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BERCEAU, subst. masc.
I.−
A.− Usuel. Petit lit, le plus souvent de forme arrondie ou ovale et muni de rideaux, où l'on peut balancer légèrement les enfants nouveau-nés pour les endormir. Berceau d'un enfant; berceau d'osier; dormir dans son berceau; joli, petit berceau; berceau vide. Synon. bercelonnette, couche moïse; anton. bière, cercueil :
1. Jacqueline jouait sans bruit dans leur ombre fauve qui grimpait lentement contre les façades de l'est. Un bébé dormait en son berceau paysan, de châtaignier brun, menuisé sur le domaine, avec des arceaux pour les rideaux et des planchettes courbes pour le bercement. Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 197.
P. ext. au XXes. Tout lit d'enfant, stable (cf. Bél. 1957, Lar. encyclop.).
Rem. Attesté dans les dict. gén. à partir de Ac. 1835.
SYNT. (le plus souvent liés à l'activité maternelle ou paternelle). Remettre un enfant dans son berceau, s'asseoir auprès du berceau, s'approcher du berceau, balancer, donner le branle au berceau.
P. métaph., parfois avec réf. au sens fig. du verbe bercer. Emporter un enfant dans le berceau de ses bras (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 208):
2. Je suis un berceau Qu'une main balance Au creux d'un caveau : ... Verlaine, Sagesse,1881, p. 254.
3. L'œuvre qui n'était qu'une répétition sans portée d'une condition stérile, une exaltation clairvoyante du périssable, devient ici un berceau d'illusions. Elle explique, elle donne une forme à l'espoir. Camus, Le Mythe de Sisyphe,1942, p. 183.
P. méton., littér. Enfant au berceau, naissance d'un enfant. Le chant gai des berceaux éveillés (E. et J. de Goncourt, Sœur Philomène,1861, p. 9):
4. ... le jeune ménage irait faire son établissement dans cette ville aussitôt après la noce, regagnerait ensuite la Bourdette. La tante comptait bien qu'au bout de cette année, un berceau viendrait se mettre en travers des projets africains. De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 427.
B.− Emplois fig.
1. [P. réf. à l'espace] Lieu de naissance d'une personne, ou plus généralement d'une collectivité ou d'un fait intéressant une collectivité. Berceau d'une famille, de l'humanité, d'une civilisation :
5. ... mais il aimait d'y revenir. Il méditait de s'y faire construire une sépulture. Lui qui semblait ne s'intéresser qu'à soi-même, il s'intéressait encore à ce berceau de sa tribu. Pour tous les Pasquier de Paris, ce Nesles demeurait donc la campagne par excellence, ... G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 131.
2. [P. réf. au temps]
a) Âge ou période où l'enfant est couché au berceau; prime enfance, bas-âge. Dès le berceau, au sortir du berceau, du berceau à la tombe :
6. − « Chasle? Il est en pleine forme! Il tient un bazar d'inventions, rue des Pyramides... Une vocation qu'il avait depuis le berceau, prétend-il... Et, ma foi, il semble ne pas trop mal réussir... R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 150.
P. anal. [En parlant d'une chose] Origine :
7. ... nulle pièce ne se réchappe de n'avoir pas eu à son berceau un retentissement scandaleux... Péguy, Clio,1914, p. 92.
b) Au berceau.
[En parlant d'une pers.] Très jeune. Prendre qqn au berceau.
Péj., fam. Peu évolué :
8. Gendron hésita [à ses amis] : − Non dit-il, je vous quitte. − Dégonfleur! (...) − T'es encore au berceau? P. Vialar, L'Éperon d'argent,1952, p. 227.
[En parlant d'une chose] À ses origines. Étouffer un sentiment au berceau; une science au berceau :
9. christian, même jeu. L'amour grandit bercé dans mon âme inquiète... Que ce... cruel marmot prit pour... barcelonnette! roxane, s'avançant sur le balcon. C'est mieux! − Mais, puisqu'il est cruel, vous fûtes sot De ne pas, cet amour, l'étouffer au berceau! E. Rostand, Cyrano de Bergerac,1898, III, 6, p. 127.
Proverbe. Il faut étouffer le monstre au berceau. Il faut remédier au mal dès qu'il apparaît.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. à partir de Ac. 1835.
II.− Emplois spéc.
A.− [P. anal. de forme avec le berceau d'un enfant]
1. Usuel, HORTIC. Voûte de feuillage couvrant une allée, une tonnelle, et obtenue le plus souvent à l'aide d'un treillage métallique en forme d'arcs en plein cintre. Allée en berceau, berceau de verdure, de vigne, etc.; arbres formant berceau. Synon. charmille, tonnelle :
10. Tandis que la sonate s'ouvrait sur une aube liliale et champêtre, divisant sa candeur légère mais pour se suspendre à l'emmêlement léger et pourtant consistant d'un berceau rustique de chèvrefeuilles sur des géraniums blancs, ... Proust, La Prisonnière,1922, p. 250.
P. méton., BOT. Berceau de la Vierge, fam. clématite des haies. Cette fleur étant très utilisée pour les berceaux de jardins.
Rem. Attesté dans tous les dict. généraux.
Greffe en berceau. Greffe par approche sur tige et sur branche, obtenue en arquant la tige.
Rem. Attesté dans Besch. 1845, Lar. 19e, Rob.
HYDROL. Berceau d'eau. Voûte formée par deux rangées de jets d'eau obliques qui se croisent.
Rem. Attesté dans Besch. 1845, Lar. 20e, Lar. encyclop., Quillet 1965.
JEUX. Tirer au berceau. Tirer à l'arc ou à l'arbalète dans une allée couverte.
Rem. 1. Attesté dans Littré, Lar. 20e, Quillet 1965. 2. Il s'agit primitivement d'un autre mot, vestige de l'a. fr. bersel « but, cible » (xiiies. dans T.-L.) puis « place où l'on tire à l'arbalète » (fin xives. dans Gdf.); enfin réfection du sens par étymol. « populaire ».
2. Usuel, ARCHIT. Voûte en berceau. Voûte continue formée par la succession d'arcs en plein cintre et supportée par deux murs parallèles. Synon. voûte en plein cintre :
11. Dans l'église où il [Wilfred] prit refuge, une seule ampoule éclairait la grande voûte en berceau qui retombait sur des piliers massifs, à peine plus hauts qu'un homme. Green, Chaque homme dans sa nuit,1960, p. 368.
P. ext. Toute voûte d'architecture. Berceau surbaissé, brisé, coudé, etc. :
12. ... une ogive capable de soutenir sur son frêle squelette le plus énorme vaisseau, un berceau suspendant paradoxalement au-dessus de l'abîme des tonnes de pierres au moyen de leur propre poids, parviennent à nous donner une telle émotion esthétique, qu'après l'avoir connue nous ne pouvons plus tolérer sur eux ou autour d'eux le moindre ornement. É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 171.
Rem. Attesté dans Viollet 1875, Jossier 1881, Chabat 1881, Barb.-Cad. 1963, Noël 1968.
CHORÉGR. Berceau ou berceau d'amour. Figure de cotillon, de danse, qui consiste, pour les danseurs, à former une allée voûtée avec les bras levés et les mains réunies, sous laquelle pourront passer les autres danseurs.
Rem. Attesté dans Lar. 19e, Lar. 20e, Quillet 1965.
3. Divers. ARTILL. Berceau de pointage. Pièce métallique courbe entre le frein récupérateur et l'affût d'un canon.
Rem. Attesté dans les dict. gén. du xxes.
GÉOGR. PHYS. Vallée en berceau. Vallée présentant des versants concaves qui ne sont pas séparés par une plaine alluviale. Anton. auge alluviale (d'apr. George 1970).
B.− [P. anal. avec le mouvement]
1. CARR. et MINES. Berceau chinois. Crible oscillant et table inclinable au moyen desquels sont lavés les sables métallifères :
13. Ce lavage [de l'or] s'opérait au moyen d'un instrument d'origine américaine, appelé « craddle » ou berceau. C'était une boîte longue de cinq à six pieds, une sorte de bière ouverte et divisée en deux compartiments. Le premier était muni d'un crible grossier, superposé à d'autres cribles à mailles plus serrées; le second était rétréci à sa partie inférieure. On mettait le sable sur le crible à une extrémité, on y versait de l'eau, et de la main on agitait, ou plutôt on berçait l'instrument. Les pierres restaient dans le premier crible, le minerai et le sable fin dans les autres, ... Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2, 1868, p. 154.
Rem. Attesté dans Lar. 20e, Ac. 1932, Rob., Quillet 1965.
2. GRAV. Ciseau muni de petites dents, utilisé par les graveurs avec un mouvement de balancement pour obtenir une gravure en pointillés dite « à la manière noire ».
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
3. TYPOGR. Partie de la presse à bras sur laquelle avance et recule le train.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. dep. Ac. 1835.
C.− [P. anal. de fonction] MAR.
P. ext. Tout support arrondi ou non.
ARTILL. Berceau de canon. Son support :
14. Les fusiliers réglaient déjà le canon de 100, qui s'inclinait doucement sur son berceau. On tirerait à vue. de plein fouet, le tube était horizontal. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 302.
AVIAT. Berceau d'avion. Support métallique du groupe motopropulseur.
Rem. Attesté dans Lar. encyclop., Quillet 1965.
Rem. gén. 1. Synon. dial. de berceau : a) Ber, vx, empl. le plus souvent dans un lang. arch., littéraire. (Attesté dans les dict. gén. de Ac. 1835, Ac. Compl. 1842 à Lar. encyclop.). Un beau ber aux fuseaux d'ivoire (J. de La Varende, Cœur pensif, 1957, p. 53). b) Berce (attesté dans Guérin 1892). Berce d'osier (Ambrière, Les Grandes vacances, 1946, p. 370); dimin. bercette, subst. fém. Bercette d'osier (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 263). 2. Variante archaïsante de berceau : Bercel, subst. masc. (pas attesté dans les dict. gén.; cf. Druon, La Loi des mâles, 1957, p. 205). 3. Dimin. de berceau : Bercelet, subst. masc. Dans son bercelet l'enfant dort (Champfleury, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, p. 248; attesté dans Besch. 1845 et Lar. 19e).
PRONONC. : [bε ʀso].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1472 berceau (Cpte roy, cit. Laborde, Glossaire, voReliquaire dans Gay); 1600-12 « âge où les enfants couchent au berceau » (Aubigné, Hist. Univ., I, 1 dans Hug. : Durant le berceau de ce prince, l'Europe ... fut esmeue et réchauffée de toutes parts par diverses guerres); p. ext. a) 1659 « début de certaines choses » (Corn., Œdipe, I, 6 dans Rob. : Et des crimes si noirs étouffés au berceau); b) 1680 « lieu d'orig. (d'une pers. ou d'une chose) » (Rich. : [...] L'Egipte lui a servi de berceau); 2. a) p. anal. de forme 1538 hortic. « voûte de feuillage » (Est. : Berceau de vignes); 1845 spéc. bot. (Besch. : berceau de la vierge [...] Nom vulgaire de la clématite des haies); 1680 archéol. voute en berceau (Rich.); b) p. anal. avec le mouvement du berceau 1690 impr. (Fur.); 1751 grav. (Encyclop. t. 2). Dér. de l'a. fr. bers « berceau » ca 1150, v. ber (ou issu de berçuel par substitution de suff.) prob. d'un lat. vulg. *bertium, attesté par son dér. berciolum « petit berceau » (viiies. Rer. Merov. VII, p. 37, 15 dans Blaise) d'où l'a. fr. berçuel « id. » [écrit bercel dans les mss anglo-norm. cf. aussi bercelet v. T.-L.] ca 1165 (M. de France, Milun, 99 dans T.-L.), prob. d'orig. gaul. comme semble l'indiquer son extension géogr. dans les domaines port., cat., gallo-rom. où il a évincé le lat. cunae (Cor., s.v. brizo, REW3, p. 1052a et Meyer-Lübke dans Z. fr. Spr. Lit., t. 59, pp. 487-9). Il est moins vraisemblable de considérer les subst. rom. comme des déverbaux, en prenant comme base un b. lat. *bertiare, issu d'un rad. celt. *berta à rattacher à l'irl. bertaim « je secoue » (FEW t. 1, p. 338). Berceau a éliminé bers dès le xviies. de même que l'a. fr. bercuel supra.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 982. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 340, b) 3 381; xxes. : a) 2 247, b) 1 561.
BBG. − Barb. Misc. 1 1925-28, p. 18. − Rommel (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, p. 31, 41, 42, 67, 95, 103, 190.