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BOUGE, subst. masc.
I.− Lang. commune
A.− Vx. Petite pièce, pièce de grenier en hémicycle où il n'y a place que pour un lit. Un évêque d'Allemagne venait de prendre la dernière [chambre] et (...) il ne restait plus que deux petits bouges (Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 128).
P. métaph. Ce bouge à commentaires, (...) ce grenier à bavardages, appelé l'École de Droit (Balzac, Le Contrat de mariage,1835, p. 211).
B.− Hôtel, chambre d'hôtel misérable. Bouge affreux, infâme; bouge à matelots; hôtel-bouge (E. et J. de Goncourt, Journal,1886, p. 553):
1. ... nous nous sommes établis dans un misérable bouge qu'on nous avait donné pour un hôtel. Le lieu et les gens nous dégoûtaient tellement que nous avons été immédiatement demander à M. Masterson (à une lieue de là) la pension bourgeoise qu'il avait dû nous chercher. Michelet, Journal,1834, p. 749.
P. ext. Maison, logement misérable des artisans et du bas-peuple; taudis. Les manants dans leurs bouges (Hugo, La Légende des siècles,L'Aigle du casque, t. 4, 1877, p. 457):
2. Des cache-nez d'un goût affreux Laissaient voir des fronts bleus et rouges... Et je pensais aux malheureux Qui n'ont pas de feu dans leurs bouges. G. Nadaud, Chansons,1870, p. 419.
P. anal., rare. Gîte, bauge* du sanglier. J'ai tué dans son bouge [rime avec rouge du vers précédent] Un sanglier (A. Dumas Père, Le 24 février,1850, 1, p. 138).
C.− Café, cabaret mal famé. Il court les bouges, les bastringues (A. Daudet, Les Rois en exil,1879, p. 477):
3. Contre les vauriens qui errent par les rues, flânent et gîtent dans les tavernes, les bouges et les maisons infâmes, d'où ils surgissent la nuit en quête de mauvais coups, il a fallu, à Paris, à côté de la police royale, organiser le service du guet; ... Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 260.
Rem. 1. Parmi les dict. du xixes., seuls Ac. 1878 et Guérin 1892 signalent ce dernier emploi. 2. On rencontre le composé bouge-concert, calqué sur café-concert (Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, p. 246).
II.− TECHNOL. Partie concave ou convexe d'un objet. Le bouge d'une futaille. Le bouge d'une assiette (Ac. 1932).
MAR. Flèche de l'arc des barrots (cf. Gruss 1952); courbure des baux; ,,courbure transversale convexe d'un pont ou d'un toit de rouf`` (Barber. 1969).
PRONONC. : [bu:ʒ].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1190 buge le plus souvent fém. « valise, coffre, sac » (Ambroise, Guerre sainte, 9858 dans T.-L.); début xiiies. bouge (Ph. Mousket, Chronique, 22191, ibid.), noté comme n'étant plus en usage dans Trév. 1740-1771; 2. ca 1200 (le plus souvent masc. en a. fr.; mais fém. encore dans Fur. 1690) « petite pièce arrondie servant de pièce de décharge, grenier » (Escoufle, 8016 dans T.-L.); 1671 « petite chambre de valet » (Pomey); 1732 (Trév. : [...] Il signifie aussi une chambre, une maison extrêmement mal propre et toute en désordre. Avez-vous vû l'endroit où il loge? C'est un vrai bouge); 3. xves. « partie renflée d'un objet, d'une partie du corps humain » (Wavrin, Anchienn. Chron. d'Englet., II 135, Soc. de l'H. de Fr. dans Gdf.); 1606 (Nicot : Bouge [...] l'on appelle le Bouge d'un bouclier, la bossette qui est au milieu d'iceluy, eslevée en rond); 1680 tonnellerie (Rich.). Empr. au lat. bulga « bourse de cuir » sans doute d'orig. gauloise; d'où les accept. faisant réf. à une forme arrondie (déjà en lat., Lucilius dans TLL s.v. 2240, 30, pour désigner le ventre).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 238. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 89, b) 404; xxes. : a) 445, b) 446.
BBG. − Bouge, bogue et budget. Vie Lang. 1953, p. 388. − Pohl (J.). La Maison dans les fr. marginaux. Vie Lang. 1969, p. 147. − Vendryes (J.). Sur les n. du sac de cuir. B. Soc. Ling. 1941, t. 43, pp. 134-139.