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BROUHAHA, subst. masc.
A.− Bruit confus indiquant l'approbation ou la désapprobation d'un public. Brouhaha de foule. Au milieu des applaudissements et des brouhahas (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 272).
P. métaph. :
Quand je publie un livre, cela fait aux petits l'effet d'une pierre qui tombe dans leur étang. De là, un tapage nocturne. (...) Mais de temps en temps, au plus fort du brouhaha des grenouilles, une grande voix s'élève pour moi, voix de poëte, voix d'artiste, voix de philosophe, ... Hugo, Correspondance,1869, p. 201.
B.− P. ext.
1. Bruit confus mais assez fort, en particulier de voix, souvent accompagné d'agitation, voire de tumulte. Brouhaha joyeux. Grand brouhaha de vagues et de vents (Hugo, Correspondance,1857, p. 265).Tout à coup un silence réel succéda au brouhaha des conversations (Theuriet, Le Mariage de Gérard,1875, p. 77).
2. Animation, agitation. On contemple de loin (...) le brouhaha de la rivière (P. Arène, Vers la calanque,1896, p. 12).
P. métaph. Le brouhaha de lumières [d'une avenue] (A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 135).
Au fig. Le brouhaha des idées parisiennes s'efface (Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de F.-T. Graindorge, 1867, p. 322).
PRONONC. ET ORTH. : [bʀuaa]. Passy 1914 transcrit : [bʀuhaha] avec [h] aspiré (onomat.). Littré mentionne également la forme brouha. Au plur. des brouhahas.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1548 loc. interjective attribuée au diable, destinée à inspirer la terreur (Farce du Savetier, Ancien Théâtre fr., p. p. M. Viollet le Duc 1854, t. 2, p. 137 : Audin : Je prie à Dieu que le grant dyable Te puisse emporter. Le curé, habillé en dyable : Brou, brou, brou, ha, ha, Brou, ha, ha. Audin : Jésus, Notre-Dame! Le Grant dyable emporte ma femme); 2. 1552 subst. (Ch. Estienne, Dictionarium latinogallicum, s.v. tragoedias agere : faire d'ung neant une grande chose, faire ung grand brouhaha pour un rien); 1659 « bruit confus marquant l'approbation des spectateurs dans un théâtre » (Molière, Les Précieuses ridicules, éd. du Seuil, 1962, p. 107, scène IX); qualifié de ,,fam.`` par l'Ac. 1718-1932; av. 1755 « bruit confus » (Saint-Simon, Mémoires, 64, 65 dans Littré : Ce brouhaha de passer dans la pièce d'audience était toujours assez long). Orig. discutée. L'hyp. la plus probable semble être celle d'une altération onomatopéique de l'hébr. (FEW t. 20, p. 24; EWFS2; Bl.-W.5; Lok., no256; REW68, no968) bārūkh habbā « béni soit celui qui vient » (formule complète : bārūkh habbā beshēm adonāï « béni soit celui qui vient au nom du Seigneur », Psaume 118, 26, par laquelle les Lévites accueillaient le peuple se dirigeant vers le Temple) : ces paroles, fréquemment empl. dans les prières juives, auraient été déformées par ceux qui ignorent l'hébreu. Pour la formule attribuée au diable et le sens péj., cf. sabbat « jour de repos des juifs » et « assemblée nocturne de sorciers et de sorcières ». L'hyp. d'une orig. purement onomatopéique est soutenue par Mén. 1750, DG, Dauzat 1968, Sain. Sources t. 3, pp. 150-151; le texte de Rabelais cité par ce dernier (Le Quart Livre, 1552, XIII, 61-67, éd. R. Marichal, 1947, p. 84 : tous sortirent on chemin au davant de luy [...] sonnans de leurs cymbales et hurlans en diable : « Hho, hho, hho, hho, brrrourrrourrrs, rrrourrrs, rrrourrrs. Hou, hou, hou. Hho, hho, hho. Frere Estienne, faisons nous pas bien les Diables? ») pourrait n'être qu'une autre adaptation burlesque du psaume 118 (dans les deux cas il s'agit d'une formule d'accueil) par imitation de la Farce du Savetier.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 290. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 89, b) 555; xxes. : a) 600, b) 497.
BBG. − Duch. 1967, § 15, 74. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930], pp. 150-151.