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ATHÉISME, subst. masc.
Doctrine ou attitude fondée sur la négation d'un Dieu personnel et vivant. Anton. déisme, théisme.
A.− DOGM. Refus des croyances religieuses, par cécité de l'intelligence relativement à l'existence de Dieu :
1. ... on m'a accusé ou loué de panthéisme : j'aimerais autant qu'on m'accusât d'athéisme, cette grande cécité morale de quelques hommes privés, par je ne sais quelle affliction providentielle, du premier sens de l'humanité, du sens qui voit Dieu. Lamartine, Correspondance,1836, p. 203.
2. Dans toutes les sociétés qui se sont succédé depuis le commencement du monde, il y a eu un athéisme des intelligences supérieures, mais je ne connais pas encore de société ayant subsisté avec l'athéisme des gens d'en bas, des besogneux, des nécessiteux. E. et J. de Goncourt, Journal,1882, p. 165.
3. M. Proudhon est certainement une intelligence philosophique très distinguée. Mais je ne puis lui pardonner ses airs d'athéisme et d'irréligion. C'est se suicider que d'écrire des phrases comme celle-ci : « L'homme est destiné à vivre sans religion : ... » Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 474.
B.− PHILOS. Athéisme (absolu). Négation explicite de l'existence de Dieu, avec généralement instauration d'un humanisme sans religion :
4. Les doctrines post-hégéliennes, oubliant l'aspect mystique de certaines tendances du maître, ont conduit ses héritiers à l'athéisme absolu et au matérialisme scientifique. Camus, L'Homme révolté,1951, p. 182.
5. Le capital reprend la dialectique de maîtrise et servitude, mais remplace la conscience de soi par l'autonomie économique, le règne final de l'esprit absolu par l'avènement du communisme. « L'athéisme est l'humanisme médiatisé par la suppression de la religion, le communisme est l'humanisme médiatisé par la suppression de la propriété privée ». Camus, L'Homme révolté,1951p. 248.
Athéisme sentimental :
6. L'athéisme sentimental peut se traduire ainsi : « Si les événements qui se déroulent dans le monde sont les actes d'un Dieu, ils doivent pouvoir se justifier; or il en est qui ne sont pas justifiables; donc ces événements ne peuvent être produits par une causalité divine; mais un Dieu impuissant n'est pas ». Marcel, Journal métaphysique,1923, p. 230.
Rem. On assimile parfois indûment à l'athéisme les doctrines panthéistes qui récusent l'existence d'un Dieu personnel.
C.− SOCIOL., POL. Négation de Dieu dans la pratique de l'action sociale ou politique :
7. ... on soutiendra cette doctrine pour maintenir l'athéisme légal, pour qu'on ne puisse pas dire que la loi reconnoît une vérité, renferme la profession d'un dogme! Lamennais, De la Religion,1repart., 1825, p. 66.
8. ... ni un homme, ni une nation, ni une classe ne se sauvent par les seules forces de l'homme, et si le pélagianisme et l'athéisme pratique de la bourgeoisie sont adoptés et exaltés par le prolétariat, ce sera pour la faillite historique de celui-ci. Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 254.
9. Mais la psychologie doit tenir compte que l'on naît aujourd'hui de plus en plus athée comme on naissait, à d'autres époques, universellement chrétien. Des comportements se forment peu à peu autour de cette attitude de vie : ici un utilitarisme sans inquiétude, l'émoussement total du sens de l'intériorité; là, au contraire, où l'athéisme est vécu comme expérience intérieure et combat spirituel, il s'exprime par une dureté désespérée devant l'univers sans voix, par la sérénité intense, secrète, et un peu égoïste des disciples d'Épicure, par la froideur attentive des esprits composés, ou à l'inverse par un attendrissement désolé pour les destins des hommes. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 738.
P. ext. Athéisme militant, marxiste, etc. Manière d'agir sur le monde en vue d'instaurer une échelle de valeurs exclusive des valeurs religieuses, considérées comme obstacle à la libération de l'homme :
10. ... la question pour l'athéisme marxiste, en dépit des apparences pseudo-scientifiques qu'il se donne, reste d'ordre éthique et moral plutôt que métaphysique, elle est de vivre l'athéisme dans sa traduction éthique, c'est-à-dire de refuser Dieu comme fin et comme règle de la vie humaine. Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 72.
PRONONC. : [ateism̥].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1555 (Billon, Le Fort inexpugnable, 210b ds Rom. Forsch., t. 32, p. 15 : Le François ... peuple de toute ancienneté... exempté de l'Atheysme). Dér. de athée*; suff. -isme*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 406. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 807, b) 333; xxes. : a) 332, b) 659.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Boucher 1835. − Bouillet 1859. − Bouyer 1963. − Foi t. 1 1968. − Foulq.-St-Jean 1962. − Franck 1875. − Fries t. 1 1965. − Fromh.-King 1968. − Goblot 1920 (s.v. athée). − Gramm. t. 1 1789. − Julia 1964. − Lal. 1968. − Miq. 1967 (s.v. athée). − Ros.-Ioud. 1955. − St-Edme t. 2 1925. − Théol. cath. t. 1, 2 1909.