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BLUFFER, verbe intrans. et trans.
Familier
I.− Emploi intrans.
A.− Emploi abs.
1. JEUX (au poker). Majorer son jeu pour inciter l'adversaire à surenchérir (et éventuellement perdre) :
1. ... c'était un joueur de poker habitué à bluffer, ou bien un homme très simple, ... A. David, La Cybernétique et l'humain,1965, p. 48.
2. P. ext. Adopter dans ses propos ou dans ses actes une attitude résolue et brave en feignant l'assurance. Synon. fanfaronner, parader, se vanter :
2. ... l'Allemagne, prend des mines menaçantes, − sans autre but, peut-être, que de paralyser l'action russe et l'intervention conciliatrice des puissances. Comme au poker : ceux qui blufferont le mieux, le plus longtemps, gagneront (...) seulement, comme au poker, personne ne connaît les cartes du voisin. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 359.
3. Négocier n'est pas mon affaire, bluffer non plus, je n'entends rien à ce jeu-là (...) Je m'énerve, je m'irrite, et surtout je m'ennuie et montre à l'adversaire le fond de mon sac pour en avoir plus vite fini et reprendre le débat avec moi-même. Mauriac, Le Nouveau Bloc-notes,1961, p. 350.
B.− Bluffer + prép.
1. Emploi fig. Bluffer avec + subst. abstr.Le pouvoir de jouer et bluffer avec les apparences (Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 27).
2. Bluffer sur + subst. abstr.Rien de niais comme un homme qui bluffe sur ses chances de vivre (J. et J. Tharaud, Dingley, l'illustre écrivain,1906, p. 137).
II.− Emploi trans.
A.− [Suj. et compl. désignent des pers.] Tromper, leurrer quelqu'un par des apparences ou de fausses promesses; faire croire à l'exactitude, voire à la supériorité de ce que l'on dit ou fait. Synon. abuser :
4. L'humour est un masque pour cacher le malheur et surtout pour cacher ce cynisme profond que la vie fait naître en tous les hommes. Nous essayons de bluffer Dieu. C'est ce qu'on appelle la politesse. Maurois, Mes songes que voici,1933, p. 153.
5. D'abord, il faut parler, c'est urgent; ensuite, les événements vous donnent raison ou tort. « C'est justement ce qu'on appelle bluffer, se dit-il avec déplaisir. Moi aussi, je bluffe mes lecteurs. » Il s'était promis de dire aux gens des choses qui les éclaireraient, qui les aideraient à penser, des choses vraies, et maintenant il bluffait. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 131.
B.− Emploi pronom., rare. Se bluffer.Se tromper, s'abuser :
6. Vivons sur ce qui est, non sur ce qu'il serait beau qui fût. Nous savons ce que nous pouvons demander à nos capacités dans le jeu, et ne cherchons pas à nous bluffer là-dessus. De même contentons-nous de nos sentiments réels, sans y mettre de trompe-l'œil. Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 374.
Rem. Emploi attesté dans Lar. encyclop.
Prononc. ET ORTH. : [blœfe]. Pour la prononc. de la 1resyll., cf. bluff. Les dict. gén. écrivent bluffer, bluffeur. On trouve la graph. bloffer dans Ch. Virmaître, Dict. d'arg. fin-de-siècle, Suppl., 1899, p. 47; G. d'Esparbès, La Légion étrangère, 1901, p. 130 et Id., La Légende de l'outil, 1902, p. 138; A. Bruant, Dict. fr.-arg., 1905, p. 279. Pour la forme bloffeur, cf. Ch. Virmaître, op. cit.
Étymol. ET HIST. − 1. 1884 jeux (Laun, Petit Tr. du Jeu de Poker, p. 14 dans Bonn.); 2. p. ext. « en imposer à qqn par une attitude fanfaronne qui fait illusion sur le véritable état de la situation » (Bourget, Outre-mer, I, 125, ibid.). Le mot est au sens 1 empr. à l'angl. [to] bluff, attesté comme terme de jeu de poker dep. 1864 (Sala dans NED), emploi venu de l'anglo-amér. où il est attesté (construit avec la prép. off) dep. 1845 (S. Smith dans DAE); le sens « faire illusion » est aussi attesté en anglo-amér. avec la même construction dep. 1839, 18 mai (Observer & Repub., Louisville, Ky, ibid.); d'où le sens 2 du fr. attesté pour la 1refois dans un cont. américain. L'anglo-amér. est empr. par l'intermédiaire des émigrants holl., au néerl. (FEW t. 18, p. 284).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 38.
BBG. − Behrens Engl. 1927, p. 211. − Bonn. 1920, p. 11. − Guiraud (P.). Le Ch. morpho -sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, no1, p. 108.