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APPAUVRIR, verbe trans.
A.− Emploi trans. [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Rendre pauvre :
1. C'est à l'orgueil et à la faiblesse du gouvernement que nous devons ce faste scandaleux de la Cour, ces rapines des courtisans, ces prodigalités du prince, qui nous ont appauvris et qui nous appauvrissent chaque jour. Marat, Les Pamphlets,Suppl. de l'Offrande à la Patrie. 1790, p. 43.
1. P. anal.
Appauvrir un terrain, un sol, une terre, un gisement. En diminuer ou en épuiser la fertilité :
2. Les engrais chimiques, en augmentant l'abondance des récoltes et en appauvrissant le sol de certains éléments qu'ils ne remplacent pas, ont altéré la constitution des grains des céréales. Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 136.
Appauvrir le sang. Par excès de fatigue, mauvais fonctionnement d'un organe, etc., faire perdre au sang une partie de ses éléments composants ou en diminuer le taux :
3. Si la fonction glycogénique du foie dépend de l'action des nerfs excitateurs qui la gouvernent, l'action de ces derniers nerfs est subordonnée à celle des nerfs qui ébranlent les muscles locomoteurs, en ce sens que ceux-ci commencent par dépenser sans compter, consommant ainsi du glycogène, appauvrissant de glycose le sang, et déterminant finalement le foie, qui aura dû déverser dans le sang appauvri une partie de sa réserve de glycogène, à en fabriquer de nouveau. Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 125.
B.-A. Appauvrir un ton. Atténuer l'intensité de sa couleur. Appauvrir une forme. ,,Diminuer le dessin d'une forme`` (Hugues, Expressions d'atelier).
2. Au fig. Diminuer la valeur :
4. Si l'homme ne vit que par les sentiments, peut-être croit-il appauvrir son existence en confondant une affection trouvée dans une affection naturelle. Balzac, Louis Lambert,1832, p. 38.
5. Les peuples supportent très volontiers le service militaire, (...) Aussi ne vois-je pas la fin de cet état honorable qui appauvrit et abêtit l'Europe. A. France, Le Mannequin d'osier,1897, p. 31.
B.− Emploi pronom. Être rendu, devenir pauvre :
6. Eh bien! oui, j'ai peur de m'appauvrir. Il me semble que je n'accumulerai jamais assez d'or. Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 57.
En outre, tous les emplois précédents peuvent se rencontrer à l'emploi pronominal passif, p. ex.
[En parlant d'un terrain, d'une végétation] :
7. En s'élevant les terrains d'alluvions font place à un sol calcaire, la végétation s'appauvrit, les murs de pierres sèches se substituent aux vertes haies d'aubépines, travail opiniâtre et peu de fruit au laboureur. Barrès, Mes cahiers,t. 8, 1910-11, p. 211.
[En parlant d'une lang.] Les langues vivantes s'enrichissent et s'appauvrissent selon la différence des temps et des esprits (Ac.1835-1932).
Rem. Dans le passage suiv. Balzac soutient un paradoxe à partir d'une définition limitative de l'enrichissement (cf. appauvrissement ex. 5) :
8. Les mots sont susceptibles de prendre plusieurs significations et, leur en donner de nouvelles est ce que j'appelle créer, c'est enrichir une langue, une langue s'appauvrit en gagnant des mots, elle s'enrichit en en ayant peu et leur donnant beaucoup de significations. Balzac, Correspondance,1844, p. 690.
PRONONC. : [apovʀi:ʀ], j'appauvris [ʒapovʀi]. Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 notent [o] demi-long.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1119 apovrir « (de pers.) devenir pauvre » (Ph. de Thaon, Bestiaire, éd. Walberg, 2614 : Quant li pere enveillist E la mere enfeblist, Que il sunt nun poant E vunt apovrissant, Li fiz lur deit aier) − xvies. (Moyen de soy enrichir [1568] ds Poésies XVe-XVIes., éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, t. 5 ds Gdf. Compl.); b) av. 1305 apovrir (s') « id. » (Fable d'Ovide, Ars. 5069, fo, 27f, ibid. : Tant s'abessa et apovri Pour nous cils ou tous biens habonde Qu'il ot fain et soif en ce monde); 2. ca 1160 apovrir « rendre pauvre » (Wace, Rou, 2ep., 1334, ibid. : Les chastels abatuz e la terre apovrie), graphie appauvrir dep. le xvies. (Hug.). Dér. de pauvre*; préf. a-1*, dés. -ir. À noter l'existence aux xiie-xiiies. d'une forme concurrente en a.fr. apovrier, -oier, trans. « rendre pauvre », dep. ca 1170 (B. de Ste Maure, Ducs Normandie, II, 351, Michel ds Gdf. : Li meins vaillant, li meins preisé E li tres plus apovreié).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 172.
BBG. − Baulig 1956. − Canada 1930. − Le Roux 1752. − Littré-Robin 1865. − Nysten 1824.