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BERCAIL, subst. masc.
A.− Vx. Troupeau de brebis, de moutons :
1. Le pâtre absent par fraude! Le chien mort! le loup rôde, Et tend ses noirs panneaux. Au bercail qui frissonne, Qui veillera? personne. Pauvres petits agneaux! Hugo, Les Châtiments,1853, pp. 83-84.
P. métaph. :
2. Au milieu de ce maigre troupeau à toison roussie [les maisons du village], se dresse une grande église de pierre, avec une tour ouvragée, souvent très belle, et qui semble d'autant plus haute et plus riche qu'elle domine un bercail écrasé de gueuserie. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1963, p. 261.
P. ext. Troupe d'animaux hostiles aux bêtes ovines. Messire loup, (...), n'a pas perdu de temps pour rassembler son bercail et le mettre à ma poursuite! (Nodier, Trésor des fèves et Fleur des pois,1833, p. 53).
B.− Enceinte couverte où est enfermé un troupeau de brebis ou de moutons :
3. naïs. − Mais, tes vœux écoutés, quel en serait le prix? daphnis. − Tout : mes troupeaux, mes bois et ma belle prairie; Un jardin grand et riche, une maison jolie, Un bercail spacieux pour tes chères brebis; ... Chénier, Bucoliques,L'Oaristys, 1794, p. 122.
Rem. ,,S'emploie surtout quand on considère ce lieu comme le point vers lequel il faut conduire les moutons, l'enceinte où ils doivent entrer pour reposer tranquilles; bergerie s'emploie plutôt quand on les considère dans leur repos même ou pendant tout le temps qu'ils sont à couvert`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).
Emplois métaph. ,,Chargé du saint troupeau pour le sanctifier, / J'ai mon divin bercail, partant, à confier; / Je ne puis déposer que dans sa main sacrée [celle du prêtre] / Les clefs du saint des saints dont je gardais l'entrée; ...`` (Lamartine, Jocelyn,1836, p. 673).Il [le chevalier de Florian] entrait comme un jeune loup dans le bercail des théâtres à la mode (A. France, La Vie littér.,t. 1, 1888, p. 193).Spéc., arg. (des maisons closes). ,,Salon du « choix »`` (Esn. 1966); cf. aussi J. Galtier-Boissière, P. Devaux, Dict. hist., étymol. et anecdotique d'arg. [précédé de « L'Argot » par J. Galtier-Boissière], 1939, p. 28.
C.− Au fig., RELIG. (p. allus. à la parabole du Bon Pasteur). Sein de l'Église où les fidèles trouvent sûreté et paix, hors duquel ils sont égarés. Demeurer au/dans le bercail; déserter le bercail; rentrer, retour, revenir au bercail; ramener au bercail une brebis égarée, retirer un hérétique de ses erreurs, un chrétien de ses désordres, les ramener à la pratique de la vraie religion, à une conduite pieuse dont ils s'étaient écartés :
4. Dieu ne défend pas les routes fleuries, quand elles servent à revenir à lui, et ce n'est pas toujours par les sentiers rudes et sublimes de la montagne, que la brebis égarée retourne au bercail. Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 11.
− [Dans le domaine pol., p. anal. avec la nature de l'Église]Journaux censurés, feuilles indépendantes, tout est devenu ministériel : la brebis égarée retourne au bercail (Chateaubriand, Polémique,1818-27, p. 86).
Spéc. Communauté religieuse plus ou moins nombreuse. Être du bercail de Port-Royal des Champs (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2,1842, p. 240);une des plus douces ouailles du bercail de saint François (A. France, Le Livre de mon ami,1885, p. 151);enlever une brebis au bercail de saint Ignace (A. France, Le Génie latin,1909, p. 184) :
5. Il y avait à Paris des milliers de retraites semblables, où le clergé réfractaire réunissait clandestinement de petits troupeaux de fidèles. La police des sections, bien que vigilante et soupçonneuse, fermait les yeux sur ces bercails cachés, de peur des ouailles irritées et par un reste de vénération pour les choses saintes. A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 177.
Rem. ,,Le pluriel bercails est extrêmement rare [quel que soit le sens du mot], mais non pas inexistant`` (Colin 1971). Il apparaît chez J. Laforgue (Moralités légendaires, 1887, p. 218; Poésies complètes, 1887, p. 82 et 218) et chez J. Moréas (Iphigénie à Aulis, 1903, p. 138).
P. anal. [En parlant de l'ensemble des fidèles de relig. juive] Rentrer au bercail religieux de ses pères (Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 581):
6. La liturgie du nouvel an affirme l'universalité de la royauté et de la justice divine et convie (...) toute créature à se reconnaître sujet du roi des rois et à rallier, par une contrition sincère, le bercail du pasteur céleste. Weill, Le Judaïsme,1931, p. 158.
D.− P. ext., fam. Entourage matériel et moral d'une personne : famille, foyer, maison (familiale, paternelle), pays (natal) :
7. Je ne sais quelles péripéties ramenaient au bercail une créature meurtrie que son époux accueillait avec bonté; repentante, elle voyait sa pesante chaîne d'acier se changer en une guirlande de roses. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 144.
PRONONC. : [bε ʀkaj]. Prononc. avec l mouillé pour Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1844, Fél. 1851 et Littré.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1379 bercal « bétail » (J. de Brie, Bon Berger, éd. Liseux d'apr. éd. 1541, p. 46); 1535 bercail (Olivetan, traduction de la Bible, Os. 5, 6 dans Leipziger Romanistische Studien, Leipzig, t. 11, p. 46) − 1611, Cotgr.; 2. 1609 « bergerie » (G. Vittori, Thresor des trois langues, espagnole, françoise et italienne, éd. J. Crespin, Genève), qualifié de ,,vieux`` par Fur. 1690, Ac. 1694 et Trév. 1704-71; 1690 fig. relig. (Fur.); p. ext. 1832 « famille, maison, domicile » (Balzac, Louis Lambert, p. 56). Bercail issu de bercal p. chang. de suff. d'apr. bétail*. Bercal − forme normanno-picarde (Dum. : berca et berque « mauvaise brebis ») qui s'est imposée en France prob. par la traduction de la Bible par Olivetan, lui-même originaire de Noyon − est empr. au lat. pop. *vervicale − d'où *berbicale − dér. de vervex (brebis*); 2 emploi fig. issu d'une métaphore biblique (p. ex. Jean, X, 16); rendu en lat. par ovile.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 67.
BBG. − Feugère (F.). En marge de l'exposition Charles V. dans le vocab. de Du Guesclin. Déf. Lang. fr. 1968, p. 26.