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CALMER, verbe trans.
Rendre calme.
I.− [Le compl. d'obj. désigne un inanimé]
A.− [L'obj. désigné est un élément naturel]
1. Rare
a) Emploi trans. Diminuer la violence :
1. ... le mauvais temps avait fait clore les maisons, pas une âme n'y semblait vivre. Maintenant, les averses calmaient le vent, la pluie ruisselait droite, continue, d'une violence de déluge. Zola, La Terre,1887, p. 422.
P. métaph. :
2. Ayez [à Madame de Lacan] confiance, aimez; l'amour calmera tous les orages. Lamennais, Lettres inédites... à la baronne Cottu,1818, p. 24.
b) Emploi intrans., MAR., vx. Devenir calme. Synon. calmir.La mer calme, le vent calme :
3. Ce ne fut pas pour longtemps : à sept heures et demie le vent calma tout à fait et les côtes s'embrumèrent; il rafraîchit à 10 heures et nous passâmes la nuit à louvoyer. L.-A. de Bougainville, Voyage autour du monde,t. 1, p. 103.
2. Cour., emploi pronom. (à sens passif). S'apaiser, diminuer d'intensité. La mer, la tempête se calme; le vent se calme :
4. Joannès resta encore un instant pour s'assurer que l'ouragan ne se calmait point, et lorsqu'il eut acquis la certitude que le tonnerre et la pluie ne faisaient qu'aller en augmentant, il souhaita le bonsoir à ses hôtes et monta l'escalier. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 662.
B.− P. anal. [L'obj. désigné est un inanimé quelconque susceptible d'agitation]
1. Emploi trans.
a) Rare. Diminuer ou faire cesser l'agitation de quelque chose :
5. ... elle s'était, (...) heurtée à la suspension qui se balança, avec toutes ses complications de cuivre, et la lampe à pétrole conservée au-dessous de l'ampoule, pour le cas où l'électricité manquerait. (...) Pauline et Respellière s'étaient précipités les mains en avant pour calmer ces oscillations dangereuses, ... Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 150.
b) Spéc., usuel. Diminuer ou faire disparaître l'agitation causée par l'intensité de la douleur, les effets de la maladie. Calmer la fièvre; calmer une blessure, des démangeaisons :
6. « C'est ici la douleur, une douleur profonde, térébrante, déchirante. Elle irradie partout. Je [le Maître] ne la calme un peu que par cette flexion du torse en avant, qui vous a frappé... » P. Bourget, Le Sens de la mort,1915, p. 65.
Absolument :
7. Aujourd'hui, essayé le travail et retombé. Pris, en vain, la valériane de bismuth, le pavot. Un remède plus efficace pour calmer, c'était la solitude et ma charmante femme. Michelet, Journal,1860, p. 544.
P. métaph. :
8. Marthe l'inquiétait depuis quelque temps. Il [Mouret] se sentait impuissant à calmer cette fièvre de dévotion qui la brûlait. Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 1074.
2. Emploi pronom. (à sens passif). Diminuer d'intensité; cesser de s'agiter :
9. Au bout de dix minutes, comme les coliques se calmaient, elle [Adèle] se recoucha. Zola, Pot-Bouille,1882, p. 368.
10. Ce quatuor atteignit dans une puissante envolée, son point culminant. Il en redescend aussitôt pour se calmer dans un dessin de croches à l'unisson, ... J. de Marliave, Les Quatuors de Beethoven,introd. et notes par Jean Escarra, préf. de Gabriel Fauré, 1925, p. 282.
11. ... elles [les vaches] galopent puis se calment et s'en vont sur la route majestueusement; ... Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 290.
II.− [L'obj. désigne une pers., un de ses attributs, une de ses activités, etc.]
A.− Faire cesser l'agitation physique.
Apaiser la nervosité d'une personne, la turbulence d'un enfant. Calmer un enfant; calmer l'irritation d'une personne :
12. ... le bruit faible et mystérieux des vagues qui battaient le pied de ma prison réussissait toujours à me [Trenmor] calmer. G. Sand, Lélia,1833, p. 38.
13. Un spectacle fait pour calmer ses [du petit bossu] nerfs agités l'attendait dans le jardin, ... Theuriet, Le Mariage de Gérard,1875, p. 99.
14. Les petits, excités par le vacarme au-dessus de leur tête, galochaient aussi, tant qu'ils pouvaient. La directrice a fini par passer la main. − Rose, j'y renonce, je me réfugie dans mon cabinet. Ouvrez l'armoire et tâchez de les calmer avec les guignols et les constructions. Frapié, La Maternelle,1904, p. 76.
Emploi pronom. réfl. ou passif :
15. ... mon cavalier s'agite, lève de grands bras, jure comme un païen et s'écrie : « Monsieur le curé, vous vous f... de moi! » Je lui réponds : « Calme-toi, mon ami. » A. France, L'Orme du mail,1897, p. 58.
16. Ses [de Gaspard] nerfs se calmaient et, une à une, les idées chassées de chez elles par une affreuse bourrasque, reparaissaient dans sa cervelle, et il avait de la stupeur à les retrouver. Benjamin, Gaspard,1915, p. 73.
P. iron., pop. Faire pression sur quelqu'un pour l'amener à la tranquillité et à la docilité :
17. Une chute d'Estelle, qui s'était traînée à quatre pattes, augmenta le vacarme. La mère la calma d'une bourrade : ... Zola, Germinal,1885, p. 1517.
18. Je l'ai pas laissé approcher... Je l'ai calmé par l'envoi accéléré d'un tabouret au creux de l'estomac. A. Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 50.
Pronominal :
19. La jeune Mathilde, dont le cœur s'ouvrait à l'amour, et qui ne voyait rien au monde de plus beau ni de meilleur que son Jean, en fut outrée. Elle ne cacha point son mécontentement à son père qui l'envoya se calmer sur les bords de l'Ohio, ... G. Leroux, Le Mystère de la chambre jaune,1907, p. 152.
B.−
1. Rendre exempt de troubles le déroulement d'une existence :
20. Sa tristesse [de Thérèse] venait sans doute de son impuissance à calmer sa vie. Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 215.
2. P. anal. Diminuer ou faire cesser des troubles sociaux. Calmer un mouvement populaire :
21. En 1848 il [Delmar] offre de calmer une émeute en montrant sa tête au peuple. Gaultier, Le Bovarysme,1902, p. 19.
P. métaph. :
22. L'obligation imposée au Souverain Pontife de ne juger que suivant les canons, si elle est donnée comme une condition de l'obéissance, est une puérilité faite pour amuser des oreilles puériles, ou pour en calmer de rebelles. J. de Maistre, Du Pape,1819, p. 154.
23. Plusieurs femmes, flattées par monsieur du Châtelet et reconnaissant en lui des supériorités qui manquaient aux hommes de leur société, calmèrent l'insurrection des amours-propres : ... Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 53.
C.− Diminuer ou faire cesser l'agitation des passions d'une personne. Calmer l'angoisse de qqn, l'esprit, les pensées, les sentiments :
24. ... il [Everard] usait son âme et la rendait incapable de se gouverner elle-même dans de moindres périls et de moindres labeurs. C'est cette ambition fatale que j'essayai en vain d'engourdir et de calmer. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 373.
25. Les mots de « quatre mille francs » calmèrent un peu le désespoir de la veuve. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 731.
Emploi pronom. :
26. Vers le soir, je regagnais une partie du parc plus ordonnée, arrangée en jardin (...) Au sortir du tumulte des parfums et du soleil, dans l'air maintenant rafraîchi par le soir, l'esprit se calmait, le corps détendu goûtait le silence intérieur qui naît de l'amour satisfait. Camus, Noces,1938, p. 23.
[Avec un suj. abstr. personnifié] :
27. Le temps calme les ivresses, même celle de l'amitié; ... Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 186.
28. J'étais un enfant plein de passion, mais surtout rongé d'un singulier désespoir, pareil à une migraine, qui ne m'a pas quitté pendant vingt ans (...) Pourtant la vie a calmé tout cela; ce qui était trop violent et débordant, s'est éteint ou résorbé. J. Chardonne, Le Bonheur de Barbezieux,1938, p. 56.
Emploi abs. :
29. Votre poésie [de Charles Baudelaire] aussi est un dictame; (...). Les vers calment et charment. Hugo, Correspondance,1861, p. 349.
Emploi pronom. à sens passif :
30. Ne plus rien devoir à personne, c'est comme un rêve invraisemblable!... On dirait qu'on respire plus librement aujourd'hui, que la vie se calme et s'épanouit, même que le beau ciel d'Algérie est plus pur et plus bleu... Loti, Journal intime,t. 1, 1878-81, p. 148.
D.− Apaiser, diminuer l'intensité des besoins, des désirs. Calmer la faim, la soif, les désirs :
31. On (...) fit un pain grossier, qui calma les tortures de la faim. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2, 1868, p. 252.
32. Dieux gardiens des troupeaux... Donnez-nous pour calmer nos désirs et nos goûts L'insensibilité profonde des hiboux (...). A. de Noailles, Le Cœur innombrable,1901, p. 144.
33. L'animal ne s'est pas aperçu de ma présence. Après avoir calmé sa soif, il s'est ébroué une fois ou deux, puis il est reparti à petits pas, à travers les cailloux, ... Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 325.
P. métaph. :
34. Mais comment cette disposition toute subjective saurait-elle reconnaître au dehors s'il y a en effet un aliment préparé pour calmer cet appétit du divin? M. Blondel, L'Action,1893, p. 397.
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. calmeur, euse. Qui calme. Avec son chant calmeur qui soulage les âmes (...) La mer s'en vient mourir en rythmes cadencés (H. de Régnier, Premiers poèmes, Apaisement, 1886, p. 88). Je contemple attiré par leur charme calmeur / Tes yeux où dort la paix des sereines pensées (H. de Régnier, Premiers poèmes, Apaisement, 1886, p. 54). Cet emploi semble propre à H. de Régnier.
Prononc. et Orth. : [kalme], (je) calme [kalm]. Fér. 1768 : ,,Le peuple, en certaines provinces prononce carmé.`` Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 2emoitié xves. (A. Greban, Mystère de la Passion, éd. G. Paris et G. Raynaud, 28734). Dér. de calme2* adj.; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 2 539. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 602, b) 4 882; xxes. : a) 4 148, b) 2 616. Bbg. Goug. Lang. pop. 1929, p. 3.