Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
BUISSON, subst. masc.
A.− Petit groupe d'arbres, d'arbustes, d'arbrisseaux.
1. Vieilli. Bouquet de bois. De jolis bois de châtaigniers, des buissons de figuiers, de grenadiers, de myrtes, de jasmins (Nodier, Jean Sbogar,1818, p. 102).
2. Usuel. Touffe de végétation arbustive, sauvage, généralement épineuse et improductive :
1. Tournez-vous et voyez ces buissons épais de rhododendrum; comme ces touffes de fleurs lilas sont fraîches et pures! (...) Ces fleurs sont belles comme vous, Lélia, incultes et sauvages comme vous; ... G. Sand, Lélia,1833, p. 108.
2. ... la solitude garde, enclôt et défend ce que l'homme lui a une fois abandonné. Elle dispose et hérisse soigneusement sur le seuil les broussailles les plus féroces, les plantes les plus méchantes et les mieux armées, le houx, l'ortie, le chardon, l'aubépine, la lande (...). À travers ces buissons revêches et hargneux, la ronce, ce serpent de la végétation, s'allonge et se glisse et vient vous mordre les pieds. Hugo, Le Rhin,1842, p. 128.
SYNT. Buissons épineux, verts; petits buissons; buisson d'épines, de fleurs, de roses. Guerre de(s) buissons. Guerre pratiquée en embuscade derrière les buissons (cf. Hugo, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 268, 359).
P. métaph. Ce qui évoque un buisson par son caractère sauvage, hostile, etc. :
3. Je n'eus alors qu'une pensée, celle de me montrer impartial; qu'un désir, celui de rendre justice au mérite partout où je le rencontrerais. Mettez cette chimère sur le compte de ma jeunesse : l'âge en a fait justice. À mesure que l'on avance dans la vie, on laisse ces illusions dans les buissons du chemin, non sans en emporter quelques blessures. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 71.
4. Sur les recueils de Discours académiques. En les lisant il semble parcourir un bois de buissons qui se croisent en tous sens et dont les épines piquent les pieds et se déchirent entre elles. Les pointes aiguës et secrètes des vanités littéraires masquées par des fleurs rares et fausses en sont d'autant plus perfides et plus détestables. Vigny, Le Journal d'un poète,1846, p. 1235.
3. Spécialement
a) BOT. Buisson ardent ou pyracanthe. Arbuste (Rosacées) à baies écarlates en corymbes. Son buisson ardent, rouge de baies comme un sorbier (E. et J. de Goncourt, Journal,1859, p. 633);des buissons ardents superbes avec leurs grains vermillon et leurs feuilles sombres (Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 109).
b) RELIG. Buisson ardent ou buisson d'Horeb. Buisson du mont Horeb qui s'est enflammé d'un feu non destructeur quand Dieu y apparut à Moïse pour lui indiquer sa mission :
5. Parmi les foudres du Sinaï. Moïse écrit la loi, sous la figure éclatante apparue dans le buisson d'Horeb. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 501.
Au fig. :
6. Tout m'arrête, tout m'intéresse, tout m'est un buisson ardent et il me semble que je n'aurais pas assez de l'éternité pour écouter cette multitude de chants. (...). Tout l'univers m'était comme un buisson ardent. Tout l'univers pesait-il sur moi? M'entraînait-il vers les actes? Des forces inconnues, un feu me pénétrait, m'enthousiasmait. Barrès, Mes cahiers,t. 3, 1903-04, p. 125.
c) VÉNERIE
Battre les buissons. Frapper, fouiller les buissons pour lever le gibier :
7. Le chevalier, muni d'un bâton, bat les buissons, tandis que le veneur fait retentir tout le bois du son de son cor. Un sanglier surgit... Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 36.
Au fig. Chercher quelqu'un, quelque chose :
8. En ces années finales de la Restauration, il y avait un effort dans l'ordre de l'esprit (...). On battait les buissons du côté de l'invention, et c'était tant mieux; on s'égarait sans doute en bien des pas, mais on ouvrait aussi des routes. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 6, 1851-62, p. 111.
Proverbial, vieilli. Il a battu les buissons et un autre a pris les oiseaux. Il s'est donné de la peine et un autre en a bénéficié :
9. Il répondit qu'il serait bien marri d'avoir battu les buissons et que d'autres eussent les oisillons. L'offre était donc repoussée. A. France, Vie de Jeanne d'Arc,1908, p. 271.
Faire buisson creux. Manquer le gibier que l'on a détourné dans tel endroit du bois :
10. ... ces dames descendaient de calèche, en répétant avec des éclats de rire immodérés : Buisson creux! Buisson creux! À ce mot, dont elles saluèrent le baron à son entrée, celui-ci se mit dans la plus risible colère qu'il soit possible d'imaginer. « Buisson creux! répétait-il en grinçant les dents (...) moi, qui ai quarante ans de chasse et une réputation à conserver, j'aimerais mieux avoir reçu vingt coups d'andouiller à travers le corps que d'avoir éprouvé une semblable humiliation. » Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, p. 172.
P. anal. Ne pas trouver à tel endroit la personne ou la chose que l'on cherchait :
11. Comme si je n'étais pas au courant de ta petite enquête aux Beaux-Arts! (...) Je sais même que tu as fait buisson creux. Dans cette forêt-là, c'était fatal; le gibier qu'on y court n'est pas pour les chasseurs de ton grade. Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre,1919, p. 141.
B.− P. anal.
1. Amas de choses évoquant un buisson par son aspect touffu. Un buisson de cierges, le buisson des sourcils. Une sorte de buisson d'églises, un bouquet gothique (Colette, En pays connu,1949, p. 192).
2. GASTRON. Plat d'articles dressés en pyramide. Buisson d'écrevisses (Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 157).
PRONONC. : [bɥisɔ ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1100 boissun « bouquet d'arbustes sauvages » (Roland, 3357 dans Gdf. Compl.), forme encore attestée en 1410-11, A. Aube, ibid. (boysson); ca 1160 buisson (Eneas, 6898, ibid.); ca 1160 spéc. vén. batre les buissons [pour faire lever le gibier] ici emploi fig. (Eneas, 6903 dans T.-L., s.v. batre); 1262-68 buisson ardant « buisson où Dieu apparut à Moïse » (Brunet Latin, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 635); 1680 hortic. (Rich.); 2. 1739 p. anal. art culin. buisson d'écrevisses (Nouv. Traité de la Cuis., t. 1, p. 7 dans Fr. mod., t. 23, p. 308). Buisson est une altération de l'a. fr. boisson « petit bois » dimin. de bois* sous l'infl. soit de *būska collectif plur. du germ. *būsk-, bûche* (FEW t. 15, 1, p. 209a, note 22; EWFS2); soit de buis*. L'hyp. d'une dér. de buis* (Diez5) est à écarter du point de vue chronol., bois « buis » n'étant attesté qu'au xiiies.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 357. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 564, b) 2 969; xxes. : a) 2 085, b) 1 591.
BBG. − Delaigue (J.). Les N. d'arbres dans la topon. de la Hte-Loire. Almanach de Brioude. 1962, t. 42, p. 150. − Duch. 1967, § 55. − Gottsch. Redens. 1930, p. 283. − Hehn (V.). Kulturpflanzen und Haustiere in ihrem Übergang aus Asien nach Griechenland und Italien sowie in das übrige Europa hrsg. von V. Schrader. Berlin, 1902, p. 231. − Marshall (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss p. 49 (Thèse Univ. Paris. 1958). − Richter (E.). Etymologisches. Boche. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, p. 129. − Rog. 1965, p. 97. − Rommel (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, p. 27, 150.