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CHEVALIER1, subst. masc.
I.− HISTOIRE
A.− ANTIQ. (en partic. à Rome). Membre de l'ordre équestre intermédiaire entre les patriciens et les plébéiens :
1. ... j'aurais été étouffé sous les rapports et les ordonnances comme Clélie sous les bracelets d'or et les boucliers des chevaliers romains; ... A. Dumas Père, Comment je devins auteur dramatique,1833, introd., p. 29.
B.− Moy. Âge occidental
1. Noble, plus rarement bourgeois, admis dans l'ordre de la chevalerie. Chevalier preux; Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche; armer* qqn chevalier :
2. Balian était le type même du « courtois chevalier » selon l'idéal de notre douzième siècle, prudent et sage autant que vaillant. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 246.
Proverbes. Nul chevalier sans prouesse. Faveurs, femmes et deniers font de vachers chevaliers.
Chevalier du guet. Commandant des Archets du guet qui assurait la garde de nuit dans les grandes villes. Jehan de Harlay, écuyer, garde de l'office de chevalier du guet de nuit de la ville de Paris (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 53).
2. Membre d'un ordre religieux et militaire. Chevalier teutonique; chevalier de Malte, de Rhodes, du Temple.
Chevaliers-banquiers (en parlant des Templiers) :
3. Joinville conseilla de contracter un emprunt auprès des Templiers, puisque l'Ordre faisait ouvertement la banque. Le Commandeur du Temple refusa. Pour respectueux que fût Louis IX des privilèges des ordres, il fut suffoqué. Mandaté par lui, Joinville se rendit sur la maîtresse galère du Temple, où se trouvaient les coffres-forts des chevaliers-banquiers. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 367.
3. Jeune noble se vouant au service d'une dame. Je me suis déclaré le chevalier de la jeune et charmante Délie (Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 2, 1795, p. 205).
Mod., souvent iron. Être le chevalier servant d'une dame. L'entourer d'hommages, de soins assidus :
4. ... il [l'auteur] a tant d'intérêt à faire entendre qu'au moment où l'actrice [Jenny Colon] ignorait l'amour et jusqu'à l'existence du chevalier servant, ... Durry, Gérard de Nerval et le mythe,1956, p. 41.
4. LITT. Héros de roman. Les Chevaliers de la table ronde.
Chevalier errant, c'est-à-dire « itinérant ». Chevalier allant par le monde pour combattre dans les tournois et redresser les torts :
5. ... je n'aimais pas du tout que mon héros servît de modèle au chevalier de la triste figure. (...) Pour m'empêcher de trahir, je fis régner la terreur dans ma tête et dans mon vocabulaire, je pourchassai le mot d'héroïsme et ses succédanés, je refoulai les chevaliers errants,... Sartre, Les Mots,1964, p. 144.
Rem. Encore à une époque plus récente : (Don Quichotte), chevalier à la triste figure. Et Don Quichotte! Le chevalier de la triste figure pense à l'Espagnole, déforme toutes choses (Barrès, Gréco, 1911, p. 141).
C.− [Noblesse d'Ancien Régime] Noble dont le degré est en-dessous de celui du baron :
6. La maison de Cadignan, qui possède le titre de duc de Maufrigneuse pour ses fils aînés, tandis que tous les autres se nomment simplement chevaliers de Cadignan, est une de ces familles exceptionnelles. Balzac, Les Secrets de la princesse de Cadignan,1839, p. 302.
Rem. On rencontre ds la docum. le fém. chevalière aux sens de a) Femme d'un chevalier. P. métaph. La sœur Eustoquie acheva de s'y dessiner en docte héroïne, en chevalière de la grâce (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 165). b) Femme appartenant à un ordre de chevalerie (cf. Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 474). Chevalières de Saint-Jacques de l'Épée.
II.− Moderne
A.− Membre d'un ordre.
1. Membre d'un ordre nobiliaire d'inspiration religieuse. Les chevaliers de Malte.
2. Membre d'un ordre honorifique. Chevalier de la Légion d'honneur, de l'ordre du Mérite. Premier degré de ces ordres :
7. Il [Dufour] se donnait pour lieutenant et chevalier de la Légion d'Honneur. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 216.
Rem. ,,Sans fém. Madame X a été nommée chevalier de la Légion d'Honneur`` (Bonn.-Leis. 1970).
B− Au fig.
1. Celui qui se dévoue à une noble cause :
8. Il [Déroulède] désire une occasion d'être sublime, de se conduire en héros, en martyr, avec noblesse, avec désintéressement, bref en chevalier, et nul doute qu'il ne se conduise ainsi si l'occasion s'en présente. Barrès, Mes cahiers,t. 10, 1913-14, p. 311.
Loc. Se poser en chevalier pour qqn; se faire le chevalier de qqn. Se dévouer pour quelqu'un :
9. ... j'avais là des amis inconnus qui s'entendirent pour conjurer l'orage : entre autres un tanneur à qui j'ai su toujours gré de s'être posé pour moi en chevalier dans cette belle affaire, quoique je ne lui eusse jamais parlé. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 341.
2. Péj. Chevalier d'industrie. Personne qui se livre à des activités peu scrupuleuses, aventurier, escroc :
10. Ces gens de l'hôtellerie et de la limonade manquent de psychologie : ils prennent un chevalier d'industrie avec de faux bijoux à tous les doigts pour un prince authentique... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 77.
Rem. On rencontre également le fém. chevalière d'industrie. Il [le valet] est de moitié avec tous les chevaliers et toutes les chevalières d'industrie (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin; t. 2, 1812, p. 16).
P. anal. Chevalier + compl. introd. par de.Homme dont l'honnêteté est douteuse. Chevalier d'aventure, de fortune, de la lune :
11. ... il est question des deux fils, ces chevaliers du biceps, se battant tous les soirs et mettant en bouillie les gens d'un coup de poing. E. et J. de Goncourt, Journal,1895, p. 779.
III.− [P. anal. de forme ou de couleur] SC. NAT.
A.− Oiseau d'eau au long bec et aux doigts légèrement palmés appartenant à la famille de la bécasse (cf. P. Vialar, L'Homme de chasse, 1961, p. 135).
B.− Poisson aux couleurs vives vivant surtout dans les mers chaudes et appartenant à la famille du saumon.
Rem. Attesté ds Lar. 19e, Lar. Lang. fr. et ds Quillet 1965.
Prononc. et Orth. : [ʃ(ə)valje]. Pour [ə] muet cf. chemin. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 dr. féodal chevaler (Roland, éd. J. Bédier, 359); 1130-40 chevalier (Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 29); spéc. ca 1130 armer quelqu'un a chevalier (Gormont et Isembard, éd. A. Bayot, 332); ca 1170 chevalier errant (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1117); ca 1275 fém. chevaliere « femme de chevalier » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 11551); 1690 (Fur. : Chevalier s'est dit [...] de ceux qui ont entrepris de servir & de proteger une Dame); 1762 se faire le chevalier de quelqu'un (Ac.); 1855 fig. se poser en chevalier pour quelqu'un (supra ex. 9); 2. a) 1512 « celui qui reçoit une décoration instituée par un souverain » (Livre des ordonnances des chevaliers de l'ordre du tres chrestien roy de France Louys XI a l'honneur de Sainct Michel ds Chev. Topo-); d'où 1606 désigne un titre de noblesse (Nicot); b) 1538 [d'apr. FEW t. 2, p. 3] 1549 chevalier « membre de certains ordres militaires et religieux » (Est.); ironiquement 1555 chevalier de l'ardente espée (J. Tahureau, 1erDial. du Democritic, p. 18 ds Hug.); 1633 iron. chevaliers de l'industrie (De La Geneste, trad. de Quevedos, Historia de la Vida del Buscón d'apr. FEW, s.v. caballarius, note 3 et Cor., s.v. caballo, note 4); 1713 chevalier d'industrie (Gongam ou l'Homme prodigieux, etc., 2eédition. A Paris, chez Pierre Prault, in-8o, tom. 1er, p. 99 ds Michel); 1732 fém. chevaliere « femme qui appartient à un ordre de chevalerie » (Trév.); 3. 1548 hist. romaine chevalier « citoyen romain, membre de l'ordre équestre » (Ét. de la Planche, trad. des Cinq prem. Liv. des Annales de Tacite, L. III, p. 128 ds Hug.); 4. sc. nat. a) 1555-57 ornith. (Bel[on], 1. 4 ds Rich.); b) 1814 ichtyol. ombre-chevalier (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature, p. 227). Du b. lat. caballarius attesté au sens de « cavalier » dans les gloses (TLL s.v. et Hollyman, p. 130, note 8) puis de « guerrier à cheval » (807 [?] Capitulaire des rois francs ds Nierm.) d'où « homme tenu à fournir certains services avec un cheval » (mil. ixes. ds Mittellat. W. s.v., 2, 11) puis « homme appartenant à l'ordre des chevaliers » (ca 961, ibid., 2, 18), « vassal qui accomplit le service chevaleresque » (fin ixes., Relations des comtes de Foix avec la Catalogne ds Nierm.); v. aussi Hollyman, pp. 129-135. Chevalier d'industrie est la trad. de l'esp. caballero de industria, le mot étant passé du castillan dans toutes les lang. européennes. Au sens 3, chevalier traduit le lat. eques (cf. caballus qui a évincé equus). Voir J. Flori ds Le Moyen Âge, t. 81, 1975, pp. 219-244 et 407-447.
STAT. − Chevalier1 et 2. Fréq. abs. littér. : 4 180. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 10 903, b) 5 961; xxes. : a) 3 526, b) 3 156.
BBG. − Deutschmann. Z. rom. Philol. 1953, t. 69, p. 136. − Gougenheim (G.). De chevalier à cavalier. In : [Mél. Hoepffner (E.)]. Paris, 1949, pp. 117-126. − Goug. Mots t. 1, 1962, p. 165. − Russo (V.). Cavaliers et clerc. Filologia romanza. 1959, t. 6, pp. 305-322; Studi francesi. 1961, t. 5, p. 128.