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COQUET, ETTE, adj. et subst.
I.− Emploi adj.
A.− [Appliqué à une pers.] Qui a le souci de plaire.
1. Par une mine soignée, une toilette recherchée. Auguste était si bien mis, si joli, si coquet (Balzac, Envers hist. contemp.,L'Initié, 1848, p. 454).Une jolie femme doit être propre et coquette dès le matin en faisant son ménage, et briller comme une pièce d'argent dans un tas d'ordures (Renard, Journal,1889, p. 38):
1. Nana se montrait très coquette. Elle ne se lavait pas toujours les pieds, mais elle prenait ses bottines si étroites, qu'elle souffrait le martyre dans la prison de Saint-Crépin; et si on l'interrogeait, en la voyant devenir violette, elle répondait qu'elle avait des coliques, pour ne pas confesser sa coquetterie. Zola, L'Assommoir,1877, p. 709.
2. Par son esprit, ses manières, ses attitudes. Air, geste, regard coquet. Cette élégance allongée, ces poses coquettes, ces airs de tête penchés (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 101):
2. Cet amour-propre chatouilleux qu'il [le prince Henri de Prusse] avait pour lui l'avertissait de ce qu'il fallait ménager et toucher à point chez les autres; il était poli, il était adroit et insinuant; il était coquet d'esprit; il savait plaire. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 12, 1851-62, p. 384.
3. En partic. Qui est soucieux de plaire à une personne de l'autre sexe. Particulièrement, au fém. (souvent péj.). Qui cherche à séduire les hommes sans s'attacher à aucun. Elle était coquette, frivole, habile aux petits manèges des femmes (Maurois, Ariel,1923, p. 161):
3. − Je comprends. Vous n'avez été que légèrement coquette, et... − Coquette? ... Je hais la coquetterie. Être coquette, Armand, mais c'est se promettre à plusieurs hommes et ne pas se donner. Se donner à tous est du libertinage. Voilà ce que j'ai cru comprendre de nos mœurs. Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 260.
4. Il croyait s'être retiré du monde, mais le monde n'avait cessé de venir à lui sous la forme de ces femmes coquettes et volages qui s'amusaient de son cœur éloquent, insatisfait et frénétique. Et sans y prendre garde, il était entré dans leurs mœurs et dans tous les mensonges. Il était dans de fausses amitiés. Guéhenno, Jean-Jacques,Roman et vérité, 1950, p. 204.
Rem. Dans ce sens, constr. fréq. : être coquet(te) avec qqn.
Rare. [En parlant d'un homme] Être coquet. Manquer de simplicité dans certaines circonstances. Vous êtes coquet : vous ne trouvez pas tout ce que vous faites digne d'être montré (Sand, Corresp.,t. 5, 1812-76, p. 143).
Vieilli. Être coquet de (+ subst.).Être (exagérément) soucieux de. [Les] soldats qui sont si coquets de leurs équipements (Du Camp, Hollande,1859, p. 81).Ces grandes petites filles, coquettes des dessous qu'elles montrent (Colette, Cl. école,1900, p. 247):
5. ... Il [Rougon] était coquet de sa force, comme une femme l'est de sa grâce; et il aimait à recevoir les flatteries à bout portant, dans sa large poitrine, assez solide pour n'être écrasée par aucun pavé. Zola, Son Excellence E. Rougon,1876, p. 49.
B.− P. ext. [Appliqué à une chose]
1. [À une toilette, un détail vestimentaire] Qui est inspiré par le goût de plaire et de séduire; élégant, soigné. Ah! que j'aime les militaires. Leur uniforme coquet (Meilhac, Halévy, Gde duch. Gérolstein,1867, I, 8, p. 200).
2. [À un objet, et plus gén. à une propriété, une maison, un jardin, un appartement, une pièce, etc.] Propre, bien arrangé, disposé avec goût ou raffinement. Elle entra dans un petit appartement, coquet, plein de bibelots, orné avec art (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Le Pardon, 1882, p. 658):
6. ... tout le terrain était divisé en petites propriétés soigneusement entretenues, plantées d'arbres fruitiers entre lesquels s'élançaient follement les pampres d'une branche à l'autre, et dans les massifs luisants des orangers et des citronniers ou suffocants des lauriers-roses on apercevait des habitations, genre petites villas de banlieue, simples, prétentieuses ou coquettes... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 95.
C.− Au fig., mod. et fam. [Appliqué à une somme d'argent] Qui peut séduire, est enviable par son importance assez considérable. Synon. une jolie somme, une somme rondelette.Coûter la coquette somme de (cf. Grand-Jean, Orfèvr. XIXes. Europe,1962, p. 56).Il possédait un petit magot, assez coquet (Martin du G., Confid. afric.,1931, p. 1123):
7. Ader (1841-1925) fut le premier homme à s'élever dans les airs sans le secours d'un ballon. Ingénieur des PTT, il avait quitté l'administration pour la carrière plus aléatoire d'inventeur. Il y avait réussi, et amassé une coquette fortune quand il décida de la consacrer à l'étude du plus lourd que l'air. Il y dépensa environ un million, mais toucha au but. P. Rousseau, Hist. des techniques et des inventions,1967, p. 357.
P. anal. [Appliqué à un autre ordre de grandeur] Malgré l'indifférence d'Angélo, le cheval prit une allure coquette (Giono, Bonheur fou,1957, p. 244).
II.− Emploi subst. (gén. au fém.)
A.− Subst. masc. à valeur de neutre. Le coquet. Caractère de ce qui est élégant, de bon goût, plaisant à regarder. Un fantaisiste élégant, épris du joli, du coquet − et du Beau (Verlaine, Œuvres posth.,t. 3, Prose, 1896, p. 192).
B.− [Désigne une pers.]
1. Personne et plus spécialement femme soucieuse de plaire par une mise élégante, une toilette soignée. Elle se lève et va chez les voisins, coiffée comme une vieille coquette, avec un pimpant bonnet et des bigoudis (Renard, Journal,1907, p. 1122).
2. Au fém., péj. Intrigante, femme frivole. Les rieuses et les coquettes, qui s'offrent d'un regard et se reprennent l'instant d'après (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 10):
8. Il fallut m'asseoir et faire nombre, entendre beaucoup de méchantes plaisanteries, supporter le spectacle des manèges d'une coquette qui calmait celui-ci par un mot, provoquait celui-là par un regard, ménageait et encourageait tous ses adorateurs, distribuait à propos l'espoir ou excitait la jalousie; enfin, semblait mettre tout son art à ne préférer et à n'éconduire personne. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 408.
Faire le coquet, la coquette. User de manèges savants pour séduire quelqu'un. C'est tout de même agaçant qu'une femme (...) comme vous, ne puisse s'empêcher de faire la coquette dès qu'elle se trouve devant un homme jeune, bien fait (Martin du G., Taciturne,1932, II, 5, p. 1286).P. ext. Manquer de simplicité dans ses actes, dans ses relations avec autrui. Au lieu de faire le coquet pour m'embrasser (...) il s'est jeté après ma robe (Sand, Villemer,1861, p. 206).
Rem. Dans ce sens, l'expr. faire la coquette (appliquée à un homme) se substitue plus volontiers (avec accentuation de la valeur péj.) à son équivalent faire le coquet. Il fait la coquette mais n'aie pas l'air de t'en apercevoir (Sand, Corresp., t. 3, 1812-76, p. 226).
Au fig. [Désigne une entité abstr.] Pourvu que la fortune nous protège! Je me méfie toujours d'elle. C'est une grande coquette (Flaub., Corresp.,1846, p. 289).
3. Spéc., THÉÂTRE. La coquette, la grande coquette (vieilli). Principal rôle féminin de séductrice et d'intrigante dans certaines comédies de caractère, par exemple le rôle de Célimène dans le Misanthrope. P. méton. Actrice jouant ce rôle :
9. Oh! non, pas de rôle de grande coquette. Il faut se parer pour ces sortes de rôles, et j'ai la toilette en aversion. Se parer pour jouer la comédie, cela à l'air de dire aux spectateurs : regardez comme je suis jolie. Leclercq, Proverbes dram.,La Manie des proverbes, 1835, p. 27.
P. anthropomorphisme. L'étoile Vénus, la grande coquette de l'abîme, la Célimène de l'océan (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 644).
C.− Au fém., arg. Braguette. Je pensais qu'à ça, dans les petites rues pendant qu'elle m'ouvrait la coquette (Céline, Mort à créd.,1936, p. 261).
Prononc. et Orth. : [kɔkε], fém. [-εt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Subst. [xves. coquette (Moralité ds Dochez, Nouv. dict. de la lang. fr., 1860)]; 1611 coquette « femme bavarde, commère polissonne » (Cotgr.); 1643 subst. coquet « homme qui cherche à plaire » (P. Scarron, Recueil de quelques vers burlesques, 96 ds Richardson). B. Adj. 1. 1643 « qui ne cherche qu'à plaire » (P. Scarron, op. cit., p. 91, ibid.); 2. 1743 « séduisant, élégant » air aisé et coquet (La Morlière, Angola, p. 146 ds IGLF); 3. 1899 « d'une importance considérable » (Gyp, Cayenne, p. 19). Dér. de coq1* (suff. -et*, -ette) p. réf. au comportement attribué au coq. Fréq. abs. littér. : 997. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 549, b) 2 191; xxes. : a) 1 519, b) 829. Bbg. De Gorog 1958, p. 186. − Duch. Beauté 1960, pp. 149-150. − Hasselrot 20es. 1972, p. 13. − Kemna 1901, pp. 181-182. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 298. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 95; t. 3 1972 [1930], p. 537.