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AFFREUSEMENT, adv.
A.− D'une manière affreuse.
1. D'une manière propre à inspirer ou traduire l'épouvante ou l'effroi (cf. affreux A 1 a).
a) [L'adv. porte sur le verbe] :
1. Pendant des pages, l'histoire va son train simple et solennel. Puis tout d'un coup un mot vous soulève affreusement et vous jette hors du monde, au bord du gouffre effroyable où l'on plonge! Alain-Fournier, J. Rivière, Correspondance,lettre de A.-F. à J. R., sept. 1909, p. 164.
b) [Sur l'adj.] :
2. Et comme j'étais là, pâlissante... un serpent Sort d'un pilier qui s'ouvre, et s'avance en rampant, Traînant par le pavé ses anneaux qu'il déploie Lentement, longuement, comme sûr de sa proie. Il monte... et sur mon corps colle ses nœuds glacés. Je sentais mes cheveux affreusement dressés; Ma chair se hérissait sous cette étreinte humide, Mais ma voix s'étranglait dans mon gosier aride, J'essayais de bouger, et je ne pouvais pas; J'étais fixe d'horreur. F. Ponsard, Lucrèce,1843, IV, 1, pp. 71-72.
2. D'une manière telle qu'elle suscite ou exprime un état d'extrême souffrance physique ou morale (cf. affreux A 1 b).
a) [L'adv. porte sur le verbe] :
3. Elle l'aimait, et elle lui avait fait cette souffrance, et elle-même en souffrait affreusement. Pourquoi tant de douleur? É. Zola, Le Rêve,1888, p. 103.
b) [Sur l'adj.] :
4. ... lassé de la surveiller sans cesse, de m'épuiser en objurgations toujours vaines, j'avais enfin pris le parti de la laisser faire à son gré sans plus rien dire. Oui, j'étais affreusement, mortellement las de prendre soin d'elle; n'en pouvais plus. La partie était perdue; je renonçais. A. Gide, Et nunc manet in te,1951, p. 1141.
3. De manière à inspirer le dégoût et la répulsion physique ou la réprobation morale (cf. affreux A 1 c et 2).
a) [L'adv. porte sur le verbe] :
5. Malheureux, ne parle pas ainsi affreusement! P. Claudel, L'Échange,1reversion, 1894, III, p. 708.
b) [Sur l'adj.] :
6. − On ne m'a jamais si bien dit, reprit-elle avec un rire amer, que j'étais affreusement laide! − Mademoiselle, répondit Steinbock, ma bienfaitrice ne sera jamais laide pour moi; j'ai pour vous une bien vive affection, mais je n'ai pas trente ans, et... H. de Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 117.
B.− Par hyperb., dans la lang. parlée fam., dans le style proche de la lang. parlée. [Intensifie la notion exprimée par le verbe ou l'adv., ou les degrés de l'adj.] D'une manière extrême, excessive. Synon. pop. horriblement, terriblement (cf. affreux A 3 b).
1. [L'adv. renforce le verbe ou la loc. verbale] :
7. ... elle lui en voulait affreusement d'être le témoin de l'abandon dans lequel elle était. P. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 136.
8. J'ai eu si faim, si affreusement faim de vous. Quand je ne vous donnais pas signe de vie, je vous attendais. Quand je vous écrivais, je vous attendais. H. de Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1432.
2. [L'adv.] :
9. L'hôtel coûte affreusement cher bien que je n'y mange pas et il faut que je fasse attention pour la note de lundi. Ph.-A.-M. de Villiers de l'Isle-Adam, Correspondance générale,1888, p. 219.
3. [L'adj. (le plus fréq.)] :
10. Presque aussitôt après que Philippe fut sorti, Boris à son tour se dressa. Le petit Passavant, qui travaillait assidûment derrière lui, leva les yeux. Il raconta plus tard à Séraphine que Boris était « affreusement pâle »; mais c'est ce qu'on dit toujours dans ces cas-là. A. Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1244.
11. ... Gise se mit à rire : − « Je crois que tu ne connais pas bien la nature de Daniel. Il a toujours dû être un peu trop gâté... et affreusement paresseux! » R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 800.
Prononc. : [afʀøzmɑ ̃]. Enq. : /afʀøzmɑ ̃/.
Étymol. ET HIST. − 1. 1538 « d'une manière à causer de l'effroi » (R. Estienne, Dictionarium Latinogallicum, s.v. toruĕ [1543, réimpr. de 1538] : toruĕ, adverbium, affreusement); 1539 « id. » (R. Estienne, Dict. François-Lat. : Affreusement, Toruĕ. Regarder aucung affreusement et de trauers, Intueri toruo vultu); 2. 1611 « très, extrêmement » Cotgr. : Affreusement Gastly, terribly, horribly, as one that hath beene scarred; also, grimly, sternely, sowerly; fell, frowardly, frowningly, under the browes); 1680 « id. » (Rich. t. 1 : Afreusement. [...] Horriblement, fort. [Il est afrusement laid]); 1701 « id. » (Fur. 1701 : Affreusement. [...] Il est extrêmement gros, il est horriblement laid, plutôt que, il est affreusement gros, il est affreusement laid). Au xixes. le sens 2 est souvent considéré comme fam. (cf. Land. 1834, Besch. 1845). Dér. du fém. de l'adj. affreux*; suff. -ment2*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 470. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 164, b) 476; xxes. : a) 1 236, b) 859.
BBG. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Canada 1930. − Fér. 1768. − Lav. Diffic. 1846.