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AMANDE, subst. fém.
I.− BOT. Fruit de l'amandier, enfermé dans une coque à écale de couleur verte, de parure oblongue, de saveur douce ou amère (dans les formes sauvages). Eau d'amande amère, émulsion d'amande, essence d'amande, huile d'amande, lait d'amande, sirop d'amande; gâteau aux amandes, pâte d'amande, amandes douces, amandes amères, amandes effilées :
1. ... enfin nous partageâmes une assiette d'amandes amères, dont j'avais entendu vanter la propriété pour modérer les fumées du vin. Ainsi armés au physique et au moral, nous nous rendîmes chez Little, où nous trouvâmes les Jamaïcains, et bientôt après le dîner fut servi. J.-A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût,1825, p. 321.
2. Petits diablotins de blanc-manger aux avelines. Pilez bien parfaitement six onces d'amandes d'avelines émondées; délayez-les avec trois verres de crème que vous aurez fait bouillir. Vous passez le tout à la serviette avec pression, pour en extraire autant que possible le lait d'amandes, que vous versez peu à peu dans deux grandes cuillerées de farine de crème de riz que vous délayez sans grumeleaux. Les Grandes heures de la cuisine française, Carême, 1833, p. 151.
3. « Nota. La maison A. Popinot tient également des huiles de la droguerie, comme néroli, huile d'aspic, huile d'amande douce, huile de cacao, huile de café, de ricin et autres. » H. de Balzac, César Birotteau,1837, p. 182.
P. ext. Toute graine contenue dans un noyau; ,,on donne le nom d'amande à la semence de tous les arbres à noyaux renfermée dans une écorce dure`` (Dumas1873) :
4. L'ovaire qui occupe absolument le milieu de la fleur du prunier est rond; il se change en un drupe charnu renfermant un noyau oblong ... dans lequel se trouve une amande. J.-J. Baudrillart, Nouveau manuel forestier,trad. de Burgsdorf, 1808.
5. On soupa convenablement. La chair du cabiai fut déclarée excellente. Les sargasses et les amandes de pin pignon complétèrent ce repas, pendant lequel l'ingénieur parla peu. Il était préoccupé des projets du lendemain. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 83.
II.− P. anal. Tout ce qui dans la nature ou chez l'être humain rappelle la forme ou la couleur de l'amande.
A.− P. anal., gén. avec la forme de l'amande.
1. Emplois techn.
a) AGRIC. Amandes de terre. ,,On appelle ainsi les tubercules du cyperus, plante qui croît dans les endroits humides des pays chauds et tempérés. Ces tubercules sont en forme de petites amandes, brunes extérieurement, et dont la chair intérieure est très blanche. Elles sont très féculentes. On les consomme crues, comme les noisettes ou on les fait cuire comme les châtaignes. On en fait aussi une sorte de farine.`` (Mont. 1967).
b) ARCHIT. Amande mystique. ,,Auréole elliptique enveloppant les représentations de figures divines dans les tableaux des peintres primitifs ou dans les verrières de l'art gothique.`` (J. Adeline, Lexique des termes d'art, 1884).
c) GÉOL. et GÉOMORPHOLOGIE :
6. Il y aussi en Belgique des marbres carbonifères formés de parties noires et blanches et désignés sous le nom de petit granit. Près de Boulogne-sur-Mer, on exploite, de la même époque, une belle variété grise ou rose dite Napoléon. Dans les Pyrénées, les marbres griottes (rouges) et campans (verts), formés d'amandes calcaires entourées de feuillets de schistes, sont très appréciés. M. Boule, Conférences de géologie,1907, p. 98.
7. Les matériaux proprement volcaniques répétés sont : des blocs, (...) des bombes (...) ou lambeaux (...) de lave visqueuse, qui, animés d'un mouvement de rotation, prennent des formes en amande (...) en fuseau (...) dont la surface est parfois fendillée, craquelée (...) en croûte de pain... Baulig1956.
d) MÉDECINE :
8. Cette forme est dite cancer massif ou encore cancer en amande en raison de sa localisation centrale. Roussy ds(F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine,fasc. 5, 1920-1924, p. 229).
e) TECHNOLOGIE
En termes de fabrique d'armes. ,,Partie ovale qui occupe le milieu de la garde d'épée.`` (Chesn. 1857).
Terme de joaill. ,,Morceau de cristal taillé en amande.`` (Chesn. 1857)
Techn. paléolithique :
9. J. Boucher de Perthe qualifie l'une des catégories de ses « haches diluviennes » de « haches amandes ». Par la suite, le mot est fréquemment employé pour désigner certains objets bifacés du paléolithique inférieur. G. de Mortillet estime que d'une manière générale : « l'instrument chelléen affecte la forme d'une amande. Il est élargi et arrondi en bas; il se rétrécit généralement à partir du tiers inférieur, en allant vers le sommet qui se termine en pointe ». (...) O. Hauser distingue les amandes parmi les sept classes dans lesquelles il range les objets de la couche supérieure de la Micoque, il en cite des variétés : « amandes à bord continu, amandes à talon et méplat » ... Bréz.Pierre1968.
2. Lang. cour. [Gén. sous la forme en amande, en parlant d'un attribut de la pers. (yeux, ongles, etc.)] :
10. ... c'était dans ce temps-là une belle fille avec de grands yeux noirs fendus en amande, des lèvres rouges, épaisses comme des cerises, des cheveux superbes, une taille de reine avec tous ses accessoires, et qui portait avec elle un entrain d'amour, de joie et de bombance que je ne puis vous dire... F. Soulié, Les Mémoires du diable,t. 2, 1837, p. 130.
11. Mais tout en cousant, elle se piquait les doigts, qu'elle portait ensuite à sa bouche pour les sucer. Charles fut surpris de la blancheur de ses ongles. Ils étaient brillants, fins du bout, plus nettoyés que les ivoires de Dieppe, et taillés en amande. G. Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 15.
Arg. Amandes de pain d'épice. ,,Dents noires et rares. Argot des faubouriens. L'expression a été employée par le duc de Gramont-Caderousse qui, le soir de la 1rereprésentation du Cotillon, au Vaudeville, avait cassé trois dents à un quidam.`` (A. Delvau, Dict. de la langue verte, 1867, p. 11).
Rem. Attesté ds France 1907.
B.− P. anal. avec la couleur, emploi adjectivé :
12. ... première vue des côtes de France. Elles sont d'un bleu sourd entre une mer vert amande et un ciel d'un gris de fumée. J. Green, Journal,1943-1946, p. 228.
III.− Au fig.
A.− [Par réf. à la place de l'amande dans le noyau] Ce qui chez l'homme est le meilleur, l'essentiel, caché sous les apparences :
13. Notre chair n'est que notre pulpe; nos os, nos membranes, nos nerfs, ne sont que la charpente du noyau où nous sommes enfermés, comme en un étui. C'est par exfoliations que l'enveloppe corporelle se dissipe; mais l'amande qu'elle contient, l'être invisible qu'elle enserre, demeure indestructible. J. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 102.
14. Quelques images me demeurent qui me permettent d'anéantir cette fausse et funeste opulence sous laquelle notre esprit finissait par succomber. Cette foule de notions qui m'avaient intéressé ne sont à bien voir que les efforts, les tâtonnements de mon esprit cherchant l'amande, le fruit, l'essentiel. M. Barrès, Mes cahiers,t. 8, juill. 1910- févr. 1911, pp. 205-206.
B.− Par métaph. [En parlant d'un inanimé concret] :
15. Dans les traîtres filets de l'herbe les routes perdent leur reflet. Ne peux-tu donc prendre les vagues dont les barques sont les amandes dans ta paume chaude et câline ou dans les boucles de ta tête? P. Éluard, Capitale de la douleur,1926, p. 101.
Prononc. − 1. Forme phon. : [amɑ ̃:d]. 2. Homon. : amende, (il) amende.
Étymol. ET HIST. − 1. Fin xiies. bot. alemande « fruit de l'amandier » (G. de Berneville, Vie de St Gilles, éd. Paris et Bos, 1926 ds T.-L.), forme encore attestée fin xives. ds Gdf.; av. 1266 amandie « id. » (Assises de Jérusalem, II, 180 ds Littré), forme isolée; 1268-1271 amande (E. Boileau, Livre des métiers, éd. Depping, 159 ds T.-L. : faire huile de olives, de amandes); 2. 1393 « graine contenue dans un noyau de fruit » (Ménagier, éd. Soc. bibliophiles fr., II, 51, ibid. : l'amande d'un noyau de cerise). Du b. lat. amandula (altération du lat. amygdala « fruit de l'amandier » et « amandier, arbre » dep. Colum., TLL s.v., forme class. à laquelle remontent le prov. amella et le cat. amenla), attesté ds Götz, CGL t. 3, 1892, 578, 1. 2 et au vies. par Plinius Valerianus et Oribase ds TLL s.v., 2029, 43, 44. Au même type remontent aussi les formes ital. du nord : Abbruzzes manele, malle, Lombardie armandola, Imola amandel, ital. mandola (REW3, s.v. amygdala), de même que a. lyonn. amandole, amandre, a. dauph. (a) mandole (FEW, ibid.), d'où on peut conclure que le mot est parvenu d'Italie du nord en France du nord par cette dernière région intermédiaire spéc. par le marché lyonn., voir Aebischer, Les formes vulg. du lat. amygdala > amande et leur répartition dans les lang. rom. ds Estudios a Menendez Pidal, 1-17. Enfin, les formes du sud de l'Italie (sicilien, napolitain), le logoudurien et l'a. prov. amendola, le prov. amenlo remontent au type amyndăla, attesté ds Not. Tir., 105, 27 ds TLL s.v., 2029, 72 (REW3).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 265. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 274, b) 611; xxes. : a) 268, b) 404.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Aebischer (P.). Les Formes vulgaires du lat. amygdala « amande » et leur répartition dans les langues romanes. In : [Mélanges Menendez Pidal (R.)]. Madrid, 1950, t. 1, pp. 1-17. − Alex. 1768. − Bach.-Dez. 1882. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Bible 1912. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Bréz. Pierre 1968. − Canada 1930. − Chesn. 1857. − Comm. t. 1 1837. − Daire 1759. − Dumas 1965 [1873]. − Duval 1959. − Fér. 1768. − France 1907. − Grand. 1962. − Knauer (K.). Studien zur Geschichte der Farbenbestimmung im Französischen von den Anfängen bis gegen Ende des 18. Jahrhunderts. Archivum romanicum. 1933, t. 17, § 27, 33. − Lar. comm. 1930. − Lar. mén. 1926. − Lasnet 1970. − Littré-Robin 1865. − Mont. 1967. − Mots rares 1965. − Nysten 1814-20. − Prév. 1755. − Privat-Foc. 1870. − Sommer Suppl. 1882.