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BOURBE, subst. fém.
A.− Boue épaisse qui se forme et se dépose au fond d'une eau stagnante. Synon. boue, limon; littér. fange :
1. − Cette eau est excellente. − Elle est chaude et a un goût de bourbe. On dirait de l'eau de rivière. Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 193.
2. La nuit n'était pas très noire; mais parfois elles [Fanchon et Pauline] glissaient sur la bourbe autour d'une eau dormante, tombaient sur les genoux. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 240.
P. compar. Dépôt au fond d'un encrier :
3. − Quand leur as-tu donc écrit? L'encre est desséchée dans ton encrier; j'ai eu à écrire, et j'ai passé une grande heure à l'humecter avant d'en faire une bourbe compacte avec laquelle on aurait pu marquer des paquets destinés aux Indes. Balzac, Petites misères de la vie conjugale,1846, p. 76.
B.− P. métaph. Ce qui est vil, bas, abject. La bourbe des affaires (Huysmans, À rebours,1884, p. 286);la bourbe du peuple (R. Rolland, Jean-Christophe,La Nouvelle journée, 1912, p. 1487):
4. M'aimant comme il m'aime, il est partial sans doute. D'abord je suis un peu son maître; je l'ai tiré de la bourbe du feuilleton où il serait maintenant enfoui pour le reste de sa vie... Flaubert, Correspondance,1846, p. 374.
Rem. Au xixes. le mot désigne ,,un des hôpitaux de Paris, destiné aux femmes indigentes ou détenues qui sont sur le point d'accoucher`` (Besch. 1845) :
5. ... je me précipitai vers la Bourbe. On n'y entrait pas le soir; j'y fus le lendemain matin. La Bourbe est l'asile des femmes enceintes qui n'en ont pas. La Bourbe est le refuge des pauvres filles qui sont devenues mères, des jeunes épouses dont le mari est joueur, des femmes condamnées à mort que le bourreau attend à la porte. À la Bourbe les unes et les autres trouvent un lit, de mauvais aliments, ... Janin, L'Âne mort et la femme guillotinée,1829, p. 187.
Prononc. : [burb].
Étymol. ET HIST. − 1223 borbe « boue épaisse qui se dépose au fond d'une eau stagnante » fig. (G. de Coincy, Mir. Vierge, 464, 96 dans T.-L. : la borbe de luxure); av. 1307 au propre bourbe (G. Guiart, Royaux Lignages, II, 5576 dans T.-L.). Prob. du gaul. *borvo auquel se rattachent l'a. irl. berbaim « je bous », le cymrique bervi, le bret. birvi « bouillir » (IEW t. 1, p. 144; Dottin, p. 235; Thurneysen, p. 91); au terme gaul. se rattache le nom du dieu Borvo (-onis) attesté dans les inscriptions de Bourbon-Lancy (Corp., XIII, 2806 dans TLL s.v., 2134, 43) et de Bourbonne-les-Bains (Id., 5911, ibid., 2134, 46), lieux où se trouvaient des sources d'eau chaude (Lebel, Principes d'Hydronomie, 1956, § 610); cf. le topon. Burbone, viiies., désignant Bourbon-l'Archambault, Dauzat-Rost. Lieux, et Borbona en 846 désignant Bourbonne, Lebel, § 626; pour la relation sém. entre les notions d'« ébullition » et de « boue », v. bouiller1; le phonétisme de borbe/bourbe suppose un plur. collectif *borva (Fouché, p. 230), à rapprocher du lat. médiév. borba, 1145 dans Du Cange t. 1, p. 703a.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 63.
BBG. − Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, pp. 309-310. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 424; t. 2 1972 [1925], p. 120, 133, 141, 227.