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BORDÉE, subst. fém.
MARINE
A.− [En parlant du mouvement d'un navire ou du service à bord]
1. Chemin parcouru par un bâtiment sans virer de bord. Continuer sa bordée, courir la bordée, prolonger la bordée (Voyage de La Pérouse, t. 2, 1797, p. 24, 44, 335); pousser des bordées (Gide, Le Voyage d'Urien,1893, p. 20):
1. Les vents de sud nous attendaient à une lieue au large de la pointe de Clostercam; ils furent d'abord clairs et très-modérés : nous louvoyâmes avec assez de succès, et les bordées nous furent favorables. Voyage de La Pérouse,t. 3, 1797, p. 79.
2. Cependant le nageur et le navire approchaient insensiblement l'un de l'autre; dans une de ses bordées, le petit bâtiment vint même à un quart de lieue à peu près de Dantès. Il se souleva alors sur les flots, agitant son bonnet en signe de détresse; ... A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 259.
P. ext. [En parlant d'une distance quelconque parcourue à pied] :
3. Les copains coururent quelques bordées à la recherche d'une auberge. Romains, Les Copains,1913, p. 128.
2. P. méton. Partie de l'équipage affectée au service à bord sur un côté du navire en marche ou au repos. Prendre leur bordée (Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 386);Le soir venu, la bordée de jour remontait pour être remplacée par la bordée de nuit. (Verne, Les 500 millions de la Bégum,1879, p. 88):
4. À onze heures, les passagers et John Mangles regagnèrent leurs cabines. À l'avant, la bordée de quart se promenait sur le pont du yacht. À l'arrière, l'homme de barre était seul à son poste. Verne, Les Enfants du Capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 226.
3. Arg. Absence illégale, débauche qui se prolonge. Coupeau tira une bordée, cette nuit-là. (Zola, L'Assommoir,1877, p. 780);un marin en bordée (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 43):
5. − ... Pas honteux! ... l'iniforme français... troufés saouls sur la foie piplique... en pordée ... sâles comme des cochons! ... ah nom de tieu de nom de tieu! ... et brigatier encore! ... cavalier de 1reclasse! ... Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 2epartie, 10, p. 207.
B.− ARTILL. DE MAR.
1. [P. anal. de A 2] Ligne d'artillerie disposée au complet sur le flanc d'un vaisseau.
P. méton. Décharge simultanée de tous les canons situés d'un même côté du navire. Lâcher une bordée (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 95):
6. ... la batterie de la pointe des galets fit acte d'hostilité. Le Léopard répondit par une bordée de coups de canon et mit à terre un détachement qui, avec le concours du chef des Travaux publics Decugis et d'un groupe local rempli d'ardeur, eût tôt fait de régler l'incident. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 55.
P. ext. Salve d'artillerie ou fusillade particulièrement nourrie :
7. Déjà, malgré les chevaux tués, malgré le désordre que la bordée meurtrière avait jeté parmi les rangs, toute la batterie remontait une pente, venait s'établir plus en avant, à quelques mètres de l'endroit où Maurice et Jean étaient couchés. Zola, La Débâcle,1892, p. 313.
Région. Grosse quantité de. Quelques bordées de grêlons (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Désert de Bièvres, 1937, p. 31).Au Canada. Une grosse bordée de neige (G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 94).
2. Fig. et fam. Attaque verbale, grosse quantité de ... La bordée de boutades (Balzac, La Maison Nucingen,1838, p. 596);Le colonel lança une bordée de jurons (Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 165);une bordée de bêtises (G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 384):
8. D'autres, au rebours, s'énervaient, renversaient des bancs, se heurtaient au poêle, balayaient à grands gestes hasardeux les quarts et les gamelles accrochés à des clous; jusqu'au moment où de la chambrée unanime, arrachée à sa bienheureuse torpeur, s'élevait une bordée d'injures qui leur permettait enfin de repérer leur place au son des voix connues. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 73.
Absol. Essuyer la première bordée (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 23).
PRONONC. : [bɔ ʀde].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1546 « espace parcouru par un navire au plus près du vent, sans virer de bord » (Convention entre le comte d'Eu et les habitants du Tréport, 4 oct. dans Jal1); 1833 fig. et fam. tirer une bordée « aller de cabaret en cabaret » (Vidal dans Larch. 1880); 2. 1690 (Fur. : Bordée. Pieces d'artillerie qui sont le long des côtez d'un vaisseau); av. 1755 fig. « beaucoup d'injures dites à la fois » (Saint-Simon, 264, 30 dans Littré); 3. 1704 « partie de l'équipage de service à bord » (Trév.); d'où 1845 (Besch. : Bordée [...] Ensemble des hommes qui composent la bordée). Dér. de bord* étymol. A; suff. -ée*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 763. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 011, b) 1 278; xxes. : a) 1 145, b) 1 008.
BBG. − Millepierres (F.). Mots venus de la mer. Vie Lang. 1961, p. 22. − Rog. 1965, p. 98. − Sain. Lang. par. 1920, p. 166.