Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
BON1, BONNE, adj., adv. et subst.
I.− Emplois adj.
A.− Emplois discursifs
1. [Au sens le plus gén. − bon, bonne indique que l'être, l'obj. concr. ou abstr. désigné par le subst. répond positivement à ce qui est attendu de lui, sous le rapport de sa nature, de sa fonction, de son efficacité, etc.]
a) [Essentiellement sous le rapport de l'image-type ou du stéréotype de sa nature]
− Domaine esthétique, intellectuel.[En parlant d'une pers., d'une chose] (Quasi-)synon. beau.Bon livre, bon style :
1. Les mots liquides et coulants sont les plus beaux et les meilleurs, si l'on considère le langage comme une musique, mais si on le considère comme une peinture, il y a des mots rudes qui sont fort bons, car ils font trait. Les hommes qui n'ont que des pensées communes et de plates cervelles, ne doivent employer que les mots les premiers venus. Les expressions brillantes sont le naturel de ceux qui ont la mémoire ornée, le cœur ému, l'esprit éclairé et l'œil perçant. Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 48.
2. Nous n'avons pas voulu ici prouver que la beauté est une chose bonne et estimable. Tout le monde est de notre avis quoi qu'on en dise; nous avons seulement cherché à établir que l'on peut avouer que l'on tient à être beau, que l'on peut dire : « J'ai le nez bien fait, » comme on dit : « J'ai du sang-froid : » « J'ai de jolis yeux, » comme : « J'aime tendrement mes amis. » Nous ajouterons qu'il y a entre la beauté du visage et celle de l'âme une sorte de corrélation sympathique, et qu'un homme d'esprit ou un homme de cœur n'est jamais bien laid, et a une beauté à lui particulière. (...). La beauté étant admise comme une chose bonne et utile, et la parure ayant évidemment le pouvoir de l'augmenter, la parure est donc d'elle-même une chose également bonne et utile. L'homme mal habillé inspire de la pitié ou de la répugnance... Karr, Sous les tilleuls,1832, pp. 260-261.
3. Autant qu'un homme est lui-même, qu'il ne cède point, qu'il n'imite point, je le vois beau. L'artiste va là tout droit; par sa vertu d'être soi il met au jour la vertu de chaque être. Une nature, autant qu'elle est forte, est bonne et juste. C'est pourquoi de ce qui pousse et grandit par sa propre loi, j'attends quelque bien. Je ne veux pas mutiler, je veux aider et délivrer. Alain, Propos,1931, p. 1003.
4. ... n'invente point d'empire où tout soit parfait. Car le bon goût est vertu de gardien de musée. Et si tu méprises le mauvais goût tu n'auras ni peinture, ni danse, ni palais, ni jardins. Tu auras fait le dégoûté par crainte du travail malpropre de la terre. Tu en seras privé par le vide de ta perfection. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 543.
5. En fait, cette perfection dans l'activité de Pasteur tient à l'excellence de ses qualités propres, à ce « privilège des très grands esprits » qu'est l'art d'utiliser le hasard, à son bon sens déductif et clairvoyant, aussi habile à imaginer et à réaliser les techniques expérimentales nécessaires ou démonstratives qu'à interpréter judicieusement les faits observés, à en exploiter en toute logique les conséquences immédiates, à en prévoir les virtualités les plus lointaines. M. Bariéty, Ch. Coury, Hist. de la méd.,1963, p. 704.
SYNT. Bonne farce, histoire, idée; bons auteurs; synt. (plus ou moins figés) : (avoir) bon air, (faire, produire) bon effet, (avoir, avoir le... de, être de) bon goût, (dire un, faire un) bon mot, (avoir du, être le) bon sens; (avoir) bonne mémoire, (avoir, prendre) bonne tournure. Loc. figée à bon escient.
MUS. Bons degrés. ,,... les trois accords parfaits majeurs [reliés] de façon à obtenir une succession ininterrompue de tierces...`` (M. Dupré, Cours d'harmonie analytique, t. 1, 1936, p. 22). Bonnes notes. ,,Ces trois notes : la tonique, la dominante et la sous-dominante reçoivent la qualification de Bonnes notes du ton`` (H. Reber, Traité d'harmonie, Gallet et Fils, Paris, 1949, p. 12).
− Domaine moral
[En parlant d'une pers., d'un groupe de pers.] Bon chrétien, bonne(s) âme(s), bonnes gens :
6. L'homme n'est point bon, il n'est point méchant. L'on se trompe également dans ces deux assertions, parce que l'on confond l'homme actuel avec l'homme en général; (...); et parce que l'on juge dans le rapport social ou dans les vues particulières de telle ou telle législation, ce qui ne doit être considéré que dans le rapport de l'homme au reste de la nature. Ce que nous nommons mauvais ou bon est toujours ce qui nuit ou convient à l'ordre que nous voulons établir; ordre momentané que la nature n'a pas préparé positivement, quoiqu'elle l'ait laissé possible. L'homme est ce qu'il doit être. Ses penchans, déterminés par ses besoins et dès-lors effets immédiats de sa nature, ne peuvent être mauvais et bons que relativement à une situation particulière. Ils sont essentiels, indélébiles. Vous voulez faire l'homme ce qu'il ne doit point être, et vous appelez méchanceté originelle la résistance que vous éprouvez en sa nature; mais modelez sur elle vos institutions, et vous trouverez que l'homme, comme toute autre partie de l'universalité des choses, est nécessairement bon, non point selon des convenances factices ou les caprices d'un législateur, mais selon ses rapports dans l'ordre général. Si la résistance est inévitable et toujours victorieuse de nos funestes efforts, et que nous disions, l'homme est donc né méchant, nous ressemblons à l'insensé qui, s'obstinant à suspendre une pierre ou une colonne d'eau, accuseroit de dépravation naturelle la pierre parce qu'elle tombe, et l'eau parce qu'elle se nivelle. Senancour, Rêveries,1799, pp. 116-117.
7. Ce que dit et croit la bonne compagnie est toujours bien. Vigny, Le Journal d'un poète,1841, p. 1159.
SYNT. (plus ou moins figés). (En) bon bourgeois, (faire) bon ménage, (être de) bonne maison, (être en) bonne société, (en la ... de) bonne ville.
P. anal. [En parlant d'un animal] :
8. Il n'y avait pas un bâtard parmi ces chiens. (...). Tous étaient authentiques et bons. (...), tous étaient de bonne race et vrais chiens gentilshommes, ... Hugo, Le Rhin,1842, p. 207.
[En parlant d'une chose] Bonne éducation, bonne leçon, bonnes lois :
9. Lola, après tout, ne faisait que divaguer de bonheur et d'optimisme, comme tous les gens qui sont du bon côté de la vie, celui des privilèges, de la santé, de la sécurité et qui en ont encore pour longtemps à vivre. Elle me tracassait avec les choses de l'âme, elle en avait plein la bouche. L'âme, c'est la vanité et le plaisir du corps tant qu'il est bien portant, mais c'est aussi l'envie d'en sortir du corps dès qu'il est malade ou que les choses tournent mal. On prend des deux poses celle qui vous sert le plus agréablement dans le moment et voilà tout! Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 66.
10. Par essence, elle [la vertu] est une habitude, c'est-à-dire une disposition acquise et durable, qui permet à celui qui la possède d'agir conformément à sa nature. La définition est d'Aristote : c'est donc bien sur le plan de la morale hellénique que tout l'édifice va se construire. Pour une chose, être bonne, c'est être ce qu'elle doit pour satisfaire à sa propre essence et aux exigences de sa nature; acquérir l'habitude d'agir comme il faut étant donné ce que l'on est, c'est donc une qualité moralement bonne, et accomplir l'acte qui découle spontanément d'une habitude de ce genre, c'est bien agir ou, comme l'on dit encore, faire le bien. Un acte est moralement bon, ou vertueux, lorsqu'il s'accorde à la nature de celui qui l'accomplit. En conséquence, trois choses s'opposent à la vertu : le péché, la méchanceté et le vice. Par définition, en effet, le péché est un acte désordonné, c'est-à-dire contraire à l'ordre que prescrit la nature de celui qui l'accomplit. En tant que tel, il s'oppose directement à l'acte bon qui vient d'être décrit, il est donc nécessairement mauvais; ... Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,1932, p. 121.
11. La brimade punit qui se sépare ou, simplement, se « fait remarquer ». On reconnaît bien vite ici le mécanisme projectif de la bonne conscience satisfaite et ses indignations contrefaites, destinées à détourner la mauvaise conscience de juger nos affaires personnelles. La ressemblance l'irrite comme la différence : la différence, surtout si elle est avantageuse à autrui, démoralise le sentiment inconscient que nous avons de nos limites... Mounier, Traité du caractère,1946, p. 723.
12. La limitation rigoureuse que nous avons imposée à notre analyse du besoin pourrait insinuer cette idée facile que la vie se réduit à un système simple de motifs, à partir du faisceau des besoins d'assimilation, et que la seule révélation de valeur positive est le plaisir : « est bon ce qui fait plaisir ». On croirait volontiers qu'il suffit d'ajouter : « est mauvais ce qui fait souffrir », pour avoir une vue d'ensemble des motifs et des valeurs du niveau vital. 1) Une analyse plus soigneuse de la douleur nous apprend déjà que la douleur n'est pas le contraire du plaisir à l'intérieur d'un même genre mais qu'il lui est hétérogène. 2) Le couple du plaisir et de la douleur n'est pas lui-même le dernier mot du souci vital : d'autres tendances souvent discordantes entre elles, viennent compliquer le schéma assez clair du plaisir et de la douleur. Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 100.
SYNT. (plus ou moins figés). (Être de) bon aloi, (donner un, être de) bon conseil, (avoir son, être du, prendre du, voir le... de) bon côté, (à, être dans son) bon droit, (donner le, être de) bon exemple, (avoir, être de) bon genre, (séparer le... de l'ivraie) bon grain, (en, mettre) bon ordre, (selon le... de) bon plaisir, (prendre du) bon temps, (faire) bon usage; (défendre les, suivre les) bons principes; (faire une) bonne action, (pour la, servir la) bonne cause, (de) bonne condition, (avoir, donner, en) bonne conscience, (donner, faire) bonne impression, (à, dans une, de, en) bonne intention, (avoir, donner) bonne opinion, (avoir une, donner une) bonne raison, (avoir) bonne renommée, (avoir) bonne réputation, (avoir, être de) bonne tenue, (être en) bonne voie; (contraire aux, outrage aux) bonnes mœurs, (faire de) bonnes œuvres, (avoir de) bonnes relations. Syntagmes (figés). Certificat de bonne conduite/de bonne vie et mœurs.
Proverbes. Bon sang ne peut mentir; à quelque chose malheur est bon, toute vérité n'est pas bonne à dire.
RELIG., vx. Bon jour. Jour de fête religieuse (cf. Ac. 1798-1878). Faire son bon jour. Communier (cf. J. de La Varende, Cœur pensif, 1957, p. 146).
− Domaine des relations soc. ou interpersonnelles
[En parlant d'une pers.] Bon camarade, bon garçon, bonne fille :
13. ... après ces petites créatures grinchues et susceptibles, cette santé du peuple, cette bonne humeur du peuple, cette langue du peuple, tout le fort, tout le vivace, tout le cordial, tout l'exubérant, tout le contentement dru et tapeur, et ce cœur qui apparaît là dedans avec de grosses formes et une brutalité attendrie, tout, en cette grosse et bonne femme, m'agrée comme une forte et saine nourriture de campagne... E. et J. de Goncourt, Journal,1858, p. 478.
14. Je ne puis dire combien elle fut charmante, judicieuse en mille détails, bonne et obligeante pour tout ce qui l'entoure : Suzette, etc., ayant pour tous les égards délicats de l'égalité, tendre pour la nature, s'exposant à la tempête pour nourrir les animaux. Michelet, Journal,1859, p. 494.
15. Au physique, c'était un petit homme, râblu, ventru, coloré, à la démarche lourde et pacifique de bon vivant plein de soupe et de bière. Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 1repart., 2, p. 17.
SYNT. (plus ou moins figés). Bon diable, bon enfant, bon homme. − PARAD. a) (Quasi-)synon. amical, brave, complaisant, fraternel, gentil, loyal, rond, serviable, sympathique. b) (Quasi-) anton. déloyal, hostile, inamical.
Rem. Les syntagmes bon enfant et bon garçon ont donné lieu à un emploi néologique sous forme substantivée : a) Bonne (-) enfance. ... une grosse bonne enfance (...) sous des apparences de force et de férocité (E. et J. de Goncourt, Journal, 1853, p. 109); ... cette fête (...) pleine de simplicité et de « bonne enfance » (Coppée, Le Critique en vacances, t. 2, 1892, p. 311). b) Bon(-)garçonnisme. ... du « bon garçonnisme » d'être venu (E. et J. de Goncourt, op. cit., 1890, p. 1155); ... un bongarçonnisme de commande (Colette, L'Entrave, 1913, p. 66).
P. anal. [En parlant d'un animal] ... un bon vieux petit chien, de la charmante espèce... (Florian,Fables,1792, p. 180).
Péj. (Quasi-)synon. bête, niais.Bon peuple :
16. Et les mêmes mots revenaient : − Un peu paresseux, peut-être, mais bon enfant! « Bon enfant » signifiait « inintelligent », mais ne blessait pas les amours-propres. Plus loin, échelonnés, d'autres professeurs encore. Ceux des basses classes, enveloppés par des rires d'élèves, répondaient aussi : − Oui, oui, turbulent, mais bon enfant! ... On en fera quelque chose. Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 101.
[En parlant d'un aspect du comportement hum.] Bon rire, bon sourire, bonne tête :
17. Le plus grand ordre régnait entre les deux peuples. On avait fait de sévères ordonnances pour empêcher toute querelle, et les Français et les Anglais vivaient entre eux de bon accord et courtoisement; souvent même les uns ne s'inquiétaient point d'être en moindre nombre que les autres dans l'enceinte des tentes. Nonobstant ces mutuelles civilités, rien ne pouvait se conclure. Barande, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1824, p. 226.
18. ... Atar-Gull était déjà rendu à l'atelier, toujours avec sa bonne figure ouverte et franche, son éternel sourire qui laissait voir ses dents blanches et aiguës... Sue, Atar-Gull,1831, p. 25.
19. Cette aimable femme, intelligente, simple, toujours disposée à rendre service, dispensa à Christophe la bonne grâce accueillante qu'elle avait pour tous. R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 755.
SYNT. Bonne poignée de main; bonnes joues. Syntagmes (plus ou moins figés). (Faire, trouver) bon accueil, (savoir) bon gré, (au... de, plein de) bon vouloir; (demander les, solliciter les) bons offices, (échange de) bons procédés, (entretenir de, être en) bons rapports, (rendre de) bons services, (confier aux, remettre aux) bons soins, (être en, vivre en) bons termes; (de, vivre en) bonne amitié, (être en, homme de, vivre en) bonne compagnie, (faire) bonne contenance, (vivre en) bonne entente, (faire) bonne figure, (être de) bonne foi, (accepter de, répondre de) bonne grâce, (vivre en) bonne intelligence, (avoir, trouver) bonne mine, (être de, homme de) bonne volonté, (apprendre les, avoir de) bonnes manières, (dire de) bonnes paroles. Loc. figées. Bon gré mal gré, à la bonne franquette.
b) [Essentiellement sous le rapport de l'image-type ou du stéréotype de sa fonction, de son efficacité]
[En parlant d'une chose concr., d'un phénomène matériel] Bon dîner, bonne méthode :
20. Un homme buvait à table d'excellent vin, sans le louer. Le maître de la maison lui en fit servir de très médiocre. « Voilà du bon vin, dit le buveur silencieux. − C'est du vin à dix sous, dit le maître, et l'autre est un vin des dieux. − Je le sais, reprit le convive; aussi ne l'ai-je pas loué : c'est celui-ci qui a besoin de recommandation. » Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 141.
21. Pendant une heure, j'ai roulé sous mes galoches les feuilles tombées, j'ai admiré le ciel bleu, la rivière et les coteaux, et surtout humé à pleins poumons le bon air frais qui sentait la verdure. Les étalages que l'on a faits dans les « points de vue » sont réussis. Par moments je jouis beaucoup de la nature. Pourquoi? Flaubert, Correspondance,1878, p. 164.
22. Dieu étant tout-puissant n'a créé que des choses bonnes. On appelle bonne une chose exactement adaptée à son service : une bonne plume, un bon cheval; plus ou moins bonne suivant que plus ou moins adaptée. Dieu n'a créé que des choses très bonnes, c'est-à-dire parfaitement adaptées suivant leur ordre à lui rendre un témoignage évident, à le clarifier. L'imperfection de l'ouvrage ne résulte en effet que d'un obstacle étranger à la volonté de l'ouvrier. J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1907, p. 195.
23. La betterave demande de bonnes terres franches, profondes et fraîches sans être humides. D'une manière générale les bonnes terres à blé sont propres à la betterave. Le travail soigné des terres, l'usage des engrais chimiques ont perfectionné la culture, mais un bon assolement approprié au sol est nécessaire pour la betterave... J. Rouberty, Manuel de sucrerie,1922, p. 19.
24. ... on oublie que si à des fins spécifiquement politiques des moyens spécifiquement politiques doivent être appliqués, néanmoins, par là même que leur fin prochaine est subordonnée à une fin plus haute, l'emploi de ces moyens doit lui-même être rectifié et surélevé par des vertus plus hautes, et comme imprégné de leur esprit. Ils ne sont complètement bons et efficaces dans leur ordre qu'à ce titre-là : car alors seulement ils sont parfaitement soumis à tout l'ordre de leurs fins. Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 131.
SYNT. Bon coup, feu, fonctionnement, moyen, pain, repas, sommeil; bonne administration, affaire, chaleur, occasion, odeur, soupe. Syntagmes (plus ou moins figés). (Être de, paraître de) bon augure, (être en, remettre en) bon chemin, (à, de, rendre) bon compte, (être au, frapper au) bon endroit, (être en, tenir en) bon état, (jouer, y aller) bon jeu bon argent, (acheter à, être à, faire... de) bon marché, (tirer... de) bon parti, (avoir... bon œil, partir du) bon pied, (arriver à, conduire à) bon port, (être) bon signe, (faire un, jouer un) bon tour; (dire la, raconter une) bonne aventure, (aimer la, faire) bonne chère, (faire une, mener à) bonne fin, (avoir la... de, être en, par) bonne fortune, (faire, tenir sous) bonne garde, (veiller à la) bonne marche, (être en) bonne place, (être en) bonne position, (de) bonne prise, (avoir une, être en) bonne santé; (être dans de) bonnes conditions. − PARAD. a) (Quasi-)synon. convenable, exact, salutaire, valable. b) (Quasi-)anton. faux, néfaste, nuisible.
Proverbe. Les bons comptes font les bons amis.
IMPR. Bonne feuille. Feuille tirée sur papier définitif, permettant de contrôler si le travail préparatoire est exactement approprié au résultat recherché par l'impression :
25. ... je n'ai épreuve que de 5 placards. Évidemment il y en a un 6ecomposé dont je n'ai pas épreuve, puisqu'on a renvoyé la copie imprimée et que ce placard 5 s'arrête au feuillet 14 de la copie. Demandez-le, je ne l'ai jamais eu, je vous l'ai dit dès le 1erjour. Envoyez-moi promptement la bonne feuille 13. Je donnerai dimanche la matière des 10 dernières feuilles. Il y a un chapitre tout entier en copie nouvelle ajouté avant Véronique. Il ne me faudra plus qu'une seule épreuve en placard, et je donnerai peut-être le bon à tirer dessus. Balzac, Correspondance,1840, p. 207.
MAR. Bon vent. Vent favorable. Vent (...) bon, mais faible (A. France, Clio,1900, p. 181).Bon(-) plein. ,,Bon vent apprécié par rapport aux voiles`` (Le Clère, 1960); au plus près bon plein (J. Galopin, Cours de lang. mar.,Matelotage et technol.,1925, p. 98).
[En parlant d'une pers. jouant un rôle soc., moral, etc.] Bon docteur, bonne ménagère, bonne mère :
26. Et quels sont ces grands-hommes, ces héros du christianisme, qu'on nous propose pour modeles? Pas un homme recommandable par des vertus véritablement sociales, par son dévouement pour la chose publique, par des découvertes utiles, par ces qualités privées qui caractérisent un bon pere, un bon époux, un bon fils, un bon frere, un bon ami, un bon citoyen; ou si par hasard il a une de ces vertus, elles ne sont que l'accessoire de son éloge. Ce qu'on loue en lui, ce sont des austérités, des abstinences, des mortifications, des pratiques pieuses ou plutôt superstitieuses; un grand zele pour la propagation de sa folle doctrine, et un oubli de tout pour suivre sa chimere. Voilà ce qu'on nomme les saints... Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 551.
27. − Nous autres, Juifs, nous ne sommes pas extrêmement adroits de nos mains. Oh! je sais, nous avons de grands musiciens, des virtuoses, de bons joailliers, des tailleurs habiles. Il nous manque je ne sais quoi. Ne dis pas le contraire, Laurent. − Je ne dis pas le contraire. Je pensais que vous avez donné de bons médecins, en grand nombre, et très peu de chirurgiens. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Nuit de la Saint-Jean, 1935, pp. 54-55.
28. ... son futur gendre ferait-il bien son métier? S'il était un bon travailleur, par la vertu de son travail, il serait un bon mari. Car en effet, pour bien travailler, il faut être continent dans ses plaisirs, réglé. La femme en profite, et elle a de l'argent pour tenir son ménage et élever ses enfants. Camille serait-il ce bon travailleur? M. Ligneul ne pouvait qu'en douter. Ce n'était pas comme ça, un travailleur. Un regard plus droit, plus simple. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 76.
SYNT. 1. Bon abbé, chevalier, curé, élève, Français, juge, maître, oncle, ouvrier, prêtre, roi, serviteur, soldat; bons parents. Syntagme figé. Bonne(s) sœur(s). 2. Bon + prép. : a) Bon à + (qqc.) : bon à rien (adj. ou subst.) un touche-à-tout, un bon à rien (Cocteau, Les Parents terribles, 1938, III, 5, p. 285); bon à tout (adj. ou subst.) un honnête bon à tout, un légal propre à rien (Verlaine, Mes hôpitaux, 1891, p. 344); bon à + inf. : bon à lier (cf. R. Queneau, Si tu t'imagines, 1952, p. 41); n'être pas bon à jeter aux chiens. b) Bon en : être bon en. c) Bon pour : bon pour le service (Lefebvre, La Révolution fr., 1963, p. 532).
Proverbe. À bon entendeur salut.
P. anal. [En parlant d'un animal] :
29. S'il n'est pas de bon travail sans bons outils, il n'est pas davantage de chasse agréable sans bons chiens. Ce n'est qu'avec la parfaite collaboration et l'attachante compagnie de ces animaux que l'on peut souscrire à l'opinion de Buffon, selon laquelle « la chasse est le seul délassement sans mélange et sans satiété ». F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois,1945, p. 110.
Proverbes. Bon chien chasse de race (cf. Mauriac, Génitrix, 1923, p. 367); à bon chat bon rat.
Rem. 1. dans le discours, les choses ne sont pas toujours vues exclusivement sous le rapport de leur nature ou sous le rapport de leur fonction, et les deux points de vue se cumulent souvent à propos de la même chose : ainsi, le même syntagme peut se rattacher aux deux points de vue (bon air peut signifier air pur sous le rapport de sa nature et air vivifiant, salutaire sous le rapport de sa fonction). Mais l'un des deux points de vue prédomine gén. sur l'autre : pour les choses abstr., c'est gén. l'aspect de la nature qui prédomine, pour les choses concr., celui de la fonction. 2. Comme le montrent les assoc. paradigm., bon, bonne a, dans ces emplois, un caractère de grande généralité sém., et pourrait, le plus souvent, être remplacé par un adj. plus spécifique. D'où la précarité des démarcations sém., qui, plutôt que des frontières ou des oppos. permanentes, indiquent des dominantes et des effets de sens fréquent. 3. Dans l'usage fam., bon, bonne tend à s'accoler un ou plusieurs adj., perdant ainsi toute signif. précise et ne gardant qu'une valeur affective (cf. infra I A 2) (nuance plus ou moins iron., péj., etc.) : un bon chic de bonne petite vieille ville (Flaubert, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne, 1848, p. 264); un bon gros baiser bien sonore (Renard, Journal, 1905, p. 965); un sacré bon petit ménage du bon Dieu (Claudel, Partage de midi, 1reversion, 1906, p. 1139); une pauvre vieille bonne femme de grand-mère (Péguy, Le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc, 1910, p. 29); la bonne grasse sentimentale héroïque dame (G. Leroux, Rouletabille chez le tsar, 1912, p. 24); les bons petits rhumatismes des familles (Proust, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 969); chère bonne grosse amie, blonde et bleue (Claudel, Poésies diverses, 1952, p. 862).
2. [Bon, bonne exprime une valorisation intensive ou affective]
a) [En parlant d'une chose envisagée du point de vue de sa plénitude, de son accomplissement] (Quasi-) synon. grand, large (ment).Un bon morceau, une bonne part :
30. Elle frotte ses flancs creux contre le flanc d'Arsule. Un bon moment. Un long moment; ... Giono, Regain,1930, p. 146.
31. ... personne, dans ce pays, n'a le souci ni même la conception de l'heure. Celle d'un rendez vous n'a rien de précis dans la mentalité andalouse. Il est tout à fait inutile d'arriver au moment fixé; et même quand on tient compte d'un retard probable et qu'on se présente une demi-heure après, on est à peu près sûr de ne trouver personne et « d'espérer » encore un bon bout de temps. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 118.
SYNT. Bon bout (de chemin, etc.), nombre, quart d'heure; bonne demi-heure, fois (pour toutes), moitié, partie; bonnes minutes. Syntagmes (plus ou moins figés). (Avoir, donner) bon espoir, (de) bon matin, (aller, être en, marcher) bon train; (à) bonne distance, (à la, de) bonne heure.
Rem. S'emploie aussi except. à propos d'animés envisagés dans un ordre de succession. Bon(ne) premier(ière) : arriver bon premier avec un geste de triomphe (A. Daudet, La Petite paroisse, 1895, p. 241), et iron. bon(ne) dernier(ière).
b) [En parlant d'une pers., de son comportement, etc.] Qui est porté à aider les autres, en mettant spontanément en œuvre les moyens matériels ou d'assistance morale susceptibles de favoriser leur épanouissement ou leur bonheur; qui manifeste cette disposition. Bon envers, pour :
32. Si l'on pouvoit parler sur les idées, on laisseroit en paix les personnes; si l'on se croyoit assuré de l'emporter sur les autres par ses talents naturels, on ne chercheroit pas à niveler le parterre sur lequel on veut dominer. Il y a des médiocrités d'âme déguisées en esprit piquant et malicieux, mais la vraie supériorité est rayonnante de bons sentiments comme de hautes pensées. L'habitude des occupations intellectuelles inspire une bienveillance éclairée pour les hommes et pour les choses; ... Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 4, 1810, p. 400.
33. ... elle me chérit comme son père; je suis pour elle un tuteur généreux, un ami compatissant. Elle est d'autant plus attachée à moi, que jusque-là elle n'avait rencontré que des êtres égoïstes et féroces. Elle est bonne, sensible, bienveillante, sans folie, que pourrais-je demander de plus? P. Borel, Champavert,M. de l'Argentière, l'accusateur, 1833, p. 17.
34. Le cœur inoccupé fermente en amertume, Le cœur plein devient bon, indulgent, généreux, Près des êtres hargneux qui de mordre ont coutume Dis-toi : s'ils sont mauvais c'est qu'ils sont malheureux. Amiel, Journal intime,1866, p. 404.
35. ... on s'indignerait d'être un homme, si l'on ne savait pas que l'intérêt de quelques monstres, heureusement bien rares et qui diminuent tous les jours, amène seul ces désastres, et que la grande masse, avec un peu d'instruction, est bonne, charitable, prête à se secourir plutôt qu'à se déchirer. Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 206.
36. ... elle lui faisait ses recommandations dernières auxquelles il répondait tout bas par de petits oui bien soumis, la tête penchée tendrement vers elle, la regardant avec ses bons yeux doux, son air de petit enfant. Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 114.
37. Car aimer son prochain ce n'est pas seulement se donner tout à lui; servir, aider et secourir les autres. Il est possible que vous ne soyez ni bon, ni beau, ni noble au milieu des plus grands sacrifices, et la sœur de charité qui meurt au chevet d'un typhique a peut-être une âme rancunière, petite et misérable. Aimer son prochain dans les profondeurs stables, c'est aimer ce qu'il y a d'éternel dans les autres, car le prochain par excellence c'est ce qui se rapproche le plus de Dieu, c'est-à-dire de ce qu'il y a de pur et de bon dans les hommes; ... Maeterlinck, Le Trésor des humbles,1896, p. 244.
SYNT. Bon prince, seigneur, vieillard, vieux; homme bon; bonne dame, lettre, pensée; femme bonne. Syntagmes (plus ou moins figés). Bon ange, (faire le) bon apôtre, (avoir, de, faire contre mauvaise fortune) bon cœur, bon génie, (avoir, de) bon naturel, bon pasteur; bonne fée, (annoncer la) bonne nouvelle, (faire) bonne œuvre, (porter la, répandre la) bonne parole, bonne vierge. − PARAD. a) (Quasi-)synon. bienfaisant, clément, débonnaire, humain, secourable. b) (Quasi-)anton. inhumain, malfaisant, pervers.
Rem. Pour une raison d'euphonie, bon, bonne précède souvent le subst. qu'il qualifie. Mais dans certains cas, sa position est étroitement liée à son sens. En antéposition, il se rattache au sens I A 1 (un bon médecin = un médecin apte à remplir sa fonction); en postposition, il se rattache au sens I A 2 (un médecin bon = un médecin qui est porté à aider les autres...). D'où la différence sém. entre un bon homme et un homme bon, une bonne femme et une femme bonne, etc. D'où aussi la possibilité pour l'adj. d'être associé, dans l'accept. I A 1 à des subst. sémantiquement opposés à l'accept. I A 2 : un bon homme féroce (G. Sand, Lélia, 1833, p. 144); les bonnes crapules (...) un joli type de Judas (E. et J. de Goncourt, Journal, 1890, p. 1216); quelques bons électrochocs (S. de Beauvoir, Les Mandarins, 1954, p. 272) :
38. M. Godeau, en saluant la Croix du carrefour, pensait qu'il en est ainsi des voleurs, qu'ils ne se traitent pas de « voleurs » comme les honnêtes gens, que ce ne serait pas un outrage pour eux, bien au contraire; que le bien et le mal pour eux s'organisent par rapport à leur état de voleurs; que toutes les vertus qui les font être de mauvais voleurs sont pour eux des vices et que tous les vices qui les font être de bons voleurs sont des vertus éminentes. Jouhandeau, M. Godeau intime,1926, p. 99.
Spéc. [En parlant de Dieu, considéré comme l'Être suprêmement bon] :
39. Oui, reprit brusquement la seconde femme, Dieu est bon, mais il n'est pas bête! et la discussion fut close. Pendant plusieurs minutes après cette repartie j'ai observé la physionomie de celle qui l'avait eue, espérant reconnaître si elle sentait toute la force du mot qu'elle venait de lâcher. Mais ce fut en vain : son expression n'indiquait ni le contentement de l'amour-propre, ni la malice, ni rien de réfléchi. Je crois que cette femme a été conduite machinalement à faire cette phrase par l'antithèse banale des deux mots bon et bête que l'on oppose fort souvent l'un à l'autre dans notre langue. Delécluze, Journal,1826, p. 357.
40. Moi. − Comment savez-vous que Dieu est bon? Lui. − Parce que nous aimons ce qui est bon, et que, si Dieu n'était pas bon, nous ne pourrions pas nous empêcher de le haïr. (...), qu'est-ce que serait une création où la créature ne pourrait pas s'empêcher de haïr son créateur? Ce serait un contresens. La créature aimerait par nature le bon, et le créateur qui l'aurait faite pour remonter à lui et pour l'aimer serait le mal! Vous voyez bien que c'est le monde renversé et les idées brouillées dans la tête. On ne s'y arrête seulement pas, excepté un moment quand on souffre trop, qu'on perd la justice et l'espérance en lui. (...). (...), celui qui est immense en tout n'est-il pas la justice et la bonté immenses par nature? et puisqu'il a mis en nous, qui sortons de lui et qui ne sommes que ses lointaines et obscures images, la justice et la bonté comme des choses que nous aimons malgré nous, n'est-ce pas la preuve qu'il les possède lui-même sans mesure? N'est-ce pas une nécessité qu'il soit infiniment bon, puisqu'il veut être infiniment aimé de tout ce qui sort de ses mains? Voilà du moins comme je me dis quelquefois, quand la vie est dure et que je m'attriste. Lamartine, Le Tailleur de pierre de Saint-Point,1851, p. 427.
Fam. Bon Dieu ou Bondieu :
41. Une de mes amies demandait une fois des prières pour son chien malade; je me moquai d'elle et trouvai sa dévotion mal placée. Aujourd'hui j'en ferais comme elle, (...); ma conscience ne s'offusque pas d'intéresser le bon Dieu à la conservation d'une bête. Y a-t-il rien d'indigne dans ses créatures, et ne peut-on pas lui demander la vie de celles que nous aimons? Je suis portée à le croire et qu'on peut, excepté le mal, tout demander à Dieu, au bon Dieu. Ce nom familier, ce nom populaire de la divinité m'inspire toute sorte de confiance. Il y a loin de là à l'être suprême, ... E. de Guérin, Journal,1838, p. 219.
42. Que voulez-vous, sœur Blanche, chacun se fait de Dieu l'image qu'il peut, (...), il me semble parfois qu'il est moins triste de ne pas croire en Dieu du tout que de croire en un Dieu mécanicien, géomètre et physicien. Les astronomes ont beau faire. Je crois que la création ressemble à une mécanique comme un vrai canard ressemble de loin au canard de Vaucanson. Mais le monde n'est pas une mécanique non plus que le bon Dieu un mécanicien, ni d'ailleurs un maître d'école avec sa férule, ou un juge avec sa balance. Sinon, nous devrions croire qu'au jour du Jugement, le Seigneur prendra conseil de ce qu'on appelle les gens sérieux, pondérés, calculateurs. C'est une idée folle, sœur Blanche! Vous savez bien que cette sorte de gens ont toujours tenu les saints pour des fous, et les saints sont les vrais amis et conseillers de Dieu... Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, 3etabl., 1, p. 1612.
P. méton. Objet qui représente Dieu. ... un petit Christ de plomb (...) un petit bon Dieu (Michelet, Mémorial,1822, p. 186);... fabricants de bondieux (Claudel, Poèmes de guerre,1916, p. 554).
P. iron., péj.
Être bon, bien bon, trop bon :
43. Je suis trop bon aussi; de quoi diable vais-je me mêler? Est-ce qu'il est possible que ces gens-là me comprennent? Je ne leur en veux pas; je dois même chercher à leur faire du bien malgré eux. Ils m'en sauront gré tôt ou tard. Leclercq, L'Esprit de désordre ou Il ne faut pas enfermer le loup,1835, 3, p. 252.
Être bon comme du pain/comme du bon pain :
44. ... il [M. Fourchambault] n'est pas exigeant. Il est si bon (...) bon comme du pain! sa destinée est d'être mangé... E. Augier, Les Fourchambault,1878, p. 60.
Arg. Être bon. Être attrapé, berné. N'être pas bon. N'être pas dupe.
Rem. gramm. 1. Bon, bonne a pour compar. de supériorité meilleur, eure. Le tour plus bon, bonne est incorrect :
45. − Il est bien plus bon quand on le [le thé] boit en société, dit le vieux, avec un accent du tonnerre de Dieu et la grammaire particulière aux Russes. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 186.
Rem. 2. Lorsque l'expr. dans laquelle il entre est entièrement figée, le compar. n'est pas possible, cf. faire le bon apôtre, (elle est) son bon ange, faire une bonne œuvre, etc.
Rem. 3. Pour bonne-maman, bon-papa, voir ces mots.
B.− Emplois exclamatifs ou interjectifs
1. Syntagmes exclamatifs (bon, bonne s'accorde) :
a) [Dans une formule d'appellation]
Mon/ma..., le/la bon(ne) + nom propre :
46. − Ainsi, mon bon, mon cher Jolibois, vous voudrez bien attendre encore quelques semaines. Peut-être la fortune, acharnée après moi, se lassera-t-elle enfin de me poursuivre. Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 21.
47. Amyot est un des noms les plus célèbres de notre vieille littérature; on dit le bon Amyot, sans trop savoir, comme le bon Henri IV, comme le bon La Fontaine. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 4, 1851-62, p. 451.
Mon/ma bon(ne) ami(e) ou p. ell. du subst. (et iron. parfois) mon bon, ma bonne, mes bons :
48. Quant à la pratique de la religion, lorsque sa femme lui reprochait d'être inconséquent dans son abstention comparée à ses paroles, (...) il répondait avec une entière bonne foi, (...) − Que veux-tu, ma bonne, ce diable de commerce!... Verlaine, Louise Leclerq,Pierre Duchâtelet, 1886, p. 103.
49. ... comme les grosses dots qu'ils convoitaient n'étaient qu'au nombre de quatre ou cinq, plusieurs dressaient sourdement leurs batteries pour la même fiancée. Et le secret était si bien gardé que, quand l'un d'eux venant au café disait : « Mes excellents bons, je vous aime trop pour ne pas vous annoncer mes fiançailles avec Mlled'Ambresac », plusieurs exclamations retentissaient, nombre d'entre eux, croyant déjà la chose faite pour eux-mêmes avec elle, ... Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 404.
Pop. Mon bon monsieur, ma bonne dame :
50. − Ah! ma bonne dame, qu'il y a donc longtemps que je n'ai eu le bonheur de vous voir! C'était la mère Fétu. Elle mendiait à la porte de l'église. Barrant le passage à Hélène, comme si elle l'avait guettée, elle continua : − Ah! j'ai été bien malade, toujours là, dans le ventre, vous savez... Maintenant c'est quasiment des coups de marteau... et rien de rien, ma bonne dame... Je n'ai pas osé vous faire dire ça... Que le bon Dieu vous le rende! Zola, Une Page d'amour,1878, p. 920.
b) [Dans une formule de lettre, de souhait, etc.] Souhaiter le bon soir, le bon jour (vx), bonne chance :
51. Comme l'âne allait tourner l'angle d'un trottoir, un beau monsieur ganté, verni, cruellement cravaté et emprisonné dans des habits tout neufs, s'inclina cérémonieusement devant l'humble bête, et lui dit, en ôtant son chapeau : « Je vous la souhaite bonne et heureuse! » puis se retourna vers je ne sais quels camarades avec un air de fatuité, comme pour les prier d'ajouter leur approbation à son contentement. L'âne ne vit pas ce beau plaisant, et continua de courir avec zèle où l'appelait son devoir. Baudelaire, Petits poèmes en prose,Un Plaisant, 1867, p. 20.
52. Maintenant la guerre est finie Et le vieux général est mort Est mort dans son lit Mort de sa belle mort Mais moi je suis vivant et c'est le principal Bonsoir Bonne nuit Bon appétit mon général. Prévert, Paroles,1946, p. 25.
SYNT. (figés). Bon courage, souvenir; bons baisers; bonne année, journée, route, santé, soirée.
c) [Dans des expr. fam. ou des jurons] Bon débarras! bonne mère! :
53. − Ah! bah! bah! bah! Vous savez bien que pour vingt mille de plus vous feriez la bonne affaire. − Faudrait que je trouve crédit jusqu'en novembre prochain, jusqu'à la vente de mes bêtes. − Vous en avez pas besoin! Bon diou de bon diou! Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 204.
54. ... il la sentait autour de lui. Il s'endormait avec elle. Il en rêvait dormant comme éveillé. Bon sang de bon sort, est-ce qu'il se sentait déjà vieillir, qu'il éprouvait comme ça cet échec? Au fait quel échec? Il ne lui avait rien demandé, à cette fille. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 282.
SYNT. (figés). Bon dieu ou bondieu (bon dieu de bondieu, bondieu de bois, sacré bon dieu, cré bon dieu; bon dious) ou dieu bon, bon sang, (bon sang de sort, bon sang de bonsoir).
Rem. Sur l'emploi du compar. cf. supra rem. gramm.
2. Emplois interjectifs (bon est invar.)
a) Bon! (marque l'approbation, le mécontentement, la fin d'une discussion, etc.), ah bon! (marque l'étonnement, l'incrédulité, l'ironie, etc.), c'est bon! (marque la satisfaction, l'agacement, etc.) :
55. − Ça va, c'est bon, intervint la mère, sentant que la dispute tournait à l'aigre, ... Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 214.
56. Je lui ai retracé ce que déjà je lui avais raconté : Raymond, la plage, le bain, la querelle, encore la plage, la petite source, le soleil et les cinq coups de revolver. À chaque phrase il disait : « Bien, bien. » Quand je suis arrivé au corps étendu, il a approuvé en disant : « Bon. » Camus, L'Étranger,1942, p. 1172.
Rem. 1. Bon! a pour équivalent synon., dans la lang. pop., bono! (cf. Courteline, Le Train de 8 h 47, 1888, p. 47). 2. Bon s'emploie aussi par écrit comme marque d'approbation à un travail satisfaisant :
57. Quand la somme ainsi offerte par eux est suffisante, le contrôleur général écrit en marge de l'état de répartition : bon, témoigner satisfaction; mais quand elle est considérable, il écrit : bon, témoigner satisfaction et sensibilité. Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution,1856, p. 136.
b) À quoi bon (exprime le découragement) :
58. Ces rangées de vieilles reliures me paraissent agréables à voir, mais en déplaçant tous ces bouquins et en les replaçant sur d'autres rayons, j'ai entendu résonner à cette oreille intérieure que nous avons tous l'éternel : « À quoi bon? » qui a assombri une partie de ma jeunesse. À quoi bon puisque rien ne dure? À quoi bon puisqu'on va mourir? C'est cette question posée sans cesse qui parfois nous oriente vers l'absolu; et peut-être nous vient-elle de Dieu. Green, Journal,1947, p. 129.
Rem. S'emploie en tournure substantive une crise d'indifférence, un sentiment de l'à quoi bon (Zola, Correspondance, 1902, p. 708).
II.− Emplois adv.
A.− Loc. adv.
Pour de bon. Vraiment. ... moitié en badinant et moitié pour de bon (Verlaine, Souvenirs et fantaisies,1896, p. 274).
Rem. 1. Fam. selon Colin 1971. 2. Except. utilisé comme équivalent d'un subst. ... une vraie, (...) une pour de bon (Queneau, Pierrot mon ami, 1942, p. 25).
Tout de bon même sens, avec une nuance d'iron. parfois; cf. Larbaud, A. O. Barnabooth, 1913, p. 295).
B.− Loc. verbales (gén. à la tournure impersonnelle, avec une valeur adv.) :
59. Le meilleur est de s'accoutumer à procéder méthodiquement et à s'attacher à un train de pensées dont la raison et non le hasard, c'est-à-dire les impressions insensibles et casuelles, fassent la liaison? Pour cela il est bon de s'accoutumer à se recueillir de temps en temps et à s'élever au-dessus du tumulte présent des impressions sensibles : à sortir pour ainsi dire de la place où l'on est, à se demander : Dic cur hoc, respice finem, etc. À défaut d'un officier chargé de nous avertir comme celui de Philippe, il est bon que nous soyons stylés à nous rendre cet office nous-mêmes... etc... Maine de Biran, Journal,1816, p. 143.
60. Tel qui souffre mais tient bon, soudain défaille si on se met à le plaindre. Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 317.
61. Elles font le lit, rangent sur les planches et dans les tiroirs de l'armoire le linge de la fiancée, marqué à son chiffre, qui sent bon et sain la lavande, un parfum du jardin. Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 29.
62. Respirer une fleur, c'est bon! Mais combien meilleur de respirer la vie, et cela par les narines, qui nous empêche de mourir! Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 194.
SYNT. a) Faire bon (chaud), etc.; b) Si bon me semble; c) Loc. verbales + de et inf. ou que et subj. croire bon... juger bon...; il est, paraît, semble bon...
III.− Emploi subst., bon, bonne.
A.− Masc. sing. invar. avec une valeur de neutre
1. [En constr. partitive]
a) [Après pron. neutre] de bon (quelque chose de bon, rien de bon, tout ce qu'il y a de bon, etc.) :
63. Ce conseil des évêques, assemblé par l'artificieux roi de Jérusalem, me trouble, je l'avoue; et rien de bon, de favorable, ne me paroît devoir être le fruit des propositions de Lusignan; ... MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 122.
64. Je ne t'avais vendu que mon corps sur le lit, maintenant je te donne tout ce que j'ai de bon, tout ce que j'ai de pur, de sincère et de passionné, toute mon âme qui est vierge, Démétrios, songes-y! Louÿs, Aphrodite,1896, p. 199.
b) [Après un verbe comme avoir, être...] du bon (avoir du bon, etc.) :
65. ... parmi nous, de même que parmi eux, il y a du bon et du mauvais : vois les arbres des forêts, sont-ils tous également élevés? Non; les tiges du maïs également fortes et grenues? Non : il en est de même parmi les hommes : ... Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 1, 1801, p. 106.
66. Et je me dis parfois qu'un mauvais mariage a du bon. Il laisse la vie ouverte; tout reste possible et l'on peut tout espérer. A. France, Au Petit bonheur,1898, p. 66.
P. méton., fam. Marchandise de bonne qualité :
67. C'est aujourd'hui les fiançailles; je n'ai garde d'y manquer. C'est moi qui ai fait le trousseau; il faut voir cela : tout par douzaine, du bon, du beau; le papa n'a rien épargné. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 5, 1814, p. 74.
IMPRIM. Synon. avantage, bénéfice(cf. E. Chautard, Gloss. typogr., 1937, p. 56).S'emploie aussi précédé de l'article défini et absolument.... se partager le bon (...), les amendes (C. Moisand, Physiol. de l'imprimeur,1842, p. 74).Semble s'utiliser aussi dans la lang. pop., arg. : y a du bon (Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, p. 66).
c) Le bon de (qqc.). Ce qu'il y a d'intéressant, d'utile, etc. dans quelque chose :
68. Je voudrais qu'on ne montrât aux petits que le doux et le bon de la vie, jusqu'au moment où la raison peut les aider à accepter ou à combattre le mauvais. G. Sand, Correspondance,t. 5, 1812-76, p. 308.
69. ... tu né mé refuseras pas ça dé passer cette dernière journée avec moi, au bon de l'air, au bon soleil dé notre Provence. J. Lorrain, Sensations et souvenirs,1895, p. 54.
2. Absol. Le bon. Ce qui est bon, système de valeurs morales propre à une société donnée ou ensemble de valeurs morales généralement considérées comme positives, favorables au développement harmonieux de l'homme :
70. Lorsqu'on examine les motifs dont l'impression efficace tire l'homme du repos ou de l'incertitude, on s'assure qu'il n'en existe que deux : le motif du devoir et celui de la passion. Ou bien l'homme se décide par une vue du vrai, du bon, du convenable, ou bien il se décide par l'entraînement d'une satisfaction personnelle indépendante de toute idée d'ordre. La question seulement est de savoir qui le décidera de l'un ou de l'autre motif. Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 191.
71. Si le cœur est pur; s'il aime le beau, le bien, le bon, le grand, la vie, le divin, cet amour lui donne des yeux illuminés pour voir et savoir ce que c'est que le ciel... Dupanloup, Journal intime,1869, p. 313.
Spéc. Dieu, principe de tout ce qui est bon :
72. Platon croyait-il que le monde était l'œuvre du hasard, et que le monde était gouverné par le hasard! Ne croyait-il pas, au contraire, à un ordre nécessaire et en même temps divin? Ses arguments en faveur de l'immortalité ne sont-ils pas pris dans une conception générale de ce genre? Il part de l'être et de la nécessité de l'être, sans doute; mais l'être, pour lui, c'est, avant tout, Dieu, c'est-à-dire le beau, le bon, le sage par excellence, l'être un et infiniment intelligent, infiniment bon, infiniment puissant. P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 385.
B.− Subst. variable
1. Subst. masc., IMPRIM. (Donner, mettre son) bon à tirer. Donner son accord définitif pour l'impression d'une épreuve en inscrivant sur elle la mention [cela est] bon à tirer :
73. L'épreuve corrigée est remise au compositeur qui exécute les corrections sur plomb. Il en tire ensuite une deuxième épreuve qui sera envoyée à l'auteur. Après l'avoir lue et annotée, celui-ci y inscrit la mention « Bon à tirer » à moins qu'il ne désire en recevoir une autre si la première épreuve était trop chargée de corrections. Le texte imprimé du livre devra être strictement conforme à ce bon à tirer. La Civilisation écrite,1939, p. 1014.
P. méton. Bon à tirer. Épreuve prête pour l'impression définitive :
74. Épreuves. − Premier tirage d'un texte avant l'impression définitive. La dernière épreuve est dite bon à tirer ou épreuve d'auteur. G. et H. Coston, L'A. B. C. du journ.,1952, p. 194.
2. Subst. masc. ou fém., gén. au plur.
a) Personne bonne, correspondant à un certain code de valeurs morales :
75. La vieille littérature hébraïque n'offre guère d'autre catégorie d'hommes que le bon et le méchant; et dans la littérature indienne, c'est à peine si cette catégorie existe. Tous sont présentés comme à peu près également bons. Nos types si délicats ne se dessinent que bien plus tard. Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 407.
b) Chose bonne, valable :
76. ... si l'on ne considère dans les gouvernements que les principes sur lesquels ils sont fondés, sans s'embarrasser s'ils y conforment ou non leur conduite, il faudrait pour ranger un gouvernement dans la classe des bons ou des mauvais, prononcer sur le mérite et la justesse des principes, et décider quels sont ceux qui sont vrais ou faux. Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 11.
3. Subst. fém., p. ell., fam. ou arg.
En avoir/dire (etc.) de bonnes/de bien bonnes (pour : de bonnes histoires) :
77. Oh! J'en ai fait, j'en ai fait des farces, dans mon existence. Et on m'en a fait aussi, morbleu! et de bien bonnes. Oui, j'en ai fait, de désopilantes et de terribles. Une de mes victimes est morte des suites. Ce ne fut une perte pour personne. Je dirai cela un jour; mais j'aurai grand mal à le faire avec retenue, car ma farce n'était pas convenable, mais pas du tout, pas du tout. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Farce, 1883, p. 1278.
78. − Vous ne direz pas cela, Justin? demanda Renée, qui était devenue pâle. Irrité, Justin se tourna vers elle : − Plaît-il? − Je dis que vous ne pouvez ainsi abandonner Gilbert. − Vous en avez de bonnes! − Je vous en prie, mon père, laissez-moi parler. − Est-ce moi qui l'abandonne, ou lui qui nous rejette? Renée, vous parlez comme une enfant. Arland, L'Ordre,1929, p. 270.
Avoir à la bonne. Avoir de la sympathie pour :
79. Je l'aime bien Slick, je l'ai à la bonne, parce qu'il est fort et qu'il ne pense pas. Sartre, Les Mains sales,1948, 4e tabl., 6, p. 166.
Être en bonne (J. de La Varende, Cadoudal, 1952, p. 197) Être de bonne humeur. Être dans ses bonnes (Balzac, Un Prince de la Bohême, 1840, p. 370). Être de bonne humeur.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bɔ ̃], fém. [bɔn]. Fouché Prononc. 1959, p. 436 signale qu'en cas de liaison la voyelle nasale devient orale dans l'adj. bon ex. : ,,un bon élève [bɔnelε:v], un bon ami [bɔnami], etc.``; cf. le composé bonhomme [bɔnɔm] et son dér. bonhomie [bɔnɔmi]. Cf. aussi Gramm. Prononc. 1958, p. 134 et Kamm. 1964, p. 236 (cf. encore Fél. 1851 et Littré). Enq. : /bõ, bon/. 2. Homon. et homogr. bon2, bond. 3. Forme graph. Nouv. Lar. ill. et Lar. encyclop. mentionnent la forme bono, pop., pour bon, bien, empruntée au sabir d'Afrique.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Adj. 1. notion de convenance a) 881 « (d'une pers.) qui a les qualités convenables à sa nature » (Eulalie, 1 dans A. Henry, Chrestomathie de la litt. en a. fr., Berne, 1953 : Buona pulcella fuit Eulalia); b) xies. « (id.) qui remplit bien ses obligations » (Alexis, éd. G. Paris, Paris, 1933, p. 340); c) xies. « (d'une chose) qui est de bonne qualité, qui mérite l'estime » (Ibid., p. 611); cf. ca 1100 bons escuz (Roland, éd. Bédier, Paris, 1937, 1262) d'où 1130-60 bon à + inf. (Couronnement Louis, 2073 dans T.-L.); av. 1250 bon pour + inf. (G. le Clerc, Joies N.D., B.N. 19525, fo91 vodans Gdf. Compl.); 1259 boenne foi (A.N. JJ 34, fo30 rodans Gdf. Compl.); 1270 buon sens (A.N. K 33, pièce 19, ibid.); 1282 boien gré (Champ., A. S.-et-O., ibid.); ca 1300 bone volonté (Ronc., p. 198 dans Littré); d) 1172-75 « (d'une chose) agréable » (Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, Vat. Chr. 1725, fo21c, ibid.); e) fin xiies.-début xiiies. « qui correspond aux enseignements de la morale » (Guiot de Provins, Bible, 25, ibid.); 2. notion de bonté a) 2emoitié xes. « (d'une pers.) qui fait le bien » (St Léger, 39-40 dans A. Henry, op. cit., p. 10); d'où av. 1544 qualifie un brave homme (Cl. Marot, Complainctes, p. 515 dans Gdf. Compl.); b) xies. « (d'une chose) qui est inspiré par la bonté » (Ep. de S. Est., 1d, ibid. : Par benne entencium); 3. p. ext. notion d'intensité a) ca 1195 « qui atteint largement la mesure exprimée » (Ambroise, Guerre sainte, 7207 dans T.-L.); b) av. 1664 « violent, fort » (D'Ablancourt dans Rich. 1680 : Un bon coup de poing); c) xives. « définitif » une bonne foiz (St Grégoire, octosyllabes, ms. Evreux fr. 8, éd. A. de Montaiglon dans Romania, t. 8, p. 530). II.− Subst. 1. 1130-60 « ce qui fait plaisir, ce que l'on désire » (Couronnement Louis, 1316 dans T.-L.), surtout dans le syntagme fere (+ datif) ses buens, ses bons (Erec et Enide, 523, ibid.); 1576 « ce qui est bon, la bonne partie » (J. A. de Baïf, Mimes, l. 1, fo20 vodans Gdf. Compl.); av. 1695 avoir du bon (La Font., Berc. dans Littré); 2. ca 1225 « personne qui est bonne » (Moniot d'Arras (?) dans Les Chansons Chartelain de Couci, éd. A. Leroud, XXI, 30). III.− Adverbe ca 1165-70 bon « de bonne manière » (B. de Ste-Maure, Troie, 12937 dans T.-L.); 1539 sentir bon (Est.); 1601 tenir bon (Charron, Sag., liv. 3, ch. 14, p. 662 dans Gdf. Compl.); 1852 bono « bien, bon » arg. soldats d'Afrique (d'apr. Esn.); 1863 (A. Camus, Les Bohèmes du chapeau, I, p. 221 dans Sain. Lang. par., p. 161). I du lat. class. bonus. II emploi substantivé de I. III emploi adv. de I; bono d'apr. l'ital. buono.