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BIEN2, adj. inv.
I.− Emplois discursifs. Qui correspond exactement à certains critères d'appréciation individuels ou collectifs.
A.− [Sous le rapport de l'esthétique, de l'intellect; en parlant d'une chose ou d'une pers. avec une notat. fam.] Digne d'admiration :
1. À Constantinople, les femmes sont voilées du yachmac et enveloppées du feredjé (manteau) de couleur claire, ce qui est bien et de bon effet parmi les foules... Du Camp, Le Nil,1854, p. 42.
2. − Vous aviez raison, ma chère, comme il est bien, cet affreux homme! − murmura une provinciale à l'oreille de sa voisine. (...) Il était très bien, en vérité, le jeune chef du parti socialiste; grand et dégagé, la taille élégamment prise dans une redingote aux revers de soie, le front rejeté en arrière sous la couronne des cheveux noirs, négligemment bouclés; un large front tout rayonnant de pensée, foyer où l'on sentait couver la flamme qui jaillissait des beaux yeux, ardents et doux. De Vogüe, Les Morts qui parlent,1899, p. 3.
SYNT. Une fille bien; être bien physiquement, être bien de sa personne, faire bien (= faire joli). − PARAD. a) (Quasi-) synon. admirable, agréable, bien fait, estimable, gracieux, judicieux, logique, pas mal, remarquable. b) (Quasi-)anton. abominable, absurde, désagréable, détestable, erroné, exécrable, faux, illogique, inexact, laid, médiocre, ridicule, vilain.
B.− [Sous le rapport de la morale]
1. [En parlant d'une pers.] Fam.
a) Digne d'estime pour ses qualités, ses vertus :
3. − (...) « M. Quillard nous a dit : « C'est un grand, qui paraissait sérieux; il trompait bien son monde! La mère aussi avait l'air d'être bien. » − « Oh, la mère... », interrompit M. Thibault. « Des gens impossibles, malgré leurs airs dignes! » − « On sait de reste », insinua l'abbé, « ce que cache la rigidité des protestants! » R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Cahier gris, 1922, p. 585.
SYNT. Bien sous tous rapports; des gens bien : ... des gens plutôt... bien (...) hommes intègres (Bernstein, Le Secret, 1913, p. 4); quelqu'un de bien : ... quelqu'un de très bien (...) de tout à fait comme il fallait (Gide, Thésée, 1946, p. 1416). − PARAD. a) (Quasi-)synon. décent, édifiant, exemplaire, honorable, juste, louable, méritoire, moral, sage. b) (Quasi-)anton. bas, ignoble, inconvenant, indigne, infâme, injuste, malhonnête, méprisable, scandaleux, vil.
b) P. ext. Digne de considération pour son appartenance à la haute société (censée représenter les plus importantes valeurs collectives) :
4. 1940. − Monsieur diplômé, cinquantaine, bon, délicat et désintéressé, rêvant tendresse, recherche en vue mariage jeune personne préfér. moins vingt-trois ans, bien, distinguée, bien éduquée, instruite, tendre, dévouée, conduite irréprochable, très jolie, bonne ménagère, paraissant simple, mais vraiment séduisante, avec dot minimum 500.000 et espér. possible. Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 925.
PARAD. a) (Quasi-)synon. choisi, convenable, noble, recherché, select. b) (Quasi-)anton. commun, ordinaire, peuple, populaire, vulgaire.
2. [En parlant d'une chose] :
5. ... le cuisinier faisait bouillir pour le déjeuner un nombre raisonnable de casseroles luisantes. Tout cela est bien, a un bon air, sent son honnête vie de château, sa paresseuse et intelligente existence d'homme bien né. Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 180.
Expr. Ce n'est pas bien, il est bien de / que; faire bien : ... était distingué (...) visait à être bon genre (...) faisait bien (...) semblait chic Elle avait appris à connaître au bois quelques filles pour les nommer : cela faisait bien. (E. et J. de Goncourt, Renée Mauperin,1864, p. 173);(faire) qqc. de bien : Pourquoi ferais-je quelque chose de bien, puisque ce ne sera reconnu par personne ? C' est ainsi qu' on a corrompu et flétri tout ce qu' il y avait de bon et de fleurissant en moi! (Montherlant, Malatesta,1946, II, 5, p. 477).
C.− [Sous le rapport des relations sociales, interpersonnelles; en parlant d'une pers.] Fam. D'un comportement agréable, favorable à autrui :
6. ... bien vivre avec ses semblables est un hasard pour la plupart des hommes, tandis que ce devroit être un objet d'étude. On est mal, on est bien avec eux, selon qu'on sait ou ne sait pas se maintenir en harmonie avec leurs sentiments. Ces lois de l'harmonie sociale, il faut les chercher dans nous-mêmes, car les rapports de nous avec nous-mêmes ne sont pas moins variés, pas moins nombreux que les rapports de nous à autrui; nous sommes à nous-mêmes bonne ou mauvaise compagnie, selon que nous savons vivre bien ou mal avec la société de l'intérieur de notre être. Bonstetten, L'Homme du Midi et l'homme du Nord,1824, p. 192.
PARAD. a) (Quasi-)synon. affable, aimable, amical, courtois, gentil. b) (Quasi-)anton. grossier, haïssable, hostile, inamical, méchant, odieux, rude.
Expr. Être/rester bien en cour Des dames qui veulent rester bien en cour viennent au bal sans bouquet : la reine déteste l' odeur des fleurs, (About, La Grèce contemporaine,1854, p. 374);être bien pour : ... (être) parfait (...) se montrer (...) bien (...) pour (Balzac, Les Secrets de la princesse de Cadignan,1839, p. 343);rester bien avec tout le monde le petit docteur Epeautre, qui en savait long, mais voulait rester bien avec tout le monde, opinait de la tête, (Daniel-Rops, Mort où est ta victoire?1934, p. 8);c'est (très) bien à vous de...
Spéc. Être bien ensemble, être bien avec. Être en relations amoureuses :
7. ... on dit « (...) que, sans sa femme (...) » On dit je ne sais quoi de sa femme (...). Les gens de la maison ont l'air de l'éviter un peu (...). « Vous dites donc qu'elle est bien avec l'adjoint? − Oui, oui, au mieux! » J. Vallès, Jacques Vingtras,L'Enfant, 1879, p. 8.
D.− [Sous le rapport de l'accomplissement d'une fonction] Qui remplit correctement son rôle.
1. [En parlant d'une pers.] Fam. :
8. Quant aux hommes, ils furent tout à fait bien. Fauchery et Daguenet, très froids, ne reconnurent personne. Zola, Nana,1880, p. 1251.
PARAD. a) (Quasi-)synon. adroit, habile, satisfaisant. b) (Quasi-)anton. gauche, maladroit.
P. ext. [En parlant d'une pers. p. réf. à son état] Qui se trouve en des conditions physiques ou morales propres à apporter toute satisfaction :
9. Ces existences pleines d'ordre font plaisir à voir. Auprès d'elles on se sent à l'aise, particulièrement quand, à leur vertu caractéristique, s'ajoute un charme, celui de la sympathie. Ubi bene, ibi patria. Où l'on est bien, on se sent chez soi; et où l'on se sent désiré, l'on est bien. Amiel, Journal intime,1866, p. 96.
10. − (...) Vers le soir, voilà que j'ai des bourdonnements d'oreille à présent − la tête lourde, comprenez-vous? En somme, je ne suis pas très bien, pas à mon aise, pas tout à fait dans mon état normal. Bernanos, L'imposture,1927, p. 483.
Expr. Il est bien partout où il n'est pas (= il n'est bien nulle part).
Spéc., arg. N'être pas bien. Avoir l'esprit dérangé. ... T'es pas bien? (...) t'es cinglé? (A. Le Breton, Razzia sur la Chnouf,1954, p. 134).
Par antiphrase. Nous voilà bien! (= nous voilà dans une fâcheuse posture) :
11. − Nous v'là bien! Ils se contemplèrent, hagards. − Fichu malagauche, dit Croquebol, comment diable qu't'as fait ton compte? − Eh! je l'sais t'y! gémit l'infortuné. Ah misère! Pourriture de sort; ça d'vait finir comme ça, vois-tu, nous avions eu trop de malheur! (...) par-dessus le marché, à ce moment ici, y faut qu'j'aye pardu les biftons! Tu crois que c'est pas de la déveine, ça! Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, p. 192.
2. [En parlant d'une chose] :
12. − C'est bien en mains, dit Tulacque en maniant l'objet. Mais oui. C'est pas si mal compris que ça. Plus équilibré que la hachette réglementaire. C'est épatant pour tout dire. Tiens, essaye voir... hein? Rends-la-moi. J'la garde. Ça m'servira bien, tu voiras... Barbusse, Le Feu,1916, p. 16.
PARAD. a) (Quasi-)synon. adapté, approprié, avantageux, convenable, favorable, utile. b) (Quasi-)anton. défavorable, désavantageux, inutile, malaisé, malencontreux, néfaste.
Expr. Rien de bien : Depuis, à son sens, elle ne fait rien de bien (Giono, Colline,1929, p. 19).
Proverbe. Tout est bien qui finit bien « tout est bien qui finit bien » , dit-il, et c' était du fond du cœur ;(Mauriac, Thérèse Desqueyroux,1927, p. 178).
II.− Emplois interjectifs. C'est bien! C'est fort bien! C'est très bien! marque l'approbation, parfois avec une nuance iron. :
13. petypon, à Mongicourt. − (...) Enfin! (À Étienne qui, près de lui et tout souriant, approuve de la tête ce qu'il dit.) Eh! ben, c'est bien, allez! Feydeau, La Dame de chez Maxim's,1914, I, 1, p. 6.
Rem. Bien s'emploie avec ell. du verbe dans des formules écrites d'appréciation scolaire : bien, assez bien, très bien.
PRONONC. : [bjε ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. A.− Adv. de manière 1. a) xes. « de manière satisfaisante » (Passion, éd. Avalle, 22); b) mil. xies. « à juste titre, d'une manière justifiée » (St Alexis, éd. G. Paris, 545); 2. exprimant un degré d'intensité, empl. avec un verbe, xes. (La Passion, op. cit., 124); avec un adj., mil. xies. (St. Alexis, op. cit., 212); avec un numéral, 1174 (G. de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. Hippeau, 4446 dans T.-L.); 3. renforçant une affirmation, fin xes. (St Leger, 77 dans Gdf. Compl.). B.− Conj. concessive 1164 (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. Foerster, 4018 dans T.-L. : Et bien vos poist); loc. conj. marquant la concession, xives. (St Grégoire Le Grand, éd. A. de Montaiglon, 1428, ibid. : Et bien qu'il fust de grant puissance). C.− Adj. 1271 (Est. Boileau, Livre des Mestiers, 1rep., I, 1 dans Gdf. Compl. :) Du lat. bene, adv., empl. couramment dès Plaute pour modifier un verbe, un adj., un adv. (TLL s.v.).
STAT. − Bien, adv. et adj. Fréq. abs. littér. : 189 361. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 247 733, b) 289 795; xxes. : a) 266 641, b) 278 314.