Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
BAGARRE, subst. fém.
A.− Querelle avec échange de coups provoquant une mêlée tumultueuse et confuse :
1. Il [Olivier] avait peur des cohues, des bagarres, de toutes les brutalités; il savait trop qu'il était fait pour en être victime, sans pouvoir − sans vouloir − se défendre : car il avait horreur de faire souffrir. R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1319.
2. Les premiers rangs des deux groupes s'entrechoquaient, avec des invectives, des cris. La bagarre était localisée, mais violente : les visages se menaçaient, les poings étaient tendus. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 408.
SYNT. Se tirer, se sauver de la bagarre, d'une bagarre (Ac. 1835-1932, Guérin, Lar. 19e); chercher la bagarre (Esn. 1965).
P. ext.
1. Attroupement désordonné, confusion :
3. J'aurais eu quelque curiosité de voir de près les danses populaires; mais la plupart étaient menées par des bohémiennes effrontées, et je ne crus pas qu'il fût bienséant de me hasarder dans cette bagarre. Mérimée, Dernières nouvelles,1870, p. 147.
2. Fam. Conflit armé entre nations, guerre. La grande bagarre de 14-18 (Esn. 1965) :
4. ... l'Autriche, ayant senti tourner le vent, en a tout de suite profité, comme vous avez vu, pour hausser le ton. Voilà donc l'Allemagne volontairement solidaire des audaces autrichiennes : − ce qui, du jour au lendemain, peut donner à ces audaces une portée incalculable. C'est toute l'Europe automatiquement entraînée dans la bagarre balkanique! ... R. Martin du Gard, Les Thibault,La Consultation, 1928, p. 1084.
3. SP. Match très animé où la compétition est très vive. Déclencher la bagarre générale (Dub.).
B.− Au fig., fam.
1. Querelle, lutte, opération difficile où se trouve impliqué un nombre limité d'antagonistes. Se tirer de la bagarre. Se démêler d'une situation embarrassante :
5. Il arrivait de Plassans, une sous-préfecture du Midi, où son père venait enfin de pêcher dans l'eau trouble des événements une recette particulière longtemps convoitée. Lui, jeune encore, après s'être compromis comme un sot, sans gloire ni profit, avait dû s'estimer heureux de se tirer sain et sauf de la bagarre. (...). Zola, La Curée,1872, p. 359.
Spécialement
a) Polémique violente, débat oratoire :
6. C'était le jour où le Recteur de l'Institut catholique venait d'être évincé à l'Académie par Mgr Duchêne. Encore fumant de la bagarre, il dévoilait avec une verve sèche, avec une éloquence toute pétrie d'un admirable fiel, les manœuvres d'un adversaire trop adroit, sinon perfide. F. Mauriac, Écrits intimes,Du côté de chez Proust, 1947, p. 83.
b) Lutte incessante qu'implique la vie en société, la vie intellectuelle :
7. Il [M. Taine] s'est retiré de la bagarre contemporaine, pour se cloîtrer dans des études considérables d'historien et de philosophe. Zola, Doc. littér.,Études et portraits, 1881, p. 259.
2. Confusion, désordre dans la disposition d'objets ou l'enchaînement des idées :
8. ... avant d'entrer chez moi, je crus devoir frapper à la porte de M. Mérinay. Il me reçut au milieu d'une bagarre de livres et de papiers. About, Le Roi des montagnes,1857, p. 286.
9. ... je ne cesse de faire une seule et même chose, de lire un seul et même livre, livre infini, perpétuel, du monde et de la vie, que nul n'achève, que les plus sages déchiffrent à plus de pages; je le lis donc à toutes les pages qui se présentent, à bâtons rompus, au rebours, qu'importe? Je ne cesse de le continuer. Plus la bagarre est grande et l'interruption fréquente, plus aussi j'avance dans ce livre dans lequel on n'est jamais qu'au milieu; ... Sainte-Beuve, Pensées et maximes,1869, p. 58.
PRONONC. : [baga:ʀ] ou [bagɑ:ʀ]. Passy 1914, Dub., Pt Rob. et Pt Lar. 1968 transcrivent la finale avec [a:] ant. long; Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968 avec [ɑ:] post. long. Grammont Prononce 1958, p. 29, note : ,,L'a est le plus souvent antérieur et long devant r final, ž (= [ʒ]) final, v final (...) mais il est postérieur et long dans quelques mots comme : rare (...) bagarre, etc.`` Kamm. 1964, p. 95, signale ,,cependant certaines personnes prononcent [a:] antérieur long dans barre, bagarre, carre``. Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841 soulignent qu'il faut prononcer ,,r forte``, et Fér. 1768 transcrit : bagâr-re.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1628 « tumulte, rixe » (Sorel Polyand., I, 478 ds Brunot, t. 3, 1repart., p. 223 : ce fut un nouveau bagarre) Orig. incertaine; prob. empr. au prov. bagarro « rixe » (Mistral), qui serait une adaptation du basque batzarre « confusion de personnes », proprement « réunion, assemblée » (M. de Azkue, Diccionario Vasco-Español-Frances, Bilbao, 1905-6), cf. gasc. batsarre « tumulte » (Palay); à rapprocher du m.fr. bagarot « bruit, tumulte » (1518. L'Estoille du monde ds Romania, t. 31, p. 354 : je dis des iniques par cause de leurs cavilations et de leur bagarot et vices, par lesquelz toute la chose publique va en voye d'estre perdu). − L'hyp. d'un rapprochement de l'a.h.all. pâgari « disputer » ou plutôt de l'a.nord. baggar « empêcher, pousser » (P. Regnaud ds R. de Philol. fr. et prov., t. 10, p. 1067) n'est acceptable ni du point de vue chronol., ni du point de vue géogr. − L'hyp. d'une transposition de gabarre « bateau » en bagarre « id. » puis « bruit confus » (Sain. Sources, t. 1, p. 180; Cor., p. 605b) en raison du caractère bruyant des bateliers, fait difficulté des points de vue sém. et morphol.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 217. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 89, b) 230; xxes. : a) 325, b) 527.
BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 99.