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CAUSER2, verbe.
I.− Emploi intrans.
A.− S'entretenir familièrement avec une ou plusieurs personnes de manière spontanée et en prenant son temps. Le soupirant attitré mais platonique de madame, causait tout bas avec elle dans un coin (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Maison Tellier, 1881, p. 1202).Staline et moi, assis l'un près de l'autre, causâmes à bâtons rompus (De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 73):
1. Je cause avec lui d'autant plus volontiers que c'est presque tout le temps lui qui parle. Gide, Journal,1905, p. 155.
SYNT. Causer amicalement, familièrement, gaiement, gentiment, gravement, librement, longuement, sérieusement, vivement; causer à son aise, avec animation; causer ensemble; causer un brin; causer au coin du feu; le besoin, le désir, le plaisir de causer; l'art de causer; savoir causer; avoir l'occasion de causer avec qqn.
1. Causer de qqc. (avec qqn).S'entretenir de quelque chose plus ou moins longuement (avec quelqu'un). Causer de littérature, de musique, de poésie, de politique; causer d'affaires, de voyages. Après le dessert, on causait des mille riens de la journée (Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 45).Tu peux causer de bien des choses avec lui; il est très « au courant » (Gide, Correspondance[avec Valéry], 1893, p. 192).
Loc., fam.
Causer de choses et d'autres, de choses indifférentes. S'entretenir familièrement de sujets divers au hasard de la conversation. Nous... passons aisément notre soirée au coin du feu. Là, on cause de choses et d'autres (É. Augier, Théâtre complet,t. 4, préf., 1876-77, p. XI).Nous causâmes de choses indifférentes pendant une heure environ (Billy, Introïbo,1939, p. 8).
Causer de la pluie et du beau temps. S'entretenir familièrement de choses sans grand intérêt.
2. Rare. Causer sur qqc. (avec qqn).S'entretenir de quelque chose (avec quelqu'un). Wallstein s'était enfermé avec Séni et causait sur l'astrologie (Constant, Wallstein,1809, p. 194).
B.− P. ext., pop. et fam.
1. Parler. Causer à mi-voix, à voix basse, à voix haute, tout bas. Je causerai devant vous (j'ai presque dit avec vous), Messieurs, de toutes ces choses (Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littér. sous l'Empire,t. 1, 1860, p. 35).Cause toujours, tu m'intéresses (Courteline, La Conversion d'Alceste,La Cinquantaine, 1895, p. 217):
2. Celui qui s'en va sous la nue, Triste et pâle comme un linceul, Gesticulant, la tête nue, L'œil farouche et causant tout seul; ... Cet homme a la Céphalalgie. M. Rollinat, Les Névroses,1883, p. 300.
Causer à qqn, en causer à qqn.Tout en se causant, il [Durtal] avait arpenté une longue allée qui conduisait au bout de la clôture (Huysmans, En route, t. 13, 1895, p. 299).Je voulais en causer à leur maître d'hôtel (Proust, Le Côté de Guermantes1, 1920, p. 23).
Causer en + subst. désignant une langue, un dialecte, etc.Causer en français, en anglais, en patois. Ils se mirent à causer en allemand. Le petit baragouinait, d'une façon incorrecte (R. Rolland, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, p. 1499).
2. Parler avec énergie. Joseph d'Arimathée n'avait pas peur d'aller trouver les puissances. De causer aux puissances (Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc,1910, p. 130).
Emploi abs. :
3. Il [Joseph d'Arimathée] savait parler. Il savait causer. Évidemment c'était un homme qui savait causer. Il n'avait pas peur de causer. Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc,1910, p. 130.
Loc. Trouver à qui causer. Rencontrer une vive opposition. S'il se mêle de mes affaires, il trouvera à qui causer (Dub.).
3. Péj. Parler beaucoup, souvent pour ne rien dire.
Loc. fam.
C'est assez causé! Assez causé! Cessons de parler, maintenant il faut agir. À cette heure, assez causé! déclara le cocher; il faut aller prévenir la dame (J. et J. Tharaud, La Ville et les champs,1907, p. 114).
[Avec une nuance de vulgarité] Cause toujours! Il est inutile de parler, je ne t'écoute pas.
4. Bavarder de façon indiscrète, souvent médisante ou calomnieuse. Synon. jaser.Faire causer qqn. Ne lui dites que ce que vous voudrez que tout le monde sache, car il aime à causer (Ac.1798-1932).Un ancien huissier dont les allures bizarres font causer le département (Zola, Son Excellence E. Rougon,1876, p. 292).Son long corset de demoiselle, qui faisait beaucoup causer les gens, par sa tournure parisienne (Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 58).
Causer de/sur qqn (avec qqn).Allons, adieu, l'on finirait par causer de nous si nous causions davantage (Balzac, Le Cabinet des antiques,1839, p. 70).Le Zèphe s'est mis à causer sur mes beaux-parents. Juliette pouvait l'entendre presque aussi bien que moi (Aymé, La Jument verte,1933, p. 289).
En partic. Révéler ce qui était gardé secret. Obéissant à un subit et irrésistible désir de causer, de tout dire (...) il [le criminel] parla (O. Méténier, La Lutte pour l'amour,1891, p. 119):
4. Écoutez, Vitalis, dit celui-ci... (Garofoli) il ne faut pas faire le méchant et me menacer de causer, parce que, de mon côté, je pourrais bien causer aussi. H. Malot, Sans famille,1878, p. 321.
II.− Emploi trans. [Le compl. non prép. est un obj. interne]
A.− [L'obj. désigne la matière, le suj. de l'entretien]
1. Fam., rare. Causer + subst. actualisé par un art. ou un adj. poss.Dire (qqc.) sur le ton familier de la causerie. La parole du professeur, debout parmi eux [les élèves], allant de l'un à l'autre, causant sa leçon (Zola, Travail,t. 2, 1901, p. 210):
5. M. de Fontanes, qui s'en tenait aux anciens, s'irritait surtout qu'on en vînt à causer comme de la prose le beau vers racinien un peu chanté. Sainte-Beuve, Portraits littér.,t. 2, 1844-64, p. 272.
2. Usuel. Causer + subst. non actualisé.Avoir pour sujet d'une conversation. Causer littérature, musique, politique; causer affaires; causer chiffons. Vous reviendrez me voir et nous taillerons de bonnes bavettes, puisque vous aimez à causer sociologie (P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 131).
Rem. On rencontre ds la docum. la loc. vieillie causer raison. Parler le lang. de la raison. Je voulais causer raison avec toi (...) De grâce, Renée, écoute-moi (Zola, Renée, 1887, V, 8, p. 400).
B.− [L'obj. désigne une lang., un parler] Pop. ou fam.
1. [L'obj. est un subst. actualisé par un art. ou un déterminatif] Être capable de s'exprimer dans une langue. Ne causant pas la langue anglaise, j'avais tout le temps de m'amuser l'œil (Céline, Mort à crédit,1936, p. 277).
Emploi pronom. à sens passif. L'argot au bagne se cause peu, sauf par les nouveaux ou entre malfaiteurs récidivistes (A.-L. Dussort, Lettre à son frère,1929, dép. par G. Esnault, 1953, p. 2).
2. [L'obj. est un subst. non actualisé] S'exprimer effectivement devant quelqu'un dans telle langue que l'on connaît. Causons donc français et non franco-anglais (A.-L. Dussort, Des Preuves d'une existence,1927, dép. par G. Esnault, 1938, p. 95).Moi, je cause français à la vierge et elle me répond en latin (Claudel, La Rose et le Rosaire,Paris, Gallimard, 1947, p. 7).
Rem. gén. 1. Causer est un verbe qui, comme parler et à la différence de dire, s'emploie sans compl. d'obj. dir., sauf s'il s'agit d'un obj. interne (matière ou forme du lang.) cf. supra II. 2. La matière ou propos s'énonce cependant habituellement à l'aide d'un compl. prép. (habituellement de; plus rarement sur, cf. supra I A 2). Quand il s'agit de la lang. parlée effectivement (cas II B 2), la prép. en est usuelle (cf. supra I B 1). 3. Au sens de « s'entretenir familièrement » on se sert de la prép. avec pour introduire le partenaire de l'entretien. Lorsque causer signifie « parler », on introduit le destinataire par la prép. à ou les formes non prép. du pron. (lui, le, etc.). Citoyens et citoyennes de Blémont, on vous cause (Aymé, Uranus, 1948, p. 234). La prép. devant peut s'employer lorsqu'il s'agit d'un auditoire, d'une assemblée (cf. supra I B 1). 4. La tournure causer à qqn est gén. considérée comme incorrecte et n'est en usage que dans la lang. pop. ou très fam. Elle n'est attestée dans la lang. littér. que lorsque l'aut. veut suggérer une impression de familiarité. 5. On rencontre ds la docum. α) Le part. prés. adjectivé causant, fam. [En parlant de pers.] Qui cause, bavarde volontiers; qui aime à bavarder. Il y avait bien du monde à cet enterrement (...) Et les gens n'étaient guère causants (Aymé, La Jument verte, 1933, p. 191). P. méton. [En parlant d'une réunion de pers.] Où l'on cause, où l'on bavarde. Nous étions vingt-cinq à table (...) Dîner très bien servi, très causant (A. Daudet, Immortel, 1888, p. 146). β) Le néol. causoir, subst. masc. Pièce où l'on se tient pour converser. Un embryon d'antichambre précède une amorce de cabinet de travail; la chambre à coucher-salon... causoir atteint seule des proportions normales (Colette, Claudine en ménage, 1902, p. 236).
Prononc. et Orth. : [koze], (je) cause [ko:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1174 « faire comparaître quelqu'un en justice pour qu'il s'explique » (Garnier de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 3135 ds T.-L. : Ne devez ... Nului de noz iglises ne des dismes causer), attest. isolée; ca 1265 pronom. « raisonner, s'expliquer » (La clef d'amors, éd. A. Doutrepont, 970); xives. trans. « id. » (Froissart, Chron., II, II, 239 Buchon ds Gdf.) − xvies. Carloix, ibid.; 2. 1572-73 [et non xiiies. Clef d'amors] « bavarder » (J.-A. de Baïf, L'Eunuque, II, 3 ds Hug.); xvies. « parler en mal de quelqu'un » (Id., ibid.; V, 2, ibid.); 1662 absol. « parler avec indiscrétion » (Molière, Ecole des Femmes, acte 2, scène 5); fin xviies. part. prés. adj. causant « qui aime à parler » (Mmede Sévigné ds Sommer, Sévigné, p. 130); 1805 p. ell. (Constant, Journaux intimes, p. 205 : Passé une heure à causer amour et fatuité avec MmeGay); 1835 causer de la pluie et du beau temps (Ac.). 1 est empr. au lat. class. causari « plaider, disputer », « alléguer, débattre des arguments » et « faire des objections pour gagner du temps »; la forme causatus de sens passif (Tertullien ds TLL s.v., 706, 67) suppose un causare attesté au vies. (Cassiodore, ibid., 706, 71); 2 est une création du fr. p. ext. de l'idée de « discussion traînant en longueur » implicite ds 1 : cf. le terme de formation pop. en a. fr. choser « blâmer » (1erquart du xiies. ds T.-L.) maintenu ds le norm. causer « blâmer » (Moisy).
STAT. − Causer1 et 2. Fréq. abs. littér. : 12 214. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 17 625, b) 24 386; xxes. : a) 20 384, b) 11 571.
DÉR. 1.
Causailler, verbe intrans.Converser familièrement de manière peu suivie sur des choses sans intérêt. Causaillé tout en regardant la statue de Philibert Emmanuel (Barbey d'Aurevilly, 1erMemorandum,1838, p. 208). 1reattest. 1838 id.; de causer, suff. -ailler*.
2.
Causoter, verbe intrans.Converser familièrement, de manière peu suivie. Après le déjeuner, on reçoit les lettres et les journaux, on lit, on causotte (L. Halévy, Carnets, t. 1, 1908, p. 226). Seule transcr. ds Passy 1914 : [kozɔte]. 1reattest. 1863 causoter (E. et J. de Goncourt, Journal, p. 1259); dimin. de causer2, suff. -oter*.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 93. − Goug. Mots t. 2 1966, p. 63. − Intermédiaire des chercheurs et des curieux 1895, t. 32, col. 34, 176, 218; 1899, t. 40, col. 721; 1902, t. 45, col. 960; 1902, t. 46, col. 96, 267; 1904, t. 49, col. 542, 813, 932; 1904, t. 50, col. 39. − Quem.2es. t. 2 1971, p. 16. − Matoré (G.). Proust linguiste. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 1, p. 290. − Muller (C.). Fr. Monde. 1965, no32, pp. 55-56.