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ASSOMPTION, subst. fém.
I.− PHILOSOPHIE
A.− Acte d'assumer, de prendre à son compte avec toutes ses implications. Assomption d'un risque :
1. Nous posons, en outre, que l'assomption du risque n'est pas une activité productive par elle-même; c'est le risque surmonté, éliminé, qui permet un accroissement des valeurs ajoutées dans la firme et du produit réel dans l'économie nationale. Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 630.
En partic., philos. existentialiste. Acceptation lucide de ce que l'on est, de ce que l'on désire, etc.; acte de la liberté en tant qu'elle assume lucidement la nécessité, la finitude, etc. :
2. Mon arrachement à Autrui, c'est-à-dire mon Moi-même, est par structure essentielle assomption comme mien de ce moi qu'autrui refuse; il n'est même que cela. Sartre, L'Être et le Néant,1943, p. 345.
3. ... dans une vie authentiquement morale, il y a libre assomption du désir et du plaisir... S. de Beauvoir, Le Deuxième sexe,t. 2, 1949, p. 216.
B.− LOGIQUE
1. Acte d'assumer, ,,de faire sienne une proposition, principalement à titre d'hypothèse servant de départ à une opération déductive``; p. ext. ,,la proposition assumée ou admise`` (Foulq.-St-Jean 1962) :
4. Cette pensée réfléchie caractéristique de l'adolescent prend naissance dès 11-12 ans, à partir du moment où le sujet devient capable de raisonner de manière hypothético-déductive, c'est-à-dire sur de simples assomptions sans relation nécessaire avec la réalité. J. Piaget, Psychol. de l'intelligence,p. 177 (Foulq.-St-Jean 1962).
2. Chez les stoïciens. Proposition fondamentale, considérée comme universellement accordée d'avance.
3. ,,La seconde proposition d'un syllogisme, plus ordinairement appelée la mineure. Cette assomption n'est pas exacte`` (Ac. 1835, 1878).
II.− RELIGION
A.− Assomption de la Vierge Marie. Croyance chrétienne, proclamée dogme de la religion catholique depuis le 1ernovembre 1950, suivant laquelle la Vierge Marie a été enlevée corps et âme au ciel; fête célébrée en cet honneur le 15 août selon une très ancienne tradition. Dormition et assomption de la Sainte Vierge :
5. Je communiai le lendemain, jour de l'Assomption, 15 août. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 195.
B.-A. Œuvre d'art figurant l'Assomption :
6. La plus belle harmonie de couleurs, avec la Descente de croix, c'est peut-être le tableau du maître-autel, l'Assomption, si harmonieux, si bien fondu, si éclatant et pourtant si doux, d'une lumière attendrissante, suave et tendre à faire pleurer. Michelet, Journal,1840, p. 345.
B.− P. ext. Toute forme d'élévation ou d'ascension de l'esprit ou de l'âme qui assume et transfigure la réalité, les valeurs :
7. Ce mariage fut, pour la jeune paysanne, comme une assomption. La belle Adeline passa sans transition des boues de son village dans le paradis de la cour impériale. Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 22.
8. Selon qu'il fait plus ou moins clair en nous, ce sont toujours les mêmes chutes ou les mêmes assomptions. On est ange ou bête, jamais homme. Guéhenno, Journal d'une« Révolution », 1938, p. 127.
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. assompter, verbe intrans. [En parlant de la Vierge] S'élever dans le ciel (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 346; texte définitif : s'élève); du rad. de assomption* étymol. 2, dés. -er (cf. Rheims 1969).
PRONONC. : [asɔ ̃psjɔ ̃]. Barbeau-Rodhe 1930 note une durée mi-longue pour la 2esyll. du mot. Pour une durée longue, cf. Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787. Pour la prononc. de [p] dans les mots terminés en -mption : ademption, exemption, péremption, rédemption, consomption, présomption, résumption, Assomption (et Assomptionniste), cf. Fouché Prononc. 1959, p. 354 (cf. aussi Grammont, Prononc. 1958, p. 82).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1119 « ascension de Jésus-Christ » (Ph. de Thaon, Comput, 929 ds Gdf. Compl. : Pur çol di, c'est la sume, De l'achaisun de l'hume Que en cele saisun Fist Deus s'asumpciun) − xives., ibid.; d'où 1572 « élévation à une haute dignité » (Lett. de Ch. IX au pape, Arch. Nat., Litt. Princ., XXXIV, fo21, ibid. : Nous n'avons voulu faillir de nous conjoyr avec Votre saincteté de ceste sienne divine et tres heureuse assumption et promotion) − xvies. ds Hug.; 2. a) fin xiie-début xiiies. « fête anniversaire de l'enlèvement miraculeux de la Vierge au ciel » (Recit première Croisade, éd. P. Meyer, VI, 4 ds T.-L. : une feste sacree, Asumption l'apele la gent qui sunt letree); xiiies. « enlèvement miraculeux de la Vierge au ciel » (Rutebeuf, II, 18 ds Littré : La nuevme [joie] fut t'asompsions. Quant en arme [âme] et en cors assise Fus sur tote creacion); b) 1680 peint. (Rich. : Assomption. Image qui représente le mystère de l'Assomption); 3. a) 1576 log. « mineure, ou seconde proposition d'un syllogisme » (Ramus, Dialectique, II, 7 ds Hug. : Syllogisme a trois parties; Proposition, Assumption, Conclusion); b) 1801 philos. « notion accordée d'avance » (Villers, Kant, p. 92 ds Littré : Les Stoïciens appelaient ces principes [originairement contenus dans l'âme] notions communes, prolepses, c'est-à-dire des assomptions fondamentales ou ce qu'on prend pour accordé par avance). Empr. au lat. assumptio au sens de « action de prendre, d'ajouter, d'assumer » dep. Rhet. Her., 2, 13, 19 ds TLL s.v., 934, 82; 3 a [corresp. au gr. π ρ ο ́ λ η ψ ι ς] « mineure d'un syllogisme » (Cicéron, Inv., 1, 59, ibid., 935, 34); au sens 1 lat. chrét. (Irénée, 3, 12, 5, ibid., 935, 55); 2 [corresp. au gr. α ̓ ν α ́ λ η ψ ι ς et désignant d'abord l'Ascension de Jésus-Christ] id. av. ixes. Missale Gothicum c. 244C ds Blaise; cf. xiies. (Absalom, Serm., 44 p., 255eds Mittellat. W. s.v., 1095, 46).
STAT. − Fréq. abs. littér. : Assomption. 155. Assompter. 1.
BBG. − Archéol. chrét. 1924. − Bach.-Dez. 1882. − Bible 1912. − Bible Suppl. t. 1 1928. − Bouyer 1963. − Chass. 1970. − Duch. 1967, § 48. − Foi t. 1 1968. − Foulq.-St-Jean 1962. − Guyot 1953. − Lal. 1968. − Marcel 1938. − Mots rares 1965. − Rheims 1969 (s.v. assompter). − Théol. cath. 1909.