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BOSSE1, subst. fém.
I.− ANATOMIE
A.− Protubérance naturelle.
1. Protubérance anormale du dos ou de la poitrine résultant de la déviation de l'échine dorsale ou du sternum :
1. Le questionneur avait une grande figure pâle, des yeux tristes. Ce devait être des yeux d'infirme; il claudiquait, et la pélerine qui lui tombait à mi-jambe paraissait cacher une bosse, une protubérance, quelque extraordinaire déformation. Cocteau, Les Enfants terribles,1929, p. 13.
Spéc. Protubérance dorsale et pectorale que porte Polichinelle. Arlequin (...) frappait de sa batte la bosse jaune de Polichinelle (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 13).
Loc. diverses
Pop., vx. Se donner, etc. une bosse de rire. Rire bruyamment, sans frein (cf. Benjamin, Gaspard, 1915, p. 11).Se donner, se faire, etc. une bosse. Faire ripaille, se livrer sans retenue aux plaisirs en général.
Fam. et pop. Rouler sa bosse. ,,La promener en tout lieu`` (DG). P. ext. Rouler sa bosse. ,,Changer continuellement de lieu de résidence sans avoir de situation stable`` (Dub.). Au fig. Rouler sa bosse. ,,Aller de l'avant, se mettre en train`` (Lar. 19e).
P. plaisant. et fam. Tomber sur la bosse de qqn. L'attaquer par derrière, le battre (cf. L. Paillet, Voleurs et volés, 1855, p. 78).,,Bosse est ici synon. de dos`` (Larch. 1880); ,,on dit aussi tomber sur le casaquin`` (France 1907).Au fig. Tomber sur la bosse de qqn. Médire (de quelqu'un) (cf. Dict. de l'arg. ou la Lang. des voleurs dévoilée, 1847, p. 201).
Arg. de théâtre, rare. [En parlant d'un critique et p. réf. à l'expr. il y a des bossus] Voir sa réputation diminuée :
2. Descaves laisse percer son dégoût du monde théâtral, de ce monde où Georges Daudet, ce formidable nul, est quelqu'un, de ce monde menteur, qui éreinte une pièce dans les corridors et en fait l'éloge le lendemain dans ses feuilletons. Il citait un dîner entre ces critiques, où Lemaître, se vantant du succès de Sarcey et d'Yvette Guilbert, avait fait dire : « Il est plus en bosse que jamais! » E. et J. de Goncourt, Journal,1895, p. 790.
Fig. et fam. Donner, tomber dans la bosse (p. allus. au bossu de la banque du Mississipi). ,,Donner dans le panneau, être dupé`` (Lar. 19e).
2. Protubérance naturelle que certains animaux portent sur le dos. La bosse du bison, du dromadaire; les bosses d'un chameau :
3. ... je n'ai à ma disposition, sur la bosse d'ailleurs confortable de ce mehari (sic), ni le grand dictionnaire d'Estienne, ni les lexiques de Passow, de Pape ou de Liddel-Scott. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 99.
3. ANAT. Éminence arrondie située à la surface d'un os plat. Les bosses frontales, pariétales; la bosse nasale, occipitale (Ac. 1835-1932).
Spéc. Protubérance du crâne considérée par les phrénologues comme le signe d'une aptitude, d'un penchant :
4. David d'Angers croit devoir faire saillir les bosses qui correspondent aux qualités présumées de ses modèles. L. Réau, L'Art romantique,1930, p. 200.
Fig. et fam. [P. allus. au système du docteur Gall] Avoir la bosse de... Avoir des aptitudes pour... Avoir la bosse du mariage, de la version latine.
P. ext., VÉN. Bosses, subst. fém. plur. ,,Les deux excroissances charnues qui poussent sur le front du cerf, après la mue, pour donner naissance à sa nouvelle tête`` (Remig. 1963).
B.− P. ext. Enflure due à un choc, une contusion, principalement sur la tête. N'être plus que plaies et bosses. Bosses sanguines. ,,Épanchements sanguins qui se forment sur le crâne`` (Guérin 1892). Bosse sérosanguine. ,,Bosse existant quelquefois sur le crâne des enfants dont l'accouchement a été très long`` (Lar. méd. 1970) :
5. Je lavais une bosse, dans les cheveux d'un bambin. Frapié, La Maternelle,1904, p. 120.
Au fig., fam. N'aimer, ne chercher, ne demander, ne rêver, ne souhaiter que plaie(s) et bosse(s). ,,Se dit, au propre, des chirurgiens, pour exprimer qu'ils aiment à trouver occasion d'exercer leur art; et au fig. de ceux qui souhaitent qu'il y ait des querelles, des procès, qu'il arrive des malheurs, dans l'espérance d'en profiter, ou par pure malignité`` (Besch. 1845); (cf. Leclercq, Proverbes dramatiques, Le Mariage manqué ou On attrape plus de mouches avec du miel qu'avec du vinaigre, 1835, p. 59).
II.− P. anal. de forme. Élévation, partie renflée sur une surface plane. Les bosses d'une muraille (DG); une pièce d'argenterie pleine de bosses (Ac. 1932); vêtement qui fait des bosses (Pt Rob.).
A.− Inégalité sur une surface plane.
1. Élévation brusque et peu élevée du sol. Une longue bosse de terrain, une petite bosse de terre fraîche, des bosses montagneuses :
6. Le pilote, qui se dirige vers le détroit de Magellan, survole un peu au sud de Rio Gallegos une ancienne coulée de lave. Ces décombres pèsent sur la plaine de leurs vingt mètres d'épaisseur. Puis, il rencontre une seconde coulée, une troisième, et désormais chaque bosse du sol, chaque mamelon de deux cents mètres, porte au flanc son cratère. Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 172.
Spéc., SP. Monticule de neige. Passage de bosses (GautratSki1969).SAL. Intervalle surélevé de terre séparant les marais salants (cf. Lar. 3, etc.)
2. Emplois partic.
a) B.-A.
− Domaine des arts décoratifs.Décor en relief. Relever, travailler en bosse. ,,Donner un relief et quelque convexité à certaines parties d'un ouvrage`` (Ac. 1932). Des ornements (faits) en bosse (Bastenaire, Daudenart, L'Art de fabriquer la faïence..., 1828, p. XI); vaisselle (relevée) en bosse (p. oppos. à la vaisselle plate) (Ac. 1835-1932).
− Domaine des arts plastiques.
DESSIN, PEINT. Figure ou portion de figure moulée en plâtre, d'après laquelle on dessine, on peint. Dessiner (d'après) la bosse; peindre, travailler d'après la bosse. Étude d'après la bosse (Ac. 1835-1932). Dessin d'après la bosse :
7. Après mon prix, au milieu de l'année, à la bosse, qui scandalisa tous les courtisans plus avancés que moi à la cour de M. Jay, mais que personne n'osa dire immérité, mon rang changea au dessin comme nous disions. Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 2, 1836, p. 348.
Arg. ,,Bosse (faire la bosse). Dessiner d'après la « ronde-bosse »`` (Sandry-Carr. Peintres 1963).
SCULPT. Relief. Ouvrages de/en ronde bosse. ,,Les ouvrages de plein relief, les statues proprement dites`` (Ac. 1835-1932). Ouvrages de demi-bosse. ,,Les bas-reliefs dont quelques parties sont saillantes et entièrement détachées du fond`` (Ac. 1835-1932) :
8. Les chambranles des fenêtres sont ornés de sirènes, sculptées en haute bosse, qui sortent la poitrine nue d'une gaîne de feuillage, et soutiennent de leurs têtes fines et rieuses un fronton échancré. Theuriet, La Maison des deux barbeaux,1879, p. 4.
Rem. À rapprocher de haut relief (ou relief entier), ,,ouvrage de sculpture qui est de l'épaisseur de toute la chose représentée`` (Ac. 1835) et de demi-relief, ,,celui où la représentation des objets sort à moitié d'un fond sur lequel elle semble posée`` (Ac. 1835).
b) CH. DE FER. ,,Partie de voie « en dos d'âne » d'une gare de triage, servant au débranchement des wagons en utilisant la déclivité vers les voies d'affectation`` (Quillet 1965). ,,Passer un train à la bosse (...)`` (Quillet 1965). ,,On dit aussi bosse de gravité et butte de triage`` (Quillet 1965).
c) JEUX (Jeu de paume).,,Partie saillante du mur sur laquelle la balle frappe à faux et est renvoyée par bricole`` (DG). Attaquer la bosse, donner dans la bosse. ,,Se dit lorsqu'on pousse la balle à l'endroit qui la renvoie dans le dedans`` (Ac. 1835, 1878). Défendre la bosse. ,,Lorsqu'on rechasse la balle avant qu'elle y puisse entrer`` (Ac. 1835, 1878). (Au billard).,,Rencontre d'une bille qui empêche la bille jouée de poursuivre sa course``(Lar. 20e, Lar. encyclop.). ,,Avoir une mauvaise bosse`` (Lar. 20e, Lar. encyclop.).
d) MAÇONN. ,,On dit d'un mur qui menace ruine, qu'il fait bosse, qu'il fait ventre`` (Besch. 1845). ,,Petit bossage laissé dans le parement d'une pierre, pour indiquer que la taille n'en est pas métrée, et qu'on enlève ensuite en ragréant`` (Jossier 1881).
e) NAV. ,,Angle saillant le long du rivage d'un fleuve`` (Ac. Compl. 1842). ,,Les bosses constituent des difficultés pour le halage`` (Lar. 19e).Bosse de nage. ,,Endroit précis du bordage sur lequel doit reposer l'aviron`` (Nouv. Lar. ill.). ,,Les bosses de nage n'existent que dans les embarcations dont le bordage est légèrement creusé en feston dans toute sa longueur`` (Lar. 19e).
f) SERR. Serrure à/en bosse. ,,Serrure appliquée en saillie sur le côté intérieur d'une porte`` (Ac. 1835-1932). ,,Ornement rivé ou soudé à l'extérieur de certaines serrures anciennes`` (Lar. 20e, Lar. 3) :
9. La bosse, entaillée dans le vantail, est visible à l'extérieur quand la porte est de peu d'épaisseur. F. Fillon, Le Serrurier,1942, p. 21.
g) TECHNOL. Appendice que l'on place sous le fer du cheval et qui est destiné à remédier aux défauts d'aplomb (cf. Littré, etc.). ,,Bosse d'une lame de verre. V. Boudine`` (Rob.).
B.− Partie renflée d'une surface. La bosse d'un tonneau (Rob.).La bosse d'un bouclier. ,,Partie convexe qui forme le centre du bouclier`` (DG).
Spéc., TECHNOL.
1. ,,Verre qui a été soufflé avec la fêle pour en faire un plat de verre avant qu'il ait été ouvert`` (Chesn. 1857).
2. ,,Dans les forges, partie saillante des cylindres entre lesquels on fait passer les barres de fer pour les aplatir ou les allonger`` (DG).
PRONONC. : [bɔs]. Buben 1935, § 53, rappelle que o conserve le timbre ouvert et bref ,,devant le groupe ss qui correspond à l'afr. -c-; bosse [bɔs], afr. boce, *bottia; brosse [bʀ ɔs], afr. broce, *bruscia ou germ. *burotja; crosse [kʀ ɔs], afr. croce, germ. *krukja croisé avec croc; cabosse, afr. caboce, ca + bosse; [que] le subst. cosse [kɔs] est bien écrit avec -ss- depuis l'époque la plus ancienne, mais [que] son étymologie (probablement *coccia) semble indiquer un -c- primitif; [que] les mots carrosse, colosse, molosse, rosse, gosse, etc. sont trop tardifs pour avoir pu participer à l'allongement résultant de la réduction de -ss-``. Pour le timbre de o devant ss dans ces mots ainsi que dans leurs dér., cf. aussi Clédat 1930, p. 44, G. Straka, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 22, Fouché Prononc. 1959, p. 77, et Grammont Prononc. 1966, p. 20. Enq. : /bos/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Mil. xiies. « protubérance, déformation » (Charroi de Nîmes, éd. R. Van Deyck − Textes et traitement automatique − 145); b) fin xiiies. « enflure due à un choc » (J. de Meung, Rose, ms. Dijon 526 var. note 11222-23, éd. E. Langlois, t. 3, p. 315); 2. a) 1174-1184 « gibbosité » (Chr. de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 4635); b) 1690 « protubérance normale chez certains animaux (chameaux, dromadaires) » (Fur.); 3. a) 1409-10 technol. « saillie sur une surface plane » (Comptes de la fabrique de St Pierre, Archives Aube G 1559, fo128 rodans Gdf. Compl. serrure a bosse); b) 1558 archit. bosse ronde (Comptes des bâtiments du Roi, p. 352 dans IGLF Techn.). Issu d'un type *bottia d'orig. obsc. (FEW t. 1, p. 467a), qui est postulé par l'ital. boccia « bouton de fleur » (DEI, s.v. boccia 3) et l'a. prov. bossa « bosse, tumeur » (Rayn.); l'hyp. d'un étymon frq. *bottja « pousse » (EWFS2. Gam. Rom.2t. 1, p. 335) dér. du frq. *bōtan « frapper, battre » (v. bouter) semble à écarter étant donné l'existence du roumain bot « boule » (v. aussi Cioranescu, Diccionario etimologico rumano, Madrid, 1966); l'hyp. d'une forme *buttia (D. S. Blondheim dans Romania, t. 39, p. 147) en rapport avec le b. lat. buttis « sorte de récipient » n'est à retenir que pour le franco-prov. bosse « sorte de fût » (cf. Pat. Suisse rom., s.v. bŏsa) et le terme d'artill. désignant une grenade incendiaire constituée d'une boule de verre emplie de poudre (1694, Corneille).
BBG. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 10, 110, 169, 170.