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BRIGAND, BRIGANDE, subst.
A.− HIST. MÉDIÉV. Soldat d'une troupe n'appartenant pas à une armée régulière :
1. ... voyant que le roi ne pouvait ni les défendre ni les secourir, ils [les paysans bourguignons] demandèrent à s'armer; on le leur permit. Ils laissèrent la bêche et la charrue, s'armèrent de méchantes piques et de bâtons ferrés, prirent la croix de Bourgogne, écrivirent : « Vive le roi! » sur leur bannière, et commencèrent à tomber sur les Armagnacs, lorsque ceux-ci marchaient par petites compagnies. On les nommait les brigands ou les piquiers; lorsqu'ils furent aguerris dans leur métier de vagabonds, ils dévalisèrent tous les passans. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 3, 1821-24, p. 219.
Rem. Le nom de brigands a été donné p. ext. aux Vendéens royalistes sous la Révolution française, aux soldats licenciés en 1815 par Napoléon Ier(les brigands de la Loire). Sa mère (...) a été une brigande, comme Madame de Bonchamp et Madame de Larochejaquelein (Hugo, Les Feuilles d'automne, 1831, p. 716); Monsieur de La Rochejaquelein, qui commandait les brigands (A. France, Le Petit Pierre, 1918, p. 146).
B.− Usuel. Personne qui se livre au vol, au pillage à main armée, généralement dans les campagnes. Un chef de brigands, une bande de brigands (cf. bandit, gangster, malfaiteur, pillard, pirate, voleur). Des hordes de brigands et de pillards (Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme,t. 2, 1808, p. 124):
2. Force est de reconnaître qu'en ce temps [celui de Thésée] l'aspect de la campagne n'était nullement rassurant. Entre les bourgades dispersées s'étendaient de grands espaces incultes, traversés de routes peu sûres. Il y avait les forêts épaisses, les défilés des monts. Aux endroits les plus hasardeux, des brigands s'étaient établis, qui tuaient et pillaient le voyageur ou pour le moins le rançonnaient; ... Gide, Thésée,1946, p. 1417.
SYNT. Une caverne, un repaire, une troupe de brigands; être attaqué par des brigands; une région infestée de brigands. Une histoire de brigands. Une histoire invraisemblable.
Subst. fém., littér., rare. brigande Femme faisant partie d'une bande de brigands :
3. Dans la forêt avec sa bande Schinderhannes s'est désarmé Le brigand près de sa brigande Hennit d'amour au joli mai Apollinaire, Alcools,Rhénanes, 1913, p. 117.
Néol. d'aut. À la brigande. À la manière des brigands :
4. Qu'est-ce qui se passe là-bas? Qu'est-ce qui arrive au castillan? Tous ces soldats à la brigande lâchés tout nus dans ce détestable nouveau-monde, est-ce qu'ils vont nous faire une langue à leur usage et commodité sans l'aveu de ceux qui ont reçu patente et privilège de fournir à tout jamais les moyens d'expression? Claudel, Le Soulier de satin,1929, IIIejournée, 2, p. 778.
P. ext. Personne malhonnête, voleur. Les vols de ces brigands de républicains, qui mettaient en vente les biens nationaux (Zola, La Terre,1887, p. 92):
5. ... il faudrait vomir la civilisation qui a rendu l'existence intolérable aux âmes propres et non le Seigneur qui ne nous a peut-être pas créés, pour être pilés à coups de canons, en temps de guerre, pour être exploités, volés, dévalisés, en temps de paix, par les négriers du commerce et les brigands des banques. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 42.
P. exagér., fam. Ces brigands de musiciens, et leur rage de faire du bruit (Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 1033):
6. − Ta fille, je ne vois que ses jambes en l'air... Ah! elle a débauché Delphin. Du tonnerre de Dieu si je ne la fais pas emballer par les gendarmes! − Essaye donc, brigand! Zola, La Terre,1887, p. 227.
7. − Que tu es joli, mon amour!... Oh! ta petite frimousse... (...) Et ces yeux-là... ces grands yeux polissons, petit brigand?... Ah! je parie qu'ils ont encore regardé une autre femme! Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 331.
[En antéposition expressive, en parlant d'une abstraction personnifiée] :
8. Je vais jusqu'à la chambre de Fanny, je pousse la porte... Ah! brigand de sort! Sainte Mère de Dieu, qu'est-ce que je vous ai dit? Ma pitchouno couchado émè un hommé, aquéou brigand de Marius, aquéou voulur... Pagnol, Marius,1931, IV, 4, p. 219.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bʀigɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:d]. Pour Littré : ,,Le d ne se lie pas dans le parler ordinaire; dans le parler soutenu on dit : un bri-gan-t armé; au pluriel : des bri-gan-zarmés. 2. Homon. briguant (de briguer). 3. Forme graph.Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,J'ai vu dans les livres brigant avec un t à la fin; mais brigandage, brigander prouvent qu'il faut écrire avec un d.``
ÉTYMOL. ET HIST. − A.− Brigand 1. 1350 « soldat à pied faisant partie d'une compagnie » (Comptes de B. du Drach trésorier des guerres dans Du Cange, s.v. brigancii) − fin xives. (Froissart, part. 2, I, 1 ch. 329 dans Gay); 2. fin xves. « voleur armé » (Duquesne, H. de J. d'Avesne, Ars., fo214 vodans Gdf. Compl.); p. ext. 1718 (Ac. : Brigand se dit de ceux qui font des exactions & des concussions. Ces petits Juges sont de vrais brigands). B.Brigande 1560 adj. brigande de « qui s'empare de » (Louveau, trad. des Facetieuses Nuits de Strapole, I, 2 dans Hug. : Je ne suis point larronnesse du bien d'autruy, ny moins brigande des cœurs d'autruy), très rare, Mirabeau dans Littré. A empr. à l'ital. brigante, lui-même dér. de briga « troupe » (v. brigue) (Hope, p. 31) et attesté dep. fin xiiie-1remoitié xives. au sens 1 (G. Villani dans Batt.) et à celui de « partisan, rebelle » (Id., ibid.); fin xiiie-début xives. à celui de « personnage de mauvaise vie » (Cavalca, ibid.), v. brigue. B. fém. de A.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 203. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 392, b) 3 342; xxes. : a) 996, b) 684.
DÉR. 1.
Brigandeau, subst. masc.,vieilli, fam. Diminutif de brigand; personne malhonnête. L'indigne opposition que des brigandaux (sic) avaient mise sur toutes les sommes que j'aurais à toucher au département de la Guerre (P.-A. de Beaumarchais, Époques,1793, p. 365).Terme d'affection. Mon mignon, mon brigandeau (Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 67). [bʀigɑ ̃do] & 1reattest. a) 1539 brigandereau (Est. [où la graph. brigandeau ne semble pas figurer comme l'indique DG]); b) 1542 brigandeau (Id., Dictionariolum dans Gdf. Compl. : Brigandeau, larronneau); 1784 empl. comme dimin. affectueux (P.-A. de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, V, 6); dénominatif de brigand, suff. -eau*. Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Brigander, verbe intrans.Se livrer au brigandage. (Le mot, qui n'est pas attesté dans Ac. 1932, est fam. pour la plupart des dict. gén.).Ces saints (...) étaient de vrais Arabes pillards. Ils nouèrent de bonnes relations avec les Nabatéens (...); pendant ce temps ils brigandaient (Renan, Hist. du peuple d'Israël,t. 4,1892, p. 390);des déserteurs brigandant dans les bois (Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 58).Région. (Suisse, Franche-Comté). a) Emploi trans. [En parlant de pers., d'animaux, de choses] Maltraiter, abîmer, (cf. J. Chessex, Portrait des Vaudois, Lausanne 1969, p. 53; F. Roget, Écho des Alpes, 1905, p. 204.)b) Emploi réfl. S'éreinter au travail, (cf. Pierre, C'est la vie, Saint-Blaise (Neuchâtel) 1908, p. 103.)[bʀigɑ ̃de], (je) brigande [bʀigɑ ̃:d]. 1reattest. 1507 « agir en brigand » (Nicolas de La Chesnaye, Condamnation de Banquet dans Rec. Fournier, p. 244b d'apr. H. Lewicka dans Kwart. neofilol.); 1554 « ravager, piller » (Amyot, trad. de Diodore 1554, XVI, 6 dans Hug. : brigander et robber); dénominatif de brigand, dés. -er. Fréq. abs. littér. : 11.
BBG. − Hope 1971, p. 31. − Kohlm. 1901, p. 33. − Wind 1928, p. 18 (s.v. brigant).