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AMPOULÉ, ÉE, adj. et subst. masc.
A.− Emploi adj.
1. Rare. Tuméfié; affecté d'ampoules (cf. ampoule C) :
1. Et le samedi, jour de réception, c'était un branle-bas de connaissances. Tous y venaient... Le notaire Paillasson... Mr Lepoil, l'ancien sous-préfet... Deux fois l'an même, le nouveau, le vrai, venait aussi faire sa visite, « les mains encore ampoulées par ses crochetages de couvent », disaient ces dames. É. Estaunié, Bonne-Dame,1891, p. 17.
2. ... on voyait sa peau ampoulée par les coups; sa bouche, volontiers ouverte, il [Rain] la tenait toujours fermée maintenant, la langue roulée à l'intérieur, de peur qu'un uppercut ne vînt la trancher. P. Morand, Champions du monde,1930, p. 54.
P. anal., BOT. Qui a la forme d'une ampoule. (Attesté ds Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., Quillet 1965).
2. Au fig., péj. Plein d'emphase et d'exagération (cf. ampoule D).
a) [Gén. en parlant d'une œuvre, d'un style, d'un mode d'expression] Discours ampoulé :
3. L'hymne des Marseillois n'est pas vide de tout mérite. Le lyrique a eu le grand talent d'y mettre de l'enthousiasme sans paroître ampoulé. D'ailleurs cette ode républicaine vivra parce qu'elle fait époque dans notre Révolution. F.-R. de Chateaubriand, Essai sur les Révolutions, t. 1, 1797, p. 149.
4. « Le vers se sent toujours des bassesses du cœur. » Ceci est profondément juste; seulement, dans quelques cas, celui qui a le cœur bas, pour le mieux déguiser, fait son vers enflé. Je me défie du cœur de ceux dont les vers sont si enflés et ampoulés (Victor Hugo). Ch.-A. Sainte-Beuve, Mes poisons,1869, p. 51.
5. Fréquemment autodidacte, le paranoïaque persécute les bureaux d'études avec des inventions irréalisables, ou les éditeurs avec d'énormes livres impubliables, fatras pittoresque d'élucubrations au style ampoulé et confus, zébrées de lueurs de génie et d'éclairs de folie... E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 552.
b) P. ext. [Plus rarement en parlant d'une pers.] :
6. C'est cela! Voilà bien des raisons de poëtes; Phrases d'une coudée! Ampoulé que vous êtes! V. Hugo, Cromwell,1827, p. 381.
7. ... qu'ont de commun avec notre légèreté, notre vivacité (...) ces héros solennels, ampoulés et bavards? P. Léautaud, Le Théâtre de Maurice Boissard,t. 2, 1943, p. 136.
B.− Emploi subst. Discours ampoulé :
8. ... c'est dans le siècle du Grand Roi (qui fut le Grand Siècle) qu'on imagina le trivial et l'ampoulé. A. de Musset, Le Temps,1831, p. 138.
Stylistique − Ampoulé, emphatique, boursouflé. ,,Trois qualités défectueuses d'un style qui cherche à s'élever plus haut que ne comporte le sujet auquel il s'applique : le style emphatique, en donnant une importance exagérée à des choses médiocres; le style boursouflé, en traitant avec une magnificence outrée des choses simples; le style ampoulé, en se tenant à une élévation ridicule pour traiter des choses communes.`` (Guizot 1864).
Prononc. ET ORTH. : [ɑ ̃pule]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 1resyllabe du mot. Fér. 1768 précise que la 1resyllabe et la pénultième sont longues. Fér. Crit. t. 1 1787 fait la rem. suiv. : ,,Le Gendre écrit empoulé, mais mal. Cette orthographe est contraire et à l'usage et à l'étymologie, et à la prononciation, qu'il ne faut pas contredire sans nécessité; il faudrait plutôt écrire par am les mots en em, que d'écrire en em ceux qui commencent par am.`` Pour l'orth. ampoullé ds Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787, cf. ampoule.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1550 empoullé « qui a des ampoules » (Rons., Od., 1. v, p. 372 ds Gdf. Compl. : Ceux qui de gands emplombez Meurtissoient la chair empoullee); 2. 1680 spéc. rhét. (Rich. : Ampoulé. Enflé. Discours ampoulé). Au sens 1 dér. de ampoule* étymol. 2 b; au sens 2 part. passé adjectivé de l'anc. verbe ampouler « enfler, gonfler » fig. attesté au xvies. (ca 1570 Rob. Garnier, Dedicace au roy, 187 ds Gdf. Compl. : Une tragedie Semblable a celles cy, qu'humble je vous dedie, Ou j'empoule des vers pleins de sang et d'horreur) lui-même empr. au lat. ampullari « s'exprimer en un style emphatique » (Horace, Epist., 1, 3, 14 ds TLL s.v., 2019, 22).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 40.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Dem. 1802. − Dup. 1961. − Gramm. t. 1 1789. − Guizot 1864. − Laf. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Noter-Léc. 1912. − Sardou 1877. − Sommer 1882.