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BRISE, subst. fém.
A.− MAR. Nom générique du vent lorsqu'il est d'intensité faible ou modérée. Brise d'Est, du Nord-Ouest; brise marine; la brise tombe. La brise mollit un peu et hâla le sud-est (Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 116).
Rem. Dans le lang. de la mar. on distingue cinq degrés d'intensité de la brise : légère, petite, jolie, bonne, forte brise.
Brise carabinée. Brise très violente. Synon. grand frais :
1. Ils avaient à peine franchi les deux tiers de leur route qu'une rafale de vent, sortant des gorges étroites de la vallée du Rhône, vint soulever et faire écumer les lames courtes, comme une brise que les marins appellent carabinée qui frappe tout à coup et fait souvent chavirer les embarcations, au tournant d'un cap, sur la mer. Lamartine, Raphaël,1849, p. 149.
SYNT. Brise du large, de mer, de terre; brise du matin, du soir; la brise calmit, fraîchit.
P. anal. Brise de montagne, de pente, de vallée.
B.− Lang. cour. Vent léger, considéré comme agréable. Douce brise :
2. Une brise, un souffle, un murmure, un essaim de choses invisibles glisse à trente pieds du sol comme flottant sur l'épaisseur de la nuit. Et le vieux, prêtant l'oreille, entend siffler doucement l'extrême pointe des peupliers. Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1434.
SYNT. Brise délicieuse, fraîche, tiède; brise embaumée, parfumée.
P. métaph. :
3. Ah! Savoure-la, enfant, savoure-la, la première brise parfumée qui s'élève de ton esprit; écoute le premier battement de ton cœur tressaillant, car bientôt il ne battra plus que pour la haine, car il s'arrêtera ensuite comme le balancier cassé d'une horloge, car viendra vite la saison où les feuilles tombent, où les cheveux blanchissent, où toutes les étoiles filent de ce vaste firmament, dont les feux s'éteignent tour à tour. Flaubert, La 1reÉducation sentimentale,1845, p. 52.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bʀi:z]. 2. Homon. brize.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1598 mar. « vent d'est » (Histoire Naturelle et Moralle des Indes, tant Orientalles qu'Occidentalles [...] Composée en Castillan par Ioseph Acosta et traduite en François par Robert Regnault Cauxois ... Paris dans Fr. mod., t. 40, p. 244 : Aux Indes & en toute la Torride, le vent d'Orient qu'ils appellent brise [el viento de oriente, que llaman brisa] est au contraire d'icy fort sain & delicieus); 1611 « vent du nord » (Cotgr.); 1638 « tempête soufflant de l'est » (Cleirac dans Sain. Sources t. 1, p. 180, note 3); 2. 1678 id. « vent frais qui vient de la terre » (Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, 3epart., p. 70); d'où 1801 « léger vent qui souffle sur un lac » (Crève-cœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie, p. 94); 3. 1797 plus gén. « vent léger » (Chateaubriand, Essai [...] sur les Révolutions, p. 216). Étant donné l'orig. de la 1reattest. fr., prob. empr. à l'esp. brisa « vent du nord-est » (1504 dans Cor.), lui-même peut-être empr. au cat. brisa (xves. dans Alc.-Moll), d'orig. obsc. : un croisement de l'a. prov. bisa (ca 1173, Toulouse dans Brunel, no138, 22; v. bise) et du cat. gris, griso « vent ou air froid » (Alleyne dans R. Ling. rom., t. 25, p. 400) se heurte au fait que gris, griso ne semble pas anc. en cat. (v. Alc.-Moll). L'hyp. selon laquelle brise serait un croisement entre bise* et briser* (Cor.; bise désignant comme brise, à l'orig. un vent du nord, nord-est et brise désignant à l'orig. un vent très violent, cf. texte de Cleirac, supra) ne rend pas compte de l'antériorité du mot dans les lang. hisp. L'antériorité du mot dans les lang. rom. (cf. aussi port. brisa xvies. dans Mach.; ital. brezza, 1remoitié xves. dans Batt.) par rapport aux lang. germ. (angl. breeze 1565-1589 dans NED; all. Brise 1726 dans Sain., op. cit., p. 180, note 6) incline à écarter l'hyp. d'un empr. direct à une lang. germ., notamment au frison de l'est brîse « vent frais venant de la mer » (FEW t. 15, 1, p. 288; Dauzat 1973).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 650. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 264, b) 2 754; xxes. : a) 2 162, b) 1 459.
BBG. − Alessio (G.). Sull' etimologia di brezza e di brisa. Bollettino dell' Atlante linguistico mediterraneo. 1963-64, t. 5/6, p. 31. − Brüch. (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, pp. 312-313. − Cohen 1946, p. 11. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 50. − Quem. 2es. t. 4 1972, p. 37. − Millepierres (F.). La Rose des vents. Vie Lang. 1961, p. 119. − Ramos (V.). Une Nouv. attest. du mot brise. Fr. mod. 1972, t. 40, pp. 242-245. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 180, 181; t. 2 1972 [1925], p. 279; t. 3 1972 [1930], p. 106, 326.