Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
AIGRE, adj. et subst. inv.
I.− Adjectif
A.− Au propre
1. Usuel. Qui produit une impression piquante, désagréable sur les organes des sens.
a) Qui produit une impression piquante, désagréable sur le goût. [En parlant d'une substance : boisson, aliment, etc., le plus souvent altéré(e)] Bière, lait, vin aigre; devenir aigre :
1. Ils trempent leur pomme-de-terre ou leur quignon de pain noir dans la bière et le lait aigre. P. Claudel, Tête d'or,1reversion, 1890, p. 56.
2. Il en tire quelques litres D'un vin âpre, aigre, dur, sûr, [sic] À faire grincer les vitres, À déconcerter l'azur; Une piquette hérétique, ... R. Ponchon, La Muse au cabaret,Le Vin du pape, 1920, p. 80.
Rem. Synon. acerbe, acescent, acide, acidulé, âcre, sur, suri, tourné. Anton. délicieux, douceâtre, doux, exquis, suave, sucré.
En partic. [En parlant de fruits] Synon. vert, verdelet :
3. Hylas chantait : − Il y a des petites voluptés qui ont été pour nous, comme, sur les bords des routes, ces petits fruits de maraude, aigres, et qu'on aurait voulu plus sucrés. A. Gide, Les Nourritures terrestres,1897, p. 200.
Rem. Se dit notamment de certains fruits plus acides que d'autres de la même espèce. Cerises aigres (Pt Rob.).
P. méton. [En parlant du goût lui-même] :
4. Dans l'état de phosphore, et avant sa combustion, il n'avoit presqu'aucun goût; par sa réunion avec l'oxygène il prend un goût extrêmement aigre et piquant : enfin, de la classe des combustibles, il passe dans celle des substances incombustibles, et il devient ce qu'on appelle un acide. A.-L. de Lavoisier, Traité élémentaire de chimie,t. 1, 1789, p. 65.
Par métaph. :
5. Il leur disait que le métier de la guerre est de perdre et de gagner et que s'ils avaient mangé des choses aigres et amères, ils devaient espérer d'en manger quelque jour de plus douces. M. Barrès, Mes cahiers,t. 4, janv.-juill. 1905, p. 82.
b) Qui produit une impression piquante, désagréable sur l'odorat. [En parlant d'une chose malodorante] :
6. Ces hangars à étages de couchettes répandaient une odeur de bois, de laine mouillée, de cuir, de sueur, de fuite, de petit-lait suri, de langes aigres. A. Arnoux, La Nuit de Saint-Avertin,1942, p. 78.
P. méton. [En parlant de l'odeur elle-même] :
7. Les écorces sentaient fort et par places montait cette odeur aigre comme de vinaigre, de résine, de bois pourri, qui dort en certaines retraites des bois. H. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 209.
c) Qui produit une impression piquante, désagréable sur l'ouïe. [En parlant d'un son] Cri, note, voix aigre :
8. Le village si paisible et reposé les premiers jours, s'était tout à coup transformé. Du matin jusqu'au soir retentissaient maintenant l'aigre son du hautbois et le battement infatigable du barbare tambourin. J. et J. Tharaud, La Fête arabe,1912, p. 27.
9. Le timbre d'un son résulte de sa composition en harmoniques (nombre; rangs; intensités relatives). Les sons simples ont un timbre doux, assourdi; les quatre ou cinq premiers harmoniques donnent un timbre plein; les harmoniques aigus, à partir du sixième, donnent un timbre mordant, aigre et dur; ... Arts et littératures dans la société contemporaine,t. 1, 1935, p. 3406.
10. Quel pays! il faut toujours qu'on vous y parle (...) de la couvée des flamants quand le coin-coin aigu, aigre et plaintivement désespéré des avocettes semble limer le firmament et jaillir de mécaniques célestes rouillées. A. Arnoux, Rhône, mon fleuve,1944, p. 370.
Rem. Synon. aigu, criard, perçant, pointu, sifflant, strident.
d) Qui produit une impression piquante, désagréable sur la vue. [En parlant d'une forme] :
11. Il lui a passé, devant les yeux, l'image de la terre ancienne, renfrognée et poilue avec ses aigres genêts et ses herbes en couteau. J. Giono, Regain,1930, p. 239.
Rem. Dans cet ex., le mot aigre a peut-être, par figure étymol., le sens du lat. acer « aigu, pointu ».
[En parlant d'une teinte] Synon. violent :
12. Il ne portait sur lui ce jour-là, avec sa culotte de bure, très courte et béante au-dessus des genoux, qu'une chemise de soie rouge aigre, violacée, foisonnant au-dessus de la ceinture de cuir... A. Gide, Journal,1917, p. 630.
En partic., au plur. Couleurs aigres. ,,Celles qui ne sont pas liées par des passages qui les accordent.`` (Ac. 1798-1932).
Rem. Attesté également ds Boiste 1834, Land. 1834, Besch. 1845, Poit. 1860, Lar. 19e− Lar. 20e, Littré, Guérin 1892, Rob., Quillet 1965.
e) Qui produit une impression piquante, désagréable sur les sens en gén. [En parlant des conditions atmosphériques] Air, bise, froid, vent aigre :
13. « Sentez-vous ce furieux vent d'est? Vous réchauffez-vous à ce soleil aigre. Encore un grand mois, pour le moins, de temps aigre. Encore deux mois, et même trois, avant que nous puissions nous fier à l'air, et vivre autrement qu'empaquetés. Je me demande pourquoi les hommes se sont rassemblés en si grand nombre sous un climat pareil, qui nous offre tout au plus trois mois de belle saison, trois mois sans feu. » Alain, Propos,1926, p. 678.
Rem. Synon. âpre, cinglant, cuisant, dur, froid, glacé, glacial, mordant, saisissant, vif.
2. Domaines techn.
a) MÉTALL. [En parlant d'un métal : fer, etc.] Peu ductile, cassant par défaut d'homogénéité :
14. Ce sont les hommes les plus ductiles et les plus doux que l'on fait souffrir davantage. À l'image de l'or, on peut les faire passer par la filière la plus étroite sans les casser. Les métaux aigres ne résistent pas à cette épreuve. L.-C. de Saint-Martin, L'Homme de désir,1790, p. 40.
Rem. 1. Attesté ds Ac. 1798-1932, Nysten 1814-20, Wailly Vocab. 1818, Boiste 1834, Land. 1834, Besch. 1845, Chesn. 1857 (s.v. aigreur), Poit. 1860, Littré-Robin 1865, Lar. 19e-Lar. 20e, Littré, Chabat t. 1 1875, Guérin 1892, DG, Rob., Quillet 1965. 2. Se dit aussi des minéraux dans la même accept. : roche aigre (cf. Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Plais.-Caill. 1958).
P. anal., GRAV. ,,En gravure, on dit que les planches sont aigres quand le métal en est dur et qu'il se laisse difficilement tailler par les outils. De même les outils sont aigres quand ils sont trempés trop dur.`` (Ac. 1878-1932) :
15. Plutarque dit que ses mœurs austères n'avaient pas été adoucies par la raison, et il le compare à une épée de trempe trop aigre. J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 287.
b) PÉDOL. [En parlant d'un sol] De nature essentiellement marneuse, difficile à cultiver, se transformant en marais avec les pluies et se durcissant avec la sécheresse. Terrain, terre aigre.
Rem. 1. Attesté ds Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. 3, Quillet 1965. 2. Plais.-Caill. 1958 le donne comme synon. de acerbe, acide, âcre.
B.− Au fig. Qui indispose, blesse par sa nature déplaisante, irritante.
1. [En parlant d'une pers., de son caractère, humeur, manière d'être, etc.] Sourire, ton aigre :
16. Au Roi Victor-Emmanuel. Saint-Pétersbourg, 5 (17) septembre 1812. ... Tout caractère continuellement humilié et contrarié se gâte à la fin; on devient aigre, mutin, impertinent; c'est ce qui m'est arrivé. Tout homme qui déplaît a tort... J. de Maistre, Correspondance,1796-1821, p. 230.
17. D'Alembert aigre, exact et sec, détestait Buffon et n'épargnait point Bailly qu'il considérait alors comme un satellite du grand naturaliste pour les systèmes. Ch.-A. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 10, 1851-1862, p. 363.
18. ... vous qui gardez, comme une frontière de vos pensées, un silence que l'on sent fortifié de faits, solidement organisé en profondeur, vous êtes du moins l'homme rare que les critiques les plus difficiles, les polémistes les plus aigres, (...) aient dû à peu près épargner. P. Valéry, Variété 4,1938, p. 53.
En partic. [En parlant de la manière de s'exprimer, du lang.] :
19. Édouard, me dit-elle, je veux vous gronder. Qu'est-ce que ces continuelles altercations dans lesquelles vous êtes avec le prince d'Enrichemont? Hier, vous lui avez dit les choses les plus aigres et les plus piquantes. Duchesse de Duras, Édouard,1825, p. 192.
20. Il rougit fortement de l'observation de MmeVerdurin, observation qui lui fut faite d'un ton aigre. M. Proust, À la recherche du temps perdu,Le Temps retrouvé, 1922, p. 792.
Proverbe. Être aigre comme verjus, comme citron vert.
Rem. Attesté ds Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. 20eavec la notat. ,,pop.``.
Rem. gén. Synon. acariâtre, acrimonieux, agressif, amer, austère, blessant, cassant, choquant, fâcheux, rébarbatif, rêche, revêche, rude, sec, sévère. Anton. accort, affable, agréable, aimable, amène, attirant, bienveillant, charmant, complaisant, conciliant, engageant, tendre, mielleux.
2. [En parlant d'une chose abstr.] :
21. À J.-J. Ampère. Il n'y a que la nature, la solitude et l'amitié choisie qui soient sérieuses; le reste n'est qu'une mauvaise plaisanterie, aigre, criarde, desséchante et salissante. Ch.-A. Sainte-Beuve, Correspondance générale,t. 1, 1818-1869, p. 532.
Rem. Cet emploi se rattache au précédent (ex. 19, 20).
22. C'était une sorte de folie aigre, de phobie compilatrice, une érudition futile et acariâtre... A. Arnoux, Le Chiffre,1926, p. 95.
23. ... il est retenu [Beethoven] au sol par le boulet au pied de sa servitude économique, et il retombe dans la fosse aux hommes, où il est parqué, parmi leurs âpres luttes pour s'arracher le morceau de pain, au fond de leur aigre misère. R. Rolland, Beethoven,t. 1, 1928, p. 37.
Rem. gén. Aigre/acide/acerbe. ,,Au propre, ces trois mots désignent une impression particulière du goût. Ils se distinguent nettement; et, comme dit M. Lafaye, ce qui est aigre n'est plus doux, ce qui est acide n'est pas doux, ce qui est acerbe n'est pas encore doux. Aigre indique une saveur qui provient de quelque altération : du lait aigre; du vin aigre; aussi est-elle toujours désagréable. Acide indique une saveur franche, spontanée : la groseille est un fruit acide. Acerbe indique la saveur qui appartient aux fruits non mûrs : la nèfle sur laquelle la gelée n'a pas passé est acerbe. Au moral acide n'est pas employé; il ne reste que aigre et acerbe. La distinction qui existait au physique continue : des paroles aigres sont dictées par le ressentiment, la mauvaise humeur; des paroles acerbes le sont par l'âpreté naturelle de la personne qui parle. Des paroles aigres sont plus piquantes; des paroles acerbes sont plus âpres et plus dures.`` (Littré).
II.− Emplois figés, seulement au masc.-neutre sing.
A.− [Sans article]
1. Siffler aigre :
24. Le grand bruit [sur la mer] augmentait toujours. Il y avait des moments où ça sifflait aigre et strident, comme dans un paroxysme d'exaspération méchante : et puis d'autres où cela devenait grave, caverneux, puissant comme des sons immenses de cataclysme. Et on sautait toujours d'une lame à l'autre, et, à part la mer qui gardait encore sa mauvaise blancheur de bave et d'écume, tout devenait plus noir. P. Loti, Mon frère Yves,1883, p. 133.
2. Avoir le goût d'aigre :
25. « Je sais bien, disait-il un jour qu'on en parlait, que les trois quarts du temps ma crème a le goût d'aigre. A. de Musset, Namouna,1832, p. 401.
B.− [Avec l'art. déf.]
1. Domaine phys.Ce qui prend du piquant, présente de l'acidité.
a) [En parlant d'un goût, d'une odeur] Sentir l'aigre, tirer sur l'aigre, tourner à l'aigre :
26. Elle mange quand elle a faim, jamais aux heures des repas, et toujours le pain rassis le plus dur. Elle boit le vin qui tourne à l'aigre. J. Renard, Journal,1899, p. 545.
b) [En parlant des conditions atmosphériques] Il y a encore de l'aigre dans l'air. ,,Le temps n'est pas encore tout-à-fait adouci.`` (Ac. 1798-1932).
Rem. Attesté également ds Besch. 1845, Poit. 1860, Lar. 19e-Lar. 20e, Littré, Guérin 1892, Rob.
2. Domaine moral.Tourner à l'aigre.
a) [En parlant d'une pers., de son caractère] Prendre de l'amertume :
27. Il vient un âge critique pour les hommes, après l'âge de la création et de l'invention féconde passée. Ils tournent les uns à l'aigre et au sur, les autres au fade et au douceâtre, et d'autres au grossier. H. est dans ce cas; il a tourné au cyclope. Ch.-A. Sainte-Beuve, Mes poisons,1869, p. 51.
b) [En parlant d'un débat, de relations, etc.] Dégénérer, s'envenimer :
28. S'il reste une zone sensible dans le système américain, c'est tout ce qui regarde la gestion économique et technique de l'entreprise. Celle-ci demeure traditionnellement la responsabilité exclusive du management, mandataire du capital. Les relations mutuelles tournent à l'aigre chaque fois que le syndicat fait mine d'empiéter sur le domaine sacro-saint de ces pouvoirs discrétionnaires. Traité de sociologie,t. 1, 1967, p. 485.
c) Loc. vieillie. Parler entre l'aigre et le doux. Parler d'un ton mi-acerbe, mi-bienveillant. (Attesté ds Rob. et Pt Rob.).
Rem. 1. Sauf dans A 1 (siffler aigre), où il s'agit de l'emploi adv. bien connu d'un adj. inv. devenu obj. interne d'un verbe intrans. (sentir bon, chanter faux, tomber bas...), les emplois ci-dessous relevés semblent être des survivances affaiblies de l'emploi subst. de aigre au sens concr. de « vinaigre » ou abstr.-concr. de « ce qui est aigre ». 2. L'absence d'un abstr.-concr. neutre entraîne parfois des créations néologiques :
29. Il est là dans l'odeur de la mort récente, l'incroyable aigre-goût... Il vient d'éclore... Il est là... Il rôde... Il nous connaît, nous le connaissons à présent. L.-F. Céline, Mort à crédit,1936, p. 12.
Prononc. − 1. Forme phon. : [εgʀ ̥]. Passy 1914 et Harrap's 1963 transcrivent [ε:] ouvert long (cf. aussi DG). Pour l'explication de cette durée encore sentie dans une prononc. soignée, cf. abaisser. Enq. : /e2gʀ/. 2. Dér. et composés : aigrasseau, aigre-(douceur, doux, de-cèdre, etc.), aigrelet, aigrement, aigremoine, aigret, aigreur, aigri, aigrier, aigrière, aigrin, aigriotte, aigrir, aigrissement.
Étymol. ET HIST. I.− Adj. A.− Emploi fig. 1. xies. judéo-fr. aigre « avide » (Darmesteter, Les Gloses fr. de Raschi dans la Bible, cité par Lévy Trésor 1964, p. 8 b); ca 1178 aigre de « (d'un animé) pressé, avide de » (Renart, éd. Martin, XXIV, 109 [br. III] ds Tilander, Lex. du Roman de Renart, 1924, s.v. : La louve qui si est haïe, Que si par est aigre d'anbler), seulement en a. fr.; av. 1188 egre « (d'un animé) impétueux, ardent » (Partonopeus, éd. Crapelet, 5769 ds Gdf. : Forz est [le lion] et granz et auques maigres, Juesnes et fameillox et egres). − Froissart (en parlant d'une pers.); 1280 aigre « pointu » (empl. par image) (Clef d'amors, éd. Doutrepont, 1732 ds T.-L. : aigres aguillons), seulement en a. fr.; 2. ca 1121 egre « (d'un inanimé) âpre, pénible » (Voyage de St Brendan, texte angl.-norm., éd. Suchier, 788 ds T.-L. : Crut l'egre faim e l'ardant seid). B.− Sens propre 1170-1171 aigre « qui a une saveur piquante » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. Micha, 3214 : Thessala tranpre sa poison, Espices i met a foison [...] Bien les fet batre et destranprer, Et cole tant que toz est clers Ne rien n'i est aigres n'amers). II.− Subst. 1. xies. juédo-fr. aigre « vinaigre », Gloses de Raschi, d'apr. Lévy Trésor 1964; demeuré en norm. (Moisy 1885); 2. 1494 « ferment » (A. Thiérry, Tiers-Etat, IV, 276 ds Gdf. Compl. : Aucuns aigres de bieres, rongys et coullouriez de moeures, ciesches et aultres fruitz tirans de legier a corruption, pour et ou lieu de aigres de vin), attest. isolée. Du lat. acer − acris, assimilé en lat. vulg. à la 2edéclinaison (App. Probi, IV, 197, 31 ds TLL s.v., 357, 3 : acre non acrum; CGL t. 3 1892, 215, 15 : acetum acrum; cf. aussi lang. méd. : Rufus, De podagra, 24, 7 ds Bambeck, Lateinisch-romanische Wortstudien, 1 : salicis folia tenera, sales ut salemoriam facias acram; V-VIes., Soranus, Gynaeciorum vetus translatio latina, 130, 12, ibid. : in cibo quoque... accipiat vel omne acrum olus). La notion de « piquant au goût et à l'odorat » est exprimée en lat. par acidus (qui n'a survécu qu'en logoudorien, sicilien, dial. Abruzzes, mélanésien, rhéto-rom.) et accessoirement par acutus (dont ce sens ne semble pas avoir survécu dans les lang. rom.) et par acer qui de « aigu, pointu » (Varron, Rust., 2, 9, 10 ds TLL s.v., 357, 30 : malae canum acriores fiunt) signifia « de goût piquant » (Pline, Nat., 15, 106, ibid., 359, 73 : saporum genera [...] acer, acutus, acerbus, acidus, salsus); considéré par Celse, 2, 22, ibid., 360, 9 comme terme classificateur (acria sunt omnia nimis austera, omnia acida, omnia salsa, et mel quidem) il se développa seul dans les lang. rom. supplantant acidus et acerbus. Acer qualifia − le goût piquant de certaines substances (dep. Caton, Agr., 104, 1, ibid., 359, 81 : aceti acris) des humeurs corporelles (Celse, 6, 6, 1, ibid., 360, 27 : pituita tenuior atque acrior) − les odeurs piquantes (Apul., Met., 9, 24, ibid., 360, 36 : acerrimo gravique odore sulpuris); emploi fig. : − d'un inanimé (dérivant de la notion de « acide »), qualifie fames (Naevius, Ep., 54, ibid., 361, 24), frigus (Lucr., 4, 261, ibid., 361, 22); − d'animés (dérivant de la notion « pointu, aigu ») fougueux, impétueux, qualifiant bacchae (Plaute Bacch., 371, ibid., 357, 60); cf. avec la construction aigre de : acer ad (CIC., Cluent., 67, ibid., 362, 82 : homine ad efficiendum acerrimo). La forme a. fr. aire (fin xiies., Renclus de Molliens ds T.-L.) est le produit de l'évolution rég. de acru. Aigre représente − soit un développement phonét. partic. prob. dû au fait que le groupe -gr- issu assez tardivement de la sonorisation de -kr- (en syllabe finale de paroxyton) n'était pas parvenu au stade -yr- au moment où le groupe primitif lat. -gr- passait à -yr- (comme flagrare > *flayrare). L'assimilation ne s'est alors que partiellement faite, aboutissant à un groupe -gyr- qui s'est aussitôt interverti en -ygr- : acru > aigre, Fouché t. 3 1961, p. 715 − Soit un développement entravé par l'appartenance du mot à la lang. méd. (voir supra, Rufus, Soranus).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 785. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 657, b) 1 397; xxes. : a) 1 519, b) 1 114.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Chabat t. 1 1875. − Chesn. 1857. − Darm. Vie 1932, p. 132. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Gottsch. Redens. 1930, p. 196. − Laf. 1878. − Lasnet 1970. − Lav. Diffic. 1846. − Littré-Robin 1865. − Mont. 1967. − Nysten 1814-20. − Plais.-Caill. 1958. − Remig. 1963.