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ASCÈTE, subst.
MOR. RELIG.
I.− Propre. Celui, celle qui, soit dans une communauté, soit à titre individuel, s'exerce à la prière et à la perfection morale en menant une vie austère, faite d'exercices spirituels, de mortification et d'abstinence :
1. ... il vivait comme un ascète, de presque rien, au physique et au moral. Il mangeait ce qu'il fallait, rien que ce qu'il fallait, et se servait lui-même. Ne voyant personne de sa classe, quelquefois il causait avec des gens du peuple ou des voyageurs, mais ne formait aucune liaison, et on ne pénétrait pas chez lui. Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 205.
2. Ravissements des sens, vertiges magnétiques Où l'on roule sans peur, sans pensée et sans voix! Inertes voluptés des ascètes antiques Assis, les yeux ouverts, cent ans, au fond des bois! Leconte de Lisle, Poèmes barbares,Ultra Coelos,1878, p. 218.
3. Héros de la vie désintéressée, saints, apôtres, mounis, solitaires, cénobites, ascètes de tous les siècles, poètes et philosophes sublimes qui aimâtes à n'avoir pas d'héritage ici-bas; sages, qui avez traversé la vie ayant l'œil gauche pour la terre, et l'œil droit pour le ciel, et toi surtout, divin Spinoza, qui resta pauvre et oublié pour le culte de ta pensée et pour mieux adorer l'infini, que vous avez mieux compris la vie que ceux qui la prennent comme un étroit calcul d'intérêt, comme une lutte insignifiante d'ambition ou de vanité! Renan, L'Avenir de la science,1890, p. 84.
4. S'il n'y a d'effort que l'effort de l'intervalle, celui par lequel l'ascète fait l'exercice de la pénitence ou par lequel l'athlète serre les dents, bande ses muscles, s'arc-boute contre les résistances, alors, non, vouloir n'est pas un travail! La décision qui implique le courage de commencer, mais non point la patience de continuer ni l'endurance pour durer la durée, cette décision soudaine n'est du tout un travail... V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 249.
II.− P. ext. et couramment. Celui, celle qui s'impose une vie austère, en éduquant et limitant ses besoins :
5. « Quel ascète! » ajoute-t-il... Un ascète, lui? C'est le plus mondain de nous tous, le stylite des salles à manger, l'homme qui dîne le plus en ville, qui est partout! E. et J. de Goncourt, Journal,1866, p. 312.
6. Elle habitait au Quartier Latin une chambre ornée d'écorchés, de parthénons et de stars. C'était coquet chez elle. Tandis que Martine se déshabillait Jacques songeait à ces ascètes d'autrefois qui passaient la nuit entre deux femmes nues sans même lever le petit doigt. Il était loin de compte. Queneau, Loin de Rueil,1944, p. 167.
SYNT. Chasteté, conduite, estomac, existence, maigreur, profil, visage d'ascète; vivre en ascète; ascète voluptueux.
PRONONC. : [asεt]. Barbeau-Rodhe 1930 donne la possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées : as/s/- (pour [ss], cf. aussi Land. 1834, Littré et DG; à ce sujet, cf. ascendance1).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1580, Du Préau, Hist. de l'Église, 113 vo, 1583 ds Quem., sans attest.; av. 1704 « celui ou celle qui se consacre par piété aux mortifications » (Bossuet, Oblig. de l'état relig., 1 ds DG : Ascètes c'est-à-dire exercitants); 1866, p. ext. « personne qui mène une vie austère », supra ex. 4. Empr. au lat. chrét. ascetes (ou asceta) (< gr. α ̓ σ κ η τ η ́ ς, celui qui pratique un art, qui exerce une profession) au sens de « qui se consacre aux exercices de la piété » (ca 383, Itin., Silviae, 3, 4 ds TLL s.v., 762, 9); cf. b. gr., au même sens (Lexicon MS. Cyrilli [Alexandrini] ds Du Cange, Gloss. ad script. mediae et infimae graecitatis, s.v. α ́ σ κ η σ ι ς).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 138.
BBG. − Archéol. chrét. 1924. − Bouillet 1859. − Foi t. 1 1968. − Foulq.-St-Jean 1962. − Goblot 1920. − Lal. 1968. − Lep. 1948. − Marcel 1938. − Miq. 1967 (s.v. ascèse).