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CADAVRE, subst. masc.
I.− [Désigne un corps en tant qu'il a cessé de vivre]
A.− [En parlant d'un animé] Corps d'un être humain ou animal qui a cessé de vivre.
1. [Animé hum.] Veiller un cadavre; mettre un cadavre en bière; faire l'autopsie, la dissection d'un cadavre (cf. corps, dépouille, arg. macchabée) :
1. ... un cadavre est essentiellement une absence, une chose quittée, rejetée, − une dépouille enfin. Dans l'affreux désarroi que nous éprouvons au spectacle d'une mort, il entre un sentiment de duperie : celui que nous aimons est là et il n'est plus là. Mauriac, Journal 1,1934, p. 26.
SYNT. Cadavre humain; cadavre froid, inerte; froid, immobile, raide, triste comme un cadavre; odeur, pâleur, raideur, rigidité, tristesse de cadavre; monceau, tas de cadavres; entasser, jeter, porter, traîner, trouver un (des) cadavre(s); dépouiller, profaner, violer un cadavre.
Loc. Sentir, deviner le cadavre. Sentir, deviner que la mort est proche :
2. ... il [Dandillot] ne pouvait bouger sans faire tomber quelque chose. − Tout tombe... Tout tombe... Les choses me fuient. Elles devinent le cadavre. Montherlant, Pitié pour les femmes,1936, p. 1207.
HIST., LITT. Jeu du « cadavre exquis » et p. ell. « cadavre exquis ». Jeu collectif pratiqué notamment par les surréalistes, qui consiste à composer des phrases au hasard, chaque participant donnant un seul élément de phrase (sujet, verbe, compléments, etc.) sans connaître les autres. (La première phrase supposée obtenue par ce procédé est le cadavre exquis boira le vin nouveau) :
3. Nous nous sommes souvent et volontiers mis à plusieurs pour assembler des mots ou pour dessiner par fragments un personnage. Que de soirs passés à créer avec amour tout un peuple de cadavres exquis. C'était à qui trouverait plus de charme, plus d'unité, plus d'audace à cette poésie déterminée collectivement. Éluard, Donner à voir,1939, p. 165.
2. [Animal] Cadavres d'animaux; cadavre de cheval (cf. charogne) :
4. On apportait dans sa cour des cadavres d'animaux, dont il fumait ses terres. Leurs charognes dépecées parsemaient la campagne. Bouvard souriait au milieu de cette infection. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 34.
P. plaisant., fam. :
5. − Je vous trouve en bonne disposition, dit-il en voyant la table, au milieu de laquelle apparaissait le cadavre d'un gigot colossal. Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 238.
B.− P. anal. ou p. métaph. [En parlant d'une plante, d'un obj. inanimé] Corps mort.
1. Littéraire
P. anal. Cadavre de + inanimé concr. ou p. ell. cadavre.Le cadavre d'un arbre, d'une fleur; le cadavre d'une maison, d'une ville :
6. Là gisait le cadavre d'un chêne énorme, sous lequel je me souvins m'être abrité de la pluie à l'automne : autour de lui s'entassaient en bûches et en fagots ses branches, dont, avant de l'abattre, on l'avait dépouillé. Gide, Isabelle,1911, p. 664.
P. métaph. Cadavre de + inanimé abstr.Le cadavre du bonheur, de la jeunesse, du passé; le cadavre de l'empire, de la monarchie, de la révolution :
7. J'ai eu le courage de regarder en arrière Les cadavres de mes jours Marquent ma route et je les pleure Les uns pourrissent dans les églises italiennes Ou bien dans de petits bois de citronniers Apollinaire, Alcools,Les Fiançailles (à Picasso), 1913, p. 131.
2. Arg., cour. Bouteille vide.
Rem. Attesté dans Rob. et Lar. Lang. fr.
II.− [Désigne un corps en tant qu'il a un certain aspect]
A.− Fam. Cadavre ou cadavre ambulant, vivant; demi-cadavre, quasi-cadavre. Personne qui a l'aspect d'un mort (par sa maigreur, sa lividité, son apathie, etc.) :
8. Tullia, vous comprenez, jouait admirablement ce rôle de cadavre que jouent les femmes, afin de vous prouver qu'elles vous refusent leur consentement à tout... Balzac, Un Prince de la Bohême,1840, p. 394.
9. On n'aime pas le cadavre que je suis devenu. Quand je me regarde dans la glace, et que je vois ce masque sinistre, ces joues décharnées, ce teint verdâtre, je comprends bien qu'on ne peut plus m'aimer. P. Bourget, Le Sens de la mort,1915, p. 110.
B.− P. méton., emploi appos. avec valeur d'adj. D'une couleur plombée et verdâtre, qui rappelle la lividité d'un cadavre :
10. ... Folcoche ne mourut point. Le lendemain, elle était sur pieds. Ses joues arboraient la nuance cadavre, mais son menton se promenait devant elle, plus menaçant que jamais. H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 92.
P. iron. Maquillée genre cadavre (E et J. de Goncourt, Journal,1891, p. 107).
En partic., rare. Vert cadavre. Delacroix! Vous voyez qu'il se servait du vert cadavre pour les sujets dramatiques (E. et J. de Goncourt, Manette Salomon,1867, p. 283).
C.− Loc. fam. ou pop.
1. P. plaisant. dépréc., vieilli. Le corps humain. Se refaire le cadavre. Se réconforter (cf. Balzac, Le Médecin de campagne, 1833, p. 184).S'arroser le cadavre. Boire. Nos trois sublimes s'arrosaient le cadavre d'importance au Chat nu (D. Poulot, Le Sublime,1872, p. 210).Travailler le cadavre. Donner des coups (cf. L. Paillet, Voleurs et volés, 1855, p. 75).
2. Fam. [Dans un cont. de criminalité vraie ou supposée] Corps d'une personne assassinée; p. métaph., action répréhensible, voire criminelle. La police politique, au passé plein de « cadavres » (L. Daudet, La Police pol.,1934, p. 24).
Savoir où est (sont) le(s) cadavre(s). Détenir les secrets d'une affaire compromettante. Je connais tout le monde, je sais où sont tous les cadavres... on ne me refuse pas grand chose! (P. Vialar, La Mort est un commencement,Risques et périls, 1948, p. 238).
Il y a un cadavre entre eux. Ils partagent le secret d'un délit ou d'un crime commis ensemble; p. ext., ils sont complices d'une action répréhensible. Les gens d'une même époque (...) ont les uns avec les autres une même complicité, et il y a entre eux les mêmes cadavres (Sartre, Situations II,1948, p. 117).
Rem. On rencontre dans la docum. a) Le subst. fém. cadavérisation. Altération du corps (de l'homme ou de l'animal) en cadavre après l'arrêt des fonctions vitales. L'enlaidissement est la dissolution qui s'essaie, la cadavérisation qui s'ébauche (Amiel, Journal intime, 1866, p. 69). b) Le verbe pronom. cadavériser (se). Devenir cadavre; p. ext., se figer dans une attitude de cadavre. Tout à coup ses pleurs se séchèrent, elle [la comtesse] se cadavérisa comme si la foudre l'eût touchée (Balzac, Adieu, 1830, p. 54). c) Le subst. fém. cadavrée. Jonchée de cadavres (cf. Montherlant, Le Songe, 1922, p. 135).
PRONONC. ET ORTH. : [kadɑ:vʀ ̥]. Fouché Prononc. 1959, p. 57 donne pour post. longs les ɑ dans les finales -avre : ,,cadavre, havre, il navre`` (voir également Rouss.-Lacl. 1927, Grammont Prononc. 1958, Kamm. 1964). Cependant Dub., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. indiquent [kadavʀ]. Fér. Crit. t. 1 1787 propose cadâvre.
ÉTYMOL. ET HIST. − Av. 1550 cadaver « corps d'un homme mort » (Marg. de Nav., Dern. Poés., Comédie jouée au Mont de Marsan, p. 80 dans Hug.); xvies. cadavre (Chronique bordelaise, 1, 75 [Delpit] dans Quem.); av. 1704 fig. d'une ville (Boss., Polit. dans Littré); av. 1741 id. d'un arbre (J.-B. Rousseau, Cantate contre l'hiver, ibid.). Empr. au lat. cadaver « corps d'un homme mort » (iiie-iies. av. J.-C., Lex luci Lucer. dans TLL s.v., 12, 69); en parlant d'une ville (iers. av. J.-C., Sulpicius Rufus, ibid., 13, 64).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 3 172. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 453, b) 5 977; xxes. : a) 5 520, b) 4 020.
BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 3, 43.