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CAMARADE, subst.
A.− Personne à qui on est lié par une vie ou des activités communes :
1. Rien, jamais, en effet, ne remplacera le compagnon perdu. On ne se crée point de vieux camarades. Rien ne vaut le trésor de tant de souvenirs communs, de tant de mauvaises heures vécues ensemble, de tant de brouilles, de réconciliations, de mouvements du cœur. On ne reconstruit pas ces amitiés-là. Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 157.
SYNT. Camarade d'enfance, de jeux, d'école; camarade de combat, de régiment; camarade d'atelier, de bureau.
P. anal. ou p. métaph. Les hommes retrouvaient un camarade, leur chapeau (Morand, Ouvert la nuit,1922, p. 55):
2. Un jeune veau se mit, plein d'émulation, à courir près de nos chevaux, ses camarades d'écurie, sans que rien pût l'en écarter. Michelet, Journal,1843, p. 533.
En apostrophe :
3. − Aujourd'hui, camarade, je te serre la main, nous mangeons, nous buvons, nous couchons ensemble; nous sommes de bons et vieux amis; et demain, s'il passe un coup de mitraille, je ne saurai plus même où repose ton corps... Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 193.
1. Spécialement
a) [En parlant de deux soldats qui couchent dans le même lit] Camarades de lit.
P. anal. Ah! ressuscitez, compagnons de mon exil, camarades de la couche de paille, me voici revenu! (Chateaubriand, Vie de Rancé,1844, p. 78).
P. métaph., p. plaisant. Elle (...) finit par s'habituer à ses camarades de lit [les punaises] (MmeV. Hugo, Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie,1863, p. 110).
b) [En parlant de 2 forçats attachés à une même chaîne] Camarades de chaîne.
Arg. du bagne. Camarade de couple (cf. F. Vidocq, Mémoires de Vidocq, t. 1, 1828-29, p. 261).
P. métaph. :
4. Comment se faisait-il que l'existence de Jean Valjean eût coudoyé si longtemps celle de Cosette? (...). Un crime et une innocence peuvent donc être camarades de chambrée dans le mystérieux bagne des misères? Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 678.
2. Expr. Faire camarade. Se rendre à l'ennemi (en levant les mains en l'air).
P. métaph. :
5. ... dès qu'il [Walter] a appris mon retour en Allemagne il a arrangé cette soirée, chambardé le Rhin pour me revoir. C'était émouvant, tout d'un coup, ce grand Boche faisant camarade et moi si changée, si maîtresse de moi. Morand, L'Europe galante,1925, p. 47.
3. En partic. Personne avec qui on est lié par un sort commun :
6. Eh! messieurs! qu'importent les nuances? Et à quoi bon ces discussions qui nous désunissent et nous font du tort... Il n'y a ici que des camarades, des amis! (...). On a appui et protection dans tous les partis; on se soutient mutuellement, et avec d'autant plus d'avantages que l'on a l'air de combattre dans des camps opposés. Scribe, La Camaraderie,1837, p. 280.
Spéc. Personne qui milite dans un syndicat ou un parti ouvrier. Le camarade Untel :
7. Ici − et je ne crois pas me tromper − j'incrimine sa récente embardée politique. On l'a traîné dans les meetings; on l'a fait (...), prononcer des discours devant des milliers de camarades. Il suffit de le connaître un peu pour deviner à quel point il devait se sentir mal à l'aise, ... R. Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1412.
Pop. Camarade syndiqué. ,,Mon ami`` (Esn. Poilu 1919). Alors, camarade syndiqué, on boulotte...? (Esn.Poilu1919).
Fam. Personne plus ou moins connue placée dans le proche voisinage de celui qui parle. Ce camarade-là. Bref, Pitt et les princes ont envoyé, ici, un ci-devant... qui voudrait... abattre le bonnet de la République. Ce camarade-là a débarqué dans le Morbihan (Balzac, Les Chouans,1829, p. 24).
B.− P. ext. Personne avec qui on est lié par des liens d'amitié fondés sur un esprit d'égalité. Se faire des camarades :
8. ... le père est devenu le camarade de ses enfants, en même temps que le bourgeois est devenu l'égal du noble... Taine, Philosophie de l'art,t. 1, 1865, p. 95.
En camarade. Traiter une femme en camarade :
9. C'est curieux comme dans le commerce intime et journalier d'hommes et de femmes, au bout de quelque temps, une certaine pudeur se perd et comme on arrive à se traiter en camarades, avec un peu de l'oubli du sexe des uns et des autres. E. et J. de Goncourt, Journal,1884, p. 387.
[Subst. apposé avec valeur adj.] P. métaph. Sa voix si douce, au début, si camarade, prenait maintenant un mordant de vinaigre (Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 246).
En partic. Bon camarade. Celui qui aime à faire plaisir et dont la compagnie est plaisante, agréable. Anton. mauvais camarade :
10. Le grand Émile de Praxi-Blassans, (...) félicita vivement Omer d'avoir une sœur pareille, toujours gentille, bien meilleure camarade que cette péronnelle de Delphine. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 157.
Rem. On rencontre ds la docum. a) L'adv. camaradement (Péladan, Le Vice suprême, 1884, p. 178). Comme un camarade. b) Le subst. masc., arg. camarluche (cf. Verlaine, Correspondance [avec É. Blémont], 1871, p. 287); et de même le subst. masc., pop., vieilli camaro (cf. P. Bourget, Némésis, 1918, p. 223). Camarade.
Prononc. et Orth. : [kamaʀad]. Ds Ac. 1694-1932. Pour les formes arg. camaro et camarluche : [kamaʀo], [kamaʀlyʃ]. Littré : ,,Malherbe disait camerade. Cette forme est plus voisine de l'étymologie.`` Étymol. et Hist. 1. Av. 1571 camarade subst. fém. « chambrée de soldats » (Carloix, VI, 46 ds Littré et Hug. : Comba fut pris en la maison d'une vieille qui blanchissoit le linge de sa camarade, qu'il nommoit ainsi à l'hespaignol) − 1636 (Monet); 2. 1587 camarade subst. masc. ou fém. « qui fait ou subit qqc. avec et comme une autre personne », d'abord milit. (F. de La Noue, Discours politiques et militaires, 296 [à propos de soldats d'infanterie espagnole] ds Littré et Schmidt, p. 83); 1869 spéc. pol. (F. Coppée, Grève des Forgerons, I, 208 ds Dub. Pol., p. 235). Empr. à l'esp. camarada, attesté aux sens 1 et 2 (« chambrée » dep. 1555, Villalón d'apr. Al.; « qui fait ou subit qqc. avec et comme une autre personne » dep. 1592, Eguiluz, ibid.), dér. de cámara (chambre*). L'ital. camerata (« chambrée » dep. la 2emoitié du xvies., G.P. Maffei ds Batt.; « compagnon d'armes » dep. le xviies., Lippi, ibid.) a prob. influencé la forme camerade qui a vécu en fr. aux xvie-xviies. Fréq. abs. littér. : 5 942. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 559, b) 7 708; xxes. : a) 10 920, b) 10 682.
DÉR.
Camarader, verbe intrans.,fam. Avoir de(s) (bons) rapports de camarades. Où trouverai-je le plaisir de camarader? À quelle heure traînerai-je de café en café, d'atelier en atelier, bras dessus bras dessous avec des camarades? (Cocteau, La Difficulté d'être,1947, p. 73).P. ext. [En parlant d'animaux] Elles [les deux chiennes] camaradent bien, d'habitude, elles couchent ensemble (Colette, L'Envers du music-hall,1913, p. 180).1reattest. 1844 « devenir camarades » (Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, p. 269); de camarade, dés. -er. Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 65. − Rupp. 1915, p. 46 sqq. Sain. Lang. par. 1920, p. 99 (s.v. camaro).Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 349.