genre jouissait du degré de considération qu'il méritait; chaque théâtre avait sa cour spéciale, son tribunal ad hoc (Jouy, Hermite,t. 3, 1813, p. 231).
P. méton. Ensemble des magistrats qui siègent pour rendre la justice. Faire partie de la cour; juge, magistrat, président, procureur de la cour. Messieurs, la Cour. Les membres de la cour sont élus par l'assemblée générale et par le conseil de sécurité sur une liste de personnes présentées par les groupes nationaux de la cour permanente d'arbitrage (Charte Nations-Unies,1946, p. 110):
5. Le président répéta la question. Cette fois l'homme entendit. Il (...) regarda le public, les gendarmes, son avocat, les jurés, la cour... Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 329.
Prononc. Cf. cour1. Étymol. et Hist. Cf. cour1. Fréq. abs. littér. : 12 020. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 22 898, b) 18 393; xxes. : a) 17 507, b) 11 193. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 93, 189. − Gottsch. Redens. 1930, p. 443. − Goug. Mots t. 1 1962, pp. 168-171.