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ATTERRER1, verbe trans.
A.− Vx, rare. [Le compl. d'obj. dir. désigne un animé] Mettre à terre, abattre :
1. Jason, toujours invulnérable, saisit un des taureaux par la corne, et d'un bras nerveux il l'amene près du joug et l'aterre; il en fait autant au second, et il les tient ainsi tous les deux abattus. Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 279.
Rem. Dans l'ex. suiv. le sens fig. (infra B 2) rappelle peut-être discrètement la valeur étymol. du mot :
2. Considérant les monceaux de décombres à quoi les villes étaient réduites, traversant les villages atterrés, recueillant les suppliques des bourgmestres au désespoir, voyant les populations d'où les adultes masculins avaient presque tous disparu, je sentais se serrer mon cœur d'Européen. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 206.
B.− Au fig.
1. Rare. [Le compl. désigne des pers., les puissants, des ennemis, ou bien, p. méton., une chose abstr., la puissance, l'autorité (de qqn, d'un pays)] Abattre, écraser, réduire à néant :
3. Nous serons pauvres à deux, mais c'est être riche. On a tant vanté le vrai bonheur dans les livres roses et dans les romances qu'on n'ose vraiment plus croire, ni dire, de crainte d'être banal, qu'il y a des baisers qui valent des pièces de cinq francs et des regards qui valent des billets de mille francs. C'est très triste, vraiment. Enfin, il est une raison qui vaut mieux que toutes celles-là et qui atterre toute objection : « Nous nous aimons! » Comprenne cela qui voudra. Tu aimes, tu le sentiras. Mallarmé, Correspondance,1862, p. 56.
2. Cour. [Le compl. d'obj. dir. désigne toujours une pers. ou une collectivité; fréq. au passif] Accabler quelqu'un; le mettre dans un état de consternation et d'affliction profondes (avec parfois une idée d'effroi) :
4. Atterré d'un tel accueil, confondu, devenu stupide, et comme un homme sur qui la foudre vient d'éclater et qu'elle aurait privé de tout sentiment, j'ai reculé pour reprendre la route que je venais de franchir... Latouche, L'Héritier, Dernières lettres de deux amans de Barcelone,1821, p. 105.
Rem. Dans l'ex. suiv., un emploi rare de atterré qui s'applique aux yeux et signifie « rempli d'atterrement » :
5. Les pauvres yeux atterrés se firent violence pour retenir leurs grosses larmes. De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 404.
SYNT. Le dégoût, une idée, des mots, la mort, un regard, un spectacle atterrent; le désespoir atterre ma pensée; être atterré d'un tel accueil, par un dernier coup, d'un malheur si grand, du succès de qqn, sous une révélation soudaine, de tant d'audace, d'apprendre la disparition d'un ami.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [atε ʀe], j'atterre [ʒatε:ʀ]. Pt Rob. transcrit la 2esyll. de l'inf. avec [e] fermé (cf. aussi Land. 1834 et Fél. 1851). 2. Forme graph. − Les dict. mod. dont Ac. 1932 écrivent atterrer. 3. Hist. − Fér. 1768 indique qu'il faut prononcer un seul t et 2 rr. Cf. aussi Gattel 1841 qui recommande ,,r forte``. Ac. 1798 admet atterrer ou attérer (cf. aussi Land. 1834 : ,,attérer ou mieux atterrer``, et Besch. 1845). Ac. 1835, s.v. atterrer, signale que ,,quelques-uns écrivent attérer``. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graphie aterrer avec un seul t. Le reste des dict. donne atterrer. Lar. 19eet Nouv. Lar. ill. ajoutent : ,,on dit aujourd'hui atterrir.``
BBG. − Le Roux 1752.