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CORRECTEUR, TRICE, subst. et adj.
I.− Substantif
A.− [Désigne une pers.]
1. Homme, femme qui s'arroge ou à qui est dévolu le rôle de corriger des défauts, de rectifier des erreurs sans pour autant infliger de punition corporelle. Ils représentent mon record en tant qu'infligeur d'affronts et correcteur d'outrecuidants (Larbaud, Journal,1931, p. 249).
En partic.
a) ENSEIGN. Dans un examen ou un concours, examinateur chargé de corriger et de noter les devoirs relevant de sa spécialité :
1. Depuis le jour où, à l'occasion d'un examen administratif, il avait été éliminé par un correcteur pour inaptitude à rédiger, Valéry avait une opinion justifiée sur la fragilité des jugements portés par les examinateurs. Capelle, L'École de demain reste à faire,1966, p. 140.
b) HIST. RELIG. ,,Supérieur d'un couvent de minimes`` (Ac. 1798-1878).
c) TYPOGR. Ouvrier spécialisé qui, dans une imprimerie, est chargé de lire et de corriger les épreuves. Les correcteurs ont deux maladies, les majuscules et les virgules, deux détails qui défigurent ou coupent le vers (Hugo, Corresp.,1859, p. 298).
Rem. 1. a) D'après la fonction, on distingue du correcteur qui révise les épreuves d'un journal le correcteur de labeur qui révise celles d'un ouvrage. b) D'après la hiérarchie on distingue les correcteurs en première (première épreuve), les correcteurs en second (ou en bon à tirer), les correcteurs en tierce (après la mise sous presse). 2. ,,Le correcteur femme existe aussi; mais cette espèce, du reste très rare``, travaille non pas dans l'atelier typographique, mais ,,au bureau du patron ou du prote`` (d'apr. Boutmy, Typogr. paris., 1874, p. 29). Sainte-Beuve dans la salle à manger, en famille, avec son secrétaire Troubat, sa correctrice d'épreuves, sa maîtresse (Goncourt, Journal, 1867, p. 365).
2. Homme qui s'arroge ou à qui est dévolu le rôle d'infliger une correction corporelle.
a) [Dans un établissement scolaire] Vx. Celui qui châtie les élèves sur l'ordre du régent :
2. La plupart de ces magistrats me rappellent toujours le collège où les correcteurs ont une cabane auprès des commodités, et n'en sortent que pour donner le fouet. Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. 46.
b) [Dans un établissement pénitentiaire] Vx. Est dit correcteur, au bagne seulement, l'homme, forçat ou geôlier administrant le fouet; terme administratif (Esnault, Notes compl. dict. Delesalle,1947).
B.− TECHNOL. [Désigne un dispositif] Correcteur ou correctrice.
En partic., avec un déterminant adj. : correcteur gazométrique; ou un compl. adnominal qui précise soit a) le domaine où s'exerce l'action du correcteur : le correcteur du débouchoir (artill.), un correcteur de route (nav., aviat.), des correcteurs de tonalité (électron.); soit b) le nom de l'inventeur du dispositif : correcteur (de) Peack (chim.).
II.− Adj. [Le déterminé désigne un mode d'action, un instrument, le résultat lui-même] Qui a pour but et pour résultat de rectifier une erreur, de corriger un défaut, d'améliorer le fonctionnement d'un appareil, d'un organe.
A.− [Un mode d'action, une méthode, une mesure] Coefficient correcteur; action, illusion, opothérapie, politique correctrice. Comme si toute parole non éclairée intérieurement d'une ironie correctrice portait une indélébile vulgarité (Mounier, Traité caract.,1946, p. 413).
B.− [L'instrument (matériel) de la correction dans diverses techniques] Lame, roue correctrice. Il est nécessaire de faire porter continuellement au myope des verres correcteurs (Macaigne, Précis hyg.,1911, p. 283).
C.− [Le résultat lui-même] Un milieu discipliné peut produire le même effet correcteur (Mounier, Traité caract.,1946p. 267).
Prononc. et Orth. : [kɔ (r)r εktœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Pour [ʀ] ou [rr], cf. correct. Le subst. masc. ds Ac. dep. 1694, le subst. fém. ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. I. Subst. A. 1. 1275 corrector « supérieur d'un ordre religieux (ordre de Grandmont) » (Abb. de Boulogne, A. Loir-et-Cher ds Gdf. Compl.); 2. 1remoitié xives. correcteres « celui qui châtie, qui redresse les fautes, censeur » (G. Le Muisit, Poésies, II, 220 ds T.-L.). B. 1. 1371 « contrôleur (des comptes) » (Oresme, Polit., 2ep., fo18d, éd. 1489 ds Gdf. Compl.); 2. 1531, 2 janv. impr. « celui qui marque sur les épreuves les fautes à corriger » (cité ds Pansier, Hist. du livre et de l'imprimerie à Avignon du XIVeau XVIes., t. 3, p. 124 : [...] chescunes premieres fuelhes [...] approuvées par le correcteur); 3. 1907 juin « personne qui corrige les épreuves d'examen » (Alain-Fournier, Corresp. [avec J. Rivière], p. 158). II. Adj. 1911 « qui corrige » verres correcteurs (Macaigne, loc. cit.); 1933 coefficient correcteur (G. Duhamel, Notaire Havre, p. 13). Empr. au lat. class. corrector « celui qui corrige, réforme quelque chose, quelqu'un, censeur »; A 1 en lat. médiév. 1258 (Du Cange, s.v.). Fréq. abs. littér. : 74. Bbg. Lew. 1960, p. 156. − Quem. 2es. t. 4 1972.