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AIDE1, subst. fém.
I.− Action d'aider quelqu'un, concours que l'on prête, soutien moral ou secours matériel que l'on apporte (cf. aider I A 1).
A.− Gén. au sing. :
1. Les violences du fisc envers les misérables sont rares, les remises d'impôts plus fréquentes, les secours plus nombreux. Le roi augmente tous les fonds destinés à créer des ateliers de charité dans les campagnes ou à venir en aide aux indigents, et souvent il en établit de nouveaux. Je trouve plus de 80 000 livres distribués par l'État de cette manière dans la seule généralité de la Haute Guyenne en 1779... A. de Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution,1856, p. 273.
2. ... après avoir, pour ma part, pleuré dans un coin une bonne demi-heure, je me résignai et commençai, d'une voix lamentable, à solliciter de nouveau les aumônes des passants. Il ne manquait pas de gens charitables, et tout le monde sait que, grâces soient rendues au Dieu tout-puissant! il y a dans l'Islam grande bonne volonté à venir en aide aux malheureux. Les femmes, surtout, se pressaient en grand nombre autour de nous... J.-A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques,La Guerre des turcomans, 1876, p. 230.
3. ... il acceptait de laisser l'entretien de son foyer à la charge de son fils, mais il exigeait, avec des grâces de grand seigneur, qu'on lui remît le chiffre exact des sommes versées; et il ne manquait pas une occasion d'en témoigner sa reconnaissance à Daniel. Il affectait d'ailleurs de considérer cette aide pécuniaire comme une avance, à lui consentie par son fils, et qu'il rembourserait dès que possible. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 186.
4. − Si! ma petite Simone, vous êtes envers moi d'une dureté, d'une injustice... − Je vous rappelle simplement une parole, une autre parole que vous m'avez donnée, à moi. « Notre vie privée ne regarde que nous. Portons notre fardeau côte à côte, mais n'en échangeons rien... », je crois encore vous entendre. Il est vrai qu'alors c'était moi qui me sentais tomber : je cherchais une aide, un appui, une main fraternelle... G. Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 917.
5. Pour reprendre pied à Paris, Copeau avait besoin d'aide. Il savait pouvoir compter sur Jean Schlumberger, sur sa femme et moi. Nous nous sommes laissés réquisitionner avec entrain, et l'avons assisté de notre mieux. R. Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques et littéraires,1955, p. LXXXI.
Rem. 1. Syntagmes fréq. apporter, chercher une aide; appeler à l'aide, offrir son aide; avoir besoin d'aide; venir en aide à qqn; demander, refuser l'aide de qqn. 2. Syntagmes propres au monde féod., vieillis en dehors des ouvrages d'hist. accorder aide et protection; prêter aide et secours, aide et assistance; porter aide et appui :
6. ... le duc de Bourbon s'adressa à tous les plus grands seigneurs de la famille royale et du royaume pour porter plainte du comte de Savoie, et demander aide et protection. Nul prince n'était plus aimé. Il y eut grand empressement en sa faveur. Des secours lui furent donnés. Son fils, le comte de Clermont, se trouva à la tête d'une forte armée, ... P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 3, 1821-1824, p. 139.
7. À vous donc, roi de France, Son frère par le sang, comme par l'alliance, Moi, venu sur son ordre et parlant en son nom, J'expose ici les faits pour en avoir raison. Je me plains qu'au mépris de la foi mutuelle, Vous avez des cantons embrassé la querelle. Prêtant aide et secours à leurs déloyautés, Vous les protégez, sire; et quand ces révoltés Nous jettent fièrement le gage des batailles, Vous recevez leurs chefs, présens dans ces murailles. C. Delavigne, Louis XI,1832, II, 11, p. 73.
B.− Au plur., littér. Formes concrètes de l'aide :
8. ... la liberté humaine a donc besoin d'être protégée : voilà le grand mot. « La condition de la liberté humaine étant telle, il lui fallait une protection; il lui fallait des aides et des secours capables de diriger tous ses mouvements vers le bien et de les détourner du mal : sans cela le libre arbitre eût été pour l'homme une chose très nuisible. » J. Maritain, Primauté du spirituel,1927, pp. 212-213.
C.− Loc. diverses.
1. Loc. prépositives. Avec l'aide de (qqn); sans l'aide de (qqn ou qqc.); avec l'aide de Dieu; sans l'aide de personne :
9. Samedi 6 juin. Chez Edmond Rothschild. Vraiment, c'est dans ces antres de la richesse que l'on touche le néant auquel arrive le capital, même avec l'aide des conseilleurs que donne l'argent. C'est là qu'il vient à de pauvres diables comme moi l'orgueil de ce qu'ils ont fait avec du goût, du temps, des privations. E. et J. de Goncourt, Journal,juin 1874, p. 981.
10. Mourlan (...), avait fondé un bulletin de combat, tiré à la polycopie, et qu'on se passait, alors, chaque semaine, de main en main. Par la suite l'Étendard était devenu un petit organe révolutionnaire, que Mourlan continuait à diriger, avec l'aide de quelques collaborateurs bénévoles. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 202.
À l'aide de (qqn ou qqc.). En se servant de, au moyen de, grâce à. À l'aide de la raison, d'un dictionnaire, d'une échelle.
2. Loc. exclam., littér. À l'aide! Au secours!
Vx. Dieu vous soit en aide! Se disait lorsque quelqu'un éternuait; équivalent moderne : À vos souhaits!
3. Loc. proverbiales. Bon droit a besoin d'aide. Un peu d'aide fait grand bien.
II.− Emplois techn.
A.− Sing. Service d'aide ou mesures prises pour venir en aide.
1. ARM. Aide technique (service de l'arm.). Service de coopération technique avec les départements et territoires d'outre-mer qui représente une forme particulière du service national actif et auquel on affecte des éléments volontaires et qualifiés du contingent.
2. ASTRONAUT. Aide au sol. Assistance technique fournie aux appareils en vol par le personnel et le matériel terrestres :
11. Du point de vue de la sécurité du vol, la démonstration faite avec une femme dans l'un des véhicules a montré que la technique avait mis au point des méthodes de pilotage et d'aide au sol excellentes. Le Parisien,20 juin 1963, p. 2, col. 7 (Guilb. Astronaut. 1967, p. 206).
3. ÉCON. POL. Aide conditionnelle. ,,Système employé par les États-Unis dans le plan Marshall (...), qui prévoyait l'octroi d'allocations à certains pays en y mettant la condition que ces derniers les transfèrent à leurs débiteurs, en les libellant dans leurs propres devises. Ce mécanisme permettait à ces débiteurs, qui en fait étaient leurs clients, de payer des achats que sans cela ils auraient dû interrompre.`` (Baudhuin 1968).
Aide au développement. Assistance directe en nature, commerciale, technique et financière fournie par les pays développés à ceux qui le sont moins. Le Comité d'aide au développement (C.A.D.) comprend quinze pays.
Aide à l'exportation. ,,Ensemble de mesures destinées à faciliter et à stimuler les exportations. Citons : mesures d'ordre économique, agissant sur l'économie générale du pays (ex. mesures monétaires). Mesures agissant directement ou indirectement sur les prix à l'exportation (ex. mesures fiscales, exonérations, primes). Facilités diverses : information, financement, assurance, libération de produits, etc.`` (Math. 1967).
4. SERV. SOC. Aide aux mères (cf. aide2ex. 4).Aide sociale. Nom donné en 1953 à l'ensemble des œuvres d'assistance et de bienfaisance régies par les collectivités publiques (aide sociale aux personnes âgées; aide sociale aux infirmes, aveugles et grands infirmes; aide médicale; aide sociale aux familles dont les ressources sont insuffisantes; aide sociale pour le logement et l'hébergement) :
12. Tout Français malade, privé de ressources suffisantes peut recevoir, soit à domicile, soit dans un établissement hospitalier et à la charge totale ou partielle de l'aide médicale, les soins que nécessite son état. Code de la famille et de l'aide sociale, décret no56-149, 24 janv. 1956, art. 179, p. 59.
Aide sociale à l'enfance. À l'échelon départemental, service public particulier responsable de la protection de l'enfance :
13. Les services d'aide sociale à l'enfance ont pour mission : 1ode recueillir, élever les enfants abandonnés (...) dans les meilleures conditions. 2otraiter de la même manière les enfants recueillis temporairement. 3osecourir efficacement les mères délaissées. 4osurveiller les établissements privés d'aide à l'enfance. G. Godeau, Associations nationales des communautés d'enfants,Journées d'études, 1956, p. 41.
B.− Sing. ou plur. Chose qui aide.
1. ADMIN. ECCL., région. Chapelle qui sert de succursale à l'église paroissiale :
14. L'aspect et la dimension des paroisses varient beaucoup. Certaines paroisses urbaines s'étendent loi au delà des faubourgs, des paroisses rurales ont dans leur ressort des villes de développement récent. Il en est de très peu étendues et d'autres fort spacieuses, composées de plus de vingt villages ou hameaux assez éloignés. Il y en avait en Bretagne de cinq grandes lieues de long sur quatre, constituant un vrai pays particulier, dont on parlait comme d'une province (...). Pour cette raison et la commodité du peuple, certaines paroisses ont une ou plusieurs églises succursales (angl. vicarhedge, vicariat) desservies par un vicaire dépendant du curé, qui sont appelées, suivant les pays, secours, aide, fillette, annexe, vicairerie, trève... Dainv.1964.
2. AVIAT., MAR., au plur. Aides à la (ou de) navigation. Les appareils (radioélectriques en particulier) et les installations qui permettent, à bord ou au sol, de situer l'avion ou le navire et de faciliter sa navigation.
3. BÂT., souvent au plur. Petites pièces qui servent de dégagement aux grandes.
4. DR. ANC., surtout au plur. Les aides. D'une façon générale, assistance, sous forme de prestations pécuniaires, prêtée par les sujets à leur souverain pour subvenir à ses besoins et aux charges de l'État.
Rem. Le mot aides a désigné des choses sensiblement différentes au cours de l'hist. À l'orig. il désignait le serv. milit. que le vassal devait à son seigneur (aide). Or il était possible au vassal de se racheter de ce serv. en versant une certaine somme et c'est prob. pourquoi le mot aides a finalement désigné toutes les subventions que les seigneurs exigeaient de leurs vassaux, puis des impôts que les rois levaient en France. Il y a en effet lieu de distinguer princ. 1. Sous le régime féod., les aides seigneuriales : subsides de caractère temporaire et extraordinaire versés par le vassal au seigneur, perçus par voie de taille ou taxe directe, le plus souvent dans quatre cas fixés par la coutume (aides coutumières) : mariage de la fille aînée du seigneur; adoubement du fils aîné; départ en croisade; paiement de la rançon permettant la libération du seigneur fait prisonnier. Des aides pouvaient également être offertes dans des circonstances exceptionnelles (aides libres et gracieuses). Les évêques levaient eux aussi des aides sur leurs diocésains pour subvenir aux dépenses extraordinaires. 2. Sous l'Anc. régime, les aides royales : impôts publ., permanents et indir. perçus par le roi sur les biens de consommation et les marchandises. À la fin du xviiies., le terme ne s'applique plus qu'aux impôts levés sur les boissons. En 1790, l'Ass. nat. abolit les aides qui reparaîtront plus tard sous d'autres désignations. (Équivalent mod. contributions indir.) :
15. On gaspillait quelque peu les lourds trésors amassés, si péniblement, par l'économe Charles V. Si les finances diminuaient, l'on augmentait les dîmes, tailles, corvées, aides, subsides, séquestres, maltôtes et gabelles jusqu'à merci. Ph.-A.-M. de Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels, La Reine Ysabeau, 1883, p. 260.
Cour des aides. Ancienne cour instituée sur l'initiative des États généraux de 1355, érigée en cour souveraine au xvesiècle pour trancher le contentieux en matière d'impôts, pour juger en dernier ressort et entre toutes personnes de tous procès tant civils que criminels au sujet des aides, gabelles, tailles et autres impositions. Elle fut supprimée en 1790 ainsi que toutes les autres institutions judiciaires de l'Ancien régime. Les attributions des anciennes cours des aides sont aujourd'hui dévolues au Conseil d'État sous le rapport administratif et aux tribunaux ordinaires sous le rapport civil correctionnel et criminel :
16. M. Étienne Pascal, fils de Martin Pascal, trésorier de France, et père de l'illustre Blaise, venant jeune dans la capitale pour y faire son droit, avait été recommandé au père de M. D'Andilly et du grand docteur. À son retour à Clermont, il acheta une charge d'élu, et devint ensuite second président de la Cour des Aides. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 454.
Loc. fam., vx. Aller à la cour des aides. Aller aux emprunts; se décharger d'une partie de son travail sur quelqu'un d'autre; se dit aussi à propos d'une femme légère.
5. HORT. Sarment qui soutient un cep de vigne.
6. MAN., au plur. Les aides. Moyens par lesquels le cavalier agit sur son cheval et le dirige. On distingue les aides supérieures (action des mains sur les rênes, le mors, ...); les aides inférieures (pression des jambes, des éperons, ...); les aides accessoires ou supplémentaires (appel de la langue, cravache, ...).
Étymol. ET HIST. I.− 842 aiudha « action de porter secours » (Serm. de Strasb., Bartsch, Chrest., 3eéd., col. 3 ds Gdf. : Si salvarai eo cist meon fradre Karlo, et in aiudha et in cadhuna cosa); xies. ajude (Alexis, éd. Paris et Pannier, 107 e : Quer par cestui avrons nos bone ajude); ca 1100 aiude (Roland, éd. Bédier, 1336 : De Mahumet ja n'i avrez aiude); déb. xiies. aiue (Psautier Oxford, éd. Michel, XXI ds Gdf. : Ne esluiegneras ta aiue de mei). II.− 1160-1174 aïe, dr. médiév. « service dû au seigneur par les habitants de la seigneurie, corvée » (Wace, Rou, éd. Andresen, III, 840 ds H.-E. Keller, Étude descriptive sur le vocab. de Wace, Paris, 1953, p. 386 : Tote jur sunt lur bestes prises Pur aïes e pur servisces); 1174 aïe al vescunte « aide au vicomte » exprime une réalité jur. angl. (G. de Pont-Ste-Maxence, Vie de St Thomas, éd. Walberg, 754 : Car en Engletere a une custume mise : Que l'« aïe al vescunte » est par les cuntez prise); 1310 dr. médiév. aide « redevance exigible par le seigneur de ses vassaux aux quatre cas [rançon du seigneur, mariage de sa fille, départ pour la croisade, armement de son fils chevalier] » (Cour des Comptes de Paris; registre angevin, fo60 ds Du Cange s.v. auxilium : Tailles ne sont mie Aydes [...] car tailles sont levées par cas de necessité, et de volenté de Prince. Mais celles Aydes nul ne puet lever, si ce n'est û cas pour quoy elles sont deuës), devenu terme hist. avec la fin de l'Ancien régime. Déverbal de l'a. fr. aïer, aidier (aider*), dont il reflète les différentes formes : aiudha (avec -d- fricatif rendu par -dh-), 842, ajude xies., aiude ca 1100 d'apr. un inf. refait sur aiud(e) xes. (< lat. adjutat); aiue début xiies. d'apr. l'inf. aiuer refait sur aiue ca 1100 (< lat. adjutat); aïe 1130-1140 (aide2*) d'apr. l'inf. aïer refait sur aïe ca 1100 issu de aieu (< lat. adjutat) par délabialisation du ü accentué sous l'action du y précédent, lequel s'est ensuite fondu avec i; aide 1268-1271 d'apr. aidier (aider) xies. n'est pas ordinairement exprimé en lat. médiév. par adjutorium mais par auxilium, voir Du Cange et aussi Nierm. t. 1 1954-58, s.v. auxilium.
BBG. − Bar 1960. − Barr. 1967. − Baudhuin 1968. − Bél. 1957. − Blanche 1857. − Boiss.8. − Bonnaire 1835. − Bouillet 1859. − Bruant 1901. − Brüch (J.). Etymologisches. Z. rom. Philol. 1925, t. 45, pp. 79-80. − Canada 1930. − Cham. 1969. − Dainv. 1964. − Daire 1759. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Guizot 1864. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Lafon 1963. − Lav. Diffic. 1846. − Le Clère 1960. − Lemeunier 1969. − Le Roux 1752. − Lep. 1948. − Littré-Robin 1865. − Math. 1967. − Noter-Léc. 1912. − Prév. 1755. − Romeuf t. 1 1956. − Sommer 1882. − St-Edme t. 1 1824. − Thomas 1956.