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COIN2, subst. masc.
I.− Angle* rentrant ou saillant formé par l'intersection de deux lignes ou de deux plans; p. méton., partie d'une chose où se forme un tel angle. Coin d'une armoire, d'une feuille, d'un mouchoir, d'une table, d'un bâtiment.
A.− HABITAT HUM. Coin de, de coin.
1. [Espace clos]
a) Espace en angle rentrant dans un lieu habité ou fréquenté. Coin d'une pièce, d'appartement; les quatre coins d'une pièce. Le regard du vieux Ganse continuait d'aller lentement d'un coin à l'autre de la vaste pièce (Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 937).
De coin.Qui est dans un coin.
AMEUBL. Conçu spécialement pour occuper l'angle d'une pièce. Chaise, meuble de coin.
Qui est dans l'angle d'un lieu clos. Place de coin :
1. Qu'aurait-il [La Bruyère] été sans ce jour inattendu qui lui fut ouvert sur le plus grand monde, sans cette place de coin qu'il occupa dans une première loge au grand spectacle de la vie humaine et de la haute comédie de son temps? Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 1, 1863-69, p. 125.
Coin fenêtre. Coin situé du côté de la fenêtre d'un compartiment de chemin de fer. Le couloir latéral, avec des fauteuils-couchettes en extension bloque les occupants des coins fenêtres (P. Defert, Pour une pol. du tour. en France,1960, p. 71).
Locutions
Mettre un enfant au coin. L'obliger à se tenir debout dans l'angle d'une pièce, ou p. ext. face à un mur, en signe de punition.
Acculer qqn dans son coin (fig.). L'exaspérer jusqu'à ses dernières limites. Les hommes (...) s'amusaient de la colère qui l'étouffait, l'acculait dans son coin et le submergeait sous des spectres embusqués (Barbusse, Le Feu,1916, p. 136).
P. anal.
Aux quatre coins de. Dans tous les lieux possibles d'un espace considéré comme clos. P. ext. Partout. Aux quatre coins du globe, du monde, de l'horizon. Les deux journaux semaient la haine et l'incendie aux quatre coins du département (Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 3epart., 2, p. 226).
JEUX. Jeu des quatre coins. Jeu dans lequel quatre personnes occupant les angles d'un quadrilatère doivent changer de coin en courant tandis qu'une cinquième essaie d'occuper un coin laissé momentanément vide par le déplacement d'un des quatre partenaires. Jouer aux quatre coins :
2. Elle (...) se montre fort étonnée quand je lui dis qu'il est question de béatifier le petit bonhomme, et cela la fait rire de penser qu'elle aura joué peut-être, aux quatre coins et à pigeon vole avec un saint. Green, Journal,1948, p. 162.
P. ell. Un quatre-coins :
3. Parfois, au coucher du soleil, un vol de pigeons nains s'abattant à la hâte sur un manguier auquel les chauves-souris pendaient le jour par grappes et les condamnant à errer jusqu'au matin. Un perpétuel quatre coins sur chaque arbre, qui laissait flottantes des centaines d'ailes. Giraudoux, Suzanne et le Pacifique,1921, p. 77.
b) En partic. [L'accent est mis sur l'intimité et/ou l'étroitesse de l'espace.] Coin de
α) Coin de la cheminée. Espace en angle rentrant formé par les deux côtés de la cheminée. Plus usuel coin de (du) feu.
Au coin du feu, et plus rarement, au coin de l'âtre, du fourneau, du foyer. Près du feu. Causerie* au coin du feu. Charles avait la manie de bavarder au coin du feu (Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 5).Mais au dessert les commis redescendaient au magasin, et laissaient César, sa femme et sa fille achever leur dîner au coin du feu (Balzac, César Birotteau,1837, p. 145):
4. Folantin (...) avait exhalé à demi-voix, dans un accès de rage lucide, sa préférence d'une lecture silencieuse des Fleurs du Mal au coin de son feu. − Au coin de votre pot-au-feu, voulez-vous dire, avait aussitôt rectifié Apémantus, qui feignit un instant l'admiration pour le roucouleur funèbre. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 194.
Fig. Chez soi, en famille.
Loc. (souvent fig.)
Cela ne se dit qu'au coin du feu (Ac. 1932). Cela ne se dit que dans l'intimité de la famille.
Souvent péj. Garder le coin du feu, rester au coin du feu, ne pas bouger du coin du feu. Rester enfermé chez soi, ne pas voyager. Vous savez qu'il y a des jours où la pluie oblige à garder le coin du feu (Musset, Le Temps,1831, p. 94):
5. L'été, ils [les nobles] habitent les châteaux qu'ils possèdent aux environs; l'hiver ils restent au coin de leur feu. Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 39.
Quitter le coin du feu. Sortir; partir en voyage. Allez, enfants nés sous un autre règne; Sous celui-ci quittez le coin du feu. Adieux! partez, ... (Béranger, Chansons, t. 3, 1829, préf., p. 1):
6. On dirait une enfantine impatience de savoir, comme celle des gens qui n'ont jamais quitté le coin de leur feu, quand ils se trouvent en face d'un homme qui revient de pays lointains et inconnus. Baudelaire, Paradis artificiels,1860, p. 354.
β) P. méton.
Existence dans l'intimité du foyer. Je suis sûre qu'il a mille aventures effrayantes à me conter... Cela vient à point pour me faire cet hiver un coin de feu supportable (O. Feuillet, Scènes et proverbes,1851, p. 182).
[En appos. avec valeur d'adj.] Je l'avais jugé tel qu'il [Maxime] est, quand je le traitais, en riant, de bourgeois monogame, de père de famille coin-de-feu... (Colette, La Vagabonde,1910, p. 209).
AMEUBL. Coin-de-feu. Petit siège bas conçu pour s'asseoir près du feu.
2. [Espace ouvert où habite l'homme ou qui est proche de son habitat] Coin de
a) Coin de la rue. Angle saillant formé par une ou plusieurs maisons à l'intersection de deux rues. Tourner le coin de la rue. P. méton. Espace où se forme un tel angle. Nous avons tourné le coin de la rue où rougeoyait l'enseigne Schiltz (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 323).
Expr. fam. [P. réf. aux débits de boissons fréquents aux coins de rue] À tous les coins de rue, à chaque coin de rue. Partout. Il s'arrêtait à tous les coins de rue pour boire un verre (A. France, Crainquebille,1904, p. 41).
Rencontrer qqn au coin d'une rue. Le rencontrer par surprise. Je vous en conjure, faites-le [ce garçon] envoyer dans un collège de province. Que je ne risque jamais de le rencontrer au coin d'une rue (Montherlant, La Ville dont le prince est un enfant,1951, III, 7, p. 934).
Pop. Figure en coin de rue. Figure anguleuse. Gervaise s'était calmée, toute refroidie par les figures en coin de rue des Lorilleux (Zola, L'Assommoir,1877, p. 523).
b) Coin d'un bois. Angle saillant formé par l'intersection de la lisière d'un bois et du chemin qui y pénètre; p. méton., espace où se forme un tel angle :
7. Deux sauvages du parti des Français (...) sortent de leur rang sans qu'on s'en aperçoive, vont se mettre en embuscade au coin du bois, et postés derrière des arbres, ils tirent deux coups de fusil. Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane,1802, p. 98.
Loc. fig. [P. réf. à l'isolement et/ou au danger d'un tel lieu]
Mourir au coin d'un bois. Mourir dans un endroit solitaire. Il [Alexandre] répétait souvent : « je mourrai au coin d'un bois, dans un fossé, au bord d'un chemin, et l'on n'y pensera plus » (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 157).
On ne voudrait pas le rencontrer au coin d'un bois. Il a un aspect peu rassurant. Un de ces arbres vilainement taillés par l'homme comme un mendiant avec tous ses moignons, et qu'on ne voudrait pas rencontrer au coin d'un bois (Renard, Journal,1906, p. 1051).
Expr. proverbiale. Cet homme a la mine de demander l'aumône au coin d'un bois. ,,Se dit de quelqu'un qui a l'aspect d'un bandit`` (Ac. 1835-1932).
B.− [Partie du visage humain]Angle entrant formé par les extrémités des lèvres, des paupières; p. méton., partie extrême de la bouche ou des paupières où se forme un tel angle. Coin de, de (en) coin.Coin de la bouche, des lèvres; coin de l'œil, des paupières; coins d'une moue (Laforgue, Moralités légendaires,1887, p. 36).Il (...) s'essuyait un coin de lèvre qui saignait paisiblement (Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 114).Elle [Moïra] écrasa du doigt une larme au coin de sa paupière (Green, Moïra,1950, p. 132).
[Avec un verbe ou un subst. verbal impliquant un mouvement du visage] (Verbe +) du coin de, (subst. verbal +) au/du coin de (la bouche, de l'œil).En imprimant un certain mouvement au coin de la bouche, de l'œil. Sourire du coin de la bouche, (un) rire au coin des lèvres (seulement esquissé); regarder, observer qqn du coin de l'œil (à la dérobée). Il me disait souvent, avec un rire du coin de la bouche, un affreux rire en scie qui me froissait, m'humiliait (Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 243).Il me semblait qu'il me surveillait du coin de l'œil et s'amusait (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 294).
Loc. ell. En coin, de coin.Rire, sourire en coin. Rire, sourire peu appuyé et généralement malveillant. Regarder de coin, regard en coin. (Jeter un) regard de côté et peu bienveillant. Pendant qu'il [Lesable] fouillait dans les papiers étalés sur le bureau du commis d'ordre, Maze le regardait de coin en se frottant les mains (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, L'Héritage, 1884, p. 499):
8. Elle [Mlle Kolouri] se décida soudain à s'asseoir sur le sommier. Je la regardai faire, un peu gêné... Mais sans doute qu'un lit n'est pas pour lui faire peur. − Oh! dit-elle, avec un sourire de coin, vous avez un très bon sommier... Je ne bronchai pas. Elle continua, enhardie et bavarde : − Vous devez me juger bien sévèrement... Farrère, L'Homme qui assassina,1907, p. 216.
Pop. [En parlant d'une chose ou d'un événement qui peut faire mal] Tomber sur le coin de l'œil :
9. Une invasion de nuages lourds gagnait morceaux par morceaux le ciel (...) Ça, de la pluie? [dit la Guillaumette] Eh ben, mes gars, si y a jamais que c'te pluie-là pour vous tomber su'l'coin d'l'œil, vous n'êtes pas encore à la veille d'attraper des compères-loriots. Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 1repart., 7, p. 47.
C.− P. ext. Partie généralement petite d'un objet; p. méton., petit objet.
1. Partie, généralement petite, d'un objet, située à un des coins (saillants) de celui-ci. Un coin de.Elle [cette femme] a dans sa mamelle une goutte de lait pour nourrir son fils, et dans ses haillons un coin de manteau pour l'envelopper (Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 261).Il [le percepteur] savait se faire apporter les coins de beurre et les saucissons de campagne (Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 187).
P. métaph. Il y avait surtout un certain Boisbertrand, (...) fort soupçonné d'être attaché par un coin à la police (Mmede Chateaubriand, Mémoires et lettres,1847, p. 111).
Au fig. Lever un coin du voile (qui est censé cacher le visage). Kean, ... je vais allez au-devant de vos paroles... Je vais lever un coin du voile sous lequel vous cachez votre secret... (A. Dumas Père, Kean,1836, III, 12, p. 151).
2. Spécialement
a) RELIURE. Pièce triangulaire de métal ou de peau garnissant les angles d'un livre. On appelle, sans raison, reliure amateur une demi-reliure à coins, si toutefois dos et coins sont en peau (La Civilisation écrite,1939, p. 1203):
10. Il ne sort pas dix francs de la maison grise sans qu'elle ajuste ses lunettes sur son nez, inscrive la somme au livre des comptes, le fameux livre avec des coins de cuivre. Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 962.
b) P. anal. Petit objet en forme de coin saillant (et donc généralement triangulaire).
Attache métallique triangulaire servant à assembler plusieurs feuillets, documents, etc., (attesté ds Lar. Lang. fr.).Synon. papet.
Attache de papier gommé triangulaire servant à fixer des photographies dans un album.
Rem. Le syntagme avoir un coin coupé sert à marquer l'absence d'un morceau en forme de coin :
11. Les cartes [perforées] de ce type ont généralement un coin coupé, pour permettre de vérifier si toutes les cartes d'un paquet sont dans le bon sens avant d'entreprendre une recherche. J.-L. Jolley, Le Traitement des inform.,texte fr. de Ch. Pléssis, 1968, p. 171.
c) HIST. MILIT. Formation en coin. Formation d'une troupe d'infanterie en triangle, la pointe tournée vers l'ennemi. Ces Barbares (...) s'étaient formés en coin, leur ordre accoutumé de bataille (Chateaubriand, Les Martyrs, t. 1, 1810, p. 285).
II.− P. ext. Portion d'espace de dimensions modestes.
A.− HABITAT HUM. [Espace clos]
1. Petite surface dans une maison.
En partic.
a) Place réservée à certains objets (coin à); place où sont rassemblés des objets de même nature (coin de). Le coin à balais, le coin des livres. Elle va au coin des outils; elle fouille dans la ferraille et prend la bêche neuve (Giono, Colline,1929, p. 192).
P. anal., JOURN. Rubrique dans la presse qui intéresse plus particulièrement des catégories de personnes aux goûts communs. Le coin des philatélistes.
b) [En constr. d'appos.] Partie d'une pièce aménagée en vue d'une utilisation spécifique. Le coin-bureau, le coin-cuisine, le coin-salon.
P. euphém. Partie de la maison aménagée pour un usage spécial. Le petit coin. Cabinets. Aller au (x) petit (s) coin (s) :
12. Autrefois celui qui avait le plus faim était celui qui retardait le plus d'attaquer son potage. Celui qui voulait aller au petit coin était celui dont le sourire était le plus large... Giraudoux, La Folle de Chaillot,1944, II, p. 115.
P. anal. et au fig. Petite pièce où l'on travaille; petit emploi. Villemessant, pensais-je, lui trouvera bien un petit coin au Figaro, dans l'administration (A. Daudet, Trente ans de Paris,1888, p. 34).
2. [L'accent est mis sur le caractère caché ou retiré de l'espace] Le percepteur (...) doit être en train de rager à cette minute, dans quelque coin de la maison (Mauriac, Asmodée,1938, II, 7, p. 82).« Ce petit coin obscur entre la cheminée et le bahut de chêne où tu t'allais blottir » (Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 133).
a) Partie retirée et tranquille d'une maison où l'on se tient dans la journée. Il [Maurice] va à la porte, à son secrétaire, à la croisée; il court ensuite se blottir, s'affaisser, se faire petit dans son coin (L. Gozlan, Le Notaire de Chantilly,1836, p. 248).
P. anal. ou au fig. Rester dans son coin. Jusqu'à la porte de Clichy, d'Ivry, de Vincennes, je restais dans mon coin méfiante (Giraudoux, Suzanne et le Pacifique,1921, p. 30):
13. MmeLigneul avait un peu négligé MmeRabier depuis deux jours. Et celle-ci avait même le sentiment qu'elle l'avait fuie; se piquant de respecter la liberté des autres, elle resta dans son coin. Pourtant elle aimait sincèrement son amie. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 61.
Fam. et au fig. Dans les coins. Dans l'intimité d'une maison. Tous les rires qui étaient dans tous les coins se sont enfuis (Schwob, Le Livre de Monelle,1894, p. 135).Vous devez connaître dans les coins le double fond de ce château (Gide, Isabelle,1911, p. 641):
14. C'est [ces femmes] mignon, c'est généreux, et ça papote dans les coins, en grignotant des petits fours avec d'élégants froufrous et un caquetage d'oiseaux. E. et J. de Goncourt, Journal,1887, p. 680.
b) P. ext. Je partais, fouillant de l'œil coins et recoins (J. Vallès, Les Réfractaires,1865, p. 48).Les gens accourent de tous les coins et recoins du quartier (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 160).Marthe, (...) poussa Rose à porter chez un brocanteur du marché toutes les vieilleries inutiles jetées dans les coins (Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 1071).J'allai [le coffret de fer] l'enterrer dans un coin reculé de la forêt (Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 372):
15. À dix-sept ans, dans mon village des Cévennes, j'ai attrapé une pleurésie, en jouant sauvagement au rugby. Mais j'ai cogné plus fort que mes paysans, ça m'a fermé tout un coin de poumon, et tu vois, j'ai peu de souffle. Abellio, Heureux les pacifiques,1946p. 174.
P. métaph. Il va à leur [des pensées] recherche, fait des battues dans les coins ténébreux de sa conscience (Barrès, Mes cahiers,t. 12, 1919-20, p. 294).
c) Loc. pop.
Blague dans le coin. Blague laissée de côté (cf. blague2).
En boucher un coin (cf. boucher1).
3. P. ext. Place assignée à une personne. Tenir son coin.
Au fig. Tenir une place modeste, mais distinguée dans la bonne société :
16. Louis XIV le remit [Gourville] au pas; l'excellent esprit de Gourville qui, de tout temps, serait allé de pair avec les plus fins, devint digne d'une époque où les honnêtes gens avaient le dessus; il y tient son coin original et distingué. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 5, 1851-62, p. 579.
Vx. [Au jeu de paume] Renvoyer les coups qui viennent du côté du joueur.
B.− Espace ouvert où habite l'homme ou qui est proche de son habitat.
1. Petite surface de l'espace qui entoure ou qui surplombe une habitation.
a) Cultiver un coin de jardin; apercevoir un coin de ciel. Le soir, une bêche à la main, j'ai sondé le coin où j'avais enfoui mon trésor (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 456).
b) Fam. Endroit (d'un jardin, d'un terrain exploité) qui convient particulièrement à certains animaux, à certaines plantes. Le coin à (ou des) fraises, à (ou des) violettes. Des propriétaires éclectiques organisent des battues de bécasses; on choisit à cet effet, au moment du passage en novembre, les enceintes connues comme coins à bécasses (F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois,1945, p. 61).
2. Le coin. Portion de rue, quartier proche où se trouvent les commerces d'objets courants. L'épicier, le crémier du coin. Eugène irait au magasin du coin, puis lui rapporterait aussitôt la monnaie (G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 289).
Fam. Habiter dans le coin. On était venu le prévenir [Tranchard], un homme qui n'était pas du coin... (J. de La Varende, La Tourmente,1948, p. 117).
P. anal. Et tous les soirs, après la buvette en commun à la flaque du coin ou à la source du taillis (...) elles [les pies] répondaient à l'appel de l'ancêtre Margot, la vieille pie de la forêt (Pergaud, De Goupil à Margot,1910, p. 175).
Rem. On rencontre dans la docum. coinstot, subst. masc., arg. Coin, endroit. Je donnerai cher pour savoir ce que vous êtes venu faire dans le coinstot (Queneau, Zazie dans le métro, 1959, p. 106). Attesté également sous les formes coinsteau, coinsto et coinstôt.
Prononc. et Orth. : [kwε ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. coing. Passy 1914 transcrit [kwε ̃] ou [kwɑ ̃] avec ouverture de la voyelle nasale. L'ouverture des voyelles nasales est une loi gén. (cf. G. Straka, La Prononc. parisienne ds B. de la Faculté des Lettres de Strasbourg, 1952, p. 4, 39 et 40). Mais pour le cas partic. de coin, G. Straka (Remarques sur les voyelles nasales, leur orig. et leur évolution en fr. ds R. Ling. rom., 1955, t. 19, p. 251) rappelle : ,,Au xives., lorsque la diphtongue orale oi prononcée [ɔe], ensuite [ɔ ε], commençait à s'ouvrir en [ɔa], [wa], oi devant nasale prononcé [ɔ ε ̃] ou [wε ̃] depuis le siècle précédent ne s'est pas ouvert en [wɑ ̃] : cuneu > coin [kwε ̃], pugnu > poin(g), longe > loin [lwε ̃], punctu > point. L'ouverture wε ̃ > wɑ ̃ a été empêchée par l'influence fermante de la consonne nasale subséquente qui existait toujours [kwε ̃n, pwε ̃n, jwε ̃ndʀ ̥]. Il est intéressant de noter que cette influence l'a même emporté sur deux tendances combinées qui agissaient toutes les deux en sens inverse : ouverture de wε en wa et ouverture générale et naturelle des voyelles nasales``. Sans doute peut-on considérer la prononc. [kwɑ ̃] comme régionale. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1160 « angle, point d'intersection » (Eneas, 419 ds T.-L.); 1671, 2 déc. coin du feu (Sévigné, Lettres, éd. Monmerqué, t. 2, p. 425 [1567 coin des tisons, J. A. de Baïf ds Gdf. Compl.]); 2. 1312 coing d'une ruelle (A.N. S 3, pièce 33, ibid.); 3. a) 1530 (Palsgr., p. 209 : coing doeyl); 1640 regarder du coin de l'œil « à la dérobée » (Oudin Curiositez); b) 1704 coins de la bouche (Trév.); 4. 1680 « pièce de métal garnissant les angles d'un livre » (Rich.). B. 1. a) Ca 1179 « pièce de fer ou de bois de section triangulaire servant à fendre le bois » (Renart, éd. M. Roques, 603); b) 1690 « instrument de forme angulaire pour serrer ou assujettir » (Fur.); 2. p. anal. fin xve-début xvies. « objet quelconque en forme de coin » (Les Moyens très utiles ... pour ... faire revenir le Bon Temps ds Anc. Poésies fr., éd. A. de Montaiglon, t. 4, p. 146 : un coing de beurre); 3. a) 1164-85 monnaie « cachet servant à frapper la monnaie » (G. d'Arras, Eracle, 4875 ds T.-.L.); b) 1690 (Fur. : On appelle aussi coin, le poinçon, la marque qu'on met sur la vaisselle d'argent ou d'étain). C. 1. 1549 « endroit, espace limité, en général retiré » (Est. : Se retirer en quelque coing); d'où fig. 1814 (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, p. 233 : il y a toujours un petit coin de bêtise dans un homme d'esprit); 1831 en parlant d'un article de journal (Musset, « Le Temps », p. 52 : voyez-vous la radieuse contenance de ce vaudevilliste qui découvre dans un coin du « Temps » que Scribe a été sifflé l'autre soir au gymnase?); 2. pop. 1888 en boucher un coin à qqn (L. Rigaud, Dict. d'arg. mod., p. 399). Du lat. class. cuneus « coin à fendre ou à caler » et p. ext. désignant tout objet ayant cette forme, spéc. en lat. médiév. « morceau d'acier gravé en creux dont on se sert pour graver la monnaie » (1099 ds Nierm.).
STAT. − Coin1 et 2. Fréq. abs. littér. : 10 244. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 257, b) 22 124; xxes. : a) 19 493, b) 12 941.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Lang. pop. 1929, p. 45, 197. − Rog. 1965, p. 89. − Schuchardt (H.). Ecke, Winkel. Z. rom. Philol. 1921, t. 41, pp. 254-258.