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BAPTISER, verbe trans.
A.− Administrer le sacrement de baptême à quelqu'un :
1. − Mon enfant, reprit le prêtre après une pause, votre mère était juive, et vous n'avez pas été baptisée, mais vous n'avez pas non plus été menée à la synagogue : vous êtes dans les limbes religieuses où sont les petits enfants... Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 45.
2. Elle raconte encore que son père n'avait pas voulu qu'on la baptisât et que sa mère l'avait fait baptiser dans une promenade par un curé de sa connaissance; et comme elle criait beaucoup, le curé avait dû la calmer, en lui disant : « Si tu continues, je vais t'ouvrir la tête, et j'y mettrai le sel et l'huile que voilà! » E. et J. de Goncourt, Journal,1895, p. 804.
Emploi abs. On baptise avec de l'eau, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (Ac.1798-1932).
Région. Faire baptiser. ,,Avoir un nouveau-né`` (Canada 1930).
Rem. Baptiser/ondoyer. ,,Baptiser implique qu'un prêtre confère le sacrement du baptême avec toutes les cérémonies qu'il comporte; ondoyer, qu'un prêtre ou toute personne, catholique ou non, donne le baptême sans aucune cérémonie, en cas d'urgence ou en attendant la cérémonie solennelle`` (Bénac 1956).
P. anal.
1. [de rite] Bénir une cloche, un bateau, etc., et leur donner un nom :
3. Il est vrai que la cloche est un ustensile à part. Elle est baptisée ainsi qu'une personne, et ointe du chrême du salut qui la consacre; d'après la rubrique du Pontifical, elle est aussi sanctifiée, dans l'intérieur de son calice, par un évêque, de sept onctions faites en forme de croix, avec l'huile des infirmes... Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 61.
4. San Vicente de la Barquera nous est familier. Nous y avons été, un jour, parrain et marraine d'une barque de pêche qui fut baptisée Maria-Juanita... T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1963, p. 302.
2. [de fonction] Arg. Baptiser au sécateur ou au coupe-cigare. Circoncire.
P. métaph., arg. Être baptisé d'eau de morue. ,,Ne pas avoir de chance (...). Ce qui équivaut à déveine salée`` (Ch. Virmaître, Dict. d'arg. fin-de-s., 1894, p. 24). Être baptisé à l'eau de morue. ,,Se dit de celui qui a toujours soif`` (Rossignol, Dict. d'arg., arg.-fr. et fr.-arg., 1901, p. 10).
B.− P. ext.
1. Donner un nom à quelqu'un ou à quelque chose :
5. Le drame fut notre passion, car on avait baptisé de ce nom de drame, non-seulement les ouvrages dialogués, mais toutes les inventions modernes de l'imagination, sous le prétexte qu'elles étaient dramatiques. Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet,1836, p. 661.
6. C'était un dîner de garçons, de vieux garçons endurcis. Ils avaient fondé ce repas régulier, une vingtaine d'années auparavant, en le baptisant : « le célibat ». Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Verrou, 1882, p. 814.
7. On baptise d'un nom emprunté à la période historique que l'on préfère non seulement ce qu'on trouve de meilleur dans toute la vie écoulée de l'humanité, mais ce qu'on sent de meilleur en soi et dans les hommes de son temps. Lemaitre, Les Contemporains,1885, p. 163.
8. Ce matin, Marx vient m'annoncer qu'une rue de Nancy a été baptisée, non rue Edmond de Goncourt, mais rue des Goncourt, comme je l'avais demandé. E. et J. de Goncourt, Journal,1894, p. 650.
Donner un surnom :
9. L'évolution religieuse de Malville avait scandalisé. Quelques-uns le baptisaient encore le Renan protestant, non qu'il eût jamais goûté l'ondoyante séduction des doutes systématiques, mais simplement parce qu'il avait abandonné le sacerdoce et pour mieux marquer leur rancune. Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 161.
Arg. Traiter quelqu'un avec des noms injurieux. Il te l'a baptisé, je ne vous dis que ça! (A. Bruant, Dict. fr.-arg.,1905, p. 266).
Spéc., DR. Baptiser le temps. ,,Fixer le délai`` (Dupin-Lab. 1846). Baptiser possession contraire. ,,C'est déclarer, alléguer possession contraire à celle prétendue par le demandeur`` (Dupin-Lab. 1846).
2. Asperger, arroser :
10. Davis après avoit fait parcourir quatre fois les bases à l'Étoile-des-mers, à 28 nœuds, l'avait lancé en pleine mer, sur lest, par un gros temps d'ouest qui l'avait secoué comme un panier à salade et baptisé jusqu'à la pomme des mâts. Peisson, Parti de Liverpool,1932, p. 19.
Fam., péj. [Le compl. d'obj. est du lait ou du vin] Additionner d'eau, mouiller :
11. On paye une tasse de lait vingt-cinq centimes quand il est baptisé, cinquante centimes quand il est anhydre, disent les chimistes. Balzac, Petites misères de la vie conjugale,1846, p. 72.
12. On passe du « Mouton Rothschild » et un laquais emplit à demi le verre du cardinal qui l'arrête, puis achève avec la carafe d'eau. − Eh! quoi, Monseigneur, vous baptisez mon vin! − Rassurez-vous, Monsieur le baron; je le coupe. Gide, Journal,1933, p. 1152.
Rem. Dans l'ex. suiv., baptiser signifie seulement « additionner » et Maupassant précise de quoi est faite l'addition (le compl. d'obj. désigne ici du café) :
13. Il attendit la fin du repas, l'heure où le café baptisé d'eau-de-vie rendait les cœurs plus ouverts, pour informer ses ascendants qu'il avait trouvé une fille répondant si bien à ses goûts, à tous ses goûts, qu'il ne devait pas en exister une autre sur la terre pour lui convenir aussi parfaitement. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Boitelle, 1889, p. 274.
C.− Au fig. et p. plais. Célébrer, fêter quelque chose (un événement, un fait marquant, etc.) en buvant du bon vin :
14. Le journal fut baptisé chez elle [Florine] dans des flots de vin et de plaisanteries, de serments de fidélité, de bon compagnonnage et de camaraderie sérieuse. Balzac, Une Fille d'Ève,1839, p. 130.
15. − Ah! bon vin de mon pays, disait celui-ci en buvant lentement, tu as baptisé mon premier amour; et quand tu coules dans ma poitrine, il me semble que mon cœur prend un bain de jeunesse, bon vin de mon pays! Murger, Scènes de la vie de jeunesse,1851, p. 134.
PRONONC. ET ORTH. : [batize], (je) baptise [bati:z]. Pour la non-prononc. de p dans le mot, cf. baptême. Ac. 1798 enregistre baptiser ou batiser. À ce sujet, cf. baptême, hist.
ÉTYMOL. ET HIST. − xies. liturg. « administrer le baptême » (Alexis, éd. Chr. Storey, Paris, 7a : Fud baptizet, si out num Alexis); xives. « donner un nom » (Ph. de Vitry, Métamorphoses Ovide, éd. Tarbé, 50 dans T.-L. : Quant la damoiselle y noia Qui de son nom la baptisa); 1580 fig. p. plaisant. baptiser le vin « mêler de l'eau au vin » (Montaigne, Liv. I, ch. XLIX, p. 191 dans Gdf. Compl. : Ils baptisoient le vin); 1680 p. ext. (Rich. : Batiser. Ce mot se dit des cloches, et il signifie laver les cloches avec de l'eau benite, les benir et leur donner un nom). Empr. au lat. eccl. baptizo (empr. au gr. β α π τ ι ́ ζ ω « plonger, immerger qqn » puis « baptiser par immersion ») « prendre une ablution rituelle » (Itala, Iudith, 12, 2 dans TLL s.v., 1720, 51), « recevoir ou donner la marque d'initiation à la religion chrétienne » (Itala Matth., 28, 19, ibid., 1721, 7).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 326. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 317, b) 443; xxes. : a) 657, b) 479.
BBG. − Rog. 1965, p. 101.