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BARBOUILLER, verbe trans.
I.− Familier
A.− Recouvrir grossièrement de couleur ou d'une substance le plus souvent salissante; souiller, maculer :
1. Il attendait, impatient, derrière l'afficheur, qui, avec son gros pinceau, barbouillait le dos de l'affiche. Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 149.
2. ... c'est à peine si le numéro et le WH des voitures allemandes sont barbouillés de noir, ... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 355.
[Avec un pron. réfl. indir.] S'enduire une partie du corps (spéc. le visage) d'une substance salissante. Se barbouiller les lèvres (Pourrat, Gaspard des montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 271):
3. Les Flamands ont l'air endormi toute l'année, le Mardi gras la gaîté les prend et les rend fous. (...) Ils se barbouillent, ils s'enfarinent, ils se noircissent, ils se rougissent, ils se jaunissent, ils sont à crever de rire. Hugo, Correspondance,1852, p. 73.
B.− P. métaph., péj.
1. [Avec une idée de couche superficielle] Surcharger superficiellement et confusément. Jeunesse barbouillée de culture (Mounier, Traité du caractère,1946, p. 588).
Emploi pronom. réfl. Se barbouiller de grec et de latin (Littré) :
4. Mais ces gens de lettres sont tous pareils : dès qu'ils veulent toucher à la sainteté, ils se barbouillent de sublime, ils se mettent du sublime partout! Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1188.
2. [Avec une idée de trouble]
a) Noircir, assombrir (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).
Emploi pronom. Le ciel, le temps se barbouille. Le temps se gâte (attesté dans tous les dict. généraux).
Au fig., vx. Se compromettre, se rendre ridicule. Il s'est bien barbouillé dans le monde, dans sa compagnie (Ac. 1798-1878).
b) [L'obj. désigne un organe] Troubler, mettre mal à l'aise. Avoir le cœur barbouillé (Zola, L'Assommoir, 1877, p. 605); Avoir l'estomac barbouillé(Rob.) :
5. Elle était harassée (il y avait deux heures qu'ils marchaient) et cette fatigue lui barbouillait le cerveau, ses paupières lui faisaient mal, elle sentait venir la migraine... Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 977.
II.− Spécialement
A.− Couvrir grossièrement d'un enduit de peinture destinée à protéger, etc.
B.-A., PEINT. Peindre grossièrement ou sans art. Barbouiller une toile (Lar. 19e) :
6. ... à l'entrée du chœur, deux autels en ravissante menuiserie du quinzième siècle; mais on barbouille cela de peinture à l'huile, couleur bois. C'est le goût des naturels du pays. Hugo, Le Rhin,1842, p. 19.
Emploi abs. Je n'ai envie que de barbouiller, de faire du nu et des têtes (Valéry, Correspondance[avec Gide], 1922, p. 493).
B.− P. anal.
1. Couvrir de signes d'écriture. Barbouiller du papier ,,Écrire, faire des écritures`` (Ac. 1835-1932).
2. P. méton. Rédiger à la hâte, sans élaboration poussée. Barbouiller le plan d'un roman, d'une tragédie (Besch. 1845) :
7. Vers le temps de la convocation des États-Généraux, Chamfort l'employa à barbouiller des articles pour des journaux et des discours pour des clubs... Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 181.
P. ext. Exprimer de manière confuse. Barbouiller un récit. ,,L'embrouiller`` (Ac. 1798-1932). Barbouiller une affaire (vieilli) (Besch. 1845) :
8. Moi, je me souviens du jour où tu venais nous faire repentance. Tu barbouillais d'une voix peu sûre ton petit discours, et la sueur coulait le long de tes oreilles. Montherlant, Malatesta,1946, II, 4, p. 470.
Emploi abs. S'exprimer de manière confuse; bredouiller. (Attesté dans tous les dict. gén.).
Spéc. [En parlant d'un musicien] Jouer sans netteté. (Attesté dans DG).
Rem. On rencontre dans la docum. plusieurs termes formés sur le rad. de barbouiller : 1. Barbouillotter, verbe, néol. d'aut. péj. Peindre grossièrement et sans art. ,,Il [Nihier] affirmait que, lorsqu'on peint un orage, on a le droit d'embroussailler et barbouillotter, parce que la tempête secoue l'émotion, et que le paysage devient subjectif...`` (L. Daudet, L'Astre noir, 1893, p. 169). La création du mot résulte sans doute d'un croisement entre bouillotte et barbouiller, le suff. -otter étant péj. 2. Barbouillement, subst. masc. Trouble subi par un organe. Un barbouillement et un continuel malaise d'estomac (E. et J. de Goncourt, Journal 1869. p. 485). 3. Barbouillis, subst. masc. Synon. peu usité de barbouillage; ,,résultat d'un barbouillage`` (Lar. encyclop.). Fam. [En parlant d'une pers.]. Reculez-vous, barbouillis, et battez ces gouttes ailleurs (G. d'Esparbès, Les Derniers lys, 1898, p. 239). 4. Barbouillon, subst. masc., synon. peu usité de barbouilleur, ,,enfant qui barbouille tout de son encre`` (Besch. 1845); celui qui fait mal sa besogne. (Attesté dans Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, Rob., Quillet 1965).
PRONONC. ET ORTH. : [baʀbuje], (je) barbouille [baʀbuj]. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1844, Fél. 1851 et Littré transcrivent la finale avec [λ] mouillé; Land. 1834 et DG avec yod.
ÉTYMOL. ET HIST. A.− [xves. intrans. « balbutier » (J. Le Fèvre, Lament. de Mathéolus, I, 1295, éd. van Hamel : Ma langue n'ose babouillier [imprimés du xves. barbouyllier], Tant crient celle de ma mouillier)]. B.− 1. xves. trans. « troubler » (Therence en franç., fo173 a dans Gdf. Compl. : Ha j'entens bien Maintenant ce qui te tempeste Et qui te barbouille la teste); 1511 fam. « remuer, troubler » (Gringore, II, 14 : Le vin au ventre me barbouille); 1845 barbouiller le cœur (Besch.); 2. a) 1611 intrans. « passer un enduit » (Cotgr.); av. 1654 « peindre grossièrement » (Guez de Balz., Avis écrit dans Littré : Je ne veux plus peindre; mais je veux encore moins barbouiller); b) 1580-92 trans. « écrire beaucoup et souvent inutilement ou mal » (Montaigne, I, 293 dans Littré); 1672 pronom. « se charger, s'embarrasser de » (Molière, Les Femmes savantes, IV, 3 dans Œuvres Complètes; éd. du Seuil, p. 619 a); 1680 (Rich. : Barbouiller. Composer mal, peindre mal); 3. 1550 trans. « salir, souiller » (Trad. de l'hyst. des plant. de L. Fousch. C.LV dans Gdf. Compl. : Ce fruit a le jus rouge comme sang, duquel il teint et barbouille les mains); 4. a) 1611 « mélanger » (Cotgr.), attest. isolée; b) 1690 « rendre confus, embrouiller (d'une chose) » (Fur. : [...] Il a tellement barbouillé et embrouillé cette affaire, qu'on n'y connoit plus rien); av. 1755 « id. (d'une pers.) » (St Simon, 53, 134 dans Littré). Prob. issu de barboter*, avec substitution de finale d'apr. des verbes tels que souiller, brouiller, cf. aussi touiller, patrouiller.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 496. Fréq. rel. littér : xixes. : a) 502, b) 1 031; xxes. : a) 862, b) 608.
BBG. − Duch. 1967, § 31, 38. − Lew. 1960, pp. 338 339. − Quem. 2es. t. 2 1971, p. 6. − Teppe (J.). Écrivailleurs, philosophâtres, poétaillons. Vie Lang. 1971, p. 161.