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BOUTER, verbe trans.
A.− Vx. Pousser dehors. Bouter hors de :
1. − Pourtant si c'est au nom de la foi, par la foi, que nous parvenons à bouter l'ennemi hors de France... − J'applaudirais certes au remède par quoi nous triompherions d'un grand mal. Mais, ensuite, combien nous faudra-t-il de temps, et de vigilance et d'efforts pour ainsi que disait Sainte-Beuve, nous « guérir du remède »? Gide, Journal,1942, p. 126.
Loc. Bouter à terre. Détruire, renverser :
2. Nous avons visité l'église principale, la Pieve, d'un triste style classique, sans conviction, sur une jolie petite place d'où l'on domine le toit du Palais. « Il y avait quelque chose de mieux ici, une église du vesiècle; mais ils l'ont boutée à terre », me dit P., qui s'est imposé la lecture des Ricordi... Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 229.
Emploi pronom. Se pousser. Leurs bras (...) à travers les bêtes se boutaient vainement dans l'espoir d'entrer (G. d'Esparbès, Le Roi,1901, p. 15).
B.− Région. Mettre, placer. Celui qui avait la lanterne, l'ouvre, boute la lumière dans l'œil de la vieille endormie (Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 165):
3. Une femme, n'importe laquelle, quand elle vous a une idée dans la tête, celui qui sait s'en servir, il peut bouter le feu aux quatre coins du monde avec! Claudel, Le Pain dur,1918, I, 3, p. 430.
C.− Emplois techn.
1. ARCHIT. Soutenir une poussée (cf. également arc-bouté, arc-boutant).
2. Terme de corroyeur. Nettoyer avec le boutoir*.
3. Terme d'épinglier. Placer les aiguilles par rangs égaux sur le papier.
4. MAR. Bouter à l'eau, bouter au large. Se pousser vers le large.
5. VÉN. Bouter la bête. La lancer.
Rem. La plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. attestent a) Le subst. masc. boutage « endroit où se tient le marinier pour diriger et faire flotter un train de bois »; « action de placer les épingles dans les trous du papier pour les ranger ». b) Bouteur, euse, subst. « ouvrier(ère) qui boute les épingles en les rangeant sur le papier » c) Bouteux, subst. masc. « sorte de grande truble que l'on pousse devant soi à la pèche ».
PRONONC. : [bute], (je) boute [but].
ÉTYMOL. ET HIST. − [1reattest. xies., Raschi] 1. ca 1100 « pousser » (Roland, éd. J. Bédier, 2590) − 1611, Cotgr.; 1155 « frapper » (Wace, Brut, 14300 dans Keller, p. 348), seulement en a. fr.; « pousser, frapper » sont demeurés dans certains dial. : wallon (Haust), pic. (Corblet, Hécart), du Centre (Jaub.), ang. (Verr.-On.), norm. (Moisy); divers emplois et acceptions techn. a) xies. judéo-fr. boter « (du vin) tourner au gras » (Gloses de Raschi, d'apr. Levy Trésor); 1268-71 vin bouté (E. Boileau, Métiers, 29 dans T.-L.); à nouv. dep. Ac. 1798; b) ca 1230 vén. « pousser (les chiens) » (G. Le Clerc, Fergus, 4, 8 dans T.-L.); c) 1387 archit. arc boutent (Arch. Aube, G 345, reg. 3 dans Gdf.); d) apr. 1207 mar. « (en parlant du vent) pousser (un bateau) » (Villeh-Ardouin, éd. E. Faral, 242); e) 1530 « germer » (Palsgr., p. 672); f) 1723 bouter (les cuirs) (Savary des Bruslons, Dict. universel de comm.); 2. 1144 « placer, mettre (de manière violente), ficher » (Charroi de Nîmes, 1260 dans T.-L.); 1309 « mettre » bouter le feu (Joinville, Histoire de Saint-Louis, éd. N. de Wailly, § 164, p. 69), terme vieilli d'apr. Fur. 1690. De l'a. b. frq. *bōtan « pousser, frapper » (FEW t. 15, 1, p. 210; Bl.-W.5; Gam. Rom.2t. 1, p. 364, 377) que l'on peut déduire du m. b. all. bōten (Lasch-Borchl.), vieil angl. beatan (NED, s.v. beat) a. h. all. bozzan (Graff t. 3, col. 232), a. nord. bauta (De Vries Anord.). − L'esp. (ca 1250, Cor.), le port. botar (xives., Mach.) sont empr. au fr.; l'aire esp. située en bordure de l'Océan (Asturies, Galice, Pays basque, Cor.) indique que le mot n'est pas autochtone et exclut l'étymon got. *bautan (Gam., loc. cit., pp. 334-335) qui postulerait d'ailleurs un port. *boutar; le cat. botar (1374, Alc.-Moll) est prob. empr. à l'a. prov. botar (Hubschmid dans Z. rom. Philol., t. 78, p. 111). − L'hyp. de EWFS2qui sépare bouter « mettre » et bouter « bourgeonner », ce dernier étant une réfection de bouton « bourgeon » (< frq. *butto « id. ») ne se justifie pas étant donné le lien sém. évident entre « pousser, exercer une pression » et « bourgeonner » (cf. pousser). − L'étymon celto-roman *bottare « frapper » (H.-E. Keller et H. Wagner v. bbg.) fondé sur la relation entre l'a. irl. fo-botha « effrayé » (sens issu de celui de « battre, frapper pour écarter [du bétail, des oiseaux] ») et l'a. sax. undar-badon « effrayer », d'où peut se déduire un verbe gaul. *botā- « frapper », fait difficulté par manque d'argument permettant de relier ces formes, et d'exemples pour justifier un verbe gaul. *botā-; de plus la très anc. et solide implantation en pays germ. de la famille germ. *baut-(> a. b. frq., *botan), v. Hubschmid, loc. cit., p. 114, empêche de voir dans ses représentants, tous explicables par le germ., des empr. au romain; enfin cette hyp. supposerait le caractère autochtone des lang. hisp., ce qui a déjà été écarté.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 29.
BBG. − Gamillscheg (E.). Frz. bouter ital. buttare. Z. fr. Spr. Lit. 1963, t. 73, pp. 90-96. − Goosse (A.). Le Pic. et le wallon source du jargon des coquillards. Cah. lexicol. 1970, t. 16, no1, p. 112. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 90. − Guiraud (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. lexicol. 1967, t. 11, no2, p. 48. − Hubschmid (J.). Romanisch-germanische Wortprobleme : franz. bouter und it. buttare. Z. rom. Philol. 1962, t. 78, pp. 111-126. − Keller (H.-E.), Wagner (H.). Keltorom. *bottāre, schlagen, stoßen. Z. rom. Philol. 1962, t. 78, pp. 97-110. − Orr (J.). Qq. étymol. scabreuses Archivum linguisticum. 1949, t. 1, pp. 54-60. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 164, 167 (s.v. bouteux). − Thomas (A.). Étymol. fr. Romania. 1900, t. 29, p. 165.