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CHARABIA, CHARABIAS, CHARABIAT, subst. masc.
A.− Vx, pop., péj.
1. Patois auvergnat. Charabia d'Auvergne :
1. La soirée de la bourrée lui a complètement tourné la tête, (...) elle parle charabia tout le temps, elle appelle les gens mouchu et mouchieu. J. Vallès, Jacques Vingtras,L'Enfant, 1879, p. 268.
2. P. méton. Personne qui parle charabia, c'est-à-dire Auvergnat. As-tu remarqué comme ils parlent? qu'on dirait des charabias ou des Gascons (F. Vidocq, Les Vrais mystères de Paris,t. 1, 1844, p. 21).
Rem. 1. Charabia peut s'employer adj. : ... dans les divers patois charabias (Banville, Odes funambulesques, Occidentales, 1859, p. 164). 2. On note chez les Goncourt le composé Christ-charabia, créé p. plaisant. (cf. Journal, 1864, p. 33).
B.− P. ext., fam., péj.
1. Langage parlé ou écrit qui est ou qui semble incompréhensible parce qu'il est inconnu, incorrect ou hétéroclite. Charabia contemporain; parler charabia. Synon. baragouin.Charabia-corse, patois graillonnant, bouillie de français et d'italien (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Histoire corse, 1881, p. 46).Un charabia moitié alsacien, moitié nègre (Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 146).
Langage incongru, non-sens :
2. ... j'ai (e) dû faire d'énergiques réserves aujourd'hui, (...), sur l'indiscrète manière d'attribuer à la providence les sottises ou les fautes des individus, et de trouver bien les événements quels qu'ils soient, par le seul fait qu'ils sont accomplis, et par conséquent permis, ou voulus de Dieu. Ce charabia de piété mal entendue, en glorifiant tout abusivement, ressemble fort au fatalisme musulman. Amiel, Journal intime,1866, p. 515.
2. Langage très spécialisé et, de ce fait, difficilement accessible. Charabia de droit, charabia diplomatique, politique; charabia philosophico-scientifique; charabia des télégrammes. Synon. jargon.Le charabia international des professeurs (Bernanos, La Grande peur des Bien-Pensants,1931, pp. 48-49).
3. P. méton., vx et fam. Personne qui parle de façon incompréhensible. Cette charabias d'Italienne (A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 206).
Rem. Attesté notamment ds Lar. 19e, Lar. Lang. fr. et ds Littré.
Prononc. et Orth. : [ʃaʀabja]. Ds Ac. 1878 et 1932 sous la forme charabia, cf. le reste des dict. gén. On rencontre les var. charabias (au sing.) ds L. Daudet, Sylla et son destin, 1922, p. 14 et charabiat ds G. Sand, Les Maîtres sonneurs, 1853, p. 128. Au plur. des charabias. Étymol. et Hist. 1. 1802 sens non précisé (Courrier des spectacles, 26 brumaire an XI, cité par A. Weil ds Fr. mod., t. 13, 1945, p. 120 : première représentation de Charabia); 2. av. 1835 « émigrant auvergnat » (Fr. de Murat, ms 532, Bibl. municipale de Clermont-Ferrand, cité par P.-F. Fournier ds R. Lang. rom., 1935, p. 451 : émigrants [auvergnats] que le marquis de Saluces [1736-1813] avait batisés du sobriquet de charabiats) − 1929, Lar. 20e; 3. début xixes. charabiat « patois auvergnat » (Fr. de Murat, ibid.); 1821 charabia (J. Desgranges, Petit dict. du peuple, Paris, p. 25 cité par Weil ds R. de Philol. fr., t. 45, p. 13); 4. 1838 « langage incompréhensible » (Ac. Compl. 1842). Orig. obsc. L'hyp. la plus vraisemblable paraît être celle d'une dér. du prov. charrá « causer, faire conversation » (Mistral), issu d'un rad. onomatopéique tšarr- exprimant un bruit confus de paroles, élargi par une finale exprimant l'embarras de paroles, le bégaiement (FEW t. 13, 2, pp. 362-363; Bl.-W.5); comme l'indique Mistral, s.v. charabiat, le mot est à rapprocher, pour son 1erélément, du lyonn. charabarat « marché aux chevaux, maquignonnage », dont le 2eélément est l'a. fr. barat « tromperie » et « vacarme, tumulte » (v. Puitspelu et FEW t. 9, p. 330b et 333a, note 5). Charabia a été appliqué comme sobriquet ethnique aux Auvergnats dont il paraît rendre la prononc. de pour s; cf. bougnat et fouchtra. L'hyp. de Dauzat Ling. fr., p. 232, selon laquelle charabia serait soit une altération patoisante de serrez bien (en donnant p. ex. une poignée de main) en charrâ bian, soit issu des formes cantaliennes charava, charaba désignant le bousier (v. FEW t. 11, p. 288b) dont la couleur noire symboliserait les charbonniers auvergnats émigrés à Paris, paraît insuffisamment fondée. L'hyp. d'un étymon ar. al arabîya « la langue arabe » par l'intermédiaire de l'esp. algarabía (DG, Schmidt, p. 603, Rupp., p. 191, Dauzat 1972, EWFS2) « baragouin, jargon » fait difficulté des points de vue phonét., hist. et géogr. (Sain. Lang. par., p. 81 et Dauzat, loc. cit.). Fréq. abs. littér. Charabia : 62. Charabias : 1.
DÉR. 1.
Charabiaïser, verbe intrans.Parler charabia (cf. supra B et Queneau, Zazie dans le métro, 1959, p. 223). 1reattest. 1859 (Baudelaire, Corresp. gén. II, 304 ds Quem. Fichier 1 : ce charabiaïsant [Mistral] est l'étoile du moment) attest. isolée, repris en 1959 (Queneau, loc. cit.); de charabia(t), suff. -iser*.
2.
Charabiater, verbe intrans.Même sens que supra. Il [Moréas] se fait si ridicule et « charabiate » tant (Verlaine, Correspondance,Lettres à L. Vanier, 1891, p. 193). 1reattest. 1891 id.; de charabia(t), dés. -er.
3.
Charabier, verbe intrans.Parler patois (cf. supra A). Les femmes (auvergnates) charabiaient en tricotant (A. Daudet, Contes du lundi,1873, p. 114).1reattest. 1873 id.; de charabia(t), dés. -er.
BBG. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 208, 232, 233. − Dauzat (A.), Fournier (P. F.). Arg. des mét. auv. et marchois. R. Lang. rom. 1935, pp. 446-470. − Elwert (W. Th.). Qq. mots désignant le « lang. incompréhensible ». R. Ling. rom. 1959, t. 23, pp. 64-79. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 174. − Lammens 1890, pp. 85-86. − Pignon (J.) Fr. Mod. 1969, t. 29, pp. 235-236. − Rigaud (A.). La Consultation permanente de l'O.V.F. Vie Lang. 1966, pp. 657-658. − Sain. Lang. par. 1920, passim.Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 424; Sources t. 3 1972 [1930], p. 7, 350, 362. − Spitzer (L.). Caterwaul. Chalivali... Mod. Lang. Notes. 1945, t. 60, pp. 504-506.